mercredi 13 juin 2012

Faut-il envahir le Rwanda ?

le 12 juin 2012.



La poignante, la remuante, l’hargneuse question qui tourmente les méninges congolais tant du pays que de l’extérieur. Paranoïa sans contingence ? Le fait est que cela fait plus de 15 ans que le gouvernement de Kagame est mêlé, de loin ou de près, à la criarde situation aux Kivu.

Si Kigali a foisonnement mis en avant le problème FDLR pour décharger sa présence aux côtés des rebelles comme Laurent Nkunda, le soutien prouvé et dénoncé aux rebelles de M23 tombe mal et injustifié.

Que vient chercher Kagame en RDC ?

Tel était le titre de la chronique publiée par notre confrère Séni Dabo (Le Pays) sur le site slateafrique.com . Une interrogation essentielle d’emblée, mais que beaucoup sur direct.cd ont jugé « inappropriée », mettant en exergue l’évidence même des raisons qui envoient le gouvernement Rwandais à « assaillir » la RDC, à savoir : le pillage de ressources minières à l’Est du pays, pour les uns, tandis que les autres appuient la thèse d’un « plan caché pour la balkanisation des régions du Kivu ».

Kigali a souvent excipé la présence des rebelles du FDLR sur le sol congolais. Une présence qui, selon Kagame, constituerait une menace pour la sécurité de son pays. Accusant ainsi Kinshasa de « ménager » ces derniers. Une thèse qui a longtemps tenu jusqu’à la spectaculaire décision du Président Joseph Kabila du 23 janvier 2009 dernier.

Prenant tout le monde à contre-pieds, même son propre président de l’Assemblée nationale de l’époque, Vital Kamerhe, Kabila décidera d’ouvrir ses frontières à l’armée Rwandaise pour une campagne de traque des FDLR, versifiée par un retrait du soutien Rwandais aux groupes rebelles de la RDC.

Si à l’époque le pari paraissait risqué voir très critiqué par la classe politique congolaise, le gouvernement congolais a mérité au moins d’avoir essayé d’enrailler les excipes de Kigali sur ce dossier.

Laurent Nkunda trépassait, ses compagnons intégraient sans jugement quelconque les « hauts grades » de l’armée congolaise. Bosco Ntaganda, numéro 2 du CNDP, pourtant recherché par la Cour Pénale Internationale (CPI), se mutait en général et le tour était joué.

L’on se rappellera du « triomphal » retrait Rwandais le 26 février 2009, du dithyrambique discours du Président Paul Kagame, qualifiant l’opération de « franc succès ». Joseph Kabila, le courageux, s’en sortait alors lui aussi victorieux de son pari. Hélas, Kinshasa méjugeait sans doute dans quel engrenage il avait mis tête.

Deux ans après cette opération, les FDLR sont toujours là et font plus de ravages aux congolais qu’aux Rwandais ; la charade Ntaganda refait surface. La réélection « difficile » du Président Kabila le pousse à « désinfecter » sa cour, d’où la volition du problème Ntaganda.

Optant pour l’arrestation et le jugement de celui-ci en RDC et non à la CPI comme l’exige les traditionnels partenaires de la RDC. Mal lui en pris. En cahotant l’arbre que cachait la forêt, Kinshasa découvre onctueusement que notre très cher voisin de Kigali n’a jamais vraiment renoncer au Congo.

Une agression de trop

Bosco Ntaganda se retrouve désormais catapulté à la tête d’une rebelle qui d’ailleurs, peine à trouver cohérence en son sein. Tantôt c’est CNDP, tantôt c’est M23, et quelques fois les deux réunis… n’empêchent, ce qui avait commencé comme une simple mutinerie se meut en mouvement rebelle, désormais soutenu par le Rwandais, pour ne pas dire par le Rwanda.

Oui. Après les accusations de la mission Onusienne et l’ONG Human Rights Watch, le Rwanda s’est vu être prudemment condamné de « passivité » par le gouvernement congolais.

Autrement dit, le gouvernement de Matata ne reconnait pas l’Etat Rwandais comme commanditeur, mais le condamne pour n’avoir rien fait pour empêcher cette « conspiration ». Une condamnation qui en dit long sur le rapport congolo-rwandais, jamais aussi raide.

Désormais, tout le monde ou presque sait de quoi il s’agit. La retenue diplomatique pousse Matata Ponyo et son gouvernement officiellement au « dialogue » avec le Rwanda, afin de résoudre ce « différent ».

Mais après avoir essayer pendant 10 ans sans succès de dialoguer avec Kigali , le temps n’est-il pas venu d’essayer d’autres options ? Militaires par exemple ? Car, comment dialoguer avec un adversaire assuré de son hégémonie militaire ?

Mais comme le disait Sun Tse dans l’art de la guerre : « d’abord conserver son pays et les droits qui en découlent et ensuite seulement conquérir le pays ennemi… ».

D’où l’intérêt de « combattre » le Rwanda d’abord au Nord-Kivu, en y neutralisant ses « satellites »… car, s’il faut faire une guerre, il faudra une armée, une armée forte… et nous conclurons avec cette tendancieuse question : en avons-nous seulement ?

Une chose est sûre, la supposée impuissance des Congolais face aux Rwandais tournera un jour au ras-le-bol.

Juliana Ngwej Nadie

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