lundi 11 juin 2012

La RDC met en cause le Rwanda dans la mutinerie à l’Est du pays

10. juin 2012

Depuis le début du mois de mai l’Est de la République Démocratique du Congo est en proie à une mutinerie violente. Les autorités congolaises s’étaient gardées d’accuser le Rwanda malgré les faits avancés par la Mission des Nations Unies (Monusco) et Human Right Watch (HRW).

Ce samedi 9 juin Kinshasa a haussée le ton, et accuse officiellement son voisin d’être directement responsable de l’escalade de la violence à l’Est de son territoire. Cette crise a déjà causé de nombreux drames humains et des déplacements massifs de population.



"Le territoire du Rwanda a servi à la préparation et à la perpétration d’une conspiration qui, après avoir commencé comme une simple mutinerie, évolue dangereusement vers un schéma de rupture de la paix entre deux pays de la région des Grands lacs" , a déclaré le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende au cours d’une conférence de presse à Goma, la capitale du Nord-Kivu.

De plus, il a précisé que plusieurs combattants qui ont été recrutés sont des ressortissants rwandais. Infiltrés en RDC, ils ont subi un entraînement sommaire avant d’être déployés contre les Forces Armées dela RDC (FARDC), dans le parc national des Virunga. Ce parc est situé au Nord-Kivu dans une région qui est frontalière avec l’Ouganda et le Rwanda.

Cette accusation des autorités congolaises envers leur voisin constitue un tournant majeur dans ce conflit qui dure depuis déjà quelques semaines, et a engendré de nombreux drames humains.

En effet, plusieurs rapports dont celui des Nations-Unies et celui de Human Rights Watch (HRW) accusent le Rwanda d’être derrière ces troubles.

Les autorités congolaises quant à elles, ont préféré la prudence et se sont contentées de dire que les auteurs de cette rébellion venaient du Rwanda et ce sans mettre Kigali directement en cause.

Selon Lambert Mende, parmi les mutins dirigés par le général Bosco Ntaganda, d’origine rwandaise, et le colonel Sultani Makenga, "se trouvent quelques 200 à 300 éléments recrutés sur le territoire du Rwanda par un réseau actif ".

Kinshasa a annoncé que ce soutien que le Rwanda apporte à Ntaganda et ses hommes constitue un  "problème sérieux à résoudre d’urgence dans la synergie entre Etats de la Région des Grands Lacs dans leur lutte contre les forces négatives" .

Le gouvernement congolais a également annoncé par son porte parole, ne pas envisager de négocier avec les mutins ni avec aucun des groupes armés, locaux ou étrangers comme les FDLR, présents dans le Nord et le Sud-Kivu.

Louise Mushikiwabo, la Ministre des affaires étrangères du Rwanda a qualifié ces nouvelles accusations de "très malheureuses" . Pour elle, le gouvernement de la RDC est entrain d’utiliser le Rwanda comme "bouc émissaire" dans une tentative de distraire et détourner l’attention des crises domestiques que connait la RDC.

« Nous avons maintes fois répété que nous n’étions pas impliqués et il n’y a aucune preuve du contraire. » Elle a estimé que c’était une « tragédie » pour la population de l’Est du Congo, que son gouvernement ait opté pour un grand mensonge, et que c’est cette population qui souffrirait d’une éventuelle recrudescence de xénophobie.

Rappelons que le Rwanda, sous couvert des groupes rebelles a agressé le Congo à deux reprises, premièrement en 1996, une guerre qui a vu la chute de Mobutu, deuxièmement en 1998, derrière un mouvement rebelle baptisé la RCD-Goma.

Aujourd’hui le Rwanda agresserait donc une fois de plus le Congo à travers les mutins qui se réclament du M23 (Mouvement du 23 mars).

Par le passé, ces incursions du Rwanda sur le territoire congolais ont occasionné des représailles contre des Rwandais vivants à l’étranger et plus spécialement en Belgique, où les congolais en colère contre l’agression de leur pays s’en sont pris aux ressortissants rwandais, sans daigner de faire une distinction entre les actes d’un régime, et ceux de citoyens rwandais vivant à l’étranger qui d’ailleurs pour la plupart ont fui ce régime.

Jean Mitari
Jambonews.net

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