mardi 1 mai 2012

L’épreuve du feu pour la force de réaction rapide à Goma

Le carnetde Colette Braeckman

1 mai 2012

Depuis la petite ville de Sake, au dessus de Goma, des centaines de déplacés tentent de gagner la capitale du Nord Kivu pour y chercher refuge. 

Depuis les localités de Mushaki, de Kiwandja, d’autres civils, par milliers, essaient de se mettre à l’abri des affrontements qui opposent des militaires partisans de Bosco Ntaganda à des troupes régulières qui s’efforcent d’empêcher les rebelles de descendre vers Goma.

En première ligne, les autorités congolaises ont placé la force de réaction rapide, un bataillon formé par les Belges à Kindu et qui est déjà intervenu avec succès dans l’Equateur.

Ces affrontements, qui risquent d’embraser tout le Nord Kivu font suite aux rumeurs faisant état d’une possible arrestation du général Bosco Ntaganda. 

Ce dernier, depuis 2006, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale qui l’accuse d’avoir recruté des enfants dans l’Ituri.

Bosco Ntaganda, qui avait succédé à son chef Laurent Nkunda fin 2009, a commandé les opérations menées contre les rebelles hutus et, au fil des mois, son importance n’a cssé de croître: les officiers placés sous son autorité ont été disposés à tous les postes clés, depuis le Nord Kivu jusqu’à la lisière du Katanga et ils peuvent compter sur les anciens soldats du CNDP, (Conseil national pour la démocratie et le progrès) des hommes qui naguère soutenaient Laurent Nkunda et sont demeurés très proches du Rwanda (certains d’entre eux sont d’ailleurs considérés comme des « rwandais »). 

Bosco Ntaganda ne s’est pas seulement renforcé sur le plan militaire : le contrôle exercé sur certaines activités minières et sur le commerce de l’or lui a donné une assise financière certaine et actuellement, les habitants de Goma assurent que « le général » contrôle tout ce qui se passe dans leur ville.

Voici peu, Bosco Ntaganda se rendait régulièrement à Goma et il logeait, au vu et au su de tous, non loin de la Monusco (Mission des Nations unies au Congo). 

Cette facilité dedéplacement rend assez hypocrites les pressions internationales exercées sur Kinshasa : si les Nations unies avaient voulu exécuter le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, les casques bleus n’auraient pas du chercher loin…

Depuis plusieurs semaines, les autorités congolaises étaient soumises à des objurgations de plus en plus fortes, sommées de livrer Bosco sans tarder à la CPI, à tel point que le puissant général avait fini par s’en inquiéter et se replier sur ses place fortes. 

Début avril, une dizaine de ses officiers, accompagnés de quelques centaines d’hommes, ont fait défection. Ces rebelles se sont repliés vers leur bastion de Kiwandja, dans le Masisi. 

Depuis lors, un certain nombre d’entre eux sont rentrés dans le rang, d’autres ont accepté d’être mutés au Kasaï ou ont pris des distances avec un chef qui mène désormais un combat personnel ; le président Kabila lui-même est venu à Goma pour se rendre compte de la situation et prendre des décisions. Il a été question de remplacer Bosco, et de mettre le colonel Makenga à la tête des opérations militaires.

Actuellement la force de réaction rapide, soit le meilleur des bataillons de l’armée congolaise, semble contenir l’action des rebelles et le chef d’état major, le général Etumba ainsi que le chef des forces terrestres, le général Amisi, se trouvent à Goma et surveillent les opérations.

Alors que Bosco Ntaganda ne peut compter que sur un demi millier d’hommes, les forces gouvernementales semblent décidées à mater cette nouvelle rébellion, qui s’est déjà signalée par des enlèvements de civils, des viols, des recrutements d’enfants soldats. 

Sur le terrain, des observateurs estiment que les instructeurs belges, qui avaient assuré la formation de la force de réaction rapide à Kindu, pourraient utilement conseiller leurs anciens stagiaires s’ils étaient autorisés à se rapprocher du théâtre des opérations et à se rendre à Goma. 

Leur présence aiderait les autorités congolaises à répondre au vœu exprimé en mars par Didier Reynders : le ministre avait en effet fortement insisté pour que Bosco Ntaganda soit mis à la disposition de la CPI et pour que le Kivu soit enfin sécurisé.

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