- Par Sabine Cessou
Elles ont déjà changé, si l'on en juge par un article de Newsweek, publié le 19 février et intitulé «Comment l'Afrique devient la nouvelle Asie». Le magazine américain remarque des taux de croissance en Afrique qui ont résisté à la crise, et l'existence de 12 pays ayant un revenu par habitant supérieur à la Chine – présentant tous les potentiels d'un nouveau marché à conquérir. Mais suffit-il de parler de dragons pour qu'ils émergent?
Dans le dernier index sur la démocratie en Afrique de l'Economist Intelligence Unit (EIU), un bureau d'études basé à Londres, publié en avril 2009, l'île Maurice est la seule vraie démocratie du continent africain : elle répond à cinq critères sur les processus électoraux, le fonctionnement du gouvernement, la participation, la culture politique et les libertés publiques. L'Afrique du Sud a manqué de peu le classement, à cause de sa culture politique, encore marquée par la violence. Parmi les cinq autres «démocraties défectueuses» du continent figurent le Bénin, le Botswana, le Cap-Vert, le Lesotho et la Namibie.
Un autre index, plus indulgent, publié par le groupe de pression américain Freedom House, trouve six pays "libres" en Afrique en 2010 : Mali, Bénin, Ghana, Afrique du Sud, Botswana et Namibie.
Toujours selon l'EIU, l'Afrique compte 15 régimes «hybrides», qui ont des apparences démocratiques mais empiètent toujours sur les libertés d'expression ou se livrent à des fraudes électorales. Parmi ces vraies-fausses démocraties, on retrouve des nations qui passent pourtant pour des modèles, comme le Mali, le Ghana ou le Sénégal.
Quant aux régimes autoritaires, ils sont encore, et de loin, les plus nombreux : 16 selon Freedom House et 22 selon l'EIU. Le Tchad remporte même la palme du régime le plus autoritaire au monde après la Corée du Nord. L'Afrique se distingue aussi par l'extrême longévité de certains de ses chefs d'Etat au pouvoir : le colonel Mouammar Kadhafi dirige la Libye depuis 1969, José Eduardo dos Santos l'Angola depuis 1979, Paul Biya le Cameroun depuis 1982, Robert Mugabe le Zimbabwe depuis 1980, Denis Sassou-Nguesso le Congo depuis 1979 (avec une interruption de cinq ans), et Yoweri Museveni l'Ouganda depuis 1986. Au Gabon et au Togo, les fils Bongo et Eyadéma ont succédé à leur père après leur mort. Encore quelques décennies, et les perceptions feront peut-être le tri, entre les Afriques très différentes qui émergent...
© Photo du post / Reuters
© Photo d'appel de Une / AFP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire