mercredi 2 mai 2012

RDC: Il faut réhabiliter "la loi Bakajika"

Lundi, 23 Avril 2012

Il ne se passe plus un jour sans que dans un quelconque coin de la République, naisse un conflit ayant pour soubassement la jouissance d’un lopin de terre, d’une concession minière ou d’une maison. A la base de cette situation : la boulimie de nouveaux riches qui veulent tout posséder et tout prendre, souvent à vil prix.

A Kinshasa, il n’y a plus d’espaces verts. Même les écoles sont envahies par les nouveaux riches qui vont jusqu’à y ériger des hôtels sans la moindre considération pour les exigences du système éducatif.

L’association sans but lucratif « SOS Kinshasa » que pilote Leny Ilondo a beau tirer la sonnette d’alarme, rien n’y fait. Tout se passe comme si les lois de la République ne s’appliquaient qu’à ceux qui ne peuvent pas compter sur « des complicités qui font peur ». Il faut avoir un général ou un ministre dans la famille pour se faire entendre, sinon on est bon pour la poubelle.

Le scandale de l’Institut Technique Agricole de Mombele qui fait jaser en ce moment, apporte de nouvelles indications sur les motivations des prédateurs dans le domaine foncier.

Mûs par la seule volonté de s’enrichir sur le dos de la société, les voilà qui réduisent à néant les objectifs d’une école agricole qui doit, dans le cadre des enseignements dispensés aux enfants, compter sur les plantes, les arbres et autres engrais disséminés à travers sa concession pour préparer les agronomes de demain à leur futur métier.

Analysant cette situation à l’aune des déclarations incroyables faites par un ministre sortant, un confrère a conclu la semaine dernière qu’au rythme où vont les choses, on ne devrait pas s’étonner de voir les différents boulevards de Kinshasa et d’ailleurs lotis et livrés à la furie des maniaques du béton. Ainsi, la boucle sera bouclée.

Face à ce désordre sciemment entretenu, on saisit mieux l’option levée par les prélats de la Province Orientale dont les diocèses sont victimes de spoliations de la part des gestionnaires des titres fonciers, de mobiliser les fidèles pour la défense des biens relevant de l’intérêt collectif.

Faire prendre conscience à la multitude que la collectivité est menacée et obtenir d’elle qu’elle s’implique dans des actions tendant à obtenir réparation peut paraître extrême à certains égards.

Mais quand on considère le laxisme qui caractérise le système judiciaire national dont les arrêts et jugements dépendent généralement de la tête du client, on réalise qu’il vaut mieux être à plusieurs, plutôt que tout seul, pour espérer se faire entendre.

La confusion créée dans le domaine foncier ainsi que dans la gestion des concessions minières pousse aujourd’hui de nombreux Congolais à s’interroger sur les motivations réelles des législateurs qui ont modifié la loi Bakajika ainsi que les dispositions légales applicables aux certificats d’enregistrement.

Une loi qui affirmait les droits imprescriptibles de la République Démocratique du Congo sur son sol et son sous-sol méritait-elle d’être relativisée ? Dans quel but sinon celui de rendre irréversible la prédation dans le domaine foncier, a-t-on ramené de dix à deux ans la période au terme de laquelle un nouveau certificat d’enregistrement devient inattaquable ?

La situation dénoncée ici devrait interpeller les députés et sénateurs. Souvent engagés dans la course à une production législative toujours plus abondante, ils oublient souvent qu’on ne légifère pas pour son propre plaisir, mais plutôt pour répondre à une nécessité ou à une demande de la société globale.

Le Phare
W.M.

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