Lundi, 20 Août 2012
Les lampions d'une série de réunions de la Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs (CIRGL) se sont éteints tard, très tard, le jeudi 16 août 2012, dans le merveilleux cadre touristique de "Ihusi Hôtel", bordant le lac Kivu.
Si bien que le banquet de la clôture officielle des travaux offert autour de la piscine du pittoresque " Mbinza Hôtel " n'avait livré ses secrets qu'aux alentours de minuit, après l'adoption et la signature du rapport de la réunion du sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL sur la situation sécuritaire dans I'Est de la RDC.
Par ordre alphabétique des pays participants, les signataires de ce document à valeur historique en ont été sept ministres de la Défense :
I'Amiral Gaspar Santos Rufino (Angola),
le général-major Pontien Gaciyubwenge (Burundi),
le professeur Charles Zacharie Bowao (Congo),
M. Alexandre Luba Ntambo (R.D Congo),
le général James Kabarehe (Rwanda),
l'honorable Shamsi Vuai Nahodha (Tanzanie)
et I'honorable Crispus Kiyonga (Ouganda), ce dernier assurant la présidence du sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL. Du fait de représenter le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, qui en assure la présidence actuelle.
Précisons que l'Angola a été représentée par un vice-ministre, et la République démocratique du Congo, par un vice-Premier ministre.
Nous aurions pu prendre in extenso les pages dudit rapport et les publier telles quelles. Certes, cela aurait eu valeur de document, mais nous avons pris I'intéressante option d'éclairer l'opinion publique, vouloir à bon droit savoir si dans cette partie de poker, la République démocratique du Congo a tiré toutes les bonnes cartes.
Nous n'aurons pas tort de dire oui, en ne nous attardant que sur la positivité des rapports sanctionnant les Sommets des chefs d'Etat et de gouvernement, tenus respectivement à Addis-Abeba et à Kampala.
Terminer très tard les travaux a été une constante de toutes ces réunions, débutées par la rencontre des experts de défense et de renseignements, du 13 au 14 août 2012, et poursuivies par celle des chefs d'état-major généraux des armées et des chefs des services de renseignements, le 15 août 2012.
Cela se justifiait par le fait que face à des faits présentés par une délégation, une autre les contestait. Augurant à chaque fois la bataille des faits et des chiffres.
Dans ces conditions, il fallait recourir à toutes les ressources de la stratégie et de la communication pour vaincre ou diluer les réticences ou réserves exprimées. Sinon, c'était le blocage. Toutes ces réunions ont connu de telles vagues"
L'esprit du Sommet d'Addis-Abeba a recadré I'orientation des travaux
Aujourd'hui, l'on peut se frotter les mains pour se féliciter que la CIRGL est sortie grandie de ces rencontres, et la délégation de la R.D Congo a atteint les objectifs qui en étaient attendus. Cela n'était guère facile pour elle, pourtant.
Heureusement, tout s'est joué, d'entrée de jeu, au niveau des experts, pour pondérer à leur juste valeur les termes de références fixés à Addis-Abeba, et présenter en toute objectivité les renseignements y afférents. Et le clou en a été enfoncé lors de la réunion suivante, regroupant les chefs d'état-major généraux et les chefs des services de renseignements.
Pour rappel, le 15 juillet 2012, à Addis-Abeba, les chefs d'Etat et de gouvernement avaient actualisé la liste des Forces négatives qui écument l'Est de la RDC. à savoir les FDLR, ADF, LRA, en intégrant le M23, toutes solidairement condamnées et réprouvées. Ils avaient également appelé à l'établissement d'une Force internationale neutre pour l'éradication du M23, des FDLR, ainsi que de toutes les autres qui y sévissent.
Que dire à ce sujet sur la réunion du sous-comité des ministres de la Défense de la CRGL tenue à Goma ? La définition et la perception du M23 comme Force négative y ont été maintenues et consacrées. D'autre part, des avancées significatives ont été notées sur I'articulation schématique de la Force internationale neutre
Il nous revient que le bon sens y a triomphé. Par exemple, contre des tentatives d'appropriation régionale à cent pour cent. Ainsi, tous ont intériorisé que la Force internationale neutre ne peut être ce qu'elle doit être qu'à trois niveaux.
Un. Elle doit être une force combattante, pour notamment éradiquer le M23, les FDLR et les autres Forces négatives.
Deux. Elle doit être internationale, et donc comprendre en son sein, aussi bien des troupes africaines que non-africaines.
Trois. Elle doit être neutre, et ne pas intégrer en son sein les Etats impliqués dans des rapports, souvent difficiles à retracer avec leurs propres Forces négatives, dont le plus grand tort est causé aux populations, ressources et intérêts congolais. Ainsi, la RDC en finirait avec tous ces prétextes chroniques de guerre dans l'Est de son territoire.
Quoi de plus net que cette Force internationale neutre ne fasse recours aux armées du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda et, naturellement, de la RDC. C'est cela la neutralité : ne pas être à la fois juge et partie !
Quoi de plus réaliste qu'il soit possible à des troupes étrangères, évoluant déjà dans la Mission de I'Organisation des Nations unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (MONUSCO) d'en faire partie, préalablement avec au bout de leurs armements un mandat interventionniste !
Par ailleurs, s'agissant du M23, reconnu unanimement par les chefs d'Etat et de gouvernement comme Force négative à Addis-Abeba, il avait été qualifié à Kampala de Mouvement dit M23. Au risque de passer, soit pour un recul, soit pour un oubli.
A Goma, les ministres ne se sont pas fait prier deux fois pour le ranger à nouveau dans la catégorie des Forces négatives. Les Congolais savent bien que le démon est toujours appelé démon.
Les recommandations du Sommet de Kampala ont été concrétisées
Pour rappel également, du 7 au 8 août 2012, à Kampala en Ouganda, les chefs d'Etat et de gouvernement s'étaient mis d'accord sur les nécessités d'arrêter des actions urgentes à mener afin de faire cesser définitivement les combats dans l'Est de la RDC et de permettre la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité : et de proposer des éléments précis sur I'opérationnalisation de la Force internationale neutre.
A ce propos, la réunion des ministres de la Défense y a fourni des réponses appréciables. Pour la première préoccupation, plus d'une dizaine en ont été proposées qui portent substantiellement sur des facteurs suivants :
Primo : sur le M23 qui doit cesser les combats et la poursuite de toute activité anticonstitutionnelle.
Secundo : sur I'équipe militaire de vérification qui doit descendre sur le terrain.
Tertio : autour du mécanisme conjoint de vérification bilatéral RDC-Rwanda qui doit être élargi aux autres Etats membres de la CIRGL.
Quarto : sur la réévaluation du fameux accord du 29 mars (auquel aime à se référer le M23, alors même que l'un des signataires en a plutôt été le CNDP).
Quinto : sur le retour des personnes déplacées et des réfugiés. Sixto : sur la libre circulation des personnes, des biens et des services dans le Nord-Kivu, etc.
Pour la deuxième préoccupation, les parties ont convenu que l'équipe militaire de vérification déterminera tous les détails (structure, configuration, zones de déploiement, logistique), mais les principaux acquis en ont été que sa taille sera celle d'une Brigade renforcée d'environ 4.000 hommes, qui sera déployée dans les secteurs Beni-Ruwenzori, Rutshuru, Masisi-Walikale, dans la province du Nord-Kivu et dans la plaine de Ruzizi, dans la province du Sud-Kivu
Me Richard Ilunga Muteba
Les lampions d'une série de réunions de la Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs (CIRGL) se sont éteints tard, très tard, le jeudi 16 août 2012, dans le merveilleux cadre touristique de "Ihusi Hôtel", bordant le lac Kivu.
Si bien que le banquet de la clôture officielle des travaux offert autour de la piscine du pittoresque " Mbinza Hôtel " n'avait livré ses secrets qu'aux alentours de minuit, après l'adoption et la signature du rapport de la réunion du sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL sur la situation sécuritaire dans I'Est de la RDC.
Par ordre alphabétique des pays participants, les signataires de ce document à valeur historique en ont été sept ministres de la Défense :
I'Amiral Gaspar Santos Rufino (Angola),
le général-major Pontien Gaciyubwenge (Burundi),
le professeur Charles Zacharie Bowao (Congo),
M. Alexandre Luba Ntambo (R.D Congo),
le général James Kabarehe (Rwanda),
l'honorable Shamsi Vuai Nahodha (Tanzanie)
et I'honorable Crispus Kiyonga (Ouganda), ce dernier assurant la présidence du sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL. Du fait de représenter le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, qui en assure la présidence actuelle.
Précisons que l'Angola a été représentée par un vice-ministre, et la République démocratique du Congo, par un vice-Premier ministre.
Nous aurions pu prendre in extenso les pages dudit rapport et les publier telles quelles. Certes, cela aurait eu valeur de document, mais nous avons pris I'intéressante option d'éclairer l'opinion publique, vouloir à bon droit savoir si dans cette partie de poker, la République démocratique du Congo a tiré toutes les bonnes cartes.
Nous n'aurons pas tort de dire oui, en ne nous attardant que sur la positivité des rapports sanctionnant les Sommets des chefs d'Etat et de gouvernement, tenus respectivement à Addis-Abeba et à Kampala.
Terminer très tard les travaux a été une constante de toutes ces réunions, débutées par la rencontre des experts de défense et de renseignements, du 13 au 14 août 2012, et poursuivies par celle des chefs d'état-major généraux des armées et des chefs des services de renseignements, le 15 août 2012.
Cela se justifiait par le fait que face à des faits présentés par une délégation, une autre les contestait. Augurant à chaque fois la bataille des faits et des chiffres.
Dans ces conditions, il fallait recourir à toutes les ressources de la stratégie et de la communication pour vaincre ou diluer les réticences ou réserves exprimées. Sinon, c'était le blocage. Toutes ces réunions ont connu de telles vagues"
L'esprit du Sommet d'Addis-Abeba a recadré I'orientation des travaux
Aujourd'hui, l'on peut se frotter les mains pour se féliciter que la CIRGL est sortie grandie de ces rencontres, et la délégation de la R.D Congo a atteint les objectifs qui en étaient attendus. Cela n'était guère facile pour elle, pourtant.
Heureusement, tout s'est joué, d'entrée de jeu, au niveau des experts, pour pondérer à leur juste valeur les termes de références fixés à Addis-Abeba, et présenter en toute objectivité les renseignements y afférents. Et le clou en a été enfoncé lors de la réunion suivante, regroupant les chefs d'état-major généraux et les chefs des services de renseignements.
Pour rappel, le 15 juillet 2012, à Addis-Abeba, les chefs d'Etat et de gouvernement avaient actualisé la liste des Forces négatives qui écument l'Est de la RDC. à savoir les FDLR, ADF, LRA, en intégrant le M23, toutes solidairement condamnées et réprouvées. Ils avaient également appelé à l'établissement d'une Force internationale neutre pour l'éradication du M23, des FDLR, ainsi que de toutes les autres qui y sévissent.
Que dire à ce sujet sur la réunion du sous-comité des ministres de la Défense de la CRGL tenue à Goma ? La définition et la perception du M23 comme Force négative y ont été maintenues et consacrées. D'autre part, des avancées significatives ont été notées sur I'articulation schématique de la Force internationale neutre
Il nous revient que le bon sens y a triomphé. Par exemple, contre des tentatives d'appropriation régionale à cent pour cent. Ainsi, tous ont intériorisé que la Force internationale neutre ne peut être ce qu'elle doit être qu'à trois niveaux.
Un. Elle doit être une force combattante, pour notamment éradiquer le M23, les FDLR et les autres Forces négatives.
Deux. Elle doit être internationale, et donc comprendre en son sein, aussi bien des troupes africaines que non-africaines.
Trois. Elle doit être neutre, et ne pas intégrer en son sein les Etats impliqués dans des rapports, souvent difficiles à retracer avec leurs propres Forces négatives, dont le plus grand tort est causé aux populations, ressources et intérêts congolais. Ainsi, la RDC en finirait avec tous ces prétextes chroniques de guerre dans l'Est de son territoire.
Quoi de plus net que cette Force internationale neutre ne fasse recours aux armées du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda et, naturellement, de la RDC. C'est cela la neutralité : ne pas être à la fois juge et partie !
Quoi de plus réaliste qu'il soit possible à des troupes étrangères, évoluant déjà dans la Mission de I'Organisation des Nations unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo (MONUSCO) d'en faire partie, préalablement avec au bout de leurs armements un mandat interventionniste !
Par ailleurs, s'agissant du M23, reconnu unanimement par les chefs d'Etat et de gouvernement comme Force négative à Addis-Abeba, il avait été qualifié à Kampala de Mouvement dit M23. Au risque de passer, soit pour un recul, soit pour un oubli.
A Goma, les ministres ne se sont pas fait prier deux fois pour le ranger à nouveau dans la catégorie des Forces négatives. Les Congolais savent bien que le démon est toujours appelé démon.
Les recommandations du Sommet de Kampala ont été concrétisées
Pour rappel également, du 7 au 8 août 2012, à Kampala en Ouganda, les chefs d'Etat et de gouvernement s'étaient mis d'accord sur les nécessités d'arrêter des actions urgentes à mener afin de faire cesser définitivement les combats dans l'Est de la RDC et de permettre la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité : et de proposer des éléments précis sur I'opérationnalisation de la Force internationale neutre.
A ce propos, la réunion des ministres de la Défense y a fourni des réponses appréciables. Pour la première préoccupation, plus d'une dizaine en ont été proposées qui portent substantiellement sur des facteurs suivants :
Primo : sur le M23 qui doit cesser les combats et la poursuite de toute activité anticonstitutionnelle.
Secundo : sur I'équipe militaire de vérification qui doit descendre sur le terrain.
Tertio : autour du mécanisme conjoint de vérification bilatéral RDC-Rwanda qui doit être élargi aux autres Etats membres de la CIRGL.
Quarto : sur la réévaluation du fameux accord du 29 mars (auquel aime à se référer le M23, alors même que l'un des signataires en a plutôt été le CNDP).
Quinto : sur le retour des personnes déplacées et des réfugiés. Sixto : sur la libre circulation des personnes, des biens et des services dans le Nord-Kivu, etc.
Pour la deuxième préoccupation, les parties ont convenu que l'équipe militaire de vérification déterminera tous les détails (structure, configuration, zones de déploiement, logistique), mais les principaux acquis en ont été que sa taille sera celle d'une Brigade renforcée d'environ 4.000 hommes, qui sera déployée dans les secteurs Beni-Ruwenzori, Rutshuru, Masisi-Walikale, dans la province du Nord-Kivu et dans la plaine de Ruzizi, dans la province du Sud-Kivu
Me Richard Ilunga Muteba
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