mardi 17 avril 2012

La RDC face aux enjeux mondiaux

image Marché - Une vendeuses des fruits au marché central de Kinshasa.jpg


La République démocratique du Congo devient de plus en plus un territoire où se jouent des enjeux mondiaux de tout genre.

Avec la flambée de prix des ressources naturelles, la diminution des ressources en eau douce, la montée en flèche de prix des produits alimentaires et des matières premières agricoles, la RDC se voit contrainte à élaborer une stratégie cohérente pour tirer so épingle du jeu.

Au phénomène de demande excédentaire en ressources naturelles (non assouvie) à laquelle s’ajuste péniblement une offre insuffisante, couplée à un phénomène de réchauffement climatique, avec son corollaire de déplacement des peuples, mieux des réfugiés climatiques, la population congolaise en général, ses dirigeants et sa Société civile, en particulier, devraient réfléchir, dès à présent sur la politique et/ou la stratégie de gestion ou de protection à mettre en place pour garantir son avenir ou le devenir de sa nation et de son économie.

En effet, la demande «boulimique» en ressources naturelles exprimée par des industries du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud), celles des économies européennes, américaines, bref des économies émergeantes et développées ; demande mondiale gonflée, singulièrement, par celle de ces économies, dépasse l’offre mondiale.

Les capacités de production de certains pays producteurs et exportateurs des matières premières (ressources naturelles) sont utilisées à fond sans pour autant satisfaire une demande mondiale galopante.

A ceci s’ajoute d’une part, l’accentuation de la crise de la dette souveraine au sein des économies de la zone euro (crise qui a montré les conséquences de l’un des défauts patents de l’UEM, c’est-à-dire, la conjonction d’une politique monétaire commune avec des politiques budgétaires décentralisées et non coordonnées), couplée à l’accroissement de la population mondiale.

Dans un environnement mondial marqué par une raréfaction de ressources naturelles et par une demande qui explose, les économies développées ou émergentes s’inquiètent de l’éventualité de ne plus pouvoir compter sur un flux continu d’approvisionnement en matières premières pour pouvoir assurée durablement leur croissance et garantir leur développement.

Conséquence : du côté des pays abondamment dotés, en matières premières, telle le Congo-Kinshasa, on observe le renforcement, de plus en plus, de la volonté de protéger leurs réserves.

Par contre, du côté des économies développées et émergentes, le souci d’accéder, à tout prix, à ces ressources naturelles se renforce également.

D’où, le risque éminent d’une guerre sans merci. L’inquiétude grandit à prolonger les courbes, le développement mondial risque-t-il de buter sur l’épuisement des ressources naturelles ?

Telle semble être la problématique à laquelle réfléchissent les dirigeants visionnaires du monde. Comment garantiraient-ils à leurs industries une source d’approvisionnement en matières premières pour cinq voir cent ans ? Telle semble être la seconde problématique pour ces derniers.

Quant à nos pays : comment anticiperont-ils le comportement «des forts» face aux enjeux mondiaux du moment et d’avenir, si rien n’est fait, dès à présent ? Quelle politique de management stratégique devrions-nous mettre en place pour espérer protéger la population congolaise et ses ressources ? Cette dernière interrogation constitue la trame à notre réflexion.

Il nous revient de noter que le monde n’a tout simplement pas assez de ressources et d’ailleurs c’est un cas général pour quasiment toutes les matières premières rares : énergies fossiles, minerais, eau, surface agraire, etc.

La thèse que nous développons dans le présent article est qu’à moins d’adopter une stratégie visant à favoriser simultanément un rattrapage technologique par une politique reposant sur l’acquisition dynamique de la connaissance technologique (apprentissage technologique) couplée à une politique de renforcement des capacités ; sans cela, pensons-nous, le Congo-Kinshasa continuera d’être à la traîne, avec comme conséquence, non seulement, son incapacité à défendre ses ressources et ses citoyens mais également sa marginalisation profonde vis-à-vis du reste du monde.

TIRER PROFIT DE LA MONDIALISATION

La mondialisation, telle qu’elle se présente aujourd’hui avec ses multiples mutations, n’augure rien de bon pour les pays qui se gèrent «à vue» ou «face aux pulsions du moment» et qui n’ont aucune vision stratégique d’avenir.

En effet, le néocolonialisme avec sa locomotive qu’est la mondialisation suscite des craintes mais offrent également, aux pays en développement, de multiples opportunités à saisir.

Bien qu’il soit difficile à l’heure actuelle, au pays comme la République démocratique du Congo, de vivre en autarcie ni d’entrer en guerre contre les forces du capitalisme ; il est néanmoins possible d’agir, au niveau interne, sur les manifestations de la mondialisation.

En effet, face à «la boulimie croissante» en matières premières exprimées par les économies du reste du monde et aux inquiétudes galopantes soulevées par les mutations observées à travers la planète, il devient de plus en plus préoccupant de vivre dans un environnement qui ne dispose d’une armée républicaine, dissuasive et pour laquelle sa reconstruction traîne à tourner à plein régime.

En attendant…, la seule possibilité qui nous reste est celle d’anéantir les manifestations de l’influence extérieures au sein de nos économies, donc d’envisager surtout des actions à l’interne. Pour y arriver, de multiples voies de sorties s’offre à nous.

Loin de «trinquer» son économie, ni de «se morfondre» d’un appui sous régional, régional, continental ou international en cas d’immixtion étrangère dans son management interne, le Congo-Kinshasa est appelé à réinventer et à imposer son intelligentsia économique, à envisager une décentralisation économique intégrée dans une optique de développement cohérente, intégrante et comprise par tous ses citoyens.

Etant donné que cette stratégie n’est réalisable qu’à long terme, les actions à très court, court et moyen termes à envisager sont celles basées sur une surveillance spatiales du territoire national et de ses frontières par le recours à la technologie spatiale.

La culture occidentale d’appropriation des matières premières des pays du Sud par «le canon» est appelé à céder la place à une stratégie orientale d’acquisition «en douceur» basée sur une coopération d’égale à (à peu près) égale, car le temps de «l’équilibre de la terreur» est fortement révolu.

La problématique ne devrait pas être celle de l’acquisition de capacités à inventer des procédés, ni de rattraper les pays avancés mais plutôt celle de la mise en place d’une politique de promotion du progrès technologique avec comme objectif d’apprendre à connaître et à maîtriser les processus utilisés dans la protection de l’environnement, le contrôle des frontières et la gestion durable de nos ressources naturelles.

Cette possibilité ne nous sera jamais offerte par l’Occident capitaliste, qui ne jure que par le maintien de nos pays dans leurs états actuels, mais pensons-nous, par l’Orient qui, bien qu’ayant aussi des objectifs et intérêts propres à atteindre, se montre beaucoup plus conciliant aux besoins de nos pays.

De ce qui précède, deux pays peuvent jouer ce rôle, à savoir la Chine et/ou le Japon. Il convient vite de préciser que la technologie nippone semble présenter beaucoup plus d’avantages que celle chinoise basée sur une «macédoine technologique».

Dans le cadre des relations de coopération RDC-Japon, il nous est possible d’envisager une coopération dans le domaine spatiale dans le but de développer des applications satellitaires, la construction et l’opération des systèmes au sol pour les applications spatiales, l’acquisition des compétences pour l’utilisation des données satellitaires et le développement des capacités scientifiques et de base.

Cette coopération pourrait être envisagée dans le cadre de l’aide et/ou d’une coopération incluant la ODA, pour la fourniture satellites. Ainsi, à travers le Centre de télédétection du Japon, en sigle RESTEC (Remote sensing technology center of Japan), le pays pourrait bénéficier d’abord des solutions en télédétection, ensuite du renforcement des capacités et des formations et enfin, du transfert des technologies.

Etant donné les menaces permanentes dont le pays est victime, ce centre pourrait fournir surtout, (i) dans le domaine de la télédétection, des solutions pour la surveillance de nos frontières, la surveillance des ressources naturelles et halieutiques, la gestion durable des forêts en vue de lutter contre l’exploitation illégale et la déforestation par l’utilisant les données de Palsar, la gestion des frontières en vue de réduire leurs perméabilités, la gestion de l’agriculture par la surveillance de l’environnement, des catastrophes naturelles, l’aménagement urbain, etc. (ii) dans le domaine de renforcement des capacités pour la télédétection, ce centre, en partenariat avec les experts congolais formés ou à former, pourrait développer le systèmes au sol, le traitement des données et les capacités d’analyse (par le recours à l’application des données satellitaires à l’exploration des ressources d’énergie et des minéraux) et ceci, à travers le Earth Remote sensing Data Analysis Center, en sigle ERSDAC; (iii) il pourrait également offrir, en collaboration avec les universités congolaises, des formations du personnel ; (iv) créer une cartographie géologique pour la gestion des ressources naturelles (mines, pétrole, forêts et parcs nationaux, eau, etc.) en recourant à une formation de base mais aussi à une formation avancée.

Ces formations devraient combinées l’apprentissage de technologie Prism, avnir 2 et palsar qui pourrait être intégrée sur un satellite du type Alos 3 que compte lancer le japon d’ici 2014.

A l’exemple du Botswana et plusieurs pays du SADC, le gouvernement congolais ferait œuvre utile d’intégrer dans cette stratégie de coopération avec le Japon, le recours à l’expertise du Jogmec (japan oil, gas and metals national corporation) qui travaillerait avec les experts des ministères des Mines, de l’Economie, du Commerce et Industrie, de la Recherche scientifique et de l’Enseignement supérieur et universitaire.

Cette coopération présente plusieurs avantages en ce sens qu’elle permettrait au pays : (i) de réaliser une surveillance permanente du territoire national et de ses frontières, (ii) d’offrir de vastes possibilités de communication à un coût relativement bas, (iii) dans le cadre d’exploration minière, elle aiderait de réaliser une exploration vaste et simultanée basée sur le spatial et faisant appel à la technologie de télédétection dans les provinces riches en ressources minières et naturelles ; (iv) de gérer la déforestation, de fortes pluies, les inondations, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques à l’Est du pays, ainsi que leurs dommages et permettre des mesures précises au bon moment.

Comment pourrions-nous financer une telle politique et quels en seront les risques ?
À suivre.

Crispin Malingumu Syosyo
Assistant Unikin/FASEG

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