Selon une source parlementaire à Kinshasa, le sénateur Pius Isoyongo Lofete Loyangu est décédé lundi 21 mars 2011 suite à une attaque cardiaque. Agé de 56 ans, licencié en sciences politiques, "Pijos", comme l’appelaient affectueusement ses proches, faisaient partie des meilleurs officiers de renseignements que comptait le Zaïre de Mobutu Sese Seko. Il a accompli toute sa carrière dans le contre-espionnage. Lorsque la guerre dite des "Banyamulenge" commence en octobre 1996 dans les provinces du Kivu, il avait en charge la direction régionale (Redoc) du Service national d’intelligence et de protection (SNIP), rebaptisé "Sûreté nationale". En avril 1997, il fait son entrée dans le gouvernement du Premier ministre Norbert Likulia Bolongo au poste de vice-ministre de l’Intérieur. Après la chute du régime Mobutu le 17 mai 1997, Isoyongo prend le chemin de l’exil. A partir de septembre 1998, on le retrouve successivement dans les rangs du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) à Goma, du RCD-K/ML (A. Mbusa Nyamwuisi), de l’ARC (O. Kamitatu) et du PDC (J. Endundo). A l’issue des travaux du dialogue inter-congolais en décembre 2002, il devient député sous le régime de transition "1+4". Il assume la présidence de la Commission des Relations extérieures. En janvier 2007, il est élu sénateur pour la circonscription électorale de Mbandaka sous les couleurs du PDC (Parti démocrate chrétien). Il était membre de la Commission "Défense, sécurité et surveillance". "Le sénateur Isoyongo était doté d’une grande capacité d’analyse et de synthèse", dit-on au Sénat. La rédaction de Congo Indépendant présente ses condoléances les plus émues à la famille Isoyongo ainsi qu’aux nombreux amis de l’illustre disparu. Ci-après une interview que le sénateur Pius Isoyongo avait bien voulu accorder à notre journal en juin 2007. Thème : évolution de la situation générale en RD Congo. Info CIC
Comment se porte notre cher pays?
(Sourires). Notre pays se porte à son rythme…
C’est-à-dire?
Notre pays se trouve en plein processus d’installation des institutions de la Troisième République. L’existence des points de vue divergents entre une majorité – qui est plurielle – et une opposition, toute aussi plurielle, fait que cette installation est loin de se dérouler de manière aisée. Vous savez autant que moi que des problèmes de sécurité de personnes et des biens continuent à se poser. Il y a encore «quelques poches» qui tardent à rentrer dans les rangs. Et ce y compris dans la ville de Kinshasa. Il y a des problèmes sociaux. Au total, le pays est encore entrain de chercher la meilleure voie pour exécuter les cinq chantiers.
Six mois, rien que pour installer des institutions issues des urnes. N’est-ce pas un peu long?
C’est à la fois long et court. Tout dépend des enjeux en présence.
Quels sont ces enjeux ?
Il y a d’abord un problème de culture démocratique qui se pose. A la première épreuve de la mise en place des institutions, on a observé ce «déficit démocratique». Il a été constaté que l’opposition n’a guère accepté que la majorité prenne la gestion du pays totalement en mains. Cette situation a eu pour effet de distraire la majorité. Sous d’autres cieux, dès qu’un groupe politique est déclaré vainqueur d’un scrutin, celui-ci a généralement les mains libres pour régenter les l’ensemble des affaires de la Cité. Cela n’a pas été le cas en ce qui nous concerne. L’autre enjeu concerne la nécessité pour le Congo de sortir de la belligérance. Il apparaît aujourd’hui que la crise de légitimité n’explique pas, à elle seule, la crispation qui continue à perdurer après l’organisation des élections générales. Force est de constater que les derniers scrutins n’ont pas éradiqué la volonté de certains de prendre le pouvoir par la force.
Qui, selon vous, cherche à prendre le pouvoir par la force?
Je prends l’exemple de {Laurent} Nkunda. Pensez-vous que cet homme pouvait narguer tout un Etat s’il n’avait pas le soutien de toute une organisation derrière lui? En gros, les pouvoirs publics congolais font face à des problèmes politiques, sécuritaires et sociaux. Ces questions doivent être prises en charge par le gouvernement.
Vous parlez d’un gouvernement qui fonctionne sans budget à mi-parcours de l’année 2007…
Nous devons nous conformer aux règles en vigueur dans les Etats modernes. Les Etats modernes gèrent le pays sur base effectivement d’un budget. Et dans la théorie budgétaire, lorsque le budget n’est pas encore disponible, le Parlement vote des «crédits provisoires». Je crois que le gouvernement a bénéficié d’une loi dans ce sens. Tout budget est l’expression chiffrée d’un programme gouvernemental. Il s’agit d’une question hautement sensible. Le Congo ne dispose pas pour le moment des moyens de sa politique. Le pays compte en grande partie sur l’appui de ses partenaires extérieurs pour boucler son budget.
Une fois de plus...
Il ne faut pas se voiler la face ou faire du populisme en disant que «tout va bien !». Il arrive un moment donné où on est confronté aux réalités de gestion. Aussi, doit-on rechercher les voies et moyens pour se procurer les ressources nécessaires. Le fait de recourir aux apports extérieurs ne constitue nullement un signe de faiblesse. Tout est question de degré. Il est vrai que chez nous, le degré est un peu plus élevé compte tenu de la déliquescence générale au plan interne. En tout cas, si nous voulons nous en sortir, nous devons passer par là !
Que dites-vous à ceux qui disent que le gouvernement tarde un peu trop à fixer un cap, à prendre sa vitesse de croisière?
J’ai un point de vue partagé. Certes, six mois, c’est un peu long pour prendre l’envol. Que je saches, la population n’attend nullement des miracles de la part du gouvernement en place. Je crois que la population escompte surtout des signaux qui indiquent que le pays est «piloté» par un gouvernement déterminé à donner des réponses adéquates à ses attentes.
>B/>La population attend d’être régulièrement approvisionné en eau courante et en électricité…
Il s’agit là des problèmes techniques. On ne peut pas réaliser la desserte en eau et en électricité d’un pays de 2.345.000 km2 comme on le ferait pour une commune de Bruxelles.
Il faudrait bien commencer quelque part…
Bien entendu. Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir parce qu’il y a de l’eau courante chez nous.
Où?
Dans certains quartiers de Kinshasa. Il y en a également dans certaines provinces.
N’est ce pas une grave lacune, pour un Etat, de ne pas pouvoir fournir de l’eau potable et de l’électricité à sa population ?
Je vous ai dit précédemment que j’avais un avis partagé. Il est vrai que le gouvernement accuse une certaine lenteur. Il y a, d’autre part, un problème de méthode. Dans l’étendue du drame congolais, on ne peut pas attaquer les problèmes en faisant des «rafistolages» ci et là. Il faut un développement intégré comprenant, outre les infrastructures de bases, l’eau, l’électricité, les écoles, les hôpitaux etc. On ne peut pas s’occuper uniquement de l’approvisionnement de la population en eau en laissant de côté les autres questions.
Il faudrait dans ce cas hiérarchiser les priorités. Quelles sont les priorités du moment?
Tout est prioritaire au Congo dans la mesure où lorsqu’on veut mener les actions que vous évoquez, il faut en même temps résoudre les problèmes sécuritaires à l’Est du pays. Nous ne pouvons pas laisser pourrir la situation au Kivu et en Ituri en nous occupant de la fourniture d’eau et d’électricité dans la partie du pays où règne une certaine tranquillité. Comme vous le savez, dans le cadre du programme gouvernemental, il y a la priorité des priorités que le chef de l’Etat a retenue sous forme de «cinq chantiers».
Les cinq chantiers dont question ne constituent-ils pas un simple slogan électoral?
C’est à la fin de la législature, c’est-à-dire dans cinq ans, que vous aurez la réponse à votre question.
N’empêche. Le coût de réalisation de ces cinq chantiers n’a jamais été chiffré. Nul ne sait d’où proviendront les ressources nécessaires pour financer ces projets.
Les cinq chantiers constituent l’ensemble du programme gouvernemental. Lorsque vous parcourrez le projet budgétaire pour l’exercice en cours, il vous sera loisible de remarquer que les matières retenues dans les cinq chantiers y ont été programmées. C’est le cas notamment de l’eau, l’électricité, l’enseignement, la santé, les routes …
Un catalogue de promesses…
Le budget est voté comme une loi. Ce n’est pas une promesse. Dans tout le cas, un budget est avant tout une programmation pour une année. Il n’est pas dit que l’argent nécessaire se trouve dans un coffre. Tout dépendra des recettes qui seront réalisées. Si tout se déroule comme prévu, les projets seront réalisés. Si, en revanche, il y a des «impondérables» qui surviennent, nous devrons aussi en tenir compte.
Six mois après l’organisation des élections présidentielles et législatives en RD Congo, quel est aujourd’hui l’état des droits et libertés ? Peut-on dire aujourd’hui que les Congolais sont plus libres et plus en sécurité qu’avant ?
Ma réponse est : oui et non. Oui, car lorsqu’on observe la vie quotidienne, on peut constater qu’un effort est consenti dans le sens de l’enracinement de l’exercice des libertés publiques. On le voit notamment dans le monde politique ou syndical. Non, parce que les forces publiques affichent encore un comportement qui laisse à désirer. La démocratie congolaise évolue à son rythme.
Selon vous, le territoire de Kahemba se trouve au Congo-Kinshasa ou en Angola?
Il ne faut pas confondre dans cette affaire, l’attitude inamicale d’un pays et une violation des frontières. Les enquêtes ont été diligentées par l’Assemblée nationale. On le sait, le débat a eu lieu à huis clos.
Justement, pourquoi a-t-on imposé le huis clos?
C’est sans doute en conformité avec le règlement d’ordre intérieur de la Chambre basse. Il s’agit ici d’un problème lié à la délimitation des frontières. Cette question a été résolue lors de la Conférence de Berlin de 1885.
Nous n’allons pas réécrire l’Histoire. Restons dans le cas concret de Kahemba
Chaque pays dispose d’une sorte de certificat d’enregistrement de ses frontières. Le moment venu, il faudrait confronter les documents détenus par chacune des parties.
Lors de son passage à Bruxelles, le ministre Mbusa Nyamuisi a dit que l’Angola n’a jamais franchi la frontière congolaise.
Je ne peux m’empêcher de déplorer les versions divergentes qui ont été données par les autorités congolaises. C’est la confusion! Je ne peux que me répéter que le problème des frontières en Afrique ne se pose pas pour la simple raison que le «certificat d’enregistrement» a été signé à Berlin.
Selon certaines sources, les autorités angolaises auraient formulé des menaces précises à l’endroit des gouvernants congolais au cas où ceux-ci seraient tentés de porter la contestation devant la Cour internationale de Justice à La Haye. Qu’en savez-vous?
Ce que je reproche à l’Angola c’est bien son attitude «inamicale» à l’égard du Congo. Même si elles pouvaient avoir gain de cause, je ne pense pas que les autorités angolaises sont en droit de réagir comme elles l’ont fait. Nous devons, malgré tout, garder la tête froide.
Quelle est votre position sur l’affaire du massacre des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo?
Je suis un membre du Sénat. Je ne peux pas émettre des opinions sur base des informations reçues via notamment la presse et autres commentateurs. Reste qu’il y a eu mort d’hommes suite à une contestation du résultat de l’élection du gouverneur de la province du Bas-Congo. Je considère que c’est un fait grave que les forces publiques tirent sur une population qui a fait usage de son droit légitime d’exprimer son opinion. Le nombre des victimes fait qu’on ne peut pas imputer ce qui s’est passé sur le compte d’une «bavure». Nous devons tout faire pour que ce genre de situation regrettable ne se reproduise plus. Les citoyens ont le droit de jouir de leur liberté d’accepter ou de contester, conformément à la loi.
Comment voyez-vous l’avenir du pays ?
Je suis optimiste. Si nous arrivons à gérer correctement certaines contradictions qui nous assaillent, j’ai la conviction que le Congo est promis à un bel avenir.
Propos recueillis par B. Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2011
(Sourires). Notre pays se porte à son rythme…
C’est-à-dire?
Notre pays se trouve en plein processus d’installation des institutions de la Troisième République. L’existence des points de vue divergents entre une majorité – qui est plurielle – et une opposition, toute aussi plurielle, fait que cette installation est loin de se dérouler de manière aisée. Vous savez autant que moi que des problèmes de sécurité de personnes et des biens continuent à se poser. Il y a encore «quelques poches» qui tardent à rentrer dans les rangs. Et ce y compris dans la ville de Kinshasa. Il y a des problèmes sociaux. Au total, le pays est encore entrain de chercher la meilleure voie pour exécuter les cinq chantiers.
Six mois, rien que pour installer des institutions issues des urnes. N’est-ce pas un peu long?
C’est à la fois long et court. Tout dépend des enjeux en présence.
Quels sont ces enjeux ?
Il y a d’abord un problème de culture démocratique qui se pose. A la première épreuve de la mise en place des institutions, on a observé ce «déficit démocratique». Il a été constaté que l’opposition n’a guère accepté que la majorité prenne la gestion du pays totalement en mains. Cette situation a eu pour effet de distraire la majorité. Sous d’autres cieux, dès qu’un groupe politique est déclaré vainqueur d’un scrutin, celui-ci a généralement les mains libres pour régenter les l’ensemble des affaires de la Cité. Cela n’a pas été le cas en ce qui nous concerne. L’autre enjeu concerne la nécessité pour le Congo de sortir de la belligérance. Il apparaît aujourd’hui que la crise de légitimité n’explique pas, à elle seule, la crispation qui continue à perdurer après l’organisation des élections générales. Force est de constater que les derniers scrutins n’ont pas éradiqué la volonté de certains de prendre le pouvoir par la force.
Qui, selon vous, cherche à prendre le pouvoir par la force?
Je prends l’exemple de {Laurent} Nkunda. Pensez-vous que cet homme pouvait narguer tout un Etat s’il n’avait pas le soutien de toute une organisation derrière lui? En gros, les pouvoirs publics congolais font face à des problèmes politiques, sécuritaires et sociaux. Ces questions doivent être prises en charge par le gouvernement.
Vous parlez d’un gouvernement qui fonctionne sans budget à mi-parcours de l’année 2007…
Nous devons nous conformer aux règles en vigueur dans les Etats modernes. Les Etats modernes gèrent le pays sur base effectivement d’un budget. Et dans la théorie budgétaire, lorsque le budget n’est pas encore disponible, le Parlement vote des «crédits provisoires». Je crois que le gouvernement a bénéficié d’une loi dans ce sens. Tout budget est l’expression chiffrée d’un programme gouvernemental. Il s’agit d’une question hautement sensible. Le Congo ne dispose pas pour le moment des moyens de sa politique. Le pays compte en grande partie sur l’appui de ses partenaires extérieurs pour boucler son budget.
Une fois de plus...
Il ne faut pas se voiler la face ou faire du populisme en disant que «tout va bien !». Il arrive un moment donné où on est confronté aux réalités de gestion. Aussi, doit-on rechercher les voies et moyens pour se procurer les ressources nécessaires. Le fait de recourir aux apports extérieurs ne constitue nullement un signe de faiblesse. Tout est question de degré. Il est vrai que chez nous, le degré est un peu plus élevé compte tenu de la déliquescence générale au plan interne. En tout cas, si nous voulons nous en sortir, nous devons passer par là !
Que dites-vous à ceux qui disent que le gouvernement tarde un peu trop à fixer un cap, à prendre sa vitesse de croisière?
J’ai un point de vue partagé. Certes, six mois, c’est un peu long pour prendre l’envol. Que je saches, la population n’attend nullement des miracles de la part du gouvernement en place. Je crois que la population escompte surtout des signaux qui indiquent que le pays est «piloté» par un gouvernement déterminé à donner des réponses adéquates à ses attentes.
>B/>La population attend d’être régulièrement approvisionné en eau courante et en électricité…
Il s’agit là des problèmes techniques. On ne peut pas réaliser la desserte en eau et en électricité d’un pays de 2.345.000 km2 comme on le ferait pour une commune de Bruxelles.
Il faudrait bien commencer quelque part…
Bien entendu. Il n’y a pas d’inquiétudes à avoir parce qu’il y a de l’eau courante chez nous.
Où?
Dans certains quartiers de Kinshasa. Il y en a également dans certaines provinces.
N’est ce pas une grave lacune, pour un Etat, de ne pas pouvoir fournir de l’eau potable et de l’électricité à sa population ?
Je vous ai dit précédemment que j’avais un avis partagé. Il est vrai que le gouvernement accuse une certaine lenteur. Il y a, d’autre part, un problème de méthode. Dans l’étendue du drame congolais, on ne peut pas attaquer les problèmes en faisant des «rafistolages» ci et là. Il faut un développement intégré comprenant, outre les infrastructures de bases, l’eau, l’électricité, les écoles, les hôpitaux etc. On ne peut pas s’occuper uniquement de l’approvisionnement de la population en eau en laissant de côté les autres questions.
Il faudrait dans ce cas hiérarchiser les priorités. Quelles sont les priorités du moment?
Tout est prioritaire au Congo dans la mesure où lorsqu’on veut mener les actions que vous évoquez, il faut en même temps résoudre les problèmes sécuritaires à l’Est du pays. Nous ne pouvons pas laisser pourrir la situation au Kivu et en Ituri en nous occupant de la fourniture d’eau et d’électricité dans la partie du pays où règne une certaine tranquillité. Comme vous le savez, dans le cadre du programme gouvernemental, il y a la priorité des priorités que le chef de l’Etat a retenue sous forme de «cinq chantiers».
Les cinq chantiers dont question ne constituent-ils pas un simple slogan électoral?
C’est à la fin de la législature, c’est-à-dire dans cinq ans, que vous aurez la réponse à votre question.
N’empêche. Le coût de réalisation de ces cinq chantiers n’a jamais été chiffré. Nul ne sait d’où proviendront les ressources nécessaires pour financer ces projets.
Les cinq chantiers constituent l’ensemble du programme gouvernemental. Lorsque vous parcourrez le projet budgétaire pour l’exercice en cours, il vous sera loisible de remarquer que les matières retenues dans les cinq chantiers y ont été programmées. C’est le cas notamment de l’eau, l’électricité, l’enseignement, la santé, les routes …
Un catalogue de promesses…
Le budget est voté comme une loi. Ce n’est pas une promesse. Dans tout le cas, un budget est avant tout une programmation pour une année. Il n’est pas dit que l’argent nécessaire se trouve dans un coffre. Tout dépendra des recettes qui seront réalisées. Si tout se déroule comme prévu, les projets seront réalisés. Si, en revanche, il y a des «impondérables» qui surviennent, nous devrons aussi en tenir compte.
Six mois après l’organisation des élections présidentielles et législatives en RD Congo, quel est aujourd’hui l’état des droits et libertés ? Peut-on dire aujourd’hui que les Congolais sont plus libres et plus en sécurité qu’avant ?
Ma réponse est : oui et non. Oui, car lorsqu’on observe la vie quotidienne, on peut constater qu’un effort est consenti dans le sens de l’enracinement de l’exercice des libertés publiques. On le voit notamment dans le monde politique ou syndical. Non, parce que les forces publiques affichent encore un comportement qui laisse à désirer. La démocratie congolaise évolue à son rythme.
Selon vous, le territoire de Kahemba se trouve au Congo-Kinshasa ou en Angola?
Il ne faut pas confondre dans cette affaire, l’attitude inamicale d’un pays et une violation des frontières. Les enquêtes ont été diligentées par l’Assemblée nationale. On le sait, le débat a eu lieu à huis clos.
Justement, pourquoi a-t-on imposé le huis clos?
C’est sans doute en conformité avec le règlement d’ordre intérieur de la Chambre basse. Il s’agit ici d’un problème lié à la délimitation des frontières. Cette question a été résolue lors de la Conférence de Berlin de 1885.
Nous n’allons pas réécrire l’Histoire. Restons dans le cas concret de Kahemba
Chaque pays dispose d’une sorte de certificat d’enregistrement de ses frontières. Le moment venu, il faudrait confronter les documents détenus par chacune des parties.
Lors de son passage à Bruxelles, le ministre Mbusa Nyamuisi a dit que l’Angola n’a jamais franchi la frontière congolaise.
Je ne peux m’empêcher de déplorer les versions divergentes qui ont été données par les autorités congolaises. C’est la confusion! Je ne peux que me répéter que le problème des frontières en Afrique ne se pose pas pour la simple raison que le «certificat d’enregistrement» a été signé à Berlin.
Selon certaines sources, les autorités angolaises auraient formulé des menaces précises à l’endroit des gouvernants congolais au cas où ceux-ci seraient tentés de porter la contestation devant la Cour internationale de Justice à La Haye. Qu’en savez-vous?
Ce que je reproche à l’Angola c’est bien son attitude «inamicale» à l’égard du Congo. Même si elles pouvaient avoir gain de cause, je ne pense pas que les autorités angolaises sont en droit de réagir comme elles l’ont fait. Nous devons, malgré tout, garder la tête froide.
Quelle est votre position sur l’affaire du massacre des adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo?
Je suis un membre du Sénat. Je ne peux pas émettre des opinions sur base des informations reçues via notamment la presse et autres commentateurs. Reste qu’il y a eu mort d’hommes suite à une contestation du résultat de l’élection du gouverneur de la province du Bas-Congo. Je considère que c’est un fait grave que les forces publiques tirent sur une population qui a fait usage de son droit légitime d’exprimer son opinion. Le nombre des victimes fait qu’on ne peut pas imputer ce qui s’est passé sur le compte d’une «bavure». Nous devons tout faire pour que ce genre de situation regrettable ne se reproduise plus. Les citoyens ont le droit de jouir de leur liberté d’accepter ou de contester, conformément à la loi.
Comment voyez-vous l’avenir du pays ?
Je suis optimiste. Si nous arrivons à gérer correctement certaines contradictions qui nous assaillent, j’ai la conviction que le Congo est promis à un bel avenir.
Propos recueillis par B. Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2011
© Congoindépendant 2003-2011
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire