lundi 20 août 2012

Armée - Défections en cascade : l’agenda caché du CNDP dévoilé

le lundi 20 août 2012



Sur une carte géographique, il est possible de décrypter désormais l’agenda caché du mouvement armé CNDP. Rutshuru et Bunagana au Nord-Kivu, Kabare dans le Sud-Kivu, Ituri en province Orientale, …, puis subitement Kananga au Kasaï Occidental entrent en danse. L’objectif est de faire passer le message d’une implosion généralisée en RDC.

Les éléments du cheval de Troie introduit par le Rwanda, à travers le CNDP, ne font plus mystère sur leur stratégie de liquéfaction de la RDC.

Depuis un temps, il ne se passe plus plusieurs mois pour que l’on fasse état de défection dans les rangs des Forces armées de la RDC (FARDC). Ces faux bonds se succèdent et suivent une ligne visiblement tracée à l’avance.

Les militaires ex-CNDP intégrés au sein de l’armée régulière quittent les troupes loyalistes avec armes et munitions pour des destinations inconnues. Quelques temps après, ils réapparaissent pour se déclarer en mutinerie avec une liste des plaintes entremêlant des revendications sociale, politique et sommairement quelques soucis militaires.

Jamais, ces «mutins» ne posent des problèmes touchant à l’organisation de l’armée pour sa meilleure restructuration sur le terrain des opérations. C’est dire toute la contradiction d’avec l’option claire en faveur de la défense de la République.

Genèse des faits

Tout part de Goma, où Bosco Ntaganda fait une démonstration de force, en alignant une colonne des jeeps avec hommes et armements. Quelques jours seulement après, il est signalé loin de la capitale du Nord-Kivu d’où il engage un bras de fer avec les institutions de la République afin d’éviter d’être jugé pour des faits infractionnels lui reprochés.

Comme si le signal était donné de quelque part, d’autres défections se font enregistrer. Au Sud-Kivu, un colonel ex-CNDP du 1007ème régiment des FARDC s’est évanoui dans la nature.

L’Ituri entre en danse

Le district de l’Ituri n’est pas resté en marge. L’alerte émane de la société civile qui, dans un communiqué publié, le vendredi 17 août s’inquiète que quatre groupes des militaires FARDC aient rejoint la milice de la Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) de Cobra Matata !

Le communiqué donne des précisions sur les localités touchées par cette vague : Bugoro, Marabo et Komanda.

En clair, le mouvement de Cobra Matata jouerait de la comédie, en faisant intégrer certains éléments dans les FARDC, en même temps qu’il en vide les rangs en reprenant d’autres.

Sans verser dans des anticipations funestes, il est clair que ces déserteurs ne croient pas au processus d’intégration, comparativement aux avantages à tirer en étant hors des rangs, à l’occurrence dans une rébellion.

Aussi curieux que cela puisse paraitre, ces miliciens ont exigé du gouvernement la création d’une région militaire en Ituri que devrait diriger un originaire de ce district. Ce qui rappelle une exigence du CNDP qui a fait du contrôle des provinces de l’Est du pays une exigence principale.

Déjà, en début du mois d’août, le commandant du bataillon des FARDC basé à Marabo, le major Taikondo Nonzi a fait défection pour grossir les rangs de FRPI.

Le porte-parole de cette milice s’en est réjoui affirmant que l’officier a déserté avec son adjoint et plusieurs soldats de son ancien bataillon, emportant des armes et des munitions, selon la radio onusienne Okapi.

Auparavant, près d’une centaine de militaires avaient rejoint la même milice à Bogoro. La raison avancée pour justifier toutes ces défections : le manque de salaire et un mauvais traitement, écrit Radio Okapi.

L’agenda caché

Toutes ces défections des rangs des FARDC par les miliciens ex-CNDP ne sont pas le fait du hasard. Après que la hiérarchie militaire ait décidé le redéploiement des éléments issus de l’ex mouvement rebelle dans d’autres provinces de la République, ces défections sont devenues monnaie courante.

Ce déclencheur a mis à nu les desseins cachés de ce mouvement rebelle, pour qui la RDC se réduirait à une ère géographique déterminée par eux-mêmes.

Comme pour encercler les forces loyalistes, les ex-CNDP de Kananga sont entrés en mouvement. Ils ont tenté de créer un climat de panique et de psychose dans la capitale du Kasaï Occidental.

Espérant ainsi obtenir une adhésion générale en faisant vibrer la corde sensible de «la vérité des urnes».

Dans cette quête d’une pseudo-identité, ils ont utilisé les services d’un officier pour exécuter la sale besogne.

Selon des sources indépendantes, non confirmées par des canaux officiels, cette colonne de déserteurs se dirigerait vers le Maniema. Serait-ce pour faire jonction avec les autres et prendre position derrière les FARDC ? Il appartient aux experts militaires de déterminer la nature de ce mouvement.

Le ver est dans «l’accord de Goma»

Derrière les bonnes intentions affichées à l’époque par les groupes armés, notamment le CNDP, se cachait un agenda visant à piéger l’Etat congolais.

L’article 2 alinéa 8 de l’accord signé le 23 mars 2009 à Goma, sur lequel le M23 légitime son action, dispose sur la finalisation des certaines questions que «la détermination des modalités du brassage en tenant compte de la présence des groupes armés étrangers visés par le communiqué conjoint de Nairobi du 09 novembre 2007».

C’est sur base de cette disposition que le CNDP a été associé dans la mise en place du commandement opérationnel au Nord-Kivu et ailleurs, lui ouvrant la voie à une infiltration plus large de l’appareil sécuritaire du pays.

Cette logique s’est étendue aussi au 10ème alinéa du même accord qui en appelait au «rétablissement de l’autorité de l’Etat (Police, administration et justice)».

L’ex-CNDP a ainsi participé à l’exercice du pouvoir sans avoir gagné les élections, leur offrant l’occasion de s’installer durablement dans certains territoires. Dans l’accord de paix de Goma, en plus de l’impunité garantie aux ex-CNDP, il leur est accordé divers avantages au point 5.2.

«Les parties conviennent du principe de la création d’une police de proximité- entendue comme branche de la police nationale congolaise, à l’écoute du peuple à la base et au service de celui-ci ».

Depuis l’accord de Goma, tout a été accordé au CNDP au point que ce mouvement politico-militaire s’est senti en droit d’en exiger davantage à la République, même une portion importante du pays en prime de l’impunité garantie. Les conséquences sont bien là, plantées comme une pierre en plein jardin !

Insatisfait, le CNDP ne pouvait que se ménager des espaces, exigeant chaque jour de nouvelles prétentions. Lire l’accord de Goma à la page 10 de la présente édition.

Dès que le gouvernement a tenté de déjouer une seule des stratégies en application, le CNDP n’a pu se conformer à une position potable. Elle a déclenché les hostilités !

Le M23 est donc cette face visible de l’iceberg dont la partie immergée est l’infiltration totale des instances politiques, administratives et militaires du pays pour qu’enfin le projet de balkanisation s’opère en toute quiétude.

Ce n’est pas par pur hasard que le M23, mouvement créé bâti sur les vestiges du CNDP, fonde son action sur l’accord de Goma.

Le Potentiel

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