13/05/2012
Les services de sécurité rwandaise et ougandaise en alerte maximale
"L’ennemi, c’est aussi le compatriote manipulé par le Malin ou par l’étranger. L’objectif final de la lutte est un refaçonnage social complet : l’homme nouveau est en vue. Pour atteindre ce but, il faut purifier son camp.
Comme Lénine le disait bien : le parti se renforce en s’épurant... Notre pire ennemi est dans nos rangs. " Cette citation de M. Pierre Conesa (Spécialiste en stratégie de la défense) nous a beaucoup édifier dans la compréhension du désordre sécuritaire à l’Est de la RD Congo où l’on essaye de présenter le général Bosco Ntaganda comme la cause du malheur des populations des deux provinces du Kivu.
Des acteurs sociaux et politiques (tirant profit de cette situation) ont toujours été, par leurs écrits ou leurs discours et par les mythologies qu’ils essayent de créer, responsables de cette insécurité en essayant de donner de la consistance à des émotions collectives pour faire perdurer le gâteau.
Maintenir le curseur entre les intérêts et la sécurité des régimes autocrates
Les deux Kivu ont toujours étaient confrontés à la question des populations vivant des deux cotés de la frontière commune avec le Rwanda. Les accélérateurs de crise ont souvent été les militaires et les hommes politiques en mal de légitimité, chaque catégorie tenant l’autre par la barbichette au nom de la défense du sol sacré de la patrie ou des intérêts personnels.
Au fil du temps, il fallait trouver un bouc émissaire, fabriquer un ennemi héréditaire de façon à l’ancrer dans le passé et constituer un argument pour une mobilisation de l’opinion publique.
La situation s’est aggravée avec l’arrivée du président Laurent Kabila et son AFDL qualifié (un peu tardivement par lui-même) de conglomérat d’aventuriers.
Faute d’avoir respecté ses engagements, le pouvoir sera cédé au fils qui, pour garantir sa longévité, va développer un double discours. Celui d’apaisement et de bon voisinage destiné à la communauté internationale et le discours de l’hostilité tous azimuts pour la consommation locale en vue de s’attirer la sympathie des populations autochtones.
Cette hostilité s’est vite appuyée sur un nationalisme aux accents variés qui pouvait être alarmiste, revanchard, victimaire et surtout populiste en vue de s’attirer la confiance des congolaises.
Et voilà comment les régimes kabilistes successifs en accord avec leurs mentors sont parvenus à fabriquer des portes flingues afin de justifier leur incapacité à solutionner le problème.
Il y a eu l’intellectuel utopiste Laurent Nkunda qui, au fil de temps, va développer un discours libertaire et contraire aux attentes des régimes autoritaires de Kinshasa et Kigali.
Ses services furent déclarés «périmés» par les deux autocrates qui vont le remplacer par Bosco Ntaganda, un inculte supposé malléable.
Catapulté à un poste de gestion des intérêts financiers et sécuritaires des proches de deux présidents, le pauvre baroudeur devenu général va se retrouver en contact avec des gros lobbies et des dealers, sans foi ni loi, à la recherche des minerais précieux et stratégiques.
N’ayant aucune notion des grosses affaires juteuses, il va perdre la boule en traitant avec des mafieux dont certains travaillaient en sous main pour le compte des ennemis de Kigali et de Kinshasa. Voilà comment le garçon de rue, devenu l’intermédiaire attitré dans des transactions mafieuses, va se retrouver en disgrâce vis-à-vis de ses parrains.
Ces derniers vont actionner leurs contacts occidentaux et des menaces vont provenir de ceux-là même qui bénéficient des retombées de ces transactions mafieuses (lire à ce sujet le livre de Christophe Boltanski : Minerais de sang).
Des ONG, des organismes de droit de l’homme, la CPI et toutes ces officines aux dénominations angéliques qui répondent aux injonctions des services de renseignements occidentaux vont faire de Bosco Ntaganda le responsable d’une situation dont il ne maitrise pas du tout les manettes.
C’est ainsi que l’enfant terrible de Masisi s’est vu lâcher par ses protecteurs qui sont actuellement à la recherche d’un remplaçant car le business ne doit pas s’arrêter : les grosses sociétés de téléphonie et les usines de pointes occidentales doivent continuer à fonctionner…
Consolider la ligne de crête entre les richesses de l’Est de la RDC et les intérêts de la CEA
L’autre facette du dossier sécuritaire de la région des Grands Lacs que les analystes semblent ne pas percevoir ce sont les tentacules de la Communauté Est Africaine (CEA) sur l’Est de la RDC qui est, économiquement, lié à cette CEA depuis longtemps.
Il est évident que la consolidation des intérêts occidentaux, dans les régions centrale et orientale de l’Afrique, dépendra inévitablement de la stabilité et de l’extension de la CEA.
Constituée actuellement du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie, la Communauté d'Afrique de l'Est (en anglais East African Community, EAC) nourrit l’ambition de s’étendre sur le Soudan du Sud, l’Ethiopie, le Malawi, la Zambie et la RD Congo dont l’Est est déjà impliqué économiquement.
Dans sa configuration actuelle, la CEA couvre une superficie de 1,8 millions de Km² pour une population de 140 millions d’habitant, un PIB de $ 80 milliards avec des réserves importantes de pétrole, gaz, minerais précieux et stratégiques bref un potentiel qui fait rêver tous les stratèges occidentaux surtout les USA.
La mise en chantier d’un marché commun et d’une prochaine union monétaire fera de cette communauté un partenaire non seulement économique mais sécuritaire pour les Occidentaux qui veulent stopper l’expansion d’un islamisme dévastateur dans la corne de l’Afrique.
Les services américains sont actuellement implantés dans tous les pays de front de la CEA et y développent des partenariats stratégiques (économico-militaires).
Malheureusement la non-existence d’un Etat de droit en RD Congo fait de sa partie orientale une région non gouvernée où les armes circulent à profusion et des groupes mafieux exploitent librement les minerais.
Les services américains viennent de fabriquer un ennemi planétaire (Joseph Kony) mais en réalité c’est le régime soudanais de M. Al Béchir qui est nettement visé.
Israël a été mis à contribution à travers la soldatesque rwandaise et ougandaise pour maitriser l’Est de la RD Congo qui pourrait accueillir des terroristes islamistes. Cette situation a été bien décrite par Pierre Péan dans son livre : Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, p. 277
"A partir du moment où j’ai découvert que les Israéliens avaient eux aussi aidé Kagamé à conquérir le pouvoir, mon champ de vision s’élargit soudain et je compris que le Soudan, allié du Hamas et de l’Iran, était un ennemi important de l’Etat hébreu ; que, par là, d’une certaine manière, la tragédie rwandaise avait quelque chose à voir avec la question du Moyen-Orient et la lutte contre l’islamisme".
Pour donner du contour à cette stratégie expansionniste, le régime de Kagame vient de mettre en alerte son armada militaire pour stopper les alliances qui se forment actuellement entre des groupes armés locaux et les FDLR.
Le signal fort a été donné par le régime de Museveni qui a détecté les deux fronts qui le menacent : l’insécurité à l’Est de la RDC et la guerre au Soudan.
Un article paru dans le quotidien pro-gouvernemental Red Pepper du 02/05/2012 dit ceci : « Les rapports des services de sécurité ougandaise indiquent que les hommes de Ntaganda se dirigent vers les régions occupées par les rebelles ADF.
“Il y a inquiétude que ces mutins puissent faire une alliance avec les rebelles ADF et provoquer des dégâts dans l’Est de la DR Congo et dans l’Ouest de l'Ouganda. Ainsi, il y a un besoin urgent de préparer notre système de défense pour faire face à toute éventualité”».
A cet effet, le président Museveni a dépêché son premier ministre Amama Mbabazi le dimanche 29 Avril en Israël pour accélérer l’exécution des contrats passés depuis l'année dernière concernant l'achat de drones, des équipements militaires des forces navale et aérienne, des mortiers et des systèmes radars sophistiqués (Cliquez sur ce lien pour lire l’article en question).
Les champions du décryptage des évènements à l’Est de la RD Congo continuent à nous présenter une opération de ratissage menée par des vaillants Fardc contre des renégats mutins en voie d’élimination et/ou d’arrestation.
Et pourtant, les choses ne sont pas aussi simplistes comme nous laissent croire ces fabricants d’opinion. Les notions nouvelles de rareté des ressources, de guerre de l’eau, de conflits climatiques constituent l’essence même de la conception idéologique actuelle des puissances occidentales.
Les régimes africains, qui ne pourront pas adapter leur vision de développement à ces éléments déterminants de la géopolitique du catastrophisme, condamneront l’avenir des leurs populations respectives.
La gestion d’un Etat moderne étant devenu un risque, une menace et un défi, la RD Congo pourra-t-elle s’en sortir ? Wait and see…
Le Millénaire
Jean Mulongo Mbuyu
Les services de sécurité rwandaise et ougandaise en alerte maximale
"L’ennemi, c’est aussi le compatriote manipulé par le Malin ou par l’étranger. L’objectif final de la lutte est un refaçonnage social complet : l’homme nouveau est en vue. Pour atteindre ce but, il faut purifier son camp.
Comme Lénine le disait bien : le parti se renforce en s’épurant... Notre pire ennemi est dans nos rangs. " Cette citation de M. Pierre Conesa (Spécialiste en stratégie de la défense) nous a beaucoup édifier dans la compréhension du désordre sécuritaire à l’Est de la RD Congo où l’on essaye de présenter le général Bosco Ntaganda comme la cause du malheur des populations des deux provinces du Kivu.
Des acteurs sociaux et politiques (tirant profit de cette situation) ont toujours été, par leurs écrits ou leurs discours et par les mythologies qu’ils essayent de créer, responsables de cette insécurité en essayant de donner de la consistance à des émotions collectives pour faire perdurer le gâteau.
Maintenir le curseur entre les intérêts et la sécurité des régimes autocrates
Les deux Kivu ont toujours étaient confrontés à la question des populations vivant des deux cotés de la frontière commune avec le Rwanda. Les accélérateurs de crise ont souvent été les militaires et les hommes politiques en mal de légitimité, chaque catégorie tenant l’autre par la barbichette au nom de la défense du sol sacré de la patrie ou des intérêts personnels.
Au fil du temps, il fallait trouver un bouc émissaire, fabriquer un ennemi héréditaire de façon à l’ancrer dans le passé et constituer un argument pour une mobilisation de l’opinion publique.
La situation s’est aggravée avec l’arrivée du président Laurent Kabila et son AFDL qualifié (un peu tardivement par lui-même) de conglomérat d’aventuriers.
Faute d’avoir respecté ses engagements, le pouvoir sera cédé au fils qui, pour garantir sa longévité, va développer un double discours. Celui d’apaisement et de bon voisinage destiné à la communauté internationale et le discours de l’hostilité tous azimuts pour la consommation locale en vue de s’attirer la sympathie des populations autochtones.
Cette hostilité s’est vite appuyée sur un nationalisme aux accents variés qui pouvait être alarmiste, revanchard, victimaire et surtout populiste en vue de s’attirer la confiance des congolaises.
Et voilà comment les régimes kabilistes successifs en accord avec leurs mentors sont parvenus à fabriquer des portes flingues afin de justifier leur incapacité à solutionner le problème.
Il y a eu l’intellectuel utopiste Laurent Nkunda qui, au fil de temps, va développer un discours libertaire et contraire aux attentes des régimes autoritaires de Kinshasa et Kigali.
Ses services furent déclarés «périmés» par les deux autocrates qui vont le remplacer par Bosco Ntaganda, un inculte supposé malléable.
Catapulté à un poste de gestion des intérêts financiers et sécuritaires des proches de deux présidents, le pauvre baroudeur devenu général va se retrouver en contact avec des gros lobbies et des dealers, sans foi ni loi, à la recherche des minerais précieux et stratégiques.
N’ayant aucune notion des grosses affaires juteuses, il va perdre la boule en traitant avec des mafieux dont certains travaillaient en sous main pour le compte des ennemis de Kigali et de Kinshasa. Voilà comment le garçon de rue, devenu l’intermédiaire attitré dans des transactions mafieuses, va se retrouver en disgrâce vis-à-vis de ses parrains.
Ces derniers vont actionner leurs contacts occidentaux et des menaces vont provenir de ceux-là même qui bénéficient des retombées de ces transactions mafieuses (lire à ce sujet le livre de Christophe Boltanski : Minerais de sang).
Des ONG, des organismes de droit de l’homme, la CPI et toutes ces officines aux dénominations angéliques qui répondent aux injonctions des services de renseignements occidentaux vont faire de Bosco Ntaganda le responsable d’une situation dont il ne maitrise pas du tout les manettes.
C’est ainsi que l’enfant terrible de Masisi s’est vu lâcher par ses protecteurs qui sont actuellement à la recherche d’un remplaçant car le business ne doit pas s’arrêter : les grosses sociétés de téléphonie et les usines de pointes occidentales doivent continuer à fonctionner…
Consolider la ligne de crête entre les richesses de l’Est de la RDC et les intérêts de la CEA
L’autre facette du dossier sécuritaire de la région des Grands Lacs que les analystes semblent ne pas percevoir ce sont les tentacules de la Communauté Est Africaine (CEA) sur l’Est de la RDC qui est, économiquement, lié à cette CEA depuis longtemps.
Il est évident que la consolidation des intérêts occidentaux, dans les régions centrale et orientale de l’Afrique, dépendra inévitablement de la stabilité et de l’extension de la CEA.
Constituée actuellement du Burundi, du Kenya, de l’Ouganda, du Rwanda et de la Tanzanie, la Communauté d'Afrique de l'Est (en anglais East African Community, EAC) nourrit l’ambition de s’étendre sur le Soudan du Sud, l’Ethiopie, le Malawi, la Zambie et la RD Congo dont l’Est est déjà impliqué économiquement.
Dans sa configuration actuelle, la CEA couvre une superficie de 1,8 millions de Km² pour une population de 140 millions d’habitant, un PIB de $ 80 milliards avec des réserves importantes de pétrole, gaz, minerais précieux et stratégiques bref un potentiel qui fait rêver tous les stratèges occidentaux surtout les USA.
La mise en chantier d’un marché commun et d’une prochaine union monétaire fera de cette communauté un partenaire non seulement économique mais sécuritaire pour les Occidentaux qui veulent stopper l’expansion d’un islamisme dévastateur dans la corne de l’Afrique.
Les services américains sont actuellement implantés dans tous les pays de front de la CEA et y développent des partenariats stratégiques (économico-militaires).
Malheureusement la non-existence d’un Etat de droit en RD Congo fait de sa partie orientale une région non gouvernée où les armes circulent à profusion et des groupes mafieux exploitent librement les minerais.
Les services américains viennent de fabriquer un ennemi planétaire (Joseph Kony) mais en réalité c’est le régime soudanais de M. Al Béchir qui est nettement visé.
Israël a été mis à contribution à travers la soldatesque rwandaise et ougandaise pour maitriser l’Est de la RD Congo qui pourrait accueillir des terroristes islamistes. Cette situation a été bien décrite par Pierre Péan dans son livre : Carnages, les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, p. 277
"A partir du moment où j’ai découvert que les Israéliens avaient eux aussi aidé Kagamé à conquérir le pouvoir, mon champ de vision s’élargit soudain et je compris que le Soudan, allié du Hamas et de l’Iran, était un ennemi important de l’Etat hébreu ; que, par là, d’une certaine manière, la tragédie rwandaise avait quelque chose à voir avec la question du Moyen-Orient et la lutte contre l’islamisme".
Pour donner du contour à cette stratégie expansionniste, le régime de Kagame vient de mettre en alerte son armada militaire pour stopper les alliances qui se forment actuellement entre des groupes armés locaux et les FDLR.
Le signal fort a été donné par le régime de Museveni qui a détecté les deux fronts qui le menacent : l’insécurité à l’Est de la RDC et la guerre au Soudan.
Un article paru dans le quotidien pro-gouvernemental Red Pepper du 02/05/2012 dit ceci : « Les rapports des services de sécurité ougandaise indiquent que les hommes de Ntaganda se dirigent vers les régions occupées par les rebelles ADF.
“Il y a inquiétude que ces mutins puissent faire une alliance avec les rebelles ADF et provoquer des dégâts dans l’Est de la DR Congo et dans l’Ouest de l'Ouganda. Ainsi, il y a un besoin urgent de préparer notre système de défense pour faire face à toute éventualité”».
A cet effet, le président Museveni a dépêché son premier ministre Amama Mbabazi le dimanche 29 Avril en Israël pour accélérer l’exécution des contrats passés depuis l'année dernière concernant l'achat de drones, des équipements militaires des forces navale et aérienne, des mortiers et des systèmes radars sophistiqués (Cliquez sur ce lien pour lire l’article en question).
Les champions du décryptage des évènements à l’Est de la RD Congo continuent à nous présenter une opération de ratissage menée par des vaillants Fardc contre des renégats mutins en voie d’élimination et/ou d’arrestation.
Et pourtant, les choses ne sont pas aussi simplistes comme nous laissent croire ces fabricants d’opinion. Les notions nouvelles de rareté des ressources, de guerre de l’eau, de conflits climatiques constituent l’essence même de la conception idéologique actuelle des puissances occidentales.
Les régimes africains, qui ne pourront pas adapter leur vision de développement à ces éléments déterminants de la géopolitique du catastrophisme, condamneront l’avenir des leurs populations respectives.
La gestion d’un Etat moderne étant devenu un risque, une menace et un défi, la RD Congo pourra-t-elle s’en sortir ? Wait and see…
Le Millénaire
Jean Mulongo Mbuyu
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