mercredi 29 août 2012

RDC : «Joseph KABILA» doit être renversé du pouvoir par les moyens légaux

28/08/2012


Joseph KABILA - President sortant de la RDC

La société civile au niveau national et dans les deux provinces du Kasaï devrait fournir beaucoup d’efforts pour décourager le mouvement de John Tshibangu. Elle doit se mobiliser autant que la société civile du Nord-Kivu et Sud-Kivu pour encourager les partis politiques à faire usage de la force de la loi, plutôt que la loi de la force.

Les deux Kasaï constituant le bastion de l’opposition politique au pouvoir du président Joseph Kabila, celle-ci a la latitude de déclencher une démarche défiance et faire prévaloir ses droits politiques. Il n’est pas utile se doter d’une milice dite «de l’Union kasaienne». Les ONG devraient se lancer dans la sensibilisation de la population pour développer des stratégies de renversement du pouvoir par les moyens légaux.

Le Vendredi 24 août 2012, le gouverneur du Kasaï-Oriental, Ngoyi Kasanji avait organisé une marche avec «des jeunes lauréats 2012» qui avaient fini par déposer un mémo à la MONUSCO «contre la rébellion du colonel John Tshibangu». Cette «mobilisation de la jeunesse» vient après l’arrestation du journaliste Fortunat Kasongo, présumé avoir accueilli John Tshibangu à Miabi.

Plusieurs autres arrestations arbitraires sont signalées par les ONG des droits humains de Mbuji-Mayi dont celle d’un hôtelier à Mweneditu, interpellé pour «avoir logé des personnes non déclarées sur le registre de la réception de son hôtel» ; John Mbuyi, électronicien de son état, arrêté et torturé à l’Agence nationale de renseignements (ANR) pour «ses relations rapprochées avec le député Roger Lumbala et lui avoir monté la Radio Lisanga à Mbuji-Mayi».

D’autres journalistes de ladite radio, par ailleurs fermée depuis plusieurs mois, vivent en clandestinité de peur d’être interpellés.

Le colonel John Tshibangu avait annoncé, le 16 août 2012, sa défection des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Même si dans ses revendications, il prétend vouloir rétablir «la vérité des urnes», par la création d’un mouvement rebelle, ce qui est paradoxale; c’est à l’analyse de son parcours militaire que se révèlent sa frustration personnelle et le malaise profond qu’il y a au sein des FARDC.

Congoindependant publiait le 18 août sur son site la plainte de John Tshibangu selon laquelle qu’«au commencement, les mutins [a l’Est] étaient à peine une trentaine d’hommes, curieusement les autorités de Kinshasa ont ordonné un cessez-le-feu alors que les FARDC pouvaient anéantir cette action.

Comment ne pas suspecter le gouvernement d’avoir ordonné un cessez-le-feu pour permettre aux insurgés de gagner du temps pour se renforcer en hommes et en matériel ?».

Des commentaires foisonnant des internautes de Congoindependant prétendent qu’il voudrait se venger du fait qu’il n’avait jamais été gratifié des batailles menées au Kivu de 1997 à 2011.

«Il serait contraint à ne travailler que comme second d’un supérieur Tutsi ou Katangais», conclut l’un. Si ceci est vrai, il est contraire à l’esprit de la constitution congolaise en vigueur.

Ces nouvelles sur John Tshibangu devraient se lire sur toile de fond des activités du mouvement terroriste du M23 qui est connu comme étant l’extension de la politique d’usage de la violence que le Rwanda poursuit en République Démocratique du Congo (RDC) depuis l’AFDL , le RCD et le CNDP.

En date du 17 août, le M23 publiait un gouvernement pour administrer le territoire de Rutshuru. Le 20 août, le Colonel Ruzandiza alias Sultani Makenga tenait une conférence de presse à Rutshuru, au cours de la laquelle, répondant à l’une des questions, Ruzandiza révèle la prise d’otages.

Question : «A en croire Monsieur Lambert Mende, porte parole du gouvernement de Kinshasa, il n’y a aucune chance que le M23 se mette un jour autour d’une table de négociation avec le gouvernement de Kinshasa ? »

Réponse : «Monsieur le Journaliste je vous assure qu’ils le feront car ils n’ont aucune autre option que de négocier avec nous. D’abord et surtout parce qu’ils n’ont aucune armée capable d’affronter les troupes disciplinées et aguerries du M23, mais aussi et surtout pour sauver la vie des milliers des congolais qu’ils disent vouloir protéger».

Comme tout preneur d’otages du Mali ou de la Somalie, Ruzandiza compte sur ses victimes pour imposer sa ligne de conduite, obtenir une suite favorable à ses revendications politiques et matérielles.

Ce comportement est vivement condamné et découragé par des organisations de défense des droits humains et des chefs des confessions religieuses réunis à Kinshasa, le samedi 25 août, dans une cérémonie de collecte des signatures pour une pétition au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Car, en créant le M23, le CNDP et alliés ramènent la RDC à la case de départ où, c’est la loi du plus fort qui régnait. Ils créent des situations où toute discussion politique est résolue par le libre jeu du rapport de force des armes avec les FARDC.

Ils se considèrent en eux-mêmes comme des maîtres, leur parole devient la loi. Ils tendent à transformer leur force militaire en droit, et à imposer l’obéissance de leurs victimes civiles en devoir.

Qui est John Tshibangu?

Aucune information n’est encore disponible sur les machines de recherche sur Internet. Quand on «google» son nom, seuls les récents articles de presse parlent de lui. Il avait fait défection en août 2012, et s’était autoproclamé Lieutenant Général. Cependant, une combinaison des rapports sur les activités des groupes armés à l’Est produisent la carte de visite ci-dessous.

Né à Kananga en 1970 d’un père enseignant de géographie des écoles secondaires, Tshibangu Bamuswa Bonsu John est originaire de Bakwa Luntu, territoire de Dimbelenge à la frontière des provinces du Kasaï-Occidental et Kasaï-Oriental.

Il a vécu en union libre avec mademoiselle Eugénie (MuNande) à Goma, avec qui il a eu deux enfants. Ensuite, il a vécu avec Charlène Mbenga qu’il accompagne avec sa guitare dans des chansons et cantiques religieux. Par moment, il se fait passer pour un pasteur des «églises de réveil» à Kinshasa.

John a été intéressé par l’armée, dès son jeune âge dont une partie était passée à Kindu (province du Maniema) avec son père et l’autre au camp militaire Badiadingi (Kinshasa, route du Bas-Congo) dans la maison du feu Major Mafwala, originaire du Bas-Congo, officier des forces aériennes, Forces Armées Zaïroises (FAZ).

Enrôlé en 1988 au sein des FAZ (Forces armées zaïroises), il a été affecté au Service d’action et des renseignements militaires (SARM) jusqu’en 1997. Il aurait suivi une formation de commando, anti-terroriste en Israël et aux Etats-Unis.

A la prise du pouvoir par l’AFDL en mai 1997, il a été arrêté au même moment que son père adoptif, Major Mafwala. Les rwandais qui commandaient les opérations, les avaient envoyés, avec d’autres éléments des FAZ, au camp de formation militaire de Kitona (Bas-Congo).

Au cours de la même année 1997, le Président Laurent Désiré Kabila les avait envoyés avec un groupe de jeunes officiers à Goma, pour constituer et former «l’armée AFDL» dénommée « Forces Armées Congolaises » (FAC).

En août 1998, les Rwandais commencent une nouvelle guerre à partir de Goma sous le RCD, et Tshibangu y participe avec d’autres officiers FAC présents à Goma. Ils sont devenus ainsi des soldats de «l’Armée Nationale Congolaise» (ANC) du RCD.

Mécontent, John tente de détourner sur Kinshasa un Antonov russe qui transportait des militaires de Goma à Kindu. Il sera maitrisé et détenu en secret à Gisenyi au Rwanda, puis à Goma dans les locaux des renseignements militaires du RCD, dans l’intention de l’utiliser plus tard.

Mais à la faveur de l’éruption volcanique de Nyiragongo en janvier 2002, il s’échappe pour rejoindre le groupe dissident du RCD Kisangani, Mouvement de Libération RCD/K-ML d’Antipas Mbusa Nyamwisi.

En ce moment, Mbusa est partie aux négociations politiques avec le gouvernement de Kinshasa et verse ses troupes dans les forces loyalistes. Après des accords entre belligérants, John Tshibangu est renvoyé de nouveau à Goma.

En 2006, Il participe à l’opération d’intégration et brassage des groupes armés et il est nommé commandant second de la 15eme brigade intégrée (3 à 4000 hommes rwandophones, en majorité Hutu contre très peu de Tutsi) dirigé par le colonel Richard Muhungura.

En novembre 2006, la 15eme Brigade, avec le Colonel Richard Muhungura en tête, contrôle la localité de Sake, après que la cité et ses environs aient été occupés par les 81ème et 83ème Brigades non brassées, proches du général dissident, Laurent Nkundabatware.

En 2007, il participe à une nouvelle bataille que sa brigade perd à Mushake (Nord-Kivu) contre le CNDP.

Le colonel John Tshibangu est nommé encore comme commandant second de la 14eme brigade dirigé par le Colonel David Rugayi.

En décembre 2007, le colonel David Rugayi est suspendu, John Tshibangu prend brièvement le commandement de la 14eme Brigade et s’installe à Nyanzale (Nord-Kivu), jusqu’au retour du Colonel Rugayi.

En Novembre 2008, il est nommé commandant deuxième brigade intégrée des FARDC déployée à Kashegye et Kanyabayonga pour combattre les Mayi-Mayi Kasidiens.

Début 2009, lors du mixage, le colonel Rugayi est promu commandant 32eme secteur qui supervise trois brigades. Le Colonel Heshima du CNDP qui avait défait la 14eme brigade (composée essentiellement des Hutus) à Mushake en devient le Commandant dans la lutte contre les FDLR.

En 2010, John Tshibangu est nommé commandant brigade de l’axe opérationnel de Bunagana dans le secteur dirigé par le Colonel Philémon Yav.

En 2011, il est nommé chef d’état-major de la quatrième région militaire dirigée par le général Obedi Rwabasira qui est aussi beau frère à Nkundabatware.
Superposition des petites armées ethniques

Dans un rapport du «Centre pour la gouvernance» datant de juillet 2012, l’ONG kinoise décrit les groupes armés nationaux comme «répondant pour la plupart au critère d’appartenance ethnique, […] leur modus operandi est fonction de la zone d’influence et des relations avec le gouvernement».

Ce que le Bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme décrivait dans son rapport de septembre 2009, en disant que les FARDC sont constituées des groupes armés «dotés d’un sentiment fort d’appartenance à la communauté ethnique» qu’à la nation congolaise.

Par conséquent les différents groupes intégrés font leur « principale allégeance à leurs villages d’origine qu’envers le gouvernement».

Le rapport du Bureau des droits humains de 2009 décrivait le malaise du soldat congolais au front comme suit: « les FARDC connaissent des difficultés structurelles, dont le manque de formation et de discipline et des faibles salaires, ainsi qu’une vaste corruption.

Les soldats sont très mal payés, voire pas payées, et les aides pour leurs dépendants sont presque inexistantes.

En conséquence, lorsqu’ils sont redéployés, ils voyagent avec leurs familles, même lorsqu’ils sont engagés dans des opérations militaires. Ceci, combiné au manque d’appui logistique appropriée (rations, tentes militaires), fait que les troupes en mouvement doivent se fournir elles-mêmes la nourriture et l’hébergement pour elles et leurs familles, soit en se construisant des campements militaires de fortune composés de huttes de paille, soit en occupant des résidences privées.

Les faibles paies, souvent versées avec retard ou détournées le long de la chaine de paiement, quand elles sont versées, conduisent les soldats à recourir à la force pour assurer leurs propres moyens de subsistance. »
Le gouvernement n’a pas de volonté d’avoir une armée efficace et professionnelle.

Le 10 avril 2012, sous le titre «RDC : prendre position sur les reforme du secteur de la sécurité », le réseau des ONG congolaises et internationales avaient publié un rapport sur le secteur de sécurité qui avait relevé « qu’entre 2006 et 2010, la RDC avait reçu une assistance extérieure considérable, notamment sous la forme d’une aide publique au développement s’élevant à plus de 14 milliards de dollars américains, et par l’intermédiaire d’une mission de l’ONU dont le coût annuel dépasse le milliard de dollars».

Le réseau soutenait que «le gouvernement congolais n’a pas fait preuve de la volonté nécessaire pour mener à bien les reformes du secteur de la sécurité, notamment dans le domaine militaire. […] le gouvernement ne veut pas d’une armée professionnelle et efficace, car celle-ci risquerait de mettre à mal les intérêts politiques et financiers bien établis de l’élite congolaise, et en particulier les proches du président Kabila.

Le gouvernement a freiné la nomination des hauts fonctionnaires au sein d’organismes clés, n’a pas réussi à convenir d’un plan stratégique viable pour la reforme ni à mener à bien les plans convenus ; il a permis ou ferme les yeux sur la corruption endémique et les abus, a retardé l’adoption des lois essentielles et a constamment sapé la coordination des donateurs ».

Le danger des graves violations des droits humains au Kasaï.

La société civile au niveau national et dans les deux provinces du Kasaï devrait fournir beaucoup d’efforts pour décourager le mouvement de John Tshibangu. Elle doit se mobiliser autant que la société civile du Nord-Kivu et Sud-Kivu pour encourager les partis politiques à faire usage de la force de la loi, plutôt que la loi de la force.

Les deux Kasaï constituant le bastion de l’opposition politique au pouvoir du président Joseph Kabila, celle-ci a la latitude de déclencher une démarche défiance et faire prévaloir ses droits politiques. Il n’est pas utile se doter d’une milice dite «de l’Union kasaienne».

Les ONG devraient se lancer dans la sensibilisation de la population pour développer des stratégies de renversement du pouvoir par les moyens légaux.
Conclusion :

La question de la création du «mouvement pour la vérité des urnes» et la constitution d’un gouvernement qui prend la population de Rutshuru en otage devrait attirer l’attention de toute la communauté nationale.

Les forces vives devraient mettre sur pied un cadre de discussion, afin d’éclairer ce que d’aucuns considèrent comme une trahison au sommet de l’Etat pour résoudre ces questions d’insécurité incessante.

Le 13 août dernier, l’ancien ministre congolais de la justice et de l’intérieur, Jeannot Mwenze Kongolo déclarait à l’opinion publique congolaise que la gestion de cette question est «calamiteuse […] Cela frise la trahison» .

Si le malaise au sein des FARDC persiste et empêche le bon fonctionnement des institutions, le peuple est en droit par l’entremise des organisations politiques et organisations civiles des masses demander la démission du gouvernement. L’option des rebellions armées est révolue, car elle occasionne beaucoup d’abus des droits humains.

Afin de mettre fin aux nouveaux abus des droits humains, la communauté internationale qui a dépensé des dizaines de milliards de dollars américains pour la reforme du secteur de sécurité devrait faciliter la discussion politique.

Tshiswaka Masoka Hubert, Kinshasa, le 27 août 2012.
© KongoTimes

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