lundi 11 juillet 2011

Deux incendies et beaucoup de questions

rue de la république

Akal Akottong Akot, le gérant de l'épicerie exotique BGM (en haut) ne sait pas quand il pourra rouvrir. Altun Mesut, le locataire du 1er, est sorti par les toits. À cause des dégâts causés par les fumées, tous les appartements de l'immeuble sont inhabitab
Akal Akottong Akot, le gérant de l'épicerie exotique BGM (en haut) ne sait pas quand il pourra rouvrir. Altun Mesut, le locataire du 1er, est sorti par les toits. À cause des dégâts causés par les fumées, tous les appartements de l'immeuble sont inhabitab
Akal Akottong Akot, le gérant de l'épicerie exotique BGM (en haut) ne sait pas quand il pourra rouvrir. Altun Mesut, le locataire du 1er, est sorti par les toits. À cause des dégâts causés par les fumées, tous les appartements de l'immeuble sont inhabitab
Les deux incendies qui se sont produits en une semaine rue de la République à Toulouse auraient-ils pour origine une guerre commerciale entre commerçants d'origine africaine ? Pour l'heure, aucune hypothèse n'est écartée.
Nombreux sont les habitants et habitués de la rue de la République, à Toulouse, à s'interroger sur l'incendie qui s'est produit samedi, vers 19 heures, au numéro 20 de cette artère très populaire. Il est vrai que ce sinistre est survenu une semaine après un premier qui a ravagé, au 35 de la même rue, neuf logements et deux commerces africains, une cordonnerie et une échoppe de cosmétiques et alimentations.
Avant-hier soir, ce sont trois appartements d'un immeuble dont le rez-de-chaussée est lui aussi occupé par un magasin africain qui ont été la proie des flammes. Si cette épicerie exotique de 300 m2 n'a pas brûlé, elle n'en fait pas moins les frais de ce sinistre.

Guerre commerciale, pyromane, acte raciste ?

Akal Akottong Akot, son gérant, s'est d'ailleurs vu notifier, hier, une interdiction d'ouverture pour raison de sécurité. « Je ne connais pas l'étendue des dégâts. Je n'ai pas eu le droit d'entrer. Comme le feu a ravagé un appartement du premier, juste au-dessus de mon magasin, des éléments du plafond menacent peut-être de s'effondrer. » Ce chef d'entreprise originaire du Sud Soudan espère qu'il pourra « reprendre rapidement son activité ». Bien évidemment, Akal Akottong Akot ne peut s'empêcher de penser à l'incendie de la semaine dernière dont l'origine ne serait toujours pas établie ou, du moins, pas encore rendue publique : « Deux feux en une semaine, on fini par trouver ça bizarre, assure-t-il. On dirait que c'est dieu qui s'est fâché ».
Certains y voient déjà l'ombre d'un pyromane : « On se demande s'il n'y en a pas un qui s'amuse à mettre le feu », s'interroge un autre commerçant d'origine africaine. Un voisin du 20 de la rue, avance l'idée qu'il pourrait s'agir d'une guerre commerciale entre Africains : « Cette épicerie exotique marche vraiment bien et ça, ça doit en déranger quelques-uns ».
Un acte raciste ? Akal Akottong Akot n'y croit pas : « Cela fait 10 ans que je fais du commerce dans cette rue et je n'ai jamais connu, ni vu de problème de ce genre ni même eu de menace ».
Jean-Pierre Aubagnac, le propriétaire d'un des appartements détruits par le feu se dit perplexe : « Deux incendies en une semaine c'est quand même surprenant ». Président du conseil syndical de l'immeuble il souligne que « l'appartement du second avait été entièrement refait il y a 4 mois ». Pour l'heure, nous ne savons pas où le feu a pris. S'il peut avoir démarré dans l'appartement du 2e étage, le plus endommagé, pour Altun Mesut, ce locataire du 1er qui a échappé au feu par le toit, « il s'est certainement déclaré dans les fils électriques qui longent l'escalier ». Hier, la police a effectué des constatations sur place et tente de déterminer l'origine de ce dernier sinistre.

« Mettre le feu ce n'est pas la façon de procéder des Africains »

Gabriel, le propriétaire du restaurant le Mayombe, est le premier Toulousain d'origine africaine (il est Congolais) à avoir ouvert un commerce dans la rue de la République. C'était il y a 27 ans. Véritable chef de file, il connaît quasiment tous les commerçants de cette artère du centre ville. Lui aussi s'étonne de ces deux incendies : « C'est vrai que cela a de quoi surprendre, que l'on peut penser à un pyromane même s'il peut s'agir du hasard ». Sage, il « conseille d'attendre les résultats des enquêtes menées par la police ».
Toujours est-il que pour lui « il n'y a pas ici de dissensions entre les différentes communautés africaines qui s'entendent très bien ». Il souligne que « dans le quartier Saint Cyprien tous les habitants ont toujours vécu en bonne intelligence ». Il ne croit pas en l'hypothèse d'une rivalité commerciale : « Mettre le feu, ce n'est pas la façon de procéder des Africains. Bien que l'épicerie exotique BGM marche bien, je ne pense vraiment pas que son propriétaire attise des animosités ».
Gabriel insiste aussi sur le fait que « la rue de la République n'est pas un ghetto africain. Mais une rue où l'on trouve des Africains, des Asiatiques, des Occidentaux… bref, une rue à l'image de la république française ».

Source: ladepeche.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire