L’histoire n’en finit pas de se répéter à l’Est du Congo. La nouvelle rébellion du M23 qui se trouve à la manoeuvre ressemble curieusement à celle du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, qui avait adopté la même stratégie en 2007 et 2008.
Les combats récurrents dans l’Est du Congo, qui ont pour enjeu économique l’exploitation des minerais du Kivu (notamment le coltan, qui sert à la fabrication des téléphones portables et des ordinateurs), se traduisent à chaque fois par un nouveau rapport de force international.
Et ce, dans une région où tout se vend et tout s’achète, par le biais des diverses forces en présence – y compris l’armée régulière, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Vue aérienne de Bukavu. Radio Okapi
Bosco Ntaganda, ex-lieutenant de Laurent Nkunda intégré en 2009 à l’armée congolaise avant de se mutiner, en avril dernier, cherche à échapper à un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour les exactions commises par le CNDP entre 2002 et 2004.
Il sert aujourd’hui de monnaie d’échange entre Kinshasa et ses partenaires internationaux: Joseph Kabila, soupçonné d’avoir fraudé pour l’emporter lors de l’élection de novembre 2011, est prêt à livrer Bosco Ntaganda pour redorer son blason auprès des bailleurs de fonds.
La rébellion du M23, que le Rwanda et l’Ouganda démentent soutenir, est pourtant renforcée par de jeunes recrues venant directement du Rwanda, selon le dernier rapport des experts des Nations unies, publié le 21 novembre.
Le rôle joué par le Rwanda a incité l’organisation de défense de droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) à demander en septembre à la Banque mondiale de revoir ses programmes d’assistance financière à Kigali.
Car le Rwanda, qui passe pour un modèle de réussite économique, dépend surtout de l’aide internationale et des minerais du Kivu.
Le récent rapport des Nations unies donne des noms de hauts responsables rwandais et ougandais qui soutiennent le M23: James Karabere, le ministre de la Défense du Rwanda, mais aussi Salim Saleh, 52 ans, frère du président Yoweri Museveni, ancien général et ex-ministre ougandais, un homme actif dans l’exploitation des richesses minérales de l’Est du Congo, le lieutenant-général Kale Kayihura, chef de la police ougandaise, ainsi que le brigadier Patrick Kankihiro, qui commande les forces ougandaises déployées près de la frontière avec la RDC.
«C’est du déjà vu», affirme Carina Tertsakian, une chercheuse de HRW qui travaille sur l’Est du Congo. Même son de cloche du côté d’International Crisis Group (ICG), qui suggère des sanctions plus fermes contre le M23 et ses soutiens extérieurs.
A chaque fois, la rébellion procède par chantage: elle prend des villes sur le terrain pour entraîner des discussions de paix qui vont déboucher sur un nouveau partage du gâteau politique et minéral dans l’Est du Congo.
Le M23 revendique non seulement une représentation politique des ex-rebelles intégrés en 2009 dans l’armée au niveau provincial, mais aussi un déploiement de ses hommes à proximité des gisements du Kivu.
Symbole fort du rapport de force: c’est Joseph Kabila, le chef de l’Etat congolais, qui s’est déplacé deux fois à Kampala, les 20 et 24 novembre, pour discuter avec Yoweri Museveni et Paul Kagamé.
C’est bien Kabila qui se trouve en position de faiblesse et contraint à la négociation, et non ses homologues des Grands Lacs. Or, qu’y a-t-il à négocier avec le M23?
Kabila, en chef militaire, répond au chantage par le chantage: pas de discussions tant que le M23 occupera Goma. Il a limogé le 22 novembre son chef d’état-major de l’armée de terre, le général Gabriel Amisi, soupçonné par les Nations unies d’un trafic d’armes dans l’Est du Congo.
Et menace de reprendre Goma par la force.
Sabine Cessou
SlateAfrique
Les combats récurrents dans l’Est du Congo, qui ont pour enjeu économique l’exploitation des minerais du Kivu (notamment le coltan, qui sert à la fabrication des téléphones portables et des ordinateurs), se traduisent à chaque fois par un nouveau rapport de force international.
Et ce, dans une région où tout se vend et tout s’achète, par le biais des diverses forces en présence – y compris l’armée régulière, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Vue aérienne de Bukavu. Radio Okapi
Bosco Ntaganda, ex-lieutenant de Laurent Nkunda intégré en 2009 à l’armée congolaise avant de se mutiner, en avril dernier, cherche à échapper à un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour les exactions commises par le CNDP entre 2002 et 2004.
Il sert aujourd’hui de monnaie d’échange entre Kinshasa et ses partenaires internationaux: Joseph Kabila, soupçonné d’avoir fraudé pour l’emporter lors de l’élection de novembre 2011, est prêt à livrer Bosco Ntaganda pour redorer son blason auprès des bailleurs de fonds.
La rébellion du M23, que le Rwanda et l’Ouganda démentent soutenir, est pourtant renforcée par de jeunes recrues venant directement du Rwanda, selon le dernier rapport des experts des Nations unies, publié le 21 novembre.
Le rôle joué par le Rwanda a incité l’organisation de défense de droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) à demander en septembre à la Banque mondiale de revoir ses programmes d’assistance financière à Kigali.
Car le Rwanda, qui passe pour un modèle de réussite économique, dépend surtout de l’aide internationale et des minerais du Kivu.
Le récent rapport des Nations unies donne des noms de hauts responsables rwandais et ougandais qui soutiennent le M23: James Karabere, le ministre de la Défense du Rwanda, mais aussi Salim Saleh, 52 ans, frère du président Yoweri Museveni, ancien général et ex-ministre ougandais, un homme actif dans l’exploitation des richesses minérales de l’Est du Congo, le lieutenant-général Kale Kayihura, chef de la police ougandaise, ainsi que le brigadier Patrick Kankihiro, qui commande les forces ougandaises déployées près de la frontière avec la RDC.
«C’est du déjà vu», affirme Carina Tertsakian, une chercheuse de HRW qui travaille sur l’Est du Congo. Même son de cloche du côté d’International Crisis Group (ICG), qui suggère des sanctions plus fermes contre le M23 et ses soutiens extérieurs.
A chaque fois, la rébellion procède par chantage: elle prend des villes sur le terrain pour entraîner des discussions de paix qui vont déboucher sur un nouveau partage du gâteau politique et minéral dans l’Est du Congo.
Le M23 revendique non seulement une représentation politique des ex-rebelles intégrés en 2009 dans l’armée au niveau provincial, mais aussi un déploiement de ses hommes à proximité des gisements du Kivu.
Symbole fort du rapport de force: c’est Joseph Kabila, le chef de l’Etat congolais, qui s’est déplacé deux fois à Kampala, les 20 et 24 novembre, pour discuter avec Yoweri Museveni et Paul Kagamé.
C’est bien Kabila qui se trouve en position de faiblesse et contraint à la négociation, et non ses homologues des Grands Lacs. Or, qu’y a-t-il à négocier avec le M23?
Kabila, en chef militaire, répond au chantage par le chantage: pas de discussions tant que le M23 occupera Goma. Il a limogé le 22 novembre son chef d’état-major de l’armée de terre, le général Gabriel Amisi, soupçonné par les Nations unies d’un trafic d’armes dans l’Est du Congo.
Et menace de reprendre Goma par la force.
Sabine Cessou
SlateAfrique
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