Alassane Ouattara, président de Côte d’Ivoire reconnu par la communauté internationale (DR)
(AfriSCOOP Analyse) — Enfin ; ouf ! Ouattara a in fine réalisé son rêve ! Celui de prendre en main les destinées de la Côte d’Ivoire, après en avoir été le Premier ministre, sous le père de l’indépendance de ce pays. Au regard des circonstances dans lesquelles l’ancien haut fonctionnaire du Fmi arrive au pouvoir, il est à parier que son mandat ne sera pas de tout repos.
De l’abnégation et du courage, Ouattara en aura besoin pour mener à bon port le navire « Côte d’Ivoire » qui prend de l’eau de tous côtés, depuis septembre 2002. Sur le plan sécuritaire, l’ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny devrait compter sur Guillaume Soro et sa rébellion pour ramener la paix dans son Etat. Il ne serait pas étonnant que Licorne et l’Onuci prolongent leur séjour en terre ivoirienne pour aider leur “poulain” à y assurer la paix.
Toujours sur ce volet sécuritaire, le grand défi sera de mettre hors d’état de nuire les milliers de jeunes armés par Laurent Gbagbo ces dernières semaines. Sans compter la réintégration des premiers responsables des FDS (fidèles à Gbagbo jusqu’à ce 11 avril) qui sera difficile à réaliser. Si les Ivoiriens souhaitent véritablement voir leur pays se relever de la crise, ils devront nécessairement passer par cette étape douloureuse. D’Abidjan pro-Gbagbo jusqu’au nord.
D’un point de vue économique, l’économiste Ado semble avoir toutes les cartes en main. Non seulement il dispose d’un carnet d’adresses hyper riche dans ce domaine, mais aussi a la confiance des principaux argentiers de ce monde. Parfait bilingue, il ne devrait pas éprouver de grandes difficultés pour mettre d’accord ses interlocuteurs sur ses qualités de gestionnaire. Des atouts qui ont besoin d’une concorde nationale pour être matérialisés dans le concret.
Impunité et haines régionalistes : ennemis du mandat Ouattara
A qui faudra-t-il faire assumer les responsabilités des atrocités commises par les rebelles depuis septembre 2002 et qui avaient pour parrain M. Ouattara ? C’est à n’en point douter le plus grand défi qui s’imposera au pouvoir d’Ado. Sur ce plan, les massacres commis par les rebelles fin mars 2011, à l’intérieur du pays, ne sont pas pour arranger l’image de l’ex Premier ministre de la Côte d’Ivoire. Il devra ainsi se faire pardonner indirectement, par ses compatriotes pros Fpi, les attaques perpétrées contre le pouvoir Gbagbo en 2002.
Pour un homme qu’une partie des Ivoiriens catégorise dans le lot des allogènes de leur pays, cette tâche s’annonce comme de la mer à boire. Maliens, Burkinabé devraient à coup sûr se sentir solidaires de la politique de Ouattara. Eux qu’une partie des côtiers de la Côte d’Ivoire continue de considérer comme des « métayers émancipés ». Loin de là ; le concept d’ « ivoirité » a encore la peau dure, et est toujours prêt à saborder les plans de développement de ce pays ouest-africain. Seul un sursaut d’orgueil et une véritable réconciliation pourront éviter une nouvelle guerre civile aux Ivoiriens. Les Ivoiriens autochtones peuvent-ils se passer aujourd’hui de leurs compatriotes allogènes ? Toute l’énigme de la cohésion de la Côte d’Ivoire réside dans cette interrogation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire