mercredi 5 décembre 2012

Nord-Kivu: L’administration provinciale ruinée par la rébellion du M 23



La guerre a été une mauvaise chose pour l’administration provinciale du Nord Kivu. Après le retrait du M 23 du chef-lieu du Nord -Kivu, l’administration à Goma ressemble à un champ de ruines.

Il faut craindre un dysfonctionnement et la paralysie des services publics. Les matériels de bureau, les véhicules, les ordinateurs, les chaises,…ont été simplement emportés. L’administration est ainsi par terre. Il y a urgence d’agir pour rétablir l’autorité de l’Etat.

Arrivé sur place hier lundi 3 décembre, le ministre de l’intérieur et de la Décentralisation, Richard Muyej Mangez, s’en est rendu compte. Il a exprimé la volonté du gouvernement d’aider l’administration provinciale à reprendre rapidement du service, après le passage de » l’ouragan » qui a tout emporté.

» L’administration doit reprendre assez rapidement et nous ferons tout, en respectant l’esprit des accords de Kampala. Nous allons travailler avec la Monusco qui nous a aidés à comprendre davantage la situation pour que l’autorité de l’Etat soit rétablie le plus tôt que possible », a fait savoir le ministre Muyej.

Du côté des institutions provinciales, le retour à Goma est aussi à l’ordre du jour. Réfugiés à Beni à l’entrée des rebelles, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, les membres du gouvernement provincial et de l’Assemblée provinciale, ainsi que plusieurs personnalités politiques et notabilités, sont enfin de retour à Goma.

L’heure est maintenant à une évaluation de la situation sécuritaire, social, ….Et d’essayer d’apporter des solutions. Mais cela va exiger des moyens qu’il faut mobiliser.

Hier lundi 3 décembre, certains bureaux de l’Etat ont timidement ont ouvert leurs portes. Certains fonctionnaires étaient présents. Mais beaucoup n’ont pas travaillé. Cela s’explique notamment en raison de l’absence de matériels que les rebelles ont emportés.

En ce qui les concerne, les directions provinciales de régies financières ont repris du service. Quant aux magistrats et auxiliaires de la justice, ils ont été convoqués par leur hiérarchie pour participer à une séance de travail en vue de reprendre leurs activités.

Selon les informations disponibles, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a exhorté les magistrats évacués de Goma à Kinshasa, suite aux menaces dont ils étaient l’objet de la part des rebelles du M23, à y retourner.

« Que les magistrats de Goma qui étaient, une partie à Bukavu, d’autre à Beni, n’ayant pas réussi l’autorisation d’arriver à Kinshasa, puissent regagner leur lieu d’affectation, la situation étant redevenue normale avec le retrait des rebelles.

Chacun d’entre eux doit prendre ses dispositions pour regagner le plutôt possible Goma où le travail les attend », a déclaré Jean Ubulu, le secrétaire permanent du CSM, cité par Radio Okapi. Il faut rappeler que l’évacuation des magistrats en question avait été assurée par la Monusco.

A en croire Radio Okapi, les magistrats concernés qui séjournent à Kinshasa ne sont pas chauds pour y retourner. Ils ne sont pas rassurés par la situation sécuritaire à Goma. Ils craignent pour leur vie. Ils affirment que leurs maisons ont été visitées par des mutins. Les maisons ont pillées. Les rebelles ont pris en otage certains membres de leurs familles. Des informations à vérifier.

Du côté de la Police Nationale congolaise, il nous revient que le chef de ce corps, le général Bisengimana séjourne à Goma depuis. Plusieurs éléments de la Police Nationale congolaise sont arrivés à Goma pour assurer la sécurité des populations dans un contexte post conflit.

Les rebelles du M23 accusés de viol des femmes à Mugunga

C’est un contexte qui ne rassure pas la population traumatisée. L’évolution de la situation sur le terrain aura été révélatrice. Samedi 1er décembre dans la foulée du retrait du M 23 de Goma, il a été déploré une attaque du camp de Mugunga, non loin du chef-lieu du Nord Kivu.

En effet, des hommes en tenue militaire, identifiés comme des rebelles du M23, sont accusés d’avoir violé, six femmes et emporté des biens appartenant aux déplacés. Dans la même nuit, un groupe d’hommes armés ont emporté au moins 14 vaches, 70 chèvres et 30 moutons dans la localité de Rusayo où le corps d’un des voleurs, en tenue militaire, portant la mention FAC, a été retrouvé ce matin.

Le camp Mugunga est situé à environ 7 km de Goma. Des sources au niveau du camp affirment qu’environ douze jeunes ont été emmenés de force, par ces rebelles, pour transporter les butins. Certains d’entre ces otages ne sont pas encore rentrés dans leur famille. Ce contexte n’est pas de nature à rassurer la population.

Selon les mêmes sources, cette attaque de deux heures a eu lieu au moment où les rebelles du M23 se retiraient de la ville de Goma. Et naturellement, des soldats des FARDC, ni d’autres forces, ne pouvaient se retrouver dans ce rayon d’action. Au risque de retrouver face aux éléments du M 23.

« Nous avons entendu des tirs dans la cité et nous étions surpris que les gens étaient déjà entrés dans le camp. Ils ont pillé dans chaque porte. Celui qui n’avait pas d’argent a donné son téléphone portable ou tout autre chose », a témoigné un déplacé cité par Radio Okapi.

Au regard de la situation sécuritaire volatile, la population du Nord Kivu ne demande pas mieux que la fin des hostilités. Aujourd’hui, il s’agit des hostilités relancées par le M 23 qui menace de revenir à Goma, si ses revendications ne sont pas prises en compte.

Le M 23 menace de revenir à Goma, avec tout ce que cela implique : mort, viol, errance de population, pillage du patrimoine de l’administration,….

Didier Munsala Buakasa
Direct!cd

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