mardi 18 septembre 2012

Feuilleton de la guerre de l'Est Le M23 accuse les FARDC auprès de Museveni

Mardi, 18 Septembre 2012



Epinglé comme groupe terroriste dans le rapport du panel des experts des Nations Unies publié en juin dernier et tout récemment dans celui de l'Ong américaine Human Rights Watch, le Mouvement du 23 Mars 2009 n'en continue pas moins de mener un combat d'arrière-garde.

Loin de s'arrêter aux dénégations et démentis face aux accusations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité documentés contre ses responsables civils et militaires dans lesdits rapports, ce mouvement rebelle a le culot de s'adresser au président en exercice de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) pour tenter de faire discréditer les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo).

En effet, dans une correspondance datée du 15septembre2012 et signée Bishop Jean-Marie Runiga Lugerero, qui se fait désormais passer pour le président du M23, alors qu'il s'affichait encore comme Coordonnateur jusqu'au mois d'août dernier, il est fait état d'une chasse à l'homme qu'aurait déclenchée la hiérarchie de l'armée régulière contre des civils et militaires d'expression Kinyarwanda au Nord et Sud-Kivu.

Entre autres militaires qui auraient été exécutés le 10 septembre 2012 dans la localité de Butuza, collectivité de Burhinyi, territoire de Mwenga, province du Sud-Kivu. Bishop Jean-Marie Runiga Lugerero cite comme victimes de la barbarie des FARDC un certain major Didier Habimpfura (chargé des opérations au 10091me bataillon), un certain capitaine Thierry Rwandinda Kahembe (officier des renseignements au sein du même bataillon), le présumé adjudant-chef Innocent Nkundabatware (membre de l'unité d'escorte du major Didier Habimpfura) et supposé 1er sergent-major Théogène Ndagije (membre de l'unité d'escorte du colonel Claude Micho), tous ex-combattants du CNDP intégrés en février-mars 2009.

Confusionniste comme d'habitude, l'auteur de la lettre prétend que les intéressés auraient été exécutés par balles, dépecés puis enterrés dans une fosse commune, dans la ferme de la famille Nyamulinduka, un homme d'affaires résidant dans la ville de Bukavu.

Dans le même document, il est porté à la connaissance du président Yoweri Museveni des cas d'enlèvements, d'arrestations arbitraires, de tortures, d'exécutions sommaires, de viols des femmes et filles par des éléments des FARDC dans les deux provinces du Kivu, au motif que les victimes, civils comme militaires, seraient d'expression Kinyarwanda.

Il lui est rappelé aussi le présumé massacre, en juillet 2009 à Dungu, en Province Orientale, par les troupes loyalistes, de 46 militaires issus du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple), venus leur prêter main-forte dans des opérations de traque des rebelles de la LRA (Armée de Résistance du Seigneur).

Tout en déplorant le silence de la Communauté internationale et de l'Ong Human Rights Watch face à ce qu'il qualifie « d'atrocités sélectives et gravissimes », le M23 exige du président de la CIRGL « une condamnation formelle et ferme de ces actes » et la « comparution devant les instances judiciaires compétentes des responsables desdites exactions ignobles, inhumaines et barbares ».

Le M23 a-t-il qualité pour saisir Museveni ?

Jusqu'à preuve du contraire, le M23 est fiché comme mouvement rebelle et groupe terroriste dans toutes les réunions organisées par l'Union Africaine au sujet de la situation sécuritaire du Nord-Kivu : Addis-Abeba (17 juillet 2012), Kampala I (7-8 août 2012), Kampala II (9-10 septembre 2012).

Logiquement, cette rébellion n'a pas voix au chapitre. Si a Force Internationale Neutre est effectivement déployée le long de la frontière congolo-rwandaise dans moins de trois mois (à compter du second Sommet de la CIRGL à Kampala), son sort devrait être rapidement réglé, avec celui des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) ainsi que de toutes les « forces négatives » qui perturbent la paix dans l'Est de la RDC.

Le nouveau président du M23, Bishop Jean-Marie Runiga Lugerero, et son alter ego militaire, le colonel Ruzandiza alias Sultani Makenga, ne l'ignorent pas.

La saisine fantaisiste de Yoweri Museveni vise certainement à semer la confusion dans les esprits.

Pour quelle finalité ? A moins d'un agenda caché, il s'agit d'un coup d'épée dans l'eau donné par un voleur qui crie au voleur.

Kimp

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