Décidée par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, puis appuyée par l’Union africaine et enfin, avalisée par les Nations unies, la Force internationale neutre à déployer dans la partie Est de la RDC pose problème quant à son contenu et à son mandat.
Placée sous les ordres d’un officier supérieur de la Tanzanie, dépendant directement du chef des opérations de la Monusco, cette force devrait opérer, de l’avis du secrétaire exécutif de la CIRGL, le Congolais Ntumba Luaba, sous forme d’une brigade spéciale d’intervention.
Des concepts qui ne font que raviver le doute sur son efficacité, créant la confusion bien avant son déploiement sur le terrain.
Les choses s’accélèrent au sein de la CIRGL dans la perspective du déploiement dans la partie Est de la RDC de la Force internationale neutre (FIN). Plus son déploiement se confirme comme la seule issue diplomatique possible pour maintenir une paix durable, plus également le mystère se creuse sur le contenu réel de cette force.
Cependant, une chose est sûre. C’est sous le commandement de la Tanzanie, agissant sous mandat de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo (Monusco) que sera placée cette force.
N’en déplaise au Rwanda qui s’est opposé à la présence des troupes onusiennes dans cette force.
Malgré son intransigeance, la voix de la communauté internationale a fini par triompher, sans pour autant vider toutes les questions qui pourraient compliquer l’effectivité de même que l’efficacité de cette force sur le terrain.
Présentée au départ comme une force neutre à déployer aux frontières orientales de la RDC, cette force s’est muée par la suite en une force d’interposition à déployer à l’intérieur des frontières de la RDC, plus précisément dans quatre territoires de la province du Nord-Kivu, pour travailler aux côtés des troupes de la Monusco. Avec pour objectifs la traque et la neutralisation de toutes les forces négatives disséminées dans l’Est de la RDC.
Force d’interposition dans le dernier format défini par la CIRGL, c’est finalement sous forme d’une « brigade spéciale d’intervention » que cette force pourrait opérer sur le terrain. L’information sur cette énième mue a été fournie par le secrétaire exécutif de la CIRGL, le Congolais Ntumba Luaba.
C’était hier mercredi, à l’occasion de la séance d’ouverture de l’Assemblée plénière du forum des Parlements de la CIRGL qui se tient à Kinshasa. Selon Ntumba Luaba, cette brigade spéciale d’intervention, dont le commandement sera confié à un général tanzanien, va opérer sous mandat de la Monusco.
Voilà qui relance la polémique sur l’initiative et alimente le doute quant à son efficacité. Même si elle pourra être composée de contingents en provenance des pays de la CIRGL et de la SADC.
Est-ce que cette brigade spéciale d’intervention parviendra à réussir là où la Monusco fait choux blancs durant une décennie ? Est-ce que cette brigade sera intégrée réellement dans la Monusco ou bien une ligne de démarcation sera tracée entre elle et les Casques bleus opérant depuis lors sous l’étiquette des Nations unies ? Autant de questions qui s’ajoutent désormais à la grande confusion qui entoure désormais cette force.
Sans toutefois s’intéresser aux préalables qui vont à l’avenir déterminer la portée réelle de cette force dans la situation de crise qui prévaut dans l’Est de la RDC, les chefs d’Etats-majors de la CIRGL et ceux de la SADC se préparent déjà pour l’intervention militaire en RDC.
Parallèlement aux pourparlers qui se tiennent à Kampala entre le gouvernement de la RDC et le M23, ces officiers militaires de la CIRGL se sont réunis le week-end dans la même capitale ougandaise dans le but d’accélérer le déploiement et l’opérationnalisation de la cette « FIN » dans l’Est de la RDC.
Il s’agit, pour la CIRGL, de former une force d’intervention de 4 000 hommes contre les forces négatives et les groupes armés opérant dans l’Est de la RDC, conformément à la décision prise par les chefs d’Etat de la région lors de leur premier Sommet sur la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, tenu à Addis-Abeba (Ethiopie) le 15 juillet 2012.
Dans la forme, cette force sera constituée essentiellement par les troupes provenant de la force en attente de la SADC telle qu’approuvée par les chefs d’Etat de la SADC qui s’étaient réunis à Dar es-Salaam en Tanzanie les 7 et 8 décembre 2012 pour discuter sur la situation sécuritaire en RDC.
Curieusement, cette réunion s’est tenue loin des regards de la Monusco. Alors que cette force est censée prendre la forme d’une brigade spéciale d’intervention localisée au sein de la Monusco avec un mandat renforcé.
Y a-t-il quelque chose qu’on voudrait cacher ? Sinon, qu’est-ce qui aurait pu justifier la mise à l’écart des délégués de la Monusco à la réunion de Dar es-Salaam?
Ces interrogations alimentent la chronique autour de cette force, entretiennent davantage la confusion autant sur son contenu que son mandat.
Interviewé début janvier sur radio Okapi, le général sénégalais Babacar Gaye, conseiller militaire du secrétaire général des Nations unies, avait esquissé le rôle de la Monusco dans cette FIN.
De retour d’Addis-Abeba où il a participé à la réunion des ministres et chefs d’États-majors des pays des Grands Lacs consacrée au déploiement de cette force, l’ancien chef des forces de la Monuc a indiqué que l’intégration de cette FIN au sein de la Monusco devait répondre à la question de son financement.
« Ce que les Nations unies apportent, annonçait-il, c’est une solution à trois problèmes. Tout d’abord, une solution au problème de financement de cette force puisqu’elle fera partie intégrante de la Monusco. Nous apportons également une solution aux problèmes récurrents des violences dans l’Est [de la RDC] ».
« Ce sera une brigade commandée par un général sous les ordres du commandant de la force des Nations unies en RDC », avait précisé Babacar Gaye, avant d’ajouter que cette brigade dispose d’un mandat spécial, devait avoir des « tâches spécifiques et non équivoques en vue de stabiliser durablement la région ».
Quant à la constitution de cette force internationale, le général Babacar Gaye avait tenté de s’expliquer, sans toutefois dissiper d’éventuels malentendus.
« Les organisations régionales avaient insisté sur l’indépendance, l’autonomie de la Force internationale neutre. Nous ne sommes plus dans ce schéma. Nous sommes dans le schéma où les Nations unies approcheront les pays de la sous-région pour leur faire l’offre de venir constituer une brigade au sein de la Monusco ».
Autant dire qu’on est loin du schéma initial d’Addis-Abeba. Dans sa forme actuelle telle qu’elle se dessine au fil des rencontres entre responsables militaires de la région, la FIN est en train de prendre un autre virage. Apparemment, la CIRGL et la SADC ne voient pas les choses de la même manière que la Monusco.
Voulue au départ comme une force totalement distincte de la Monusco, c’est finalement sous le label onusien qu’opérera dans la partie de la RDC la Force internationale neutre.
La confusion est bien présente. Ce qui présage d’un échec de ces opérations sur le terrain de l’Est.
Le Potentiel
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