Freddy Monsa Iyaka Duku
28 Décembre 2010
Les chefs d'Etat et de gouvernement des pays des Grands Lacs ont tenu dernièrement une réunion extraordinaire à Lusaka, capitale de la Zambie.
Un point important au menu de leurs entretiens : la certification des minerais. Question de freiner le pillage des ressources naturelles et de porter un coup dur aux groupes armés. En Colombie, l'expérience a été tentée pour commercialiser « politiquement correcte » l'émeraude, ce minerai « l'or vert » qui fait courir des trafiquants et entretient des groupes armés faisant ainsi de nombreux morts. L'expérience s'est révélée payante : moins de morts, les routes sécurisées, création d'emplois. D'où, la paix dans la vallée de Muzo, située à 250 km de Bogota, capitale de la Colombie.
La guerre en République démocratique du Congo, toutes les analyses l'affirment, est une « guerre économique ». Mieux, « une guerre de minerais », sous-tendue par l'exploitation illicite du coltan, du manganèse, de l'or, etc.
Une guerre et une exploitation illicite qui profitent aux commanditaires de cette guerre sans oublier bien sûr les pays voisins devenus subitement des exportateurs de minerais qu'ils ne produisent même pas. Une guerre et une exploitation illicite des minerais qui permettent d'entretenir des groupes armés, avec comme conséquence de nombreux morts dans cet élan meurtrier de contrôler des concessions minières.
Une situation analogue a été observée en Colombie avec la ruée vers la « Verde », c'est-à-dire « l'émeraude ». Des gangs se livraient à une guerre sans merci pour exploiter ce minerai, faisant ainsi de nombreux morts et déplacés. Pour mettre fin à cette situation, le gouvernement colombien, raconte le journaliste Jacques David dans Paris Match du mois de septembre 2010, a signé un accord avec une société internationale. Ainsi est née « Muzo Internationale » qui contrôle désormais la vallée de Muzo. Elle exploite le minerai en obéissant aux critères internationaux les plus stricts.
A l'image du processus de Kimberley pour le diamant, cette entreprise obéit à « la traçabilité des gemmes de la mine jusqu'au consommateur : améliore les conditions de travail et respecte l'environnement ». Ainsi, l'émeraude colombienne est présente sur le marché international de façon correcte. Elle est vendue à Manhattan, Place Vendôme, chez Tiffany et Chopard, chacun y trouvant son compte.
Au regard de ce qui précède, la République démocratique du Congo y gagnerait en tentant l'expérience de la Colombie. Certes, l'initiative de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, est à encourager. La réunion de Lusaka est une avancée significative.
Cependant, il revient à la République démocratique du Congo de faire preuve de beaucoup d'imagination. Il serait utile de sensibiliser les institutions nationales pour qu'elles approprient ces initiatives et que les minerais congolais soient exploités et vendus « « politiquement correcte » sur le plan international. Plutôt d'être commercialisés par des individus toutes nationalités confondues.
Des accords peuvent être envisagés et signés avec les entreprises internationales mieux identifiées à l'image de « Muzo Internationale » pour que les minerais congolais se retrouvent sans problème sur les marchés internationaux.
Au plan interne, les vallées du Kivu et de la Province Orientale peuvent être transformées en des entités économiques viables pendant que l'environnement sera protégé au lieu d'être détruites et servir de cimetières, comme c'est le cas en ce moment. Il va de soi qu'on aura mis fin définitivement à la guerre et contribué à la neutralisation des groupes armés qui ne sont que des criminels économiques.
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