vendredi 8 juin 2012

RDC: Matata Ponyo essuie des tirs à Bunagana

le 7 juin 2012.



BUNAGANA — Les combats entre mutins et armée congolaise ont repris jeudi en début d’après-midi près de Bunagana, au moment où le Premier ministre arrivait dans cette localité de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) pour y évaluer la situation sécuritaire, a constaté l’AFP.

Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a atterri peu après 14H00 (12H00 GMT) dans un hélicoptère de l’ONU à Tshengerero, avant d’aller en véhicule de l’ONU 7 km plus loin, à Bunagana, important poste frontalier avec l’Ouganda, a constaté un correspondant de l’AFP.

Bunagana est situé dans le territoire de Rusturu, à environ 60 km à vol d’oiseau au nord-est de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.

Au même moment, à une dizaine de km au sud-ouest, dans des collines du parc national des Virunga, les combats entre les mutins et l’armée congolaise (FARDC) qui secouent épisodiquement la zone depuis mi-mai reprenaient, chaque camp accusant l’autre d’avoir débuté les hostilités.

On pouvait entendre les détonations depuis Bunagana où le Premier ministre, accompagné d’une délégation d’une dizaine de ministres, devait s’adresser à la population au sujet de la situation sécuritaire.

A sa descente d’hélicoptère à Tshengerero, dans un petit stade protégé par des blindés de l’ONU, M. Matata Ponyo a été accueilli par une dizaine de femmes qui frappaient sur des bidons en chantant : »Vous nous amenez la mort encore à Bunagana ».

De nombreux habitants de Bunagana et de localités voisines situées près de la ligne de front ont fui les violences ces dernières semaines pour se réfugier en Ouganda.

Quelque 13.000 nouveaux réfugiés ont été enregistrés depuis début mai au centre de transit de Nyakabande (Ouganda), situé à 20 km de la frontière, selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés.

Le porte-parole des mutins, le colonel Vianney Kazarama, a accusé la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) d’avoir fait voler ses hélicoptère dans la zone qu’ils occupent depuis mai et d’où l’armée n’arrive pas à les déloger.

« Nous l’avons laissée passer sans problèmes, mais la Monusco est en train d’utiliser notre zone sans nous demander l’autorisation. C’est une forme de provocation, cela est très grave, nous risquons de réagir », a-t-il déclaré à l’AFP.

Les mutins sont en majorité des ex-combattants de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrée dans les FARDC après un accord de paix le 23 mars 2009 avec Kinshasa.

Ils se réclament du M23 (Mouvement du 23 mars), créé début mai après les défections, et revendiquent la pleine application des accords de 2009, notamment en ce qui concerne leur intégration. Ils dénoncent des problèmes de salaires, de nourriture, de santé, d’obtention de grades et de fonctions.

Kinshasa accuse le général en fuite Bosco Ntaganda, ex-chef d’état-major du CNDP, d’être l’instigateur de la mutinerie qui a commencé début avril. L’officier est recherché depuis 2006 par la Cour pénale internationale (CPI) pour enrôlement d’enfants soldats au début des années 2000 quand il était dans une autre milice.

Le M23 a toujours nié tout lien avec Ntaganda.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé lundi l’armée rwandaise de soutenir la mutinerie, d’avoir approvisionné le général Ntaganda en armes et de lui avoir fourni 200 à 300 recrues, dont des civils enrôlés de force et des enfants de moins de 18 ans.

Kigali a qualifié ces accusations d’ »irresponsables ».

Copyright © 2012 AFP.

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