01/04/2011
Depuis le début de l’année, ceux qui se désignent à Paris sous l’appellation des « Combattants » font annuler les concerts des artistes musiciens congolais dans l’Hexagone. Initié par les Congolais de Grande-Bretagne, ce mouvement de protestation s’est étendu dans toute l’Europe.
Soupçonnés de soutenir le régime Kabila qualifié d’autoritaire, d’inciter la jeunesse congolaise au libertinage et à la débauche, les artistes musiciens congolais semblent avoir perdu le nord. Le chanteur Papa Wemba, qui a reçu notre correspondant à son domicile parisien, évoque avec un brin d’amertume cette actualité qui fait couler beaucoup d’encre.
Que reprochent les «Combattants » aux artistes musiciens congolais ?
On nous reproche un certain nombre de choses, notamment notre soutien à Joseph Kabila qui, selon eux, est Rwandais, et dont le régime serait dictatorial. Cette histoire a déclenché tellement de vagues qu’il est inutile d’y revenir.
L’actualité est importante …
Ne perdons pas la tête. Nous somme tous des Congolais. Et lorsque dans une famille il y’a un ou des problèmes, il faut se réunir sous l’arbre à palabre pour réfléchir aux moyens et aux synergies à déployer pour y mettre fin. Je dis à mes frères « Combattants » : arrêtons de nous taper dessus et fumons le calumet de la paix.
Les « Combattants » ne refuseront peut-être pas votre approche de choses…
Les « Combattants » sont des hommes et des femmes intelligents. Je peux compter sur eux. Et c’est être de mauvaise foi que de refuser cette main tendue.
Alors, pourquoi n’organisez-vous pas une rencontre avec eux comme l’a proposé le chanteur Dona Mobeti ?
C’est mon souhait. Il faut que nous mettions tout en œuvre pour que cette rencontre ait lieu car je ne veux pas que mes frères et sœurs « Combattants » aient à l’esprit que les artistes musiciens congolais roulent pour le pouvoir en place à Kinshasa. Ce n’est pas vrai. Nous ne collaborons ni avec la majorité présidentielle, ni avec l’opposition. Nous ne sommes pas des hommes politiques, encore moins leurs larbins.
Vous voulez dire par là que Papa Wemba ne soutient pas Joseph Kabila…
J’ai beaucoup de respect pour le président de mon pays. C’est dans ce sens que je soutiens Joseph Kabila et je l’assume. Si c’était Jean-Pierre Bemba, Etienne Tshisekedi ou un des « Combattants » à sa place, je l’aurai soutenu de la même manière. Il faut dire aussi que Kabila n’est pas l’homme que l’on vous dépeint dans les médias et sur des réseaux sociaux. L’avenir du Congo le préoccupe autant que les autres. Il veut travailler pour faire avancer le Congo. S’il y’a quelque chose de mauvais en ce président, cela vient peut-être de son entourage. Le vrai problème, à mon avis, c’est qu’on a inculqué aux « Combattants » que Kabila est un Rwandais. Tout le monde s’est focalisé là dessus !
Vous voulez dire que les « Combattants » sont manipulés…
J’ai tendance à le croire.
Par qui, selon vous ?
Par certains opposants en mal de pouvoir qui utilisent les réseaux sociaux pour répandre leurs mensonges. Honoré Ngbanda est de ceux-là.
Les artistes musiciens congolais ont-ils conscience de la misère dans laquelle vit la population ?
Bien sûr que nous en sommes conscients. Nous vivons avec le peuple au quotidien. Nous sommes donc bien placés pour en parler et chacun de nous compatit à sa manière. Werrason s’occupe avec sa fondation de plus de 200 enfants de rue. Voilà une action qui mérite d’être soulignée. J’entends dire que l’artiste musicien Congolais ne défend pas suffisamment la cause du peuple à l’instar de leurs pairs des autres pays d’Afrique. Sommes-nous obligés de faire du mimétisme ? Au Congo, on ne pratique pas une musique engagée.
On vous reproche également de véhiculer les obscénités dans vos chansons et les danses sont indécentes, sachant que vous êtes dans l’obligation de servir d’exemple pour la jeunesse congolaise…
L’artiste musicien puise son inspiration dans son environnement immédiat et chante les choses de la vie de tous les jours, parce qu’il vit dans une société dans laquelle il est profondément enraciné. Il partage beaucoup de valeurs de cette société. Quant à la recrudescence des danses obscènes sur le petit écran, je dirai que ces danses ont toujours existé au Congo.
N’appartient-il pas aux médias de savoir raison gardée et de ne pas tout faire passer ?
Dans les sociétés traditionnelles africaines, ces danses, encore une fois, ont toujours existé. Alors que diriez-vous de la danse des jumeaux quand on célèbre leur naissance considérée comme un événement ?
On peut aussi demander aux danseuses de travailler dans la créativité tout en évitant de divulguer certaines parties de leurs corps…
Le problème est que ce genre de danses ne convient pas à certains esprits mal intentionnés.
Pourquoi l’action des « Combattants » a-t-elle un tel impact, selon vous ?
C’est parce qu’il s’agit de l’artiste musicien congolais. Notre musique comme tout le monde le sait domine l’Afrique depuis les années 50. Comme je l’ai toujours dit, nous sommes la cellule créatrice ou la matrice de la musique africaine. Au Congo, nous regorgeons de talents sans cesse renouvelés. Nous sommes respectés de par le monde pour notre savoir faire. Nous sommes fiers de cela. Donc, tout ce qui touche l’artiste musicien congolais ne peut qu’intéresser le commun des mortels. Et notre renommée, nous l’avions avant Joseph Kabila.
Avez-vous un message à transmettre aux « Combattants » ?
Encore une fois, fumons le calumet de la paix. C’est dans l’intérêt de notre pays. Nous souhaitons tous que notre pays aille de l’avant, qu’il soit compétitif sur le plan africain et mondial. Restons unis. Ne laissons pas le choix à l’ennemi qui cherche à nous opposer. Nous sommes frères et compatriotes, battons-nous pour reconstruire notre cher et beau pays, le Congo.
Comment se porte l’album « Notre Père » ?
Très bien. Actuellement, il est l’un des meilleurs albums congolais qui se vendent le mieux sur le marché du disque. J’en suis satisfait.
Depuis le début de l’année, ceux qui se désignent à Paris sous l’appellation des « Combattants » font annuler les concerts des artistes musiciens congolais dans l’Hexagone. Initié par les Congolais de Grande-Bretagne, ce mouvement de protestation s’est étendu dans toute l’Europe.
Soupçonnés de soutenir le régime Kabila qualifié d’autoritaire, d’inciter la jeunesse congolaise au libertinage et à la débauche, les artistes musiciens congolais semblent avoir perdu le nord. Le chanteur Papa Wemba, qui a reçu notre correspondant à son domicile parisien, évoque avec un brin d’amertume cette actualité qui fait couler beaucoup d’encre.
Que reprochent les «Combattants » aux artistes musiciens congolais ?
On nous reproche un certain nombre de choses, notamment notre soutien à Joseph Kabila qui, selon eux, est Rwandais, et dont le régime serait dictatorial. Cette histoire a déclenché tellement de vagues qu’il est inutile d’y revenir.
L’actualité est importante …
Ne perdons pas la tête. Nous somme tous des Congolais. Et lorsque dans une famille il y’a un ou des problèmes, il faut se réunir sous l’arbre à palabre pour réfléchir aux moyens et aux synergies à déployer pour y mettre fin. Je dis à mes frères « Combattants » : arrêtons de nous taper dessus et fumons le calumet de la paix.
Les « Combattants » ne refuseront peut-être pas votre approche de choses…
Les « Combattants » sont des hommes et des femmes intelligents. Je peux compter sur eux. Et c’est être de mauvaise foi que de refuser cette main tendue.
Alors, pourquoi n’organisez-vous pas une rencontre avec eux comme l’a proposé le chanteur Dona Mobeti ?
C’est mon souhait. Il faut que nous mettions tout en œuvre pour que cette rencontre ait lieu car je ne veux pas que mes frères et sœurs « Combattants » aient à l’esprit que les artistes musiciens congolais roulent pour le pouvoir en place à Kinshasa. Ce n’est pas vrai. Nous ne collaborons ni avec la majorité présidentielle, ni avec l’opposition. Nous ne sommes pas des hommes politiques, encore moins leurs larbins.
Vous voulez dire par là que Papa Wemba ne soutient pas Joseph Kabila…
J’ai beaucoup de respect pour le président de mon pays. C’est dans ce sens que je soutiens Joseph Kabila et je l’assume. Si c’était Jean-Pierre Bemba, Etienne Tshisekedi ou un des « Combattants » à sa place, je l’aurai soutenu de la même manière. Il faut dire aussi que Kabila n’est pas l’homme que l’on vous dépeint dans les médias et sur des réseaux sociaux. L’avenir du Congo le préoccupe autant que les autres. Il veut travailler pour faire avancer le Congo. S’il y’a quelque chose de mauvais en ce président, cela vient peut-être de son entourage. Le vrai problème, à mon avis, c’est qu’on a inculqué aux « Combattants » que Kabila est un Rwandais. Tout le monde s’est focalisé là dessus !
Vous voulez dire que les « Combattants » sont manipulés…
J’ai tendance à le croire.
Par qui, selon vous ?
Par certains opposants en mal de pouvoir qui utilisent les réseaux sociaux pour répandre leurs mensonges. Honoré Ngbanda est de ceux-là.
Les artistes musiciens congolais ont-ils conscience de la misère dans laquelle vit la population ?
Bien sûr que nous en sommes conscients. Nous vivons avec le peuple au quotidien. Nous sommes donc bien placés pour en parler et chacun de nous compatit à sa manière. Werrason s’occupe avec sa fondation de plus de 200 enfants de rue. Voilà une action qui mérite d’être soulignée. J’entends dire que l’artiste musicien Congolais ne défend pas suffisamment la cause du peuple à l’instar de leurs pairs des autres pays d’Afrique. Sommes-nous obligés de faire du mimétisme ? Au Congo, on ne pratique pas une musique engagée.
On vous reproche également de véhiculer les obscénités dans vos chansons et les danses sont indécentes, sachant que vous êtes dans l’obligation de servir d’exemple pour la jeunesse congolaise…
L’artiste musicien puise son inspiration dans son environnement immédiat et chante les choses de la vie de tous les jours, parce qu’il vit dans une société dans laquelle il est profondément enraciné. Il partage beaucoup de valeurs de cette société. Quant à la recrudescence des danses obscènes sur le petit écran, je dirai que ces danses ont toujours existé au Congo.
N’appartient-il pas aux médias de savoir raison gardée et de ne pas tout faire passer ?
Dans les sociétés traditionnelles africaines, ces danses, encore une fois, ont toujours existé. Alors que diriez-vous de la danse des jumeaux quand on célèbre leur naissance considérée comme un événement ?
On peut aussi demander aux danseuses de travailler dans la créativité tout en évitant de divulguer certaines parties de leurs corps…
Le problème est que ce genre de danses ne convient pas à certains esprits mal intentionnés.
Pourquoi l’action des « Combattants » a-t-elle un tel impact, selon vous ?
C’est parce qu’il s’agit de l’artiste musicien congolais. Notre musique comme tout le monde le sait domine l’Afrique depuis les années 50. Comme je l’ai toujours dit, nous sommes la cellule créatrice ou la matrice de la musique africaine. Au Congo, nous regorgeons de talents sans cesse renouvelés. Nous sommes respectés de par le monde pour notre savoir faire. Nous sommes fiers de cela. Donc, tout ce qui touche l’artiste musicien congolais ne peut qu’intéresser le commun des mortels. Et notre renommée, nous l’avions avant Joseph Kabila.
Avez-vous un message à transmettre aux « Combattants » ?
Encore une fois, fumons le calumet de la paix. C’est dans l’intérêt de notre pays. Nous souhaitons tous que notre pays aille de l’avant, qu’il soit compétitif sur le plan africain et mondial. Restons unis. Ne laissons pas le choix à l’ennemi qui cherche à nous opposer. Nous sommes frères et compatriotes, battons-nous pour reconstruire notre cher et beau pays, le Congo.
Comment se porte l’album « Notre Père » ?
Très bien. Actuellement, il est l’un des meilleurs albums congolais qui se vendent le mieux sur le marché du disque. J’en suis satisfait.
PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE
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