À Banlieues bleues et aux Détours de Babel, avec Station Congo, le maestro franco-africain rassemble les forces vives d’un pays marqué par la guerre.
Le festival Banlieues bleues braque les feux sur le Congo-RDC, mutilé par une longue guerre, pillé par les multinationales, mais dont le bouillonnement musical reste d’une force inouïe.
Le 21mars, à Villepinte, et le 25mars, à Clichy-sous-Bois, des concerts – libres d’accès – restitueront les actions musicales menées sous la direction du chanteur Jupiter et de l’Okwess International, en direction de collégiens.
Le même soir que Jupiter, le chanteur polyinstrumentiste et compositeur Ray Lema fera découvrir Station Congo, présentée par Banlieues bleues en partenariat avec le festival isérois Détours de Babel.
Très attendue, cette création est le fruit des émouvantes retrouvailles du maître franco-congolais en exil depuis 1979.
Dans les années soixante-dix, l’ancien – et premier – directeur du ballet national du Zaïre avait sillonné le pays afin de recruter environ soixante-dix musiciens issus de presque toutes les ethnies.
Tôt initié à la musique classique européenne, puis se passionnant pour la diversité de la Great Black Music américaine, l’érudit constitue un trait d’union idéal entre les peuples, les continents, les cultures.
Lors de son retour au Congo, avec Benoît Thiebergien, directeur de Détours de Babel, il a auditionné nombre d’artistes pour former un groupe mêlant des artistes traditionnels et la jeune scène urbaine de Kinshasa. Il a notamment rencontré les membres du Ballet national.
«Un moment douloureux, nous confie-t-il. Des musiciens que j’avais engagés, seuls cinq ont survécu aux maladies, aux guerres et autres vicissitudes de la vie au Congo. Voir le dénuement dans lequel ils s’évertuent à répéter m’a brisé le cœur. Mais persistent tant d’énergie et de talent ! Une leçon de vie.»
C’est cette vitalité kinoise qui embrasera bientôt nos pieds et nos têtes. Car c’est à la totalité de notre être que souhaite s’adresser le musicien citoyen. Surtout en ces temps de campagne électorale. Chez lui, la révolte boit à la sagesse, mais avec incandescence.
«Je crois en la culture et en l’éducation pour sortir nos pays du bourbier où ils se trouvent. J’espère que la France saura renouer avec sa tradition humaniste et donner place à une vraie gauche.
En tant que Français, je suis scandalisé par les délocalisations, et le chômage ainsi alimenté. Comme Congolais, j’appelle à des relations internationales plus justes et à la fin des arrangements entre dictateurs africains, multinationales et décideurs occidentaux.»
Station Congo, le 23, Meylan,
Détours de Babel (tél. : 04 76 89 07 16) ; le 24 mars, Stains, Banlieues bleues
(tél. : 01 49 22 10 10).
Le nouveau CD-DVD, Jazz Sinfônica
de São Paulo - João Mauricio Galindo
(1 Drop/Rue Stendhal) ; www.raylema.com.
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