Libye : Que fera l’Otan avec le cadavre de Kadhafi ?

Mouammar Kadhafi, guide libyen (DR)
(AfriSCOOP, commentaire) — Depuis ce week-end, l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) a entrepris de frapper plus durement les symboles et bastions de résistance du régime de Mouammar Kadhafi. Par ce geste, les Occidentaux renforcent davantage leur unilatéralisme en Afrique. Pour quels résultats probants et qui seront dupliqués ailleurs sur la planète ?


Après l’ouverture d’une représentation de l’Ue (Union européenne) dans le fief des insurgés de Benghazi ces derniers jours, c’est la Russie qui a vu en ces rebelles des partenaires potentiels avec lesquels l’on peut travailler.

Bref, au Nord, on s’active pour s’attirer, d’ores et déjà, la plus grande sympathie du Cnt (Conseil national de la transition) qui est ainsi vu comme le prochain pouvoir de la Libye.

La logique unilatérale des forts du monde contemporain est donc en train d’avoir raison de la témérité et de la détermination du régime quarantenaire de Mouammar Kadhafi. Le Guide libyen qui a commis le crime d’avoir « voulu nettoyer les rats de Benghazi » !

Ce qui signifie implicitement que les dizaines de morts qu’avait engendrés le pouvoir de Kadhafi de 1969 à 2011 n’avaient aucune valeur aux yeux de la communauté internationale ! Un peu comme les dizaines de Syriens et de Yéménites que le président El Assad et Saleh sont en train de liquider comme des animaux depuis plusieurs semaines.

Après la Libye, Sarkozy et alliés seront inactifs !

Depuis la chute du régime de Mobutu Sessesseko en Rdc, plus d’un million de Congolais ont déjà perdu la vie dans divers types d’atrocités dont les architectes courent toujours.

Plus de 7.000 Togolais se sont vus arracher la vie depuis le début du processus démocratique sur leur terre natale, en 1990. D’autres exemples de drames humains dans lesquels l’intervention militaire est une urgence existent à foison sur le continent noir.

C’est le cas de l’Ethiopie où la crise alimentaire est cyclique à cause de l’impéritie des dirigeants d’Addis-Abéba farouchement soutenus par Washington… De Républicains en Démocrates !

Kadhafi est certes un dictateur mais il est loin de battre les records du « Livre Guinness » en matière de crimes politiques. C’est la raison fondamentale pour laquelle l’intervention des alliés en Libye emmenée par Nicolas Sarkozy frise l’absurde et donne l’impression que dorénavant, l’Occident va imposer une démocratie sélective au reste du monde.

« Si la démocratie est importante pour l’Afrique » comme l’a répété M. Sarkozy en Côte d’Ivoire, pourquoi Paris et ses alliés du « monde développé » ont-ils fermé les yeux sur les élections frauduleuses au Tchad et à Djibouti ces dernières semaines ?

Si « une nouvelle ère de gouvernance » s’impose au monde comme l’a indiqué Barack Obama en prenant fonction le 20 février 2009, pourquoi Washington ne milite pas en faveur d’un renversement militaire en Corée du Nord ou encore en Iran, deux Etats hautement dictatoriaux ?

Ne nous voilons pas la face : l’Afrique est en train de payer un lourd tribut à sa vulnérabilité militaire ! En dépit des arsenaux qu’achètent les éternels dirigeants d’Afrique au Nord, de façon cyclique.

Après Kadhafi, quel est l’insoumis du continent noir qui sera dans le collimateur de Nicolas Sarkozy, Barack Obama et David Cameron ?