jeudi 18 novembre 2010

Guinée : état d’urgence décrété, au moins 7 morts en 3 jours

 
La police poursuit des partisans du candidat Cellou Dalein Diallo le 15 novembre 2010 à Conakry. ©AFP
CONAKRY (AFP)

Le général Sékouba Konaté, président de la transition en Guinée, a décrété mercredi "l’état d’urgence" jusqu’à la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle, après la mort d’au moins sept personnes depuis l’annonce, lundi, de la victoire d’Alpha Condé.
"Le président de la République décrète, sur l’étendue du territoire national, l’état d’urgence à compter de ce jour, 17 novembre, jusqu’à la proclamation par la Cour suprême des résultats du second tour de l’élection présidentielle", a déclaré le directeur du bureau de presse de la présidence, le commandant Mohamed Kassé, lisant le décret à la télévision nationale.
La Cour suprême doit donner les résultats définitifs dans les onze jours suivant l’annonce des résultats provisoires, soit le 26 novembre.Cependant, au premier tour, ce délai légal avait été prolongé.
L’armée, qui devait normalement "rester dans les casernes" tout au long du processus électoral, est à présent "réquisitionnée pour assister la gendarmerie et la police dans le maintien de l’ordre", a précisé une source gouvernementale."Toute manifestation, tout regroupement" sont interdits.
Cette annonce survient dans un climat de tension croissante, dans les fiefs électoraux de Cellou Dalein Diallo, à Ratoma (banlieue de Conakry) et en Moyenne-Guinée (centre), où des violences ont eu lieu depuis la proclamation lundi des résultats provisoires de la présidentielle.
L’opposant historique Alpha Condé (d’ethnie malinké) avait été déclaré vainqueur avec 52,5% des voix, face à l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo (d’ethnie peule), 47,5%.
Des manifestants avaient d’abord contesté, parfois violemment, la victoire de Condé, dans les fiefs de Diallo.Des bagarres avaient aussi opposé des Peuls et des Malinkés, selon des témoins.Mais les forces de l’ordre ont également été accusées d’avoir tiré à balles réelles, bastonné et pillé.
M. Diallo avait lancé lundi "un appel pressant" à ses électeurs pour qu’ils "évitent les violences de toute nature", en attendant que ses "réclamations" pour "fraudes" soient examinées par la Cour suprême.Puis, il avait accusé mardi les forces de l’ordre d’"assassinats" et de "brutalité sauvage" à l’encontre de ses partisans et des membres de son ethnie peule.
Le ministre secrétaire général à la présidence, Tibou Kamara, a évoqué "des émeutes un peu partout" et de "nombreuses victimes", sans vouloir donner de bilan officiel.Il a surtout réaffirmé que cet état d’urgence ne remettait "nullement en cause la transition" vers un régime civil.
Selon un décompte de l’AFP, au moins sept personnes ont été tuées en trois jours, dont cinq auraient été victimes de balles tirées par les forces de l’ordre.
Mercredi, "trois corps ont été retrouvés en des endroits différents" de Ratoma, dont la population est essentiellement peule, a déclaré à l’AFP un membre de la Croix-Rouge guinéenne, Amara Camara.Un médecin a rapporté que, selon des témoins, ils avaient été victimes de "tirs des forces de l’ordre".
Les trois cadavres ont été exhibés à la mi-journée, au domicile du candidat Cellou Dalein Diallo, par le directeur d’une clinique de Conakry, Abdoulaye Barry.Deux avaient le cou troué par une balle, comme après un tir à bout portant.
Les deux candidats à la présidentielle avaient été reçus mardi par le général Konaté.M. Condé n’a pas commenté l’instauration de l’état d’urgence mais avait auparavant appelé sur RFI "l’ensemble des Guinéens" à se donner la main.
M. Diallo a semblé satisfait de l’instauration de l’état d’urgence, jugeant "qu’il était important que les autorités prennent une décision afin de calmer un peu la situation (...)".Mais "je ne suis pas totalement rassuré", a-t-il dit, en mettant en doute l’impartialité des préfets auxquels "des pouvoirs étendus vont être conférés".

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