jeudi 14 avril 2011

Gbagbo transféré dans le Nord, Ouattara en appelle à la CPI

Des partisans d'Alassane Ouattara sont toujours en patrouille à Abidjan, ce mercredi.
Des partisans d'Alassane Ouattara sont toujours en patrouille à Abidjan, ce mercredi. (© AFP Issouf Sanogo)

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, arrêté lundi à Abidjan, a été transféré mercredi dans le nord du pays, tandis que son successeur Alassane Ouattara a demandé à la Cour pénale internationale d’enquêter sur des accusations de massacres visant notamment ses partisans.

M. Gbagbo, qui avait refusé pendant quatre mois de reconnaître sa défaite à la présidentielle, plongeant le pays dans une quasi-guerre civile, avait été arrêté lundi dans la résidence présidentielle et conduit dans la foulée à l’hôtel du Golf, quartier général de M. Ouattara, après une guerre de 10 jours.

«A l’heure où je vous parle, Monsieur Laurent Gbagbo n’est plus à l’hôtel du Golf, il est en Côte d’Ivoire, bien sécurisé», a déclaré M. Ouattara au cours d’une conférence de presse.

Le porte-parole de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), Hamadoun Touré, a précisé à l’AFP qu’il avait été transféré dans le nord du pays.

«L’hélicoptère transportant Laurent Gbagbo a décollé à 12h40 (locales et GMT), direction le nord du pays», a déclaré Hamadoun Touré, sans préciser sa destination.

Alassane Ouattara a promis de quitter son hôtel-QG pour s’installer au palais présidentiel, «d’ici la fin de la semaine ou au début de la semaine prochaine».

Le quartier du Plateau (centre) où se trouve le palais présidentiel avait été le théâtre de violents combats entre forces fidèles à Laurent Gbagbo et combattants d’Alassane Ouattara, appuyés par des frappes aériennes de l’armée française et de l’ONU.

Depuis la présidentielle du 28 novembre 2010, M. Ouattara et son équipe étaient retranchés au «Golf», soumis à partir de la mi-décembre à un blocus des forces pro-Gbagbo, levé la semaine dernière.
«Massacres inadmissibles»

Dans l’intérieur du pays, la situation humanitaire reste très difficile, notamment dans l’Ouest où les combattants des deux camps ont été accusés d’exactions par l’ONU et des ONG.

Alassane Ouattara a annoncé qu’il allait «demander au procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’engager des investigations» sur les massacres survenus dans l’Ouest.

«Ces massacres sont inadmissibles, indignes (…), je suis révolté», a-t-il ajouté avec émotion, alors que ses partisans sont accusés d’être responsables de certaines tueries, survenues notamment fin mars à l’occasion de l’offensive victorieuse de ses combattants lancée à partir de cette région.

«Je ferai tout pour que ces condamnations soient un exemple, non seulement pour les Ivoiriens, mais aussi pour l’Afrique et le monde entier», a promis le chef de l’Etat ivoirien, soulignant qu’il souhaitait que ces investigations débutent «le plus rapidement possible».
Des avocats français pour Gbagbo

Une fille de Laurent Gbagbo a saisi des avocats français pour étudier la «légalité» de l’arrestation lundi de ses parents ainsi que celle de l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire, selon un communiqué transmis mercredi par un conseiller à Paris de l’ex-chef d’Etat.

«J’ai décidé, en accord avec ma famille, de demander à Me Jacques Vergès, Me Roland Dumas, Me Gilbert Collard, Me François Epoma, Me Habiba Touré, de constituer un collectif d’avocats afin d’assurer la défense» de Laurent et Simone Gbagbo, «ainsi que des autres membres de ma famille et des collaborateurs détenus illégalement par les rebelles», dit Marie-Antoinette Singleton dans un communiqué transmis par ce conseiller, Toussaint Alain.

«J’ai demandé à ces avocats d’étudier les conditions de légalité, au sens international, de l’"arrestation" du président de la République et de la Première dame et aussi la légalité internationale de l’intervention de l’armée française qui a agi en dehors du cadre de la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l’ONU», ajoute Marie-Antoinette Singleton, qui vit aux Etats-Unis.
Lutte contre les pillages et violences

Le président Ouattara a aussi assuré que l’exportation de cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, qui avait cessé en raison des sanctions internationales visant Laurent Gbagbo, allait reprendre «immédiatement».

Durant les quatre mois de crise post-électorale, quelque 400.000 tonnes de fèves brunes se sont accumulées dans les ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro (sud-ouest).

A Abidjan, les autorités tentaient toujours mercredi de contenir le chaos qui s’est emparé de la capitale économique du pays, et de remettre sur pied des forces de l’ordre pour lutter contre pillages et violences.

M. Ouattara a promis la «pacification totale» du pays d’ici «un à deux mois», et que ses propres éléments seraient radiés immédiatement en cas de pillages.

Des patrouilles de gendarmerie ivoiriennes et françaises vont circuler à Abidjan pour montrer qu’un «Etat de droit se met en place» après l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, a annoncé à Paris le ministre français de la Défense, Gérard Longuet.

Il n’a pas précisé quand débuteraient les patrouilles de gendarmes français et ivoiriens ni si elles seraient conjointes.

Les quatre mois de crise ont fait au moins 800 morts dont la moitié à Abidjan, selon l’ONU.

(Source AFP)

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