mercredi 27 octobre 2010

RDC: La culture de l’oubli volontaire





Écrit par Emmanuel Ngeleka Ilunga   
 








Source: Congoone

Lorsque le 14/09/1997, après 32 ans de pouvoir autocratique et 4 mois d’un exil forcé au Maroc le Maréchal Mobutu s’est éteint à  Rabat dans un quasi anonymat, les grandes stations de radio et télévision du monde donnèrent la parole à ses anciens collaborateurs. La chaine de télévision française TV5 pour sa part jeta son dévolu sur M. Kengo wa Dondo, actuel Président du Senat, qui fut l’un des hommes forts du régime qui s’est effondré comme un château des cartes le 17/05/1997  à  la suite de  ce que d’aucuns croyaient naïvement être une guerre de libération. Après ses remarques d’usage (“Le Président Mobutu a marqué son temps d’une empreinte indélébile”), il ajouta cependant, avec ce ton sec qui lui est particulier, presque sans émotion aucune,  ceci: “Le Président Mobutu était un faible,  car c’est le dernier qu’il recevait qui avait raison”!
Pour beaucoup d’observateurs de la scène politique nationale, c’était un véritable scoop. Et pour cause: l’image que nous gardions de cet homme qui  venait de diriger d’une main de fer l’ex-Congo belge n’était pas d’un enfant de chœur. Au contraire : dans l’imaginaire du congolais moyen,  M. Mobutu était un homme féroce, un manipulateur, quelqu’un qui acceptait difficilement d’être contredit et un homme brutal. Tout, sauf “un faible”. Après tout, n’était-il pas qualifié de  dictateur par tous? M. Kengo, qui  l’avait côtoyé pendant une vingtaine d’années, n’avait plus aucun  motif à salir celui qu’il servit de longues années  à  présent qu’il était décédé : on ne tire pas sur une ambulance, dit-on. Il s’exprimait sans doute pour l’Histoire. Fait intéressant,  il  venait de lever un voile sur une facette inconnue – en l’occurrence l’une des faiblesses -  de cet homme imposant et par sa carrure et par son influence dans le monde.
Moins d’opacité. Rien qu’à partir de la courte déclaration de M. Kengo wa Dondo, il était possible de mieux comprendre certains événements de notre histoire politique : pourquoi les négociations Mobutu - E. Tshisekedi  au début des années 90’ évoluaient-elles en dents-de-scie. M. Mobutu s’engageait sur un point  et aussitôt avait-il repris contact avec “les durs” de son entourage (MM. Honoré Ngbanda et VTP d’après certaines sources) qu’il reniait ses engagements d’avec l’homme de Limeté. Les propos de M. Kengo corroboraient également avec les faits relatés par M. Honoré Ngbanda dans son livre “Ainsi sonne le glas : Les derniers jours du Maréchal Mobutu”*[i]. Après son entretien avec l’émissaire du gouvernement américain Bill Richardson venu lui signifier de façon on ne peut  peu diplomatique en 1997 qu’il devait quitter le pouvoir et laisser sa place à  M. Laurent Désiré Kabila, le Maréchal reçut de son équipe de conseillers des suggestions pratiques à  présenter aux américains en vue d’une sortie honorable  du pouvoir qui lui parurent à  première vue acceptables. Mais Il conféra en dernière instance cependant avec les membres de sa famille proche et il en découla que contre tout bon sens il rejeta la proposition américaine! Le lendemain, comme un fruit mur, Kisangani tombait dans les mains de l’AFDL. La suite est connue.
Ainsi donc, il a fallu d’une seule phrase prononcée par M. Kengo  pour que  du coup plusieurs faits historiques deviennent intelligibles, mais qu’en serait-il s’il en disait plus ? Et si d’autres comme lui s’exprimaient ? D’où la nécessité pour nos politiciens de rédiger leurs mémoires pour combattre l’amnésie généralisée  dans lequel nous semblons nous morfondre. L’inventaire et l’analyse des événements passés- qui sont une obligation historique - peuvent nous  non seulement nous aider à apprécier notre patrimoine mais aussi nous conduire à tirer des leçons de nos fautes et changer éventuellement de cap. Mais si le passé est tombé dans l’oubli (lequel est souvent volontaire et donc coupable) quel genre d’histoire aurions-nous, sinon sélective et donc tronquée ?
Cette pratique est si courante sous d’autres cieux qu’une fois entrée dans nos mœurs, elle dissipera tant de zones d’ombre qui voilent notre histoire passée et présente : la mort de P.E. Lumumba ; le coup d’Etat du 24/11/1965 ; les négociations Mobutu-Tshisekedi ; le débauchage éhonté des poids-lourds de l’opposition tels Nguz-a Karl-i-bond, Marcel Lihau, Kibassa Maliba ; le groupe de Binza ; la genèse de l’AFDL ; l’identité réelle du chef de l’Etat actuel ; l’assassinat de M. LD Kabila etc. ) Et fournira aux historiens et intellectuels de la matière. Mais au-delà du cadre politique, l’écriture des mémoires aideraient à  retracer la vie de certains personnages importants de notre histoire, ceux-ci appartenant à  notre patrimoine culturel. Il s’agit par exemple de  Franco, Simaro, Kabasela Kale, Pepe Kale, Docteur Nico, Ndaye Mutumbula, les Professeurs Mudimbe et Ngal, les archevêques Malula, Bakole wa Ilunga et bien d’autres dont il convient de garder le souvenir pour apprendre d’eux.
Ils sont nombreux, ces événements à éclaircir.  Au lendemain de l’arrivée de l’AFDL en mai 1997 la plupart de cadres de l’armée étaient conduits à la Base Militaire de Kitona (Baki) par les nouveaux maitres du pays pour ce qui était sensé être une cession de formation idéologique ou recyclage sous la direction des militaires rwandais. En réalité cela fut un véritable camp de concentration où  beaucoup de militaires congolais perdirent leur vie à  cause soit des mauvais traitements leur infligés ou à  cause de la faim.  Il est mieux que l’on en sache davantage. A condition qu’un ancien  pensionnaire de Baki ose délier sa langue et relater l’horreur  enduré, même simplement en l’honneur des morts.
« Johny Walker ». Le Maréchal Mobutu, par sa longévité au pouvoir et son gout prononcé pour les voyages, restera dans les annales comme l’un des hommes d’état ayant côtoyé le plus grands nombre de Grands de ce monde. On se rappelle que M. Nguz Karl-i-bond, qui fut son ministre des affaires étrangères le surnomma « Johnny  Walker » ou  Johnny le voyageur,  pendant sa période d’opposant. En effet, qui n’a-t-il pas vu ? Tenez. En France il a rencontré le Général de Gaule, Georges Pompidou, Valery Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac, dont certains à  plusieurs reprises) ! Aux USA,  les présidents Nixon, Ford, Carter, Reagan, Bush père, Clinton  l’ont reçu. Il  a conféré avec le leader chinois  Mao Tsé-toung,  l’empereur japonais Hiro-Hito, Mme Golda Meir en Israël, Indira Gandhi en Inde, Nelson Mandela, Houphouët Boigny, Anouar El Sadate, Sékou Touré  et tant d’autres. S’il le pouvait il visiterait le pôle Nord ! Ces hommes et femmes ont fait et défait l’Histoire, étant parmi les plus influents de leur époque. Imaginez la masse de renseignements qu’il a recueillis auprès d’eux ! Que se sont-ils dit avec ces Grands du monde ? Combien de volumes contiendraient le récit de ces rencontres au sommet ? Avec la mort de Mobutu et le silence de ses collaborateurs de l’époque ( Mokolo wa Pombo notamment, puisqu’il fit partie du plus grand nombre de ces voyages en tant qu’ambassadeur itinérant), tout est tombé dans l’oubli, ce qui   est injuste pour notre histoire.
C’est devenu une tradition en politique à  travers le monde : à  quelque exception près, tous, au soir de leur vie ou juste  après l’exercice d’un mandat politique, s’adonnent à  un exercice attendu par journalistes, intellectuels  et historiens : l’écriture de  leurs mémoires. Pour d’autres cependant, ce sont leurs collaborateurs qui ont cette délicate tache, l’objectif  poursuivi étant le même : rendre compte, subjectivement fut-il, de sa gestion de la chose publique. C’est leur part de vérité. Quitte à ceux qui le peuvent soit de les compléter ou d’infirmer leurs écrits.
Si cela  est une tradition dans l’Occident, ca pourrait l’être également chez-nous, pourquoi pas. Les politiciens étant mortels – comme chacun d’entre-nous, d’ailleurs – l’adage de l’historien malien Amadou Hampathe Ba se vérifie : « un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brule ». Il en découle qu’à chaque fois que disparait un politicien c’est un pan entier de notre histoire – notre patrimoine national– qui s’en va dans l’oubli avec lui. Aussi M. Godefroid Munongo s’en est-il allé avec le secret sur la mort de Patrice Lumumba étant donné, d’après plusieurs sources, qu’il fut témoin de son exécution, si pas la main exécutrice. Le saura-t-on jamais à présent ? Nous nous contenterons des spéculations, sans son témoignage capital. M Munkamba Kadiata Nzemba, qui fut, aux dires de sources concordantes  dans l’avion qui amenait M. Lumumba à sa dernière destination,  parlera-t-il jamais ? Ecrira-t-il ses mémoires pour nous en dire davantage ? Il est fort probable que ce soit le mutisme qui prévaut, hélas, comme de  coutume.
Quant aux « Compagnons de la Révolution », ils disparaissent l’un après l’autre sans qu’aucun d’eux ne nous relatent les non-dits du coup d’état du 24/11/1965. Nguz Karl-i-bond est mort sans dire un mot à  propos de « la chasse aux kasaiens » au Katanga, le pogrom qui fit plusieurs morts et des milliers de sans abris transplantés du Katanga vers le Kasaï au mépris de tous les principes des droits humains, cela avec comme initiateur le Marechal Mobutu, président de la République et supposé être garant de la nation. Son compère Kyungu wa Kumuanza, cela est  acquis, gardera le secret pour lui. Et gardera toujours du sang innocent sur ses mains et sur sa conscience, étant donné qu’il a toujours manœuvré pour être dans le camp des plus forts, ceux qui détiennent le pouvoir politique, ceux dont personne ne demande des comptes.
Politiciens et patrons, même attitude. M. Tshongo wa Ntumba, mobutiste de son état et inamovible PDG de la Regideso pendant la 2me République, semble avoir émergé dans la foule de la médiocrité caractérisant les gestionnaires congolais comme le seul qui se soit révélé compétent, un peu comme l’exception qui confirme la règle. Quelles étaient ses méthodes de travail ? A quoi tenait sa longévité ? Saura-t-il le dire -ou mieux, l’écrire- ? M. Nkema Liloo, auquel d’aucuns attribuent le discours historique du Marechal Mobutu en date du 24/04/1990, va-t-il continuer à se taire ou imiter son ancien collaborateur Honoré Ngbanda qui possède déjà à  son actif deux livres ?
Tous ceux qui ont vécu le début de la démocratisation en RDC piaffent d’impatience de lire un jour les mémoires de M. E. Tshisekedi, l’un des animateurs principaux (avec feu Marechal Mobutu) de cette époque historique. La période des Secrétaires Généraux ; la lettre de 13 Parlementaires ; la création de l’UDPS ; son fameux meeting au Pont-Gabi en 1988 ; ses discussions d’avec Mobutu ; comment il a vécu le  débauchage de ses proches collaborateurs (Lihau, Kibassa, Birindwa, etc) ; la «  chasse » des Kasaïens au Katanga pendant lequel il a gardé un silence stratégique, flairant un coup de M. Mobutu sans doute ; l’Union Sacrée de l’Opposition ; le fameux jour où  il a biffé une mention dans le texte de prestation de serment en face du Président Mobutu ; sa visite à  ce dernier sur son lit d’hôpital à  Nice en 1997 ; la CNS ; l’arrivée de l’AFDL et sa relégation a Kabeya Kamwanga ; son avis sur les acteurs politiques, sur les divisions minant son parti ; pourquoi il a fait tant preuve de courage et de constance sous Mobutu, et tant d’autres événements. Mais écrira-t-il jamais ?
L’archevêque Laurent Monsengwo, MM. Sakombi Inongo, Kithima Bin Ramazani, Nimi Maedika Ngimbi, Seti Yale, Kabuya Lumuna, Boboliko Lokonga, et tant d’autres personnalités congolaises, de par les fonctions qu’ils ont exercées dans notre pays, ont eu à vivre des moments historiques. A cause de leur silence, tout reste mystère et ces événements difficiles à décortiquer. Sont-ce tous classés secret d’état ?  Ce serait un joli prétexte à  leur actif car des événements datant des années 60’ pour lesquels il n y aurait plus prescription (assassinat de Lumumba et pendaison de Kimba par exemple) n’ont jamais été mis par écrits par des témoins éventuels, tous se caractérisant par le mutisme.
Les livres  ont une saveur qu’on ne trouve nulle part ailleurs aux yeux des historiens, journalistes et public averti. Je me rappelle comment, pour faire venir le livre d’Honoré Ngbanda précité à  Matadi (ville portuaire de RDC, à  l’Ouest du pays), des gens ont du en changer  la couverture pour ne pas être pris par les agents au service de l’AFDL. Il y quelque temps un compatriote habitant Nyamirambo, qui constitue  avec Remera, les deux « quartiers congolais » de Kigali au Rwanda,  me racontait avec émotion comment, à  l’époque de la  parution dudit ouvrage, ils ont eu à  se le passer sous le manteau, et au final, ils étaient environ 200 à l’avoir lu d’affilée ! A propos, quel compatriote sérieux, une fois la lecture de Derniers jours du Marechal Mobutu terminée, acceptera (encore) la discours politique selon lequel  Laurent-Désiré Kabila et consort (AFDL) sont « venus nous libérer » ?
Telle est notre tradition politique en RDCONGO : nos politiciens, allant à contre-courant de l’Histoire, préfèrent l’opacité des faits. A quelque exception près,  ils ont choisi le mutisme,  de ne pas écrire, de ne pas communiquer, de jeter les événements importants dans l’oubli. Ils ont choisi le silence. Et de favoriser la spéculation, la rumeur et les contre-vérités si fréquentes dans la presse congolaise  autant  que dans l’opinion congolaise. Ils ne se rendent redevables envers personne dans ce domaine.  En plein XXI Siècle, nous préférons l’oralité et le doute qui s’ensuit comme si nous vivions  encore à l’âge de la pierre taillée. A moins qu’un certain historien belge ou camerounais le fasse pour nous. Que 50 ans après l’indépendance l’essentiel de notre histoire soit rédigée en Occident  par les occidentaux alors que les acteurs sont congolais est pour le moins troublant.
La culture du livre. Il est vrai que dans un pays où  la culture du livre (et de la lecture) a disparu depuis des décennies, où  la vaisselle habite nos bibliothèques familiales et en a chassé les livres, dans le pays où  les bibliothèques publiques – si rares d’ailleurs – sont quasi désertées,  où  la simple idée que nous soyons malgré cela « le premier pays francophone du monde » ressemble à  une blague de mauvais gout,  c’est un véritable défi que d’écrire. Par ailleurs, dans un  paysage politique principalement composé de mauvais gestionnaires, écrire peut devenir une épée à double tranchant, si pas friser le ridicule. On ne va pas raconter ses turpitudes quand même…
Certes la difficulté d’écrire en rebute plus d’un et  remplir une page blanche est un défi pour nous tous. Mais en écrivant leurs mémoires, les politiciens se rendraient eux-mêmes service : la vente de leurs mémoires leur rapporterait financièrement, les empêchant  d’être indigents au soir de leur vie. Ne donneraient-ils pas ainsi vie aux propos de Patrice Lumumba qui disait : « La véritable histoire de l’Afrique sera écrite par ses propres fils » ?
Nous ne prétendons pas qu’une fois cet exercice d’écriture des mémoires généralisée tout sera au découvert. Autrement les journalistes et les historiens seraient au chômage en Occident. Les politiciens seront toujours des dissimulateurs des faits peu favorables pour eux : leurs échecs, leurs erreurs, voire leurs fautes.  Les Mémoires, cela se sait,  sont toujours subjectifs et quiconque connait les faits réels y décèlera toujours ici et là une dissimulation, si pas simplement un mensonge. D’autre part,  des livres tels « Mobutu, dignité pour l’Afrique » et « Pourquoi j’ai choisi Kabila » existeront toujours sur le marché. Ils ne possèdent aucune valeur intrinsèque et ne résistent ni à la critique ni au temps non plus.  Cependant, ayant conscience que les faits rapportés ont d’autres témoins – et même en vie (des anciens collaborateurs) – ce fait peut en dissuader plus d’un à aligner mensonge sur mensonge dans leurs souvenirs écrits. Les mémoires ne constituent que l’une des sources possibles dans l’étude historique des faits.
L’écriture des mémoires ne provient pas toujours de l’initiative du personnage principal. Pour preuve, Nelson Mandela raconte comment il en arriva à  la rédaction de ses fameux Mémoires* qui ont fait le tour du monde:[ii] « Un jour à Robben Island, Ahmed Kathrada,[chargé des communications de l’ANC],  Walter Sizulu et moi étions dans la cour de la prison lorsque ceux-ci suggérèrent que j’écrive mes mémoires. Walter me déclara qu’une telle histoire, si elle est écrite avec exactitude, bon sens et équilibre, aurait pour tache  de rappeler aux gens la raison de notre lutte (…) et pourrait devenir une source d’inspiration pour nos jeunes combattants de la liberté. L’idée me plut et après d’autres discussions y relatif, j’acceptais de me mettre au travail ». Grace à ce livre, non seulement ses 27 ans dans les geôles sud-africaines ne sont un secret pour personne, mais le lecteur étranger peut mieux appréhender l’histoire de l’Afrique du Sud moderne.
La culture de l’oubli volontaire qu’étalent politiciens congolais et hommes d’affaires est la culture de la facilité,  de l’hédonisme et de la paresse intellectuelle. Ce devrait être conçu comme   une obligation morale pour quiconque détient une quelconque responsabilité pouvant avoir une incidence sur la vie des millions d’humains d’écrire, de témoigner, de raconter et de partager son expérience avec d’autres. D’éclairer aussi. En rédigeant ses mémoires, un auteur retourne à ses propres sources et revisite son passé dans une démarche qui peut lui rapporter également beaucoup sur le plan humain et moral car en fait il s’agit d’une autocritique.  Verrons-nous bientôt des mémoires congolais ?


[i] Honoré Ngbanda : Ainsi sonne le glas : Les derniers jours de Mobutu. Paris, Gideppe, 2002.
[ii] Nelson Rolihlalha Mandela:  Long Walk To Freedom , London, 1994  page 549

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