Conclure un accord de cessez-le-feu avec les rebelles comporte plusieurs risques pour le gouvernement.

Entre autres, la création des conditions de belligérance, la consécration de la balkanisation de fait de Rutshuru, le blanc-seing accordé à la rébellion pour l’exploitation officielle des richesses naturelles et l’extension du conflit aux autres groupes armés.

La donne est en train de changer dans le rapport des forces entre Kinshasa et Kigali depuis la sévère mise en garde de Barack Obama à Paul Kagame contre tout soutien au M23, incompatible avec le désir de paix et de stabilité du Rwanda.

Du coup, l’Ougandais Museveni et le Rwandais Kagame ont été contraints de se concerter pendant deux jours à Kigali alors qu’à Kampala, les relais rwandais du M23 montent la pression pour obtenir au préalable un cessez-le-feu. Lue entre les lignes, cette demande est un guet-apens fomenté contre Kabila.

Elle comporte entre autres des risques pour le gouvernement, le processus sécuritaire mené par la CIRGL et la SADC et l’intégrité territoriale de la RD-Congo. Kabila, lui, a juré de ne pas se laisser avoir. Contre ces risques, il a entrepris d’ériger des barbelés d’une grande rigidité.

La première phase des pourparlers ouverts le 9 décembre dans la capitale ougandaise s’est clôturée le 21 décembre avec l’adoption de trois sur quatre points inscrits à l’agenda.

Notamment, la revue de l’accord de paix du 23 mars 2009, les questions sociales, politiques et économiques ainsi que le mécanisme de mise en oeuvre des résolutions qui seront prises au terme du dialogue. Le point relatif aux questions sécuritaires est resté pendant.

Raison : «En dépit des progrès substantiels ainsi accomplis, un consensus doit être trouvé sur un point de l’ordre du jour d dialogue relevant des questions sécuritaires.

Ce point a trait à la nécessité de consolider l’accalmie actuelle des hostilités militaires», annonce le communiqué publié le 21 décembre. Si cet extrait du, communiqué n’est pas assez explicite, les analystes ont le, sentiment qu’il s’agit du point le plus sensible des matières proposées à l’ordre du jour.

A Kampala, les rebelles continuent de hausser leur niveau d’exigence. Ils ont mis en oeuvre une idée guère lumineuse, exigeant un cessez-le-feu avant d’engager un dialogue sérieux avec le gouvernement.

L’idée s’est renforcée, confie un membre de la délégation du M23, depuis l’implication personnelle du président américain Barack Obama dont le coup de fil à Paul Kagame constitue une victoire diplomatique pour Kabila et change la donne dans les Grands Lacs.

Le Président RD-congolais doit affronter le plus dur : la gestion du dialogue avec M23 et la suite à réserver à cette question du cessez-le-feu devenu, pour les rebelles, une question de vie ou de mort.

En attendant la reprise des travaux prévue pour le 4 janvier 2013, tous les observateurs en conviennent : Kigali et le M23 redoutent le déploiement de la Force internationale neutre, appelée à désarmer les forces négatives –dont les FDLR et le M23- et à sécuriser la frontière entre le Rwanda et la RD-Congo.

Le duo aux abois est capable des pires desseins. Sa tentative de reprendre les combats dans Goma sous prétexte d’une attaque imminente des FDLR s’accompagne de la malicieuse demande d’un cessez-le-feu qui comporte plusieurs risques pour le pouvoir de Kabila et la RD congo.

Les analystes ont lu la pression du M23 entre les lignes. Ils y ont décelé plus de 7 dangers qui sont aussi le raisons pour Kabila de rejeter la demande des rebelles.

Le premier : un accord de cessez-le-feu créerait des conditions de belligérance qui offrirait aux rebelles une certaine légitimité de négociation à tous les niveaux.

Le deuxième : tout cessez-le-feu signé avec le M23 consacrerait le principe de partition du pays dans ce sens que la rébellion réussirait à arracher un blanc-seing pour administrer le territoire de Rutshuru sous son contrôle, le conserver et étendre ses velléités expansionnistes.

Le troisième : un tel accord donnerait au Rwanda et à ses marionnettes l’autorisation d’exploiter officiellement des ressources naturelles de la RD-Congo dans les entités sous leur emprise et de conclure des contrats avec les multinationales citées comme principaux dealers de la guerre.

Le cessez-le-feu tant sollicité par les rebelles, entraînerait, en quatrième lieu, une très forte migration des populations dans les localités encore sous contrôle du gouvernement par crainte des visées hégémoniques exacerbées par la transplantation des populations rwandaises pour occuper les régions du Kivu.

Cinquième risque : l’exigence du M23 est autant dangereuse qu’elle anéantirait la constitution dès lors que les rebelles pourraient s’en servir pour imposer un processus du genre 1+4, sacrifiant ainsi tous les acquis démocratiques engrangés jusqu’à ce jour.

La sixième raison pour Kabila de refuser le cessez-le-feu est celle d’éviter la récupération du conflit par les autres groupes armés signataires de l’accord de 2009 au motif que chacun recherche une possibilité de discuter directement avec le gouvernement. Ça serait une gratification générale.

La septième raison est celle d’épargner des poursuites des chefs rebelles recherchés par la justice internationale.

Il y a aussi le rejet exprimé par les populations du Kivu contre le M23 du fait des exactions contre elles : à ce jour aucun ressortissant du Kivu ne supporte la moindre idée d’invasion de son territoire par les Rwandais.

Face â l’intransigeance des rebelles, Kinshasa a érigé des barbelés d’une grande rigidité.

Pas question de sortir du cadre du communiqué du sommet de la CIRGL du 24 novembre dernier à Kampala. Impossible d’aller au-delà de l’accord du 23 mars 2009 comme l’indique du reste l’appellation M23.

Pas non plus question de brader la souveraineté du pays ni de, permettre la violation de sa constitution.

Comme il est exclu de laisser les rebelles administrer Rutshuru. Le 4 janvier 2013 se profile à l’horizon un rendez-vous difficile pour les rebelles qui ont découvert que les délégués de Kinshasa à la première phase du dialogue n’ont pas été des enfants de chœur.

AKM
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