vendredi 8 juillet 2011

Faux complot du pouvoir : Ouattara hanté par l’idée d’une rébellion

July 8, 2011 Autres Media


 
Le nouveau régime se fait peur en imaginant un coup d’Etat qui serait en préparation. En réalité, Ouattara qui ne maîtrise pas la situation, craint qu’on lui fasse subir ce qu’il a fait endurer à Laurent Gbagbo pendant près de 10 ans. C’est-à-dire une rébellion. 

Ces derniers jours, le pouvoir semble plus que jamais préoccupé par la traque contre les ex-fds soupçonnées de préparer un coup d’Etat contre Ouattara. C’est que la crainte des nouveaux maîtres du terrain est montée d’un cran avec la désertion du Commandant Abéhi qui a quitté sa résidence pour une destination inconnue. La fièvre des ex-rebelles est d’autant plus forte  qu’ils ont déjà pas mal de soucis avec les policiers, gendarmes et militaires qui ont dû prendre le chemin de l’exil pour échapper aux exécutions sommaires et extrajudiciaires qui ont eu lieu lors des tueries commises par les forces ‘’pro Ouattara pendant la crise poste électorale et le coup d’Etat qui a renversé Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Les accusations non fondées qui ont déjà donné lieu à des arrestations arbitraires en cascades  d’ex-Fds sont en fait un faux complot monté de toutes pièces par le pouvoir en place pour justifier la traque des forces régulières que les ex-rebelles considèrent comme des forces « toujours fidèles à Laurent Gbagbo ». La peur qui habite Ouattara est telle que, les  ex-Fds ont beau se ‘’rallier’’ ou montrer leur bonne foi, leur seule présence sur le terrain ne rassure pas le pouvoir.
Les raisons de la panique
Mais, à la vérité, il n’y a rien de surprenant dans la phobie obsessionnelle du coup d’Etat imminent que les hommes en place développent depuis leur arrivée. Ouattara ne dort pas, à l’idée que l’on pourrait lui faire subir les épreuves que son premier ministre et lui, agissant pour le compte de la France, ont infligées à Laurent Gbagbo dès le 19 septembre 2002. Un coup d’Etat manqué que Paris, qui tenait coûte que coute à faire tomber le régime de la refondation a transformé en rébellion.  Divisant le  pays en deux et contraignant le président de la République d’alors de parcourir le monde pour signer des accords de paix. Bien sûr, Ouattara  n’a pas oublié  comment,  par la suite, le processus de paix qui s’en est suivi a été miné pour aboutir au putsch postélectoral. A la suite duquel le nouveau pouvoir  s’est installé, dans un chaos total. De sorte que la situation de Ouattara est fragile. Il ‘’hérite’’ d’un pays à reconstruire, dans une Nation délabrée avec  des populations meurtries par les crimes et les souffrances entraînés par guerre. Mais les conditions de l’instabilité politico-militaire sont aussi réunies. La démocratie est foulée aux pieds et l’opposition est actuellement détenue dans les geôles du régime en place. Et, comme Ouattara le sait si bien, un coup d’Etat est toujours une situation de clash qui entraîne forcément une  rupture aussi bien politique que militaire. Le mentor de Rdr est bien placé, à ce sujet, pour savoir que ce ne sont pas les coups d’Etat qui ont manqué en Côte d’Ivoire. Les exilés militaires ne sont donc pas une nouveauté sur la scène politique. Le ‘’pouvoir moribond’’ de Bédié a été ‘’frappé’’ et est ‘’tombé comme un fruit mûr’’. Dixit Ado. Après lui, le pays a été ‘’gnagami’’ dixit Ado.  C’’est à dire : mélangé, pour  ne pas dire déstabilisé pour être rendu ‘’ingouvernable’’.Dixit Ado. La preuve, un coup d’Etat raté le 19 septembre 2002 s’est mué en une rébellion dirigée par Guillaume Soro, actuel Premier ministre du régime Ouattara.  Celui qui a conduit les forces ‘’pro Ouattara’’ qui ont fait plus d’un million de mort à Duékoué au cours de crimes de guerre dans l’Ouest du pays, pendant la crise postélectorale.    
Les militaires  ‘’hors du pays’’, une constante dans l’histoire des coups d’Etat   
Ouattara sait qu’à chaque crise, une constante s’est dessinée. C’est-à-dire les militaires en exil ou simplement hors de pays dans le cadre d’une mission. En effet, pour le coup de force du  24 décembre 1999, ce sont de ‘’jeunes gens’’ de retour d’une mission onusienne en Centrafrique conduits par le général Guéi Robert, qui ont été approchés à l’extérieur et utilisés  pour renverser Henri Konan Bédié. En 2000, lorsque Laurent Gbagbo arrive au pouvoir il marque son inquiétude quant aux militaires en exil au Burkina Faso. La suite des évènements lui donnera raison. Après le coup d’Etat  du 19 septembre  2002, les militaires qui se cachaient à Ouagadougou se montrent en première ligne de la rébellion et affirme que c’est bien Ouattara qui a financé leur mouvement à partir de sa base arrière au Burkina. Peut-il au vu de cette constante y avoir quelqu’un qui est plus au fait que Ouattara des dangers que représentent les militaires en exil pour un pouvoir, lorsqu’il fait face à des putschistes ? Le nouveau locataire du palais, installé par la force, craint tout simplement que des militaires mécontents lui infligent les morsures d’une rébellion. Aussi a-t-il choisi de les traquer, plutôt que de le rassurer dans le sens d’une réconciliation pour les ramer au pays. Mais le pouvoir Ouattara se fait peur inutilement. Car, si coup d’Etat il doit y avoir, cela ne saurait provenir de Laurent Gbagbo qui est formel sur sa vision de la vie politique. On ne peut pas être démocrate et putschiste à la fois. On est l’un ou l’autre. Et le président Laurent Gbagbo dont le peuple attend la libération et celle de ses proches n’engagera jamais la jeunesse et l’armée  ivoirienne dans des coups d’Etat et des rébellions, comme  l’ont fait ceux qui tremblent aujourd’hui à l’idée d’avoir à essuyer eux-mêmes une rébellion. Car, le vrai pouvoir se trouve dans les urnes. Et non au bout des canons.


K. Kouassi Maurice
(Le Temps N°2399)

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