jeudi 9 août 2012

Impuissantes face aux assaillants – Les FRCI sombrent dans la répression

le 09/08/12



Un village à moitié désert. Quelques rares populations composées majoritairement de femmes assises ici et là, l’air apeuré parce que traumatisées après le passage d’éléments Frci qui ne cessent d’opérer des incursions depuis lundi… C’est le visage que présente Akouai-Santé.

Cette bourgade qui se situe dans la commune de Bingerville est accusée, par les responsables des Frci, d’avoir servi de cache d’armes et d’avoir hébergé les assaillants des camps d’Akouédo.

Depuis lundi, les éléments des Frci envoyés en mission à Akouai-Santé, selon les témoignages recueillis dans le village, investissent les habitations à la recherche, disent-ils, d’armes qui auraient été dissimulées.

Enlevant des jeunes qu’ils n’hésitent pas à passer violemment à tabac pour leur arracher des aveux. «Ils arrivent, tirent dans tous les sens, entrent dans les maisons, au lieu de s’en tenir aux armes qu’ils disent rechercher, ce sont les portables et des sommes d’argent qu’ils arrachent à leurs propriétaires.

C’est à un véritable pillage en règle que nous assistons ici depuis lundi dernier», explique un habitant du village, sous le couvert de l’anonymat.

«Vous-mêmes voyez comment le village est désert. Tous nos jeunes ont été pris par eux et convoyés dans une ferme appartenant à un Libanais où des éléments Frci les torturent pour leur arracher des aveux. Lorsque ceux qui ont la chance d’être libérés reviennent dans le village, ils sont méconnaissables.

Un jeune baoulé et le fils du directeur de l’école du village qui venait de prendre son résultat du baccalauréat ont été accusés d’être des miliciens. Ils ont été copieusement bastonnés et relâchés après.

Malgré l’intervention du prêtre de la paroisse, le père Jean-Camille Bationo, et des éléments de l’Onuci dont l’un a son épouse originaire du village, la traque ne s’estompe pas. C’est la psychose !», expliquent un groupe de femmes rencontré devant la résidence du chef de village résident.

Harcèlement, enlèvements, torture…

Le drame du village d’Akouai-Santé, c’est d’être sur la voie qu’auraient emprunter les assaillants qui ont attaqué les camps d’Akouédo dans la nuit du dimanche à lundi. Dans leur repli, ces assaillants seraient passés, selon le témoignage d’un officier à l’état-major, par la cité Feh Kessé, les villages Akouai-Santé et Akandjé.

«Très tôt le matin, nous avons entendu des tirs et des vrombissements de véhicules qui nous ont contraints à rester cloitrés dans nos maisons. Nous n’avons pas pointé le nez dehors. C’est quelques instants plus tard que les Frci sont arrivées et sous la menace des armes, nous ont accusés d’avoir hébergé leurs ennemis», explique A. K.

Selon lui, le motif avancé par les Frci qui motive leur acharnement sur les villages Akouai-Santé et Akandjé, c’est que, selon l’état-major, les services de renseignements généraux auraient indiqué que ces deux villages servent de cache d’armes aux assaillants.

Depuis lundi, aucune cache d’arme n’a été découverte, mais en lieu et place, c’est à un harcèlement avec son corollaire d’enlèvements et de torture que les jeunes (majoritairement) sont soumis. La notabilité et le curé de la paroisse qui tentent de raisonner en vain les hommes de Koné Zakaria et de Chérif Ousmane, sont impuissants.

Le chef du village lui-même, lors du passage du Nouveau Courrier dans le village d’Akouai-Santé, était encore à l’état-major des Frci pour plaider la relaxe des jeunes injustement enlevés et en train d’être torturés.

Gilles Naismon

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