23/08/2012
Yoweri MUSEVENI et Paul KAGAME
En ménageant ses voisins, pourtant à l’origine de tous les malheurs qui s’abattent dans les provinces de l’Est, à travers des mouvements rebelles créés de toutes pièces, la RDC s’est placée volontairement ou involontairement, en position d’hypothéquer sa souveraineté.
Depuis Sun City, la RDC n’est plus cette forteresse imprenable. En intégrant des ex-belligérants dans les rouages du pouvoir, la RDC s’est livrée pieds et poings liés à ses adversaires. Est-ce par naïveté ou par complicité ? Seul l’avenir le dira.
Depuis l’endossement à Sun City, en 2002, de l’accord global et inclusif signé entre le gouvernement légal établi à Kinshasa et l’opposition politique aussi bien armée que non armée, la RDC se trouve comme prise dans un engrenage. En Afrique du Sud, lorsque Kinshasa accepte d’intégrer les mouvements rebelles dans les institutions du pays, elle ne se rend pas compte qu’elle a ouvert, en même temps, la boite de pandore.
Désormais, les secrets d’Etat ne sont plus l’apanage de la seule autorité de Kinshasa. Les systèmes de défense et de sécurité sont plus que jamais à la portée de tous. C’est le début d’une descente aux enfers qui va se confirmer, par la suite, avec la signature le 23 mars 2009 de l’acte d’engagement de Goma entre Kinshasa, le CNDP et divers groupes armés opérant dans l’Est.
Comment en est-on arrivé là ? Est-ce par naïveté ou complicité des acteurs impliqués dans la crise de l’Est de la RDC ? C’est là tout le problème.
Une fois de plus, la RDC se voit otage, de ses bonnes dispositions à ne rechercher prioritairement que des solutions pacifiques et durables aux conflits récurrents dans la partie Est du pays.
En effet, tous les mouvements armés qui sont nés dans cette partie de la RDC adoptent un modus operandi identique. L’accord global et inclusif de Sun City a fait jurisprudence dans les milieux des belligérants.
Tout part désormais d’un mouvement armé, qui en se confirmant sur le terrain se dote d’une branche politique, avec l’espoir d’aboutir à des conciliabules ou négociations. Au final, l’intégration au sein des institutions est la prime obtenue après avoir endeuillé des compatriotes par million.
Le RCD/Goma, le MLC, etc. ont usé de la même stratégie pour faire partie des institutions de Kinshasa. Aujourd’hui, le M23, mouvement rebelle qui bénéficie, au même titre que ses prédécesseurs d’un soutien avéré du Rwanda et de l’Ouganda, emprunte le même sentier, avec l’objectif, sans nul doute, d’intégrer aussi les institutions de la République.
Des nouvelles en provenance de l’Est rapportent que le M23 s’est depuis quelques jours doté d’une direction politique. Le M23 se prépare donc à d’éventuelles négociations, convaincues qu’elles constituent le point de chute en vue du dénouement de la crise actuelle.
Il s’est certainement inspiré du passé, notamment de l’accord de Sun City, et tout récemment, de l’acte d’engagement de Goma.
Le cycle infernal
Voilà la RDC qui est presqu’entrainée dans un cycle vicieux. Bien plus, un cycle infernal. Pendant ce temps, à Kinshasa, l’on continue à croire à un discours diplomatique, claironné au fil des jours, par des partenaires extérieurs, dont ceux regroupés dans le cadre de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL).
Ce n’est qu’à Kinshasa où l’on croît encore au scenario diplomatique qui s’est joué, en premier acte, à Addis-Abeba, et en deuxième acte, à Kampala, en Ouganda.
Jusques à quand se fera-t-on donc berner par des vendeurs d’illusions de la CIRGL ? Il y a à Kinshasa où on semble ignorer la réalité. Car, depuis Sun City en Afrique du Sud, rien de tous les accords signés par la RDC ne jouent en sa faveur.
En tout temps et partout où Kinshasa a été contraint de négocier avec ses agresseurs, il a du céder, au nom d’une paix hypothétique, une bonne partie de sa souveraineté.
Avec l’accord de Sun City, Kinshasa s’est vu obliger de céder aux ex-rebelles tout le secret de son système de défense et de sécurité. De même aussi, les rouages de sa politique étrangère. Aujourd’hui, il paie le prix de ses propres turpitudes.
Aux yeux de ses agresseurs, Kinshasa parait presque nu. Et, dire que tous ces accords ont été négociés par des personnes dûment mandatés pour défendre la RDC. Pas du doute, sûrement. Car, le degré de compromission est tel que rien de ce qui a été signé, depuis Sun City en 2002, n’a été en faveur du pays.
On en a du reste la preuve avec le dernier arrangement de Goma où Kinshasa s’est laissé une fois de plus berné par le sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL en acceptant le déploiement à l’intérieur de ses frontières de la force internationale, dite «neutre».
Pourquoi ne pas dès lors conclure à une complicité à l’intérieur même des institutions politique et militaires de la RDC ? Pour autant où tout ce qui se fait, par voie diplomatique, pour une issue - supposée pacifique - des crises récurrentes de l’Est, tournent en dernier ressort en défaveur de la RDC.
A défaut d’une complicité, il y a aurait donc naïveté dans le chef des autorités de Kinshasa qui, visiblement, manquent d’arguments lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts.
Ne serait-il pas temps de changer de fusil d’épaule en mettant en avant le seul intérêt de la RDC lorsqu’il s’agit de négocier avec les pays agresseurs.
Les informations en possession des institutions de la République sont suffisamment claires pour que les positions conciliantes quittent le langage de la RDC. A cause de leur détermination à dépecer le pays, la RDC est en position de douter de toute initiative venant de ces agresseurs.
En conclusion, la meilleure solution serait de transposer les victoires diplomatiques sur le terrain militaire en boostant l’action des FARDC sur les champs des batailles.
[Le Potentiel]
Yoweri MUSEVENI et Paul KAGAME
En ménageant ses voisins, pourtant à l’origine de tous les malheurs qui s’abattent dans les provinces de l’Est, à travers des mouvements rebelles créés de toutes pièces, la RDC s’est placée volontairement ou involontairement, en position d’hypothéquer sa souveraineté.
Depuis Sun City, la RDC n’est plus cette forteresse imprenable. En intégrant des ex-belligérants dans les rouages du pouvoir, la RDC s’est livrée pieds et poings liés à ses adversaires. Est-ce par naïveté ou par complicité ? Seul l’avenir le dira.
Depuis l’endossement à Sun City, en 2002, de l’accord global et inclusif signé entre le gouvernement légal établi à Kinshasa et l’opposition politique aussi bien armée que non armée, la RDC se trouve comme prise dans un engrenage. En Afrique du Sud, lorsque Kinshasa accepte d’intégrer les mouvements rebelles dans les institutions du pays, elle ne se rend pas compte qu’elle a ouvert, en même temps, la boite de pandore.
Désormais, les secrets d’Etat ne sont plus l’apanage de la seule autorité de Kinshasa. Les systèmes de défense et de sécurité sont plus que jamais à la portée de tous. C’est le début d’une descente aux enfers qui va se confirmer, par la suite, avec la signature le 23 mars 2009 de l’acte d’engagement de Goma entre Kinshasa, le CNDP et divers groupes armés opérant dans l’Est.
Comment en est-on arrivé là ? Est-ce par naïveté ou complicité des acteurs impliqués dans la crise de l’Est de la RDC ? C’est là tout le problème.
Une fois de plus, la RDC se voit otage, de ses bonnes dispositions à ne rechercher prioritairement que des solutions pacifiques et durables aux conflits récurrents dans la partie Est du pays.
En effet, tous les mouvements armés qui sont nés dans cette partie de la RDC adoptent un modus operandi identique. L’accord global et inclusif de Sun City a fait jurisprudence dans les milieux des belligérants.
Tout part désormais d’un mouvement armé, qui en se confirmant sur le terrain se dote d’une branche politique, avec l’espoir d’aboutir à des conciliabules ou négociations. Au final, l’intégration au sein des institutions est la prime obtenue après avoir endeuillé des compatriotes par million.
Le RCD/Goma, le MLC, etc. ont usé de la même stratégie pour faire partie des institutions de Kinshasa. Aujourd’hui, le M23, mouvement rebelle qui bénéficie, au même titre que ses prédécesseurs d’un soutien avéré du Rwanda et de l’Ouganda, emprunte le même sentier, avec l’objectif, sans nul doute, d’intégrer aussi les institutions de la République.
Des nouvelles en provenance de l’Est rapportent que le M23 s’est depuis quelques jours doté d’une direction politique. Le M23 se prépare donc à d’éventuelles négociations, convaincues qu’elles constituent le point de chute en vue du dénouement de la crise actuelle.
Il s’est certainement inspiré du passé, notamment de l’accord de Sun City, et tout récemment, de l’acte d’engagement de Goma.
Le cycle infernal
Voilà la RDC qui est presqu’entrainée dans un cycle vicieux. Bien plus, un cycle infernal. Pendant ce temps, à Kinshasa, l’on continue à croire à un discours diplomatique, claironné au fil des jours, par des partenaires extérieurs, dont ceux regroupés dans le cadre de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL).
Ce n’est qu’à Kinshasa où l’on croît encore au scenario diplomatique qui s’est joué, en premier acte, à Addis-Abeba, et en deuxième acte, à Kampala, en Ouganda.
Jusques à quand se fera-t-on donc berner par des vendeurs d’illusions de la CIRGL ? Il y a à Kinshasa où on semble ignorer la réalité. Car, depuis Sun City en Afrique du Sud, rien de tous les accords signés par la RDC ne jouent en sa faveur.
En tout temps et partout où Kinshasa a été contraint de négocier avec ses agresseurs, il a du céder, au nom d’une paix hypothétique, une bonne partie de sa souveraineté.
Avec l’accord de Sun City, Kinshasa s’est vu obliger de céder aux ex-rebelles tout le secret de son système de défense et de sécurité. De même aussi, les rouages de sa politique étrangère. Aujourd’hui, il paie le prix de ses propres turpitudes.
Aux yeux de ses agresseurs, Kinshasa parait presque nu. Et, dire que tous ces accords ont été négociés par des personnes dûment mandatés pour défendre la RDC. Pas du doute, sûrement. Car, le degré de compromission est tel que rien de ce qui a été signé, depuis Sun City en 2002, n’a été en faveur du pays.
On en a du reste la preuve avec le dernier arrangement de Goma où Kinshasa s’est laissé une fois de plus berné par le sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL en acceptant le déploiement à l’intérieur de ses frontières de la force internationale, dite «neutre».
Pourquoi ne pas dès lors conclure à une complicité à l’intérieur même des institutions politique et militaires de la RDC ? Pour autant où tout ce qui se fait, par voie diplomatique, pour une issue - supposée pacifique - des crises récurrentes de l’Est, tournent en dernier ressort en défaveur de la RDC.
A défaut d’une complicité, il y a aurait donc naïveté dans le chef des autorités de Kinshasa qui, visiblement, manquent d’arguments lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts.
Ne serait-il pas temps de changer de fusil d’épaule en mettant en avant le seul intérêt de la RDC lorsqu’il s’agit de négocier avec les pays agresseurs.
Les informations en possession des institutions de la République sont suffisamment claires pour que les positions conciliantes quittent le langage de la RDC. A cause de leur détermination à dépecer le pays, la RDC est en position de douter de toute initiative venant de ces agresseurs.
En conclusion, la meilleure solution serait de transposer les victoires diplomatiques sur le terrain militaire en boostant l’action des FARDC sur les champs des batailles.
[Le Potentiel]
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