Par Abdou Karim Sawadogo | L'Observateur Paalga | 08/05/2009 | 11H30
Cette offensive des rebelles est d'autant plus surprenante que l'encre ayant servi à signer le nième et nouvel accord de paix entre les deux pays voisins n'a pas encore séché. Pas plus tard que le dimanche 3 mai, les deux Etats se sont engagés à ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de l'autre et à ne pas soutenir de groupes rebelles hostiles au vis-à-vis.
Cet engagement était important, dans la mesure où Khartoum et N'Djamena se regardaient en chiens de faïence et s'accusaient réciproquement de tentatives de destabilisation par groupes armés interposés.
Signé à Doha sous les auspices de l'Emir du Qatar, du leader libyen Mouammar Kadhafi, et de l'Union africaine, cet énième accord devait, même si on ne se faisait pas trop d'illusion sur sa solidité, tenir en bride, au moins pour quelque temps, les velléités destabilisatrices des deux camps.
Un accord qui n'aura duré que 48 heures
Mais, hélas, il n'a tenu qu'à peine 48h et a donné la preuve, s'il en fallait encore, qu'Idriss Itno Deby et Omar El-Béchir se donnent des baisers de Juda pour mieux s'étrangler. Avec le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale qui lui pend au nez, on s'attendait à ce que le dirigeant de Karthoum se résolve à étendre le cercle de ses amitiés en commençant par ses voisins.
Avec les relations excécrables qu'entretiennent les deux souverains, il est évident que la normalisation des relations soudano-tchadiennes n'est pas pour demain, car, dans nos pays à démocratie bananière, où les institutions n'existent que par simple formalité, les relations entre les peuples voisins sont on ne peut plus conditionnées à l'humeur de leurs dirigeants.
C'est justement ce genre de conflits inutiles qui mettent nos Etats en retard sur le chemin du développement. A force de s'obnubiler à destabiliser l'autre tout en se donnant les moyens de sa protection, seuls comptent les armes, les mercenaires et tout ce qui s'en suit. Dans ce duel Deby/Béchir par maquisards interposés, les seuls perdants sont leurs peuples.
La course aux armements
Le premier, qui a failli perdre le pouvoir en juin 2008 par suite de l'entrée des rebelles à N'Djamena, n'entend plus se laisser surprendre. Avec l'argent du pétrole, il s'est réarmé jusqu'aux dents et, mieux, a réorganisé son armée de telle sorte que « l'objectif final » de ses ennemis ne sera pas une partie de plaisir.
La France, qui a volé à son secours l'an dernier, ne restera certainement pas les mains croisées en cas d'imminence de la chute de son allié. Elle vient d'ailleurs de hausser le ton en demandant la condamnation ferme de l'attaque par le Conseil de sécurité de l'ONU. Si Itno arrive à repousser l'offensive, comme il le promet, il ne manquera pas de reprendre des forces et de répondre, à la manière du berger à la bergère, en actionnant, lui à son tour, son réseau au Darfour.
Les conditions sont donc réunies pour que cette région fasse un pas vers le précipice. Sa richesse en or noir n'aura, en rien, servi à son développement. Elle est peut-être victime de ses richesses comme bien d'autres sur le continent, et les responsables de ce chaos ne sont pas qu'Africains.
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