08/04/2011
Guerre - Miliciens soutenant Alassane Ouattara filtrant un barrage à Abobo, quartier nord d'Abidjan, le 24 mars 2011.
Membre des services de renseignements françaises, confie : "On a fourni des conseils tactiques aux forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI)", mais aussi "des munitions et des Famas (fusils d'assaut).
L’entrée en guerre de la France contre les forces de Gbagbo, le 04 avril, a sonné comme une revanche personnelle de Sarkozy. Avec la bénédiction de l’Onu, Paris n’a laissé à personne d’autre le soin de bombarder la présidence ivoirienne ainsi qu’un camp militaire qui abritait aussi des familles. Depuis plusieurs semaines, en Conseil des ministres comme en privé, le chef de l’Etat ne décolérait pas contre Gbagbo, « le dictateur sanglant de Côte d’Ivoire ». Au point de s’avouer, le 5 avril, « à bout de patience ».
Outre les nombreuses et violentes exactions de ses partisans, Gbagbo avait aussi ridiculisé Sarko. En décembre 2010, après la victoire, proclamée par l’ONU, de son ami Ouattara, le président français, impérial, avait donné quarante huit heures » au vaincu pour quitter le pouvoir. Un oukase superbement ignoré pendant plus de trois mois…
Or Sarko avait beaucoup misé sur ce scrutin pour rehausser une cote fort dévaluée sur le continent.
N’était-il pas accusé de perpétuer la « Francafrique », ce système affairiste favorisant des groupes amis tels que Bouygues, Boloré, Veolia ?
Mais, après l’échec de son ultimatum ivoirien, le Président révise subitement ses positions et adopte un profil bas. Affirmant à la presse que « l’ancienne puissance coloniale n’était pas la mieux placée » pour intervenir.
En janvier, devant l’Union africaine, il ose même affirmer : « La France ne veut donner de leçons à personne ».
Il faut dire que les événements de Tunisie, d’Egypte ou de Syrie n’ont guère fait briller la diplomatie tricolore.
La campagne (aérienne) de Libye, pour laquelle Sarko a obtenu le droit d’ouvrir le feu le premier, a réveillé ses ardeurs belliqueuses. Selon plusieurs témoignages d’officiers supérieurs au « Canard », la France a appuyé la conquête du sud du pays par les forces de Ouattara. L’un d’eux, proche de l’Elysée, se félicite de « notre efficacité dans l’organisation de la descente sur Abidjan ».
Il est vrai qu’en moins de quatre jours, les forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont parcouru, sans grande résistance, la moitié du pays. Un autre galonné, membre des services de renseignement, confie : « On a fourni des conseils tactiques au Frci », mais aussi « des munitions et des Famas (fusils d’assaut). »
Membre des services de renseignements françaises, confie : "On a fourni des conseils tactiques aux forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI)", mais aussi "des munitions et des Famas (fusils d'assaut).
L’entrée en guerre de la France contre les forces de Gbagbo, le 04 avril, a sonné comme une revanche personnelle de Sarkozy. Avec la bénédiction de l’Onu, Paris n’a laissé à personne d’autre le soin de bombarder la présidence ivoirienne ainsi qu’un camp militaire qui abritait aussi des familles. Depuis plusieurs semaines, en Conseil des ministres comme en privé, le chef de l’Etat ne décolérait pas contre Gbagbo, « le dictateur sanglant de Côte d’Ivoire ». Au point de s’avouer, le 5 avril, « à bout de patience ».
Outre les nombreuses et violentes exactions de ses partisans, Gbagbo avait aussi ridiculisé Sarko. En décembre 2010, après la victoire, proclamée par l’ONU, de son ami Ouattara, le président français, impérial, avait donné quarante huit heures » au vaincu pour quitter le pouvoir. Un oukase superbement ignoré pendant plus de trois mois…
Or Sarko avait beaucoup misé sur ce scrutin pour rehausser une cote fort dévaluée sur le continent.
N’était-il pas accusé de perpétuer la « Francafrique », ce système affairiste favorisant des groupes amis tels que Bouygues, Boloré, Veolia ?
Mais, après l’échec de son ultimatum ivoirien, le Président révise subitement ses positions et adopte un profil bas. Affirmant à la presse que « l’ancienne puissance coloniale n’était pas la mieux placée » pour intervenir.
En janvier, devant l’Union africaine, il ose même affirmer : « La France ne veut donner de leçons à personne ».
Il faut dire que les événements de Tunisie, d’Egypte ou de Syrie n’ont guère fait briller la diplomatie tricolore.
La campagne (aérienne) de Libye, pour laquelle Sarko a obtenu le droit d’ouvrir le feu le premier, a réveillé ses ardeurs belliqueuses. Selon plusieurs témoignages d’officiers supérieurs au « Canard », la France a appuyé la conquête du sud du pays par les forces de Ouattara. L’un d’eux, proche de l’Elysée, se félicite de « notre efficacité dans l’organisation de la descente sur Abidjan ».
Il est vrai qu’en moins de quatre jours, les forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont parcouru, sans grande résistance, la moitié du pays. Un autre galonné, membre des services de renseignement, confie : « On a fourni des conseils tactiques au Frci », mais aussi « des munitions et des Famas (fusils d’assaut). »
BARBOUZES AUX PREMIERES LOGES
De son côté, le contingent militaire français est porté , le 04 avril à 1700 hommes. Les 900 hommes du dispositif permanent Licorne ont été notamment renforcés par des Rambo de la Direction des opérations (ex-Service action) de la DGSE et des Forces spéciales.
Quelques-uns, parmi ces derniers, se sont retrouvés en contact direct avec l’entourage de Ouattara. A 19H30, quatre hélicos Puma, soutenus par des MI24 de l’Onuci, commencent leur pilonnage, frappant au passage des objectifs aussi stratégiques que le CHU et un supermarché du quartier de Cocody.
Pour la seconde fois en sept ans, « l’ancienne puissance coloniale » bombardait des soldats et des populations ivoiriennes.
ARMEMENT A PRIX D’OR
Cet héroïque canardage, qui selon l’Elysée, laissait entrevoir une reddition rapide de Gbagbo, risque pourtant de laisser des traces profondes. Et une situation difficilement gérable à Abidjan.
D’abord parce que Ouattara pourrait pâtir, dans cette ville majoritairement acquise à Gbagbo, de son image de protégé de la France et des pays riches.
L’armement de ses troupes, son équipement tout neuf ont suscité l’étonnement des ivoiriens.
Si l’aide du Burkina et du Nigeria est reconnue, d’autres pistes de financement apparaissent. Selon des témoignages et des documents obtenus par le « Canard », des proches de Ouattara ont monnayé, en 2009 et en 2010, d’importantes quantités d’or extraites des mines du Nord.
Plusieurs tonnes ont été acheminées au Ghana voisin sous couvert de véhicules de l’Onu. Puis envoyées, par petites quantités, à Anvers (Belgique) pour y être transformées.
A l’état de poudre, cet or a été négocié à plus de 15000€ le kilo.
L’image du camp Ouattara – présenté par certains comme l’axe du bien – restera également entachée par les massacres commis ces derniers jours. A Duekoué, par exemple, plusieurs centaines de morts seraient, selon l’ONU et diverses organisations, surtout imputables aux FRCI, les forces de Gbagbo se voyant aussi accusées d’atrocités.
En contact téléphonique permanent avec Ouattara, Sarkozy, qui prétendait le soutenir au nom de la protection des civils, devra ramer dur pour faire oublier les exploits de certains chefs de guerre. Et pour transformer cette intrusion meurtrière en victoire démocratique.
Les frappes de l'ONU et de la France en Côte d'Ivoire divisent l'Afrique
Les frappes de l'ONU et de la France en Côte d'Ivoire divisent les Africains entre ceux qui y voient "une insulte au droit", et ceux estimant que c'était la seule solution pour "protéger les civils" pris au piège des combats entre les forces de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
L'Afrique du Sud, qui depuis le début de la crise a eu des positions variables, passant du soutien à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale, à une compréhension vis-à-vis du président sortant Laurent Gbagbo, avant de revenir à sa position initiale, a exprimé ses réserves.
"Je ne me rappelle pas avoir donné un mandat à quiconque pour un bombardement aérien sur la Côte d'Ivoire", a déclaré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane. "Nous ne soutenons pas nécessairement ce que nous n'avons pas voté", a-t-elle ajouté.
L'Afrique du Sud, membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a voté le 30 mars la résolution apportant son "entier soutien" à la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) pour utiliser "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et empêcher l'utilisation d'armes lourdes contre eux.
Le président en exercice de l'Union africaine (UA), l'Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, a indiqué que si l'UA exerçait des "pressions" pour que Ouattara soit reconnu président, cela ne devait pas "impliquer une guerre, une intervention d'une armée étrangère".
L'Angola, soutien traditionnel de Laurent Gbagbo, a jugé qu'il était le président "élu constitutionnellement", bien que Luanda se soit rallié à la position de l'UA reconnaissant Ouattara.
"Nous nous rallions totalement derrière l'UA, mais nous pensons aussi que la Côte d'Ivoire devrait créer un gouvernement d'union nationale puisque Laurent Gbagbo a été élu constitutionnellement", a déclaré mercredi José-Maria Fernandes, porte-parole du ministère angolais des Affaires étrangères. Il a également critiqué l'intervention française aux côtés de l'Onuci.
Le gouvernement camerounais a affirmé que son pays est pour "la non-ingérence dans les affaires d'une nation".
"Licorne dégage. Onuci dégage !" s'est écrié Malick Ndiaye, universitaire sénégalais, au nom de la Coordination des intellectuels d'Afrique, basée à Dakar. "On chercherait à dresser les Africains contre les Français qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Quelle est cette France qui insulte le droit ?", s'est interrogé M. Ndiaye qui a remis une lettre protestant contre l'intervention à l'ambassadeur de France à Dakar.
Au Cameroun, un groupe d'hommes politiques ont lancé mardi sur internet une pétition contre "l'impérialisme mondial" en Côte d'Ivoire, dénonçant, à travers l'intervention de la France et de l'ONU, "une nouvelle guerre colonialiste".
Mais plusieurs pays africains approuvent l'intervention, au nom de la "protection des civils".
Le Nigeria, président de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) qui avait elle-même envisagé dès décembre une opération militaire en Côte d'Ivoire, soutient sans surprise cet engagement, "afin de protéger les civils innocents".
"L'ONU n'a fait que répondre à une demande de la Cédéao qui avait demandé à l'Onuci de s'impliquer plus pour la protection des civils en Côte d'Ivoire", a également estimé le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Madické Niang.
Selon le président gabonais Ali Bongo Ondimba, "c'est une opération qui a été acceptée par la communauté internationale puisque ce sont les Nations unies qui mènent la chose".
S'il n'a pas commenté la situation ivoirienne, le président rwandais Paul Kagamé, a soutenu l'intervention occidentale en Libye, affirmant ne pas comprendre "l'argument" des partisans de la non-intervention qui consiste à laisser un gouvernement "tuer son propre peuple", parce que c'est le sien. Le Rwanda a été victime en 1994 d'un génocide qui a tué au moins 800. 000 personnes, en majorité Tutsi, sans que la communauté internationale n'intervienne.
La France s`est ingérée dans un conflit intérieur
Le ministère russe des Affaires étrangères estimé jeudi que les troupes françaises et de l`ONU s`étaient ingérées dans un "conflit intérieur" en Côte d`Ivoire en apportant leur soutien au camp du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara.
"Il faut absolument régler les aspects légaux de l`action des troupes de maintien de la paix de l`ONU et du contingent français en Côte d`Ivoire, qui se sont ingérées dans un conflit intérieur en soutenant l`une des parties", relève le ministère dans un communiqué.
La Russie souligne que ces troupes "sont obligés de rester neutres et de respecter le mandat fixé dans les résolutions du Conseil de sécurité" qui prévoient des actions militaires limitées à la protection des populations civiles.
"Nous exprimons nos condoléances en raison des grandes pertes humaines. Nous sommes inquiets d`une nouvelle dégradation de la situation humanitaire et de l`amoindrissement des chances d`arriver à une réconciliation nationale", ajoute la diplomatie russe.
"Le changement de pouvoir par la force ne pourra guère entraîner l`avènement en Côte d`Ivoire d`une ère de démocratie, de paix et de stabilité", affirme encore le communiqué.
La force française Licorne a de nouveau frappé mercredi soir à Abidjan des objectifs militaires à la résidence du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, qui refusait toujours de se rendre quelques heures après un assaut manqué des forces d`Alassane Ouattara.
Face aux "tirs nourris des forces pro-Gbagbo, situées dans et autour de la résidence présidentielle" et "notamment dirigés" vers la résidence voisine de l`ambassadeur de France, la force française a effectué des "tirs de riposte par hélicoptère", a indiqué mercredi l`ambassade de France.
La Russie avait déjà indiqué mardi étudier "la question de la légalité" de bombardements de la France et de l`ONU lundi, justifiés par la protection de la population civile mais qui ont aussi permis une offensive des forces de M. Ouattara.
le Canard enchaîné/Jeune Afrique/AFP
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