lundi 25 octobre 2010

Le gouvernement congolais humilié à Montreux

Par Fweley Diangitukwa
Politologue et écrivain
Vice-président de « Le Congo en légitime défense » (CLD)
www.congolegitimedefense.org

Le plus grand quotidien francophone de Suisse romande, « Le Temps », a choisi le XIIIe Sommet de la francophonie se déroulant à Montreux pour dénoncer les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la région du Haut-Uélé, en République démocratique du Congo.
Samedi 23 octobre 2010, sous le titre « L’enfer oublié du Nord-Congo », ce journal a décrit, sur deux pages pleines (pp. 3-4), les différents conflits ravageant le Nord du Congo depuis plus d’une décennie ainsi que les souffrances subies par les populations congolaises vivant dans cette région.
S’agissant de populations congolaises qui ne sont pas protégées par le gouvernement, Jonathan Littell, écrivain franco-américain, a écrit dans son article, je cite : « … la brousse impénétrable, qui sépare les villages comme un océan sans bateaux, est hantée de fantômes assassins. La disparition de l’Etat et la lente dégradation des infrastructures ne sont pas le pire problème dont souffrent les habitants […] Ni les FARDC, mal entraînées et équipées, ni les Casques bleus des Nations Unies, cantonnés dans leurs bases et limités par leur mandant, ne purent grand-chose pour protéger les civils, qui abandonnèrent en masse leurs villages pour se regrouper dans les bourgades, un peu plus sécurisées. […] la plupart des assassinats et des enlèvements ont lieu sur le chemin des champs. […] c’est au gouvernement de faire le nécessaire pour que les troupes se tiennent correctement ».
Concernant le problème de l’armée, un prêtre rencontré et interrogé par Jonathan Littell a dit : « Nous demandons au gouvernement d’avoir un regard attentif pour l’armée. Un militaire affamé est dangereux pour la population […] La solde des soldats n’est que de 50 dollars par mois, et elle est rarement payée, sans la Monusco, qui transporte les fonds et fournit aussi vivres et équipements aux FARDC, les soldats ne pourraient pas survivre sans prédation ».
Richard Domba, l’évêque de Dungu, s’adressa au même écrivain franco-américain, a conclu : « Nous sommes abandonnés, livres à nous-mêmes ».
Publié un jour avant la clôture du Sommet, cet article est une véritable interpellation adressée aux officiels venus de Kinshasa (on a parlé d’une délégation pléthorique) pour dire que leur gouvernement ne respecte pas les droits de l’homme et ne protège pas les populations. La délégation congolaise ne pouvait se promener dans les rues de Montreux sans qu’on la pointe du doigt et qu’on la toise. L’humiliation était si grande que, conséquemment, le stand réservé au gouvernement congolais dans le « Village de la francophonie » installé pour la circonstance sur la Place du Marché de Montreux a été déserté (à cause de la honte) alors que tous les stands des autres pays sont restés continuellement ouverts. De passage à ce stand, on nous a dit, par les voisins directs placés à côté dudit stand de la RD Congo, qu’il n’avait été ouvert que pendant heure en tout et pour tout. Mais à quoi ont donc servi les milliers de dollars décaissés pour le voyage de ces ministres et leurs accompagnateurs ? Sont-ils venus en Suisse pour faire du tourisme au bord du Lac Léman ou pour fuir, pendant un laps de temps, la colère populaire dans les rues de Kinshasa ? En tout cas, le Casino de Montreux se trouvant à quelques pas du lieu où s’est tenue la francophonie, il n’est pas impossible que les tables de jeux aient vu l’argent des contribuables congolais y disparaître. Comme c’est honteux !
Par ailleurs, malgré les interdictions de manifester émises par la municipalité Montreux, nombre de compatriotes ont bravé cette décision dès le premier jour de l’ouverture et ont, dans les rues de Montreux, pourchassé les membres de la délégation officiel afin de leur signifier l’indignation des Congolais, au vu de se qui se passe dans leur pays.

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