mercredi 13 avril 2011

"La République des inconscients : Que faire pour provoquer le changement en République Démocratique du Congo ?" Le constat malheureux.


MERCREDI, 13 AVRIL 2011 

Le  Sénateur congolais Modeste MUTINGA MUTUISHAYI a écrit un livre très intéressant : «  RD Congo, la République des inconscients ». Un livre interpellateur, un livre qui appelle les dirigeants politiques, les étudiants, les avocats, les syndicats,  la société civile et tous les peuples congolais à l’action.  Personne de sérieux, qui aime ce pays, ne peut lire ce livre et le finir sans qu’il ne se pose la question de savoir «  quelle action faudra-t-il mener pour que les choses changent,   pour que la République Démocratique du Congo redevienne ce pays des rêves, un pays plus beau qu’avant, un pays  qui s’occupe des vulnérables ? »

Quelques mois après la publication de ce livre, tout reste au Congo comme si tout ce qui y est écrit était normal.  Tout le système maffieux  qu’y est dénoncé reste en place. Tous les hommes politiques, responsables militaires, de la police  qui ont participé à la ruine du Congo tiennent toujours entre leurs mains la direction du pays comme s’ils étaient des « citoyens modèles ».

Le pays est  devenu prisonnier de ceux là même qui l’ont détruit. Le peuple est pris en otage par ses propres dirigeants. Le peuple vit dans la misère indescriptible alors qu’une petite classe des congolais vit dans un luxe insultant, en violation de l’article 58 de la constitution qui dispose que « Tous les Congolais ont le droit de jouir des richesses nationales. L'Etat a le devoir de les redistribuer équitablement et de garantir le droit au développement »

Beaucoup ont lu ce livre, mais personne n’est passé à l’action pour donner au pays des nouvelles perspectives. Tout reste comme si c’est le livre n’avait jamais existé.

 A ce jour en République Démocratique du Congo,  toutes les causes(le clientélisme politique, le changement injustifié de la loi fondamentale, les inégalités sociales criantes, faibles salaires, chômage, enrichissement sans cause de la classe dirigeante, impunité, violations massives des droits humains, la dépravation des mœurs …) qui avaient contraint en 1789 le peuple français à la révolution française sont réunies.  Ces causes appellent à une action démocratique énergique, à un coup de balaie,  capable de faire partir du pouvoir tous ceux qui ont participé à la débâcle générale du Congo  et à les remplacer par des hommes nouveaux.

Si en France certains individus avaient joué un rôle important pour que la révolution française ait lieu, la question qu’il faut se poser est celle de savoir «  avec qui il faut travailler à ce changement en République Démocratique du Congo ? ».

Dans beaucoup de cas, le changement peut partir des institutions politiques (Président de la République, le Gouvernement, le Parlement ou les partis politiques), de la société civile(les organisations non gouvernementales, les confessions religieuses, la presse, les syndicats…), de certains individus ou du peuple lui-même.


Qui peut provoquer le changement en République Démocratique du Congo ?

L’action qui peut provoquer le changement politique capable d’instituer une gestion du pays profitable au peuple peut venir de :
Institutions publiques :

Quand les institutions politiques (Président de la République, le Gouvernement et le Parlement) sont animées par des femmes ou des hommes visionnaires,  des femmes ou hommes déterminés à changer la vie de leurs concitoyens, à marquer positivement leur temps, ce changement  est possible. Le Brésil, avec le Président Lula, est un exemple remarquable. Lors de sa prise de fonctions, le 1er janvier 2003, le Président  Lula  déclarait  dans son discours inaugural : «  Le changement, voilà notre mot d'ordre (...) L'espoir a vaincu la peur, notre société a décidé qu'il était temps d'emprunter une nouvelle voie. ». Aujourd’hui,  nous pouvons dire que le Président Lula a tenu parole.  Sous sa présidence, le Brésil a pris une autre direction. Le Congo a besoin des hommes comme Lula.   Les « Lula congolais », ils existent, mais il faut les identifier et leur donner la direction du pays.

Les élections de 2006 en République Démocratique du Congo avaient conduit à la mise en place des nouvelles institutions politiques. Ces institutions avaient suscité un grand espoir au sein des populations. Tout le monde croyait que les animateurs de ces institutions allaient êtres des acteurs  des nouvelles perspectives pour le pays. Plus de quatre ans de gouvernance après,  la déception de notre peuple est très grande. Le peuple n’a pas trouvé son compte dans la gestion du pays.

Les nouvelles institutions politiques ont été utilisées pour s’enrichir, pour piller davantage le pays, pour  priver le petit peuple de tous les moyens de survie. Si vous n’êtes pas amis de ceux qui sont au pouvoir, vous êtes condamné à mort.

Les institutions issues des élections de 2006 ont manqué l’occasion d’être des acteurs du progrès politique, économique et social en République Démocratique du Congo.  Donc, on ne peut pas compter sur ceux qui ont animé lesdites institutions pour provoquer le changement dont le peuple a besoin.
Les partis politiques

A l’heure actuelle en République Démocratique du Congo, les partis politiques qu’ils soient de la majorité au pouvoir ou de l’opposition ne sont pas à mesure de provoquer le changement  ou de donner au pays des nouvelles perspectives.

Durant les cinq dernières années,  les partis politiques de la majorité ne se sont pas préoccupés du sort du peuple.  Ils se sont plus occupés d’obtenir et de garder le plus longtemps possible les postes ministériels,  de couvrir le pillage des ressources naturelles, de détourner les deniers publics,  d’acquérir des immeubles et d’en construire d’autres que de travailler pour améliorer les conditions de vie du peuple qui leur avait donné le pouvoir. On ne peut pas non plus compter sur ces partis constitués en majoritaire des «  partis alimentaires » pour changer la situation malheureuse du Congo.

De l’autre côté, les partis de l’opposition qui crient chaque jour au changement, je ne crois pas qu’ils soient à mesurer eux-mêmes de conduire le pays à des nouvelles  perspectives. Les chefs de ces partis sont en majorité des personnes qui cherchent le pouvoir pour eux-mêmes et non pour changer la vie du peuple.

Les difficultés que les partis de l’opposition éprouvent maintenant pour s’unir au tour d’un seul candidat, en vue des élections de 2011, est une preuve que ces acteurs politiques n’ont pas à cœur la souffrance du peuple. Tout le monde veut être candidat, tout le monde veut trouver son compte,  personne n’est à mesure de laisser l’autre passer. Tout le monde, même ceux dont le parti est constitué seulement des membres de leur famille ou de la tribu veulent être des candidats.  Personne n’est conscient de ce qu’il représente ou du danger que court le peuple en ce moment ci.

Comme l’accès au pouvoir permet d’accéder aux richesses, aux biens matériels, à une meilleure vie pour soi et non pour le peuple, tout le monde veut être candidat « Président ».

Quand vous regardez de près les méthodes de gestion de ces partis,  vous vous rendrez compte qu’ils prônent la démocratie mais ils ne sont pas capables de se l’appliquer.  Les chefs de partis n’acceptent pas la contradiction, ils se comportent comme «  des chefs coutumiers ».  Ils sont prêts à exclure du parti, tout membre qui soutient un point de vue contraire à celui qu’ils défendent. Avec de telles personnes, il est mieux de faire très attentions : le danger est à la porte et de tous les côtés.

Avec la théorie qui veut que chacun ait son tour de « manger », on ne peut rien attendre des partis de l’opposition. Je sais qu’il y a quelques personnes crédibles dans l’opposition, mais beaucoup d’opposants politiques congolais sont  des opportunistes sans vision, sans conviction et sans projet  de société pour le Congo.

Je crains qu’une fois au pouvoir l’opposition ne garde ou n’institue des méthodes de gestion du pays très mauvaises que celles que nous décrions maintenant.
La société civile :

Les organisations non gouvernementales  ont  joué un rôle essentiel dans les bouleversements politique, économique et social intervenus  dans le monde  ces vingt dernières années.

Aujourd’hui, la société civile de la République Démocratique malgré qu’il y a encore en son sein quelques organisations courageuses et indépendantes,  est très inféodée au pouvoir en place.

La situation économique précaire et l’accès difficile au financement ont contraint beaucoup d’organisations non gouvernementales à s’aligner derrière une personnalité politique pour bénéficier de certains avantages matériels ou de toute autre nature (nomination à un poste politique…).

Beaucoup d’organisations de la société civile sont sans vision et sans ambitions.  Elles sont devenues des instruments de survie pour leurs dirigeants et membres.

Avec de telles organisations, il est difficile de conduire le pays au changement.  
Les avocats.

Cela n’est pas un secret,  les avocats ont toujours été le moteur de beaucoup de bouleversement politique dans le monde.

En République Démocratique du Congo, les avocats sont plus préoccupés par autres choses que d’être des acteurs du changement dont le peuple congolais a besoin.

Beaucoup d’entre eux préfèrent rester du côté où les choses sont faciles, c’est-à-dire du côté de ceux qui oppriment les congolais, qui mettent en péril l’avenir de tout un peuple.

Les injustices judiciaires, politiques ou sociales ne troublent plus l’avocat congolais. Il s’accommode à tout, l’essentiel pour lui est de gagner de l’argent.

Il est aujourd’hui difficile de s’appuyer sur ces femmes ou hommes dont le travail ou l’engagement  à travers le temps a contribué à construire un monde plus juste, plus équitable, pour provoquer des vrais changements politiques, économiques et sociaux au Congo.

Les avocats sont appelés  à se réveiller, à s’engager dans la lutte pour la mise en place d’un système de gestion profitable au peuple.  Ils ne devront pas oublier que la réussite dans leur profession est intimement liée au progrès politique, économique et social du pays.
Le peuple et les individus

Dans l’environnement politique et économique de la République Démocratique du Congo, le vrai changement ne peut venir que du peuple lui-même ou de certains individus.

Le peuple connait bien ce qu’il veut  pour lui-même.  Il sait que les dirigeants politiques ne travaillent pas pour lui, mais pour eux et pour les membres de leurs familles.  Il sait aussi que les élections de 2011,  quelles que soient les personnes (majorité ou opposition) qui vont prendre encore pour cinq la direction du pays, n’apporteront pas de changement à sa situation.

Comme à l’époque de la Révolution Française, il faut que le peuple lui-même s’élève qu’il balaie les institutions politiques actuelles et mettent en place d’autres dirigeants politiques.  C’est un droit naturel pour le peuple de s’opposer à tout système politique injuste,  qui l’oppresse ou  qui lui prive des moyens de survie.

Le cas de la Tunisie et de l’Egypte sont  une démonstration que le peuple peut à un moment de son histoire reprendre sa destinée en mains.

Au de là du peuple lui-même, il y a des congolais pris individuellement qui se sont distingués par leur combat pour plus de justice,  pour l’instauration d’un système politique plus transparent, plus juste en République Démocratique du Congo. Ces congolais qu’ils soient au pays ou à l’étranger, il est question qu’ils se mettent ensemble, qu’ils constituent un mouvement social plus large auquel le peuple peut adhérer pour provoquer le changement dont le livre de Monsieur MUTINGA parle.

Il est maintenant question  de passer à l’action. Ce livre devra nous servir d’appui pour dire que «  trop, c’est trop. Agissons maintenant ».

Le livre de Monsieur Mutinga est un appel puissant à l’action. Le système politique, économique et social qu’il décrie doit s’arrêter. Je crois qu’il a fait sa part : il nous interpelle tous, il nous appelle à l’action. C’est à chacun de jouer sa partie. Au Peuple de s’unir, aux individus épris de changement de se connaître, de se connecter, de se retrouver pour changer le Congo et de lui donner des nouvelles perspectives.

Le changement du Congo ne viendra pas de l’extérieur, il doit venir de l’intérieur, de ses propres filles et fils. Surtout de ceux qui n’ont pas participé aux systèmes politiques injustes et maffieux qui ont géré le Congo ces cinquante dernières années.

Réflexion faite par Maître Jean Claude KATENDE

Téléphone : (+243) 81 17 29 908

E mail : 
jckatende@yahoo.fr

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