vendredi 20 mai 2011

Al-Qaïda : Saïf Al-Adel dans les pas de Ben Laden

Portrait du nouveau chef du réseau terroriste



A la surprise générale, le conseil consultatif d’Al-Qaida a désigné l’Egyptien Saïf Al-Adel en tant que nouveau chef au détriment d’un autre Egyptien, le numéro 2 du réseau terroriste, Ayman Al-Zawihiri, l’idéologue et successeur naturel d’Oussama Ben Laden. Pourquoi un tel choix ?
Inattendu. Le conseil consultatif d’Al-Qaïda (Majlis al-Choura) a désigné le 10 mai dernier l’égyptien Saïf Al-Adel comme son nouveau chef par intérim, d’après la chaîne de télévision Al-Jazeera. Le groupe composé de 6 à 8 responsables a préféré le chef de la branche militaire du réseau terroriste plutôt que l’intellectuel égyptien Ayman Al-Zawahiri pour succéder à Oussama Ben Laden, abattu le 2 mai dernier au Pakistan par un commando américain.
L’un des terroristes les plus recherchés par les Américains
De son vrai nom vrai nom Ibrahim Makkawi, l’ancien chef des opérations militaires d’Al-Qaïda aurait assuré la sécurité d’Oussama Ben Laden de son vivant. Agé d’environ 50 ans, il serait marié à la fille de Mustafa Hamid, l’un des piliers d’Al-Qaïda, avec qui il aurait 5 enfants. Saïf Al-Adel aurait participé à l’attentat qui a coûté la vie au président égyptien Anouar El Sadate en 1981. Celui qui aurait entraîné des membres d’Al-Qaïda et des djihadistes en Afganistan, en Égypte, au Soudan, en Somalie, et au Pakistan dans les années 90 est sur la liste des terroristes les plus recherchés du FBI. Il est accusé par la justice américaine d’avoir participé à l’organisation des attentats contre les ambassades américaines de Nairobi, au Kenya, et de Dar El Salaam, en Tanzanie, en 1998. Une récompense de cinq millions de dollars est offerte pour son arrestation.
Le nouveau leader d’Al-Qaïda se serait réfugié en Iran après l’invasion américaine en Afganistan en 2001 et aurait participé aux attentats terroristes orchestrés en Arabie Saoudite à partir de 2003. Il est l’auteur de quelques ouvrages de stratégie militaire, dont Le Camp Militaire Al-Battar en 2004, un manuel d’instruction destiné aux terroristes sur la manière d’atteindre des cibles faciles. Emprisonné en Iran, Saïf Al-Adel a été libéré en 2010 en échange de la libération d’un diplomate iranien kidnappé par des membres pakistanais d’Al-Qaïda en 2008, indique Courrier international.
Un proche de Zawahiri
Le nouveau chef par intérim d’Al-Qaïda est un ancien membre du Djihad égyptien, dont Ayman Al-Zawahiri est l’un des membres fondateurs. Le quotidien pakistanais The News indique que le leader des opérations militaires de la nébuleuse terroriste est un proche de l’idéologue du groupuscule djihadiste. De neuf ans son aîné, Ayman Al-Zawahiri était perçu avant la désignation de Saïf Al-Adel comme le successeur naturel d’Oussama Ben Laden.
Son éviction temporaire rentrerait dans une logique de pacification interne du réseau terroriste, alors que selon des rumeurs toujours rapportée par le journal saoudien Al-Watan, la branche égyptienne d’Al-Qaida soutenue par l’ancien numéro 2 de Ben Laden aurait fourni aux Américains les informations utiles pour supprimer l’ancien leader. Mais si cela était vrai, pourquoi la Choura se serait-elle risquée à nommer un autre Égyptien à la tête du réseau, même temporairement ?
Pour Nooman Ben Othman, un ancien extrémiste musulman ayant renoncé à l’idéologie d’Al-Qaïda, le choix de Saïf Al-Adel serait un moyen de tester les réactions d’une nomination à la tête du réseau d’un chef qui ne serait pas issu de la péninsule arabique, terre sainte de l’Islam, mais d’Egypte. Le conseil consultatif préparerait ainsi le terrain pour la nomination cette fois définitive d’Ayman Al-Zawiri. A moins qu’il ne se tourne vers l’ancien prêcheur américain de 40 ans, fils d’intellectuels yéménites, Anwar al-Awlaki. L’Imam, fin connaisseur de l’Occident et des nouvelles technologies, est devenu au début de cette année le "terroriste numéro 1" à abattre par la CIA.
Venger la mort de Ben Laden
Sur le terrain, Al-Qaïda et ses affidés ont multiplié les opérations depuis la mort d’Oussama Ben Laden. Pas plus tard que ce vendredi, le Mouvement des talibans au Pakistan (TTP) a mené une nouvelle action terroriste pour venger la mort du leader charismatique. Une bombe qui a touché l’une des deux voitures du consulat des Etats-Unis à Peshawar a provoqué la mort d’un passant et fait 11 blessés dont deux américains. Le mouvement terroriste, qui a fait allégeance à Al-Qaïda en 2007 a revendiqué cette attaque.
Les insurgés islamiques, qui mènent une campagne terroriste particulièrement meurtrière dans le pays, a promis lors d’ « une première action » vendredi dernier de « venger la mort d’Oussama Ben Laden ». Près de 98 personnes ont péri il y a une semaine au cours d’un double attentat suicide contre des cadets de la police à Shabqadar qui partaient en permission. Un premier kamikaze à moto s’est fait explosé devant le centre d’entraînement de la police de cette bourgade au nord-ouest du pays alors que le second est intervenu lorsque les collègues et secouristes aidaient les blessés, dont le nombre total s’élève à près de 140 personnes.
Depuis la mort du leader de la nébuleuse islamiste, les attentats contre les forces de l’ordre se sont multipliées dans le monde musulman. Jeudi, une série d’attentats contre la police de Kirbrouk, au nord de la capitale irakienne Bagbad, a fait près de 27 morts. Elle intervient après l‘attentat suicide qui a tué le 5 mai 21 policiers de Hilla, toujours au sud de Bagdad. Le 12 mai, sept soldats ont été tués à la mitraillette et plusieurs autres blessés par des terroristes dans leur caserne de Jijel, à l’est d’Alger. Mercredi, l’armée tunisienne a affronté un groupe de neuf djihadistes qui voulaient s’en prendre à des sites touristiques du pays à Rouhia, dans le nord. Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) n’a encore fait aucune déclaration, mais les pistes tendent vers le réseau terroriste d’Afrique du Nord.
Al-Qaïda n’a jamais été une organisation centralisée. Cependant, le risque d’une perte totale de contrôle des groupes qui ont fait allégeance à travers le monde n’est pas à exclure. Par conséquent, le choix d’un nouveau chef pour remplacer Oussama Ben Laden est capital pour l’organisation, qui a cru trouver en Saïf Al-Adel l’homme de la situation.

Source: Afrik.com

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