mercredi 16 mai 2012

Nouvel accord RDC-Rwanda, Kinshasa doit s’expliquer

le 16 mai 2012.
Une nouvelle opération militaire conjointe RDC-Rwanda serait en gestation pour la traque des FDLR. Une dépêche de l’AFP affirme qu’un nouvel accord aurait même été signé récemment entre les deux voisins.

La partie congolaise aurait été représentée par le vice-Premier ministre en charge de la Défense nationale, sans l’accord du gouvernement ni du Parlement. L’opinion a besoin d’être fixée sur ces nouvelles cachotteries qui dénotent un coup fourré.

Et Kinshasa devrait s’expliquer.
L’existence d’un nouvel accord entre le Rwanda et la République démocratique du Congo signé à l’issue de la visite du vice-Premier ministre Alexandre Luba Ntambo à Kigali fait tiquer l’opinion publique.


C’est que celle-ci a fini, avec le temps, par comprendre que pareille initiative ne peut provenir que de Kigali dont les visées géoéconomiques ne sont plus à démontrer. Bien plus, elle serait la partie visible de l’iceberg chargée d’exécuter le plan de balkanisation de la RDC.

Eu égard à tous les ratés enregistrés dans un passé récent dans ce domaine, l’on se demande quel charme aurait développé Kigali pour séduire Kinshasa au point que celui-ci à pu donner une nouvelle fois son flanc à ce voisin qui joue à la fois au pyromane et au sapeur-pompier.


Citant un communiqué de l’Armée rwandaise, l’AFP rapporte : «Les chefs d’état-major des armées des deux pays ont par ailleurs été chargés de préparer une « prochaine » opération militaire conjointe contre la milice du FDLR » (Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda), un groupe rebelle rwandais opérant à l’Est de la RD Congo».

Ramener la traque des FDLR au premier plan dans le contexte actuel ne peut qu’intriguer.


L’AFP indique à ce propos :«Cette signature d’un nouvel accord intervient quelques semaines après le recrudescence de la violence dans la province du Nord- Kivu située à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) où des combats meurtriers opposent les troupes gouvernementales aux insurgés ralliés à un officier dissident de l’armée congolaise, le général Jean Bosco Ntaganda».

En outre, l’AFP ajoute : «selon le communiqué de l’armée rwandaise, le mandat d’une commission mixte des agents de renseignements des deux pays à été élargi et a été chargée de surveiller certaines autres parties au niveau des régions transfrontalières afin de collaborer dans l’élimination de toute éventuelle « menace à la sécurité » dans l’un des deux pays».

Qu’est-ce qu’il peut y avoir de neuf dans le nouvel accord quand on se souvient que dans un premier temps, le Rwanda s’était autorisé de poursuivre les FDLR sur le sol congolais sans en référer à son voisin. Le résultat, on le connaît.


Plus tard, Kigali est revenu à la rescousse en associant cette fois Kinshasa. De manière successive, des opérations militaires conjointes ont été menées là où l’on pensait cerner les FDLR et les neutraliser.

Le résultat s’est révélé : les FDLR ont la peau dure et refusent de disparaître encore moins de se rendre.

Revenir à une opération qui a échoué pose un réel problème sur les vrais enjeux qui se cachent derrière ces apparences bon enfant du régime de Kigali.


Le gouvernement aurait-il choisi d’être le dindon de la farce ?

Ou, mis en difficulté par des puissances occultes, il préfère faire le profil bas pour éviter d’offenser le tout-puissant commanditaire.

Que Kinshasa ait accepté de signer ce nouvel accord démontre qu’il existe des forces obscures qui tirent les ficelles dans l’ombre et auxquelles il serait difficile de tenir tête.


Voilà qui peut expliquer en partie le «motus et bouche cousue » affiché par les autorités congolaises sur la question.

En effet, joint au téléphone par notre rédaction, le porte-parole du gouvernement a préféré faire la fine bouche. Lambert Mende a déclaré ce qui suit au Potentiel : «Il faut vous adresser au ministre de la Défense nationale. Il y a trop de rumeurs. Il ne faut pas piéger les membres du gouvernement».

L’esquive n’est pas facile à gober. Car, un membre du gouvernement ne peut pas se déplacer sans que le Premier ministre n’en soit informé.


Et dans le cas d’espèce, la signature d’un accord qui engage l’Etat congolais vis-à-vis de son voisin rwandais, des sanctions devraient s’en suivre.

Au cas où les allégations publiées par l’AFP seraient avérées, Le vice-Premier ministre en charge de la Défense devrait démissionner ou traduit en justice pour violation des dispositions constitutionnelles.

La Constitution du 18 février 2006 est claire là-dessus. L’article 213 stipule : «Le président de la République négocie et ratifie les traités et accords internationaux.


Le gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à ratification après délibération en conseil des ministres. Il en informe l’Assemblée nationale et le sénat».

La démarche décriée a-t-elle suivi cette procédure ? Il appartient au gouvernement d’éclairer la lanterne de l’opinion, mais aussi de confirmer ou d’infirmer la signature d’un accord avec le Rwanda.

Secret défense ou pas, la question rappelle l’épisode Vital Kamerhe qui a perdu son poste pour avoir donné un son de cloche contraire à celui d’autres institutions de la République.


Est-ce que le Parlement actuel pourrait oser se saisir de la question et interpeller le gouvernement ? Wait and see.

Toutefois, l’accord signé entre Kigali et Kinshasa engage toute la Nation congolaise. Garder le silence, ouvrirait la voie à toutes les interprétions.

Et pareil terreau, dans ces conditions, serait favorable à l’intoxication et à la manipulation, en cette période où les Congolais vivent tout yeux et tout oreilles rivés en direction de l’Est de leur pays.

QUE CACHE-T-ON ?


Le fait pour le gouvernement congolais d’avoir conclu un accord avec le Rwanda voudrait-il induire que l’herbe serait coupée sous les pieds des mutins du M23 ?

ou alors ce serait une façon pour le Rwanda de distraire la RDC en feignant de ne pas soutenir la nouvelle insurrection tout en lui apportant, en catimini, toute la logistique ?

Des réponses à toutes ces questions permettraient de rassurer les populations congolaises quant à l’issue de l’évolution sécuritaire dans l’Est du pays. Sur toutes ces questions, le gouvernement doit s’expliquer.

La RD Congo et le Rwanda signent un nouvel accord en matière de sécurité
La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda viennent de signer un nouveau protocole d’accord de coopération dans le domaine de la sécurité, apprend-on lundi de source officielle à Kigali.

L’accord a été paraphé dans le weekend par le ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe ainsi que son homologue congolais Ntambo Luba, indique un communiqué émanant du bureau du porte- parole de l’armée rwandaise.

Cette signature d’un nouvel accord intervient quelque semaine après le recrudescence de la violence dans la province du Nord- Kivu situé à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) où des combats meurtriers opposent les troupes gouvernementales aux insurgés ralliés à un officier dissident de l’armée congolaise, le général Jean Bosco Ntaganda.

Ces affrontements surviennent au lendemain de la pression faite par la communauté internationale de procéder à l’arrestation du Général Ntaganda qui depuis l’an 2009 fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour Pénal International (CPI) notamment pour crimes de guerres liées notamment au recrutement des enfants soldats dans son ancienne milice de l’Union des Patriotes Congolais (UPC).

Selon le communiqué de l’armée rwandaise, le mandat d’une commission mixte des agents de renseignements des deux pays à été élargi et elle a été chargée de surveiller certaines autres parties au niveau des régions transfrontalières afin de collaborer dans l’élimination de toute éventuelle « menace à la sécurité » entre dans l’un des deux pays.

«Les chefs d’état-major des armées des deux pays ont par ailleurs été chargés de préparer une « prochaine » opération militaire conjointe contre la milice du FDLR » (Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda), un groupe rebelle rwandais opérant à l’est de la RD Congo, poursuit le communiqué.

Il est prévu que les Chefs d’état-majors des armées des deux pays vont soumettre la feuille de route pour cette opération dans un bref délai, à en croire la même source.

Il est à signaler que les instances de sécurité sont convaincus que la rébellion des FDLR pourra éventuellement profiter du chaos qui règne actuellement à l’Est de la RD Congo pour s’organiser en vue d’attaquer le Rwanda, indique-t-on de source concordante.

Depuis l’insurrection de certains éléments de l’armée congolaise dans la province du Nord-Kivu frontalier avec le Rwanda, environ 8 000 civils congolais dont essentiellement des femmes et des enfants ont traversé la frontière pour trouver refuge et protection dans ce petit pays d’Afrique centrale, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). AFP

© Le Potentiel

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