Dans mon dernier article intitulé "Côte D’Ivoire ou le gangstérisme d’état", je vous donnais un aperçu de la situation sécuritaire de notre pays.
L’insécurité a atteint le seuil du tolérable avec son cortège d’assassinats, meurtres, viols collectifs, attaques à main armée, holdup, casses, traque, torture, arrestations arbitraires, règlements de compte etc.
Les ivoiriens ne savent plus quoi faire ou encore où se réfugier pour avoir la quiétude et la paix. Les autorités ivoiriennes ne font aussi rien pour améliorer la sécurité des personnes et des biens.
La Côte D’Ivoire est devenue en l’espace de deux ans, un véritable Far West, où les hommes armés font la loi et abusent à longueur de journée les droits constitutionnels des paisibles citoyens.
Tout ceci se passe avec l’approbation du gouvernement Ouattara. Pour eux, ils sont intouchables car gardés par trois armées (ONUCI, Licorne et FRCI).
La population est laissée à son triste sort. Les malheurs et la souffrance des populations n’émeuvent pas ce gouvernement, détaché de la réalité et sourd aux appels incessants des fils et filles du pays. Le pays avance, ont-ils l’habitude de dire. Mais dans quelle direction ? Une descente en enfer probablement.
Depuis le 17 mars 2011, dans les locaux de l’hôtel du Golf, les Forces républicaines de Côte D’Ivoire (FRCI) ont été créées par « ordonnance » de M. Ouattara. L’ordonnance portant création des FRCI s’est faite avant l’investiture du 6 mai 2011 à Yamoussoukro « reconnaissant M. Ouattara comme Président de la République de Côte D’Ivoire ».
Cette ordonnance est donc illégale et frappée de nullité. En d’autres termes, les FRCI n’ont aucun statut militaire et constitutionnel et selon notre constitution de juillet 2000, elles sont considérées comme des forces illégales, des bandes armées sans plus. Les forces légales sont et demeurent les FANCI ou FDS.
Aussi, les FRCI sont essentiellement composées de coxers, désœuvrés, voyous, paysans et quelques déserteurs de l’armée nationale. Elles n’ont aucune formation militaire, aucune notion de leur rôle régalien, aucune notion des droits de l’homme et aucune discipline militaire. On ne peut pas demander plus à cette bande armée, essentiellement analphabète et illettrée venue du nord.
Les FRCI occupent illégalement villes, villages et hameaux en y installant des bases ou camps militaires. Elles n’apportent aucun secours ou sécurité aux populations. Au contraire, elles harcèlent les populations, les humilient et les répriment à longueur de journée.
Elles sont devenues des forces d’occupation et de répression, sans plus. Elles opèrent comme si elles étaient toujours en guerre. En effet, elles sont en guerre contre les populations mais incapables de se protéger elles-mêmes, d’apporter un appui aux forces de la CEDEAO au Mali ou encore libérer le village ivoirien envahi par l’armée guinéenne. Elles sont incompétentes et aussi très nuisibles. Elles n’ont pas bonne presse auprès des populations.
Le CCDO est le nouvel instrument de répression. Sa mission est d’espionner les pro-Gbagbo, les traquer jusqu’à leur dernier retranchement, les arrêter, les torturer ou les éliminer purement et simplement.
Dans le souci d’apporter un caractère solennel et juridique à cette Gestapo, on lui attribue déjà des missions de sécurité pour Abidjan et ses environs. Le CCDO n’a aucune formation militaire ou connaissance des règles d’engagement armé.
Son effectif est essentiellement composé de militants RDR et d’anciens rebelles démobilisés sous le chapitre du DDR (Démobilisation, Désarmement, Réinsertion). Chose curieuse, après sa création la semaine dernière, des attaques non des moindres ont eu lieu.
Le DG de l’école de Police, l’épouse du DG de Sicta et les bureaux de M. Soro Guillaume ont été l’objet d’attaques. Qui sont donc les responsables de ces attaques ?
Pour l’instant on n’en sait rien. Cependant, je ne serai pas surpris si ces attaques étaient attribuées à une milice pro-Gbagbo ou encore pour pousser le ridicule à son comble, des Djihadistes maliens.
La Police et la Gendarmerie sont toutes désarmées et assignées à des tâches ménagères c’est-à-dire l’administration et le contrôle routier. Cependant, des non ayant droit comme les coxers, chauffeurs de transport en commun ou urbain, des gnambro, des militants RDR se pavanent avec des armes de guerre.
Il y a même un trafic d’armes opérant à Abidjan. L’on peut louer une arme pour régler ses besoins du moment. Les postes de Police sont des nids d’analphabètes et illettrés FRCI, qui jouent les rôles de commissaires et officiers de Police. Ils ne se gênent même pas pour donner des ordres à ces officiers sous la menace de leurs armes.
Les commerces, PME/PMI et les ports d’Abidjan et San Pedro sont sous la « protection » des ex com Zone. Tous ces propriétaires et hommes d’affaires doivent payer une certaine somme afin d’éviter les attaques, holdup et casses. Le racket est devenu la nouvelle mission « régalienne » des FRCI.
Les hommes politiques ne sont pas si différents des FRCI. Eux-aussi utilisent leur position au sein de l’appareil de l’état pour exercer des pressions ou humilier les populations.
Le plus célèbre de ces hommes politiques, est le sieur Amadou Soumahoro, Secrétaire Général par intérim du RDR et Conseiller Politique du Chef d’Etat M. Ouattara. Cet homme mène la vie dure à tous ceux qui s’opposent à son mentor ou à sa politique. Il n’hésite pas à faire bastonner des journalistes comme ce fut le cas le 20 mars 2013 au siège du RDR.
M. Guillaume Gbatto, Secrétaire Général de SYNAPPCI : « Amadou Soumahoro a fait bastonner deux de nos confrères, en l’occurrence Beh Armand Depeyla (Soir Info) et Eugene N’Da (La Nouvelle), au siège du RDR. Avec lui, de nombreuses autorités étatiques telles les ministres Gnénéma (Droits de l’Homme), Paul Kofi Koffi (Défense) et Alain Lobognon. ».
Le sieur Soumahoro dit Cimetière avait juré de désinfecter l’ouest en juin 2012 et en juillet est survenu le massacre des Wê à Nahibly. L’on se demande qui de MM. Ouattara, Guillaume Soro, Hamed Bakayoko et Amadou Soumahoro dirige véritablement le pays.
Il y a une véritable cacophonie étatique, un véritable désordre étatique à l’image du gouvernement actuel. Tout ceci (Désordre étatique) après des milliers de morts pour une crise post-électorale et avant cela, une campagne de diabolisation du président Gbagbo et son gouvernement taxés de « xénophobes et criminels ».
Les ivoiriens méritent mieux que ce gouvernement liberticide et criminel. Notre pays est devenu en l’espace de deux ans, un Afghanistan africain. La criminalité est la plus élevée comparée à celle des Etats Unis D’Amérique, avec des centaines de morts par balles ou armes blanches par mois.
Vraiment un tableau très sombre pour un Chef d’état, qui nous avait promis « vivre ensemble ». Pour l’instant, nous survivons ensemble et cela pendant combien de temps ? Seul notre créateur a la réponse.
Pour finir, ce gouvernement a étalé toutes ses lacunes et tares sinon incompétences à sécuriser les populations et leurs biens. Il ne protège pas les ivoiriens mais leur apporte une nouvelle forme de servitude, cette fois avec nos propres frères et sœurs.
Il est grand temps que ce gouvernement parte et laisse la place à un gouvernement de transition afin d’organiser des vraies élections justes, transparentes et ouvertes à tous. Ce gouvernement peut ne pas écouter son peuple mais il doit se souvenir que seul le peuple est souverain. Le peuple n’a pas encore dit son dernier mot. A bon entendeur, salut !
Nick De Bessou,
Juriste, Président du Forum pour la Démocratie et la Résolution des Crises (FDRC).
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