Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 22/03/2011
Des insurgés sur la route entre Benghazi et Ajdabiya, après une frappe de la coalition contre des véhicules du régime de Kadhafi.
REUTERS/Suhaib Salem
Le point sur la situation en Libye et sur le front diplomatique, au quatrième jour de l'intervention internationale.
Où en sont les frappes aériennes?
Trois journalistes arrêtés
Trois journalistes occidentaux, deux de l'Agence France-Presse et un photographe de l'agence Getty Images, ont été arrêtés le 19 mars dans la région de Tobrouk par l'armée libyenne, selon le témoignage de leur chauffeur. Il s'agit du Britannique Dave Clark (38 ans), du Germano-Colombien Roberto Schmidt (45 ans), et du photographe américain de l'agence Getty images, Joe Raedle (45 ans), selon Reporters sans frontières. RSF signale aussi que Stéphane Lehr, un photographe français travaillant en freelance pour l'agence Polaris Images qui se trouvait dans la région de Benghazi, a repris contact, après l'organisation. Il n'avait plus donné de nouvelles depuis dimanche en début d'après-midi.
Plus tôt, un avion de chasse américain F-15 s'est écrasé en Libye. Les deux membres d'équipage se sont éjectés et un a été récupéré, a annoncé le commandement américain Africom à Stuttgart, en Allemagne.
Lundi soir, des tirs de la défense anti-aérienne suivis d'explosions ont aussi été entendus à Tripoli près de la résidence du dirigeant libyen. La nuit précédente, des missiles avaient détruit un bâtiment au sein de cette résidence-caserne dans le sud de Tripoli. Là où, d'après le régime, des Libyens se seraient regroupés pour s'offrir en bouclier humain...
Une base de la marine située à 10 km à l'est de Tripoli a été touchée par des bombardements lundi soir, selon des témoins qui ont vu des flammes s'échapper de la base.
"A moins que quelque chose d'inhabituel ou d'inattendu survienne, nous pourrions observer une diminution de la fréquence des attaques", a déclaré le général Carter Ham, qui dirige actuellement les opérations depuis le centre de commandement américain Afrique (Africom) à Stuttgart. Un déclaration confirmée par Robert Gates, secrétaire d'Etat américain à la Défense: "Dans la mesure où nous parvenons avec succès à supprimer les systèmes de défense aérienne, le niveau d'activité cinétique devrait baisser."
Chasser Kadhafi
Les déclarations invitant Kadhafi à s'effacer après plus de 40 ans de règne se multiplient... dévoilant en filigrane le but des opérations militaires: chasser Kadhafi du pouvoir libyen. Des pro-Kadhafi se rassembleraient près d'une caserne au sud de Tripoli.
afp.com/Mahmud Turkia
Mais les Etats-Unis, redoutant d'être attirés dans un nouveau conflit qui s'ajouterait aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, ont souligné qu'aucune action spécifique ne serait entreprise pour renverser le colonel libyen. D'autant que certains alliés de la coalition, comme la Ligue arabe, commencent à s'interroger: reste-t-on bien là dans le cadre fixé par l'ONU avec la résolution 1973?
Quel rôle pour l'Otan?
Au sein de la coalition --à laquelle participent du côté de l'UE la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne-- des voix dissonantes se font entendre, notamment au sujet du commandement de cette opération que plusieurs pays souhaiteraient voir confié à l'Otan. "L'Otan jouera un rôle" dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé Obama, ajoutant que cette phase débuterait dans un délai "de jours, non de semaines". Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a réclamé que "le commandement des opérations passe à l'Otan". Cameron aussi souhaite cette option "de façon à ce que tous ceux qui veulent participer de l'extérieur puissent être coordonnés correctement".
La Norvège a fait savoir que ses six F-16 dépêchés lundi en Méditerranée pour participer à l'opération n'entameront leur mission que lorsque cette question du commandement aura été clarifiée. La Roumanie aussi ne veut participer qu'en cas d'implication de l'Otan au sommet de l'opération.
Ce mardi, les pays de l'Otan en quête d'un compromis après leurs débats violents de lundi sur le bien-fondé et les modalités d'une participation de l'alliance à l'intervention en Libye, se sont mis d'accord "pour imposer un embargo sur les armes qui seraient acheminées" au large des côtes libyennes, selon un diplomate.
Implication des pays arabes
L'ONU a rencontré les insurgés
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, le Jordanien Abdel Ilah Khatib, a eu un premier entretien tard lundi soir avec la direction des forces rebelles libyennes à Tobrouk, a annoncé un communiqué diffusé mardi par l'ONU à Tunis, où se trouve Ban Ki-moon. Abdel Ilah Khatib qui a notamment rencontré le président du Conseil national de transition (CNT), Mustafa Abdel Jalil, ancien ministre de la Justice a "écouté les vues et positions" de ses interlocuteurs. Selon le communiqué, les représentants de la rebellion libyenne "ont décrit les divers aspect de la situation et souligné les souffrances et difficultés endurées dans plusieurs villes" du pays.
Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait soutenu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, a par ailleurs estimé que les bombardements s'écartaient de leur but, avant de changer de ton lundi et d'affirmer que ses propos de la veille avaient été "mal interprétés".
Les Occidentaux s'étaient targués d'une participation arabe à cette coalition. Mais jusqu'à présent seul le Qatar s'est vraiment engagé, les Emirats arabes unis ayant précisé que leur rôle en Libye se limiterait "à l'aide humanitaire".
Encore des violences sur le terrain
Malgré l'offensive internationale et le nouveau cessez-le-feu annoncé par Mouammar Kadhafi dimanche, les violences se sont poursuivies lundi sur le terrain, faisant au moins 40 morts et 300 blessés à Misrata, à environ 200 km à l'est de Tripoli, selon un porte-parole des rebelles dans la ville et une source médicale. Selon ce porte-parole, des forces de Kadhafi ont pénétré dans la ville et y ont déployé des snipers et trois chars, tirant sur des manifestants. Ce mardi, cinq personnes, dont quatre enfants, y ont été tuées par des tirs des forces de Kadhafi, a affirmé un porte-parole des rebelles.
Le porte-parole du régime libyen a affirmé pour sa part que la ville avait été "libérée il y a trois jours" mais que les forces du régime continuaient à y rechercher des "éléments terroristes".
Dans l'Est, les forces gouvernementales libyennes, qui avaient attaqué Benghazi samedi matin, ont reculé lundi jusqu'à Ajdabiya, à 160 km au sud.
Au sud-ouest de Tripoli, les forces loyalistes pilonnent depuis trois jours la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, en particulier les villes de Zenten, reprise par les insurgés, et Yefren sous contrôle de la rébellion, selon des habitants de la région évoquant des raids "très intensifs".
A Yefren, neuf personnes ont été tuées depuis ce lundi. "Ils ont coupé l'électricité de la ville. La plupart des familles ont quitté leurs maisons. Il nous faut de l'aide", ajoute un habitant de la région joint par téléphone.
Selon le régime libyen, depuis samedi, la coalition a mené des raids sur Tripoli, Zouara, Misrata (ouest), Syrte et a visé lundi Sebha, ciblant notamment des aéroports.
Ces attaques ont fait de "nombreuses victimes" parmi les civils, notamment à "l'aéroport civil" de Syrte, ville natale de Kadhafi, à 600 km à l'est de Tripoli, a déclaré Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen.
Malgré ces violences sur le terrain, le Premier ministre français François Fillon a réaffirmé ce mardi qu'une intervention au sol en Libye était "explicitement exclue", et qu'il ne s'agissait pas pour la France de se "substituer" au "peuple libyen", même si elle appelle "au départ" du colonel Kadhafi.
Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, est contesté depuis le 15 février par une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300 000 personnes à la fuite.
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