"Joseph Kabila" en compagnie notamment de ses "homologues" rwandais et ougandais. Photo Reuters
Dans le petit Larousse, le mot «duplicité» est défini comme étant le «caractère de quelqu’un qui ne se montre pas tel qu’il est, qui présente intentionnellement une apparence différente de ce qu’il est réellement». L’hypocrisie et la fausseté en sont les synonymes.
En écoutant les débats organisés sur la crise au Nord Kivu par radio Okapi - dans le cadre de son émission «Dialogue entre Congolais», on est frappé par l’hypocrisie qui se dégage de la majorité des interventions.
L’absence, au sommet de l’Etat, d’un leadership capable de montrer le chemin, d’informer et de rassurer la population est soigneusement éludée. Il en est de même de l’absence de volonté politique déterminante de la part de «Joseph Kabila» à doter le Congo-Kinshasa d’une armée moderne et dissuasive.
Les intervenants rivalisent «courageusement» en se jetant à pieds joints sur les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais et ougandais.
Commentant - lors de l’émission du 19 avril dernier - les propos de la ministre rwandaise des Affaires étrangères selon lesquels «la solution militaire ne résoudra pas les problèmes dans l’Est de la RDC», un intervenant a souhaité la poursuite jusqu’au bout des discussions qui ont lieu actuellement à Kampala entre le gouvernement central et les rebelles du M23.
Un autre d’enchaîner que l’intégration des cadres civils et militaires du M23 dans les institutions congolaises équivaudrait à infiltrer les forces de sécurité.
«L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue», disait Nietzsche. Le Congo-Kinshasa affiche depuis deux décennies la mine d’un pays qui a peur. La peur de l’avenir.
Ce pays a besoin d’une sorte d’exorcisme pour retrouver ses atouts. Un exorcisme qui doit passer nécessairement par une relecture sans hypocrisie ni fausseté de son Histoire immédiate.
Il s’agit de trouver la réponse à une question fondamentale : Comment en est-on arrivé là ?
Lors de l’«élection» présidentielle de 1984 dont le thème était «Le septennat du social», les observateurs tant nationaux qu’étrangers avaient noté le mur de la défiance qui s’était érigé entre les citoyens et leurs gouvernants.
Des gouvernants obnubilés par leur arrogante opulence pendant que tout autour d’eux s’étendait un océan d’indigence.
Pour tromper le temps, la population zaïroise d’alors s’est lancée dans l’autodérision. Ainsi l’acronyme «Mopap» (Mobilisation, propagande et animation politique) devenait «Mobutu, peuple alembi piodi ». Traduction : le peuple en a assez du poisson chinchard.
Le comédien Mangombo, lui, parlait de «plat Mobutu» en lieu et place du «Plan Mobutu» introduit auprès des institutions de Bretton Wood. Ces "blagues" faisaient rire les cadres du MPR. Erreur.
Plébiscité en décembre 1984, Mobutu Sese Seko mettra quatre années pour comprendre que «tout doit changer!». Lorsque le chef d’Etat zaïrois décide (enfin) de se mettre à l’écoute des véritables attentes de la population par l’organisation des consultations nationales, c’était trop tard.
Ce qui devait être un dialogue constructif s’est mué en une remise en question du système. Les frustrations et les injustices accumulées ont fait sauter le couvercle.
Après le discours présidentiel du 24 avril 1990 annonçant le retour au pluralisme politique et la réplique, dès le lendemain, d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba - demandant à Mobutu Sese Seko de démissionner parce qu’il ne jouissait plus de légitimité du fait que le président du Mouvement populaire de la Révolution, l’ex-parti Etat, n’était plus de droit président de la République -, le Zaïre ressemblait à un train fou.
L’allocution présidentielle du 3 mai, de la même année, dite de «rectification» suivie au mois de mai par l’affaire dite du «massacre des étudiants de l’université de Lubumbashi» donnera au pays le coup de grâce.
Le pouvoir était dans la rue.
De mai 1990 à avril 1997, pas moins de dix Premier ministres vont se succéder à la tête du gouvernement. Durant sept années, le pays sera balloté entre d’une part les interférences de la «communauté internationale» incarnée par «la Troïka Belgique, Etats-Unis, France» et de l’autre l’appétit des politicailleurs pour le partage des postes.
"Personne n’a gagné les élections", entendait-on dire. La Conférence nationale souveraine (CNS), forum de tous les espoirs du renouveau, s’est transformée en un grand cirque où les applaudissements stupides étaient suivis par des clameurs de la même veine.
En octobre 1996, une «rébellion zaïroise» montée de toutes pièces par les dirigeants rwandais et ougandais - assistés par certaines nations occidentales -, surprend tout ce beau monde. C’est la naissance de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre).
Au lieu de faire preuve de cohérence avec eux-mêmes en réaffirmant l’option démocratique levée à la CNS et en résistant à toute tentative de prise du pouvoir par la force par «tout individu ou groupe d’individu» (voir article 7 du projet de Constitution élaboré en novembre 1992 par la CNS), certains «conférenciers», promus conseillers de la République, se sont empressés d’aller au secours de la victoire de l’AFDL, une organisation politico-militaire «dirigée» par un fils du pays : Laurent-Désiré Kabila. Du moins, on le croyait.
La vérité est déjà connue. Elle est plus cruelle. Lorsque LD Kabila rejoint l’AFDL, il n’était plus qu’un général sans troupes. C’est le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni qui l’a placé à la tête de l’AFDL avec l’accord du Rwandais Paul Kagamé.
L’homme fort de Kigali aura «l’honnêteté» de dire ces mots : « Notre objectif était double : en finir avec la menace immédiate des génocidaires et réaliser une sorte d’investissement à long terme en favorisant l’installation à Kinshasa d’un pouvoir qui ne porte pas atteinte à la sécurité du Rwanda. (…). » (Voir J.A n°2179 du 14-24.10.2002).
Bien qu’il ait tenté de s’affranchir de la tutelle de ses ex-mentors rwandais et ougandais, LD Kabila tirait sa «légitimité» de ceux qui l’avaient fait roi. Sorti du même moule de l’AFDL, le très mystérieux et taiseux «Joseph Kabila» n’échappe pas à cette règle.
Il est temps pour les Congolais, petits ou grands, de rompre avec la duplicité ambiante. Une duplicité qui consiste à sataniser les rebelles du M23 et les potentats rwandais et ougandais tout en épargnant «Joseph Kabila».
Un «Joseph Kabila» qui a, pourtant, foulé le sol congolais dans les bagages du «commandant James» qui n’est autre que l’actuel ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe.
Toute embellie sécuritaire à l’Est du Congo-Kinshasa ou ailleurs sera illusoire aussi longtemps que les politiciens tapis au sein de la fameuse «Majorité présidentielle» autant que dans l’association Buluba-I-Bukata vont se complaire dans la duplicité en claironnant un pseudo-nationalisme alors que l’homme qui leur sert d’"autorité morale" ou chef de file est, en réalité, une marionnette installée au pouvoir par les dirigeants rwandais et ougandais.
L’homme consacre son énergie à la préservation de la sécurité nationale des pays de ses mentors. Rien pour le Congo-Kinshasa. C’est ça l’épicentre du mal dont souffre le Congo-Kinshasa. Le M23 et autres Maï Maï Ba Kata "machin" ou "truc" ne sont que des effets...
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
Dans le petit Larousse, le mot «duplicité» est défini comme étant le «caractère de quelqu’un qui ne se montre pas tel qu’il est, qui présente intentionnellement une apparence différente de ce qu’il est réellement». L’hypocrisie et la fausseté en sont les synonymes.
En écoutant les débats organisés sur la crise au Nord Kivu par radio Okapi - dans le cadre de son émission «Dialogue entre Congolais», on est frappé par l’hypocrisie qui se dégage de la majorité des interventions.
L’absence, au sommet de l’Etat, d’un leadership capable de montrer le chemin, d’informer et de rassurer la population est soigneusement éludée. Il en est de même de l’absence de volonté politique déterminante de la part de «Joseph Kabila» à doter le Congo-Kinshasa d’une armée moderne et dissuasive.
Les intervenants rivalisent «courageusement» en se jetant à pieds joints sur les rebelles du M23 et leurs soutiens rwandais et ougandais.
Commentant - lors de l’émission du 19 avril dernier - les propos de la ministre rwandaise des Affaires étrangères selon lesquels «la solution militaire ne résoudra pas les problèmes dans l’Est de la RDC», un intervenant a souhaité la poursuite jusqu’au bout des discussions qui ont lieu actuellement à Kampala entre le gouvernement central et les rebelles du M23.
Un autre d’enchaîner que l’intégration des cadres civils et militaires du M23 dans les institutions congolaises équivaudrait à infiltrer les forces de sécurité.
«L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue», disait Nietzsche. Le Congo-Kinshasa affiche depuis deux décennies la mine d’un pays qui a peur. La peur de l’avenir.
Ce pays a besoin d’une sorte d’exorcisme pour retrouver ses atouts. Un exorcisme qui doit passer nécessairement par une relecture sans hypocrisie ni fausseté de son Histoire immédiate.
Il s’agit de trouver la réponse à une question fondamentale : Comment en est-on arrivé là ?
Lors de l’«élection» présidentielle de 1984 dont le thème était «Le septennat du social», les observateurs tant nationaux qu’étrangers avaient noté le mur de la défiance qui s’était érigé entre les citoyens et leurs gouvernants.
Des gouvernants obnubilés par leur arrogante opulence pendant que tout autour d’eux s’étendait un océan d’indigence.
Pour tromper le temps, la population zaïroise d’alors s’est lancée dans l’autodérision. Ainsi l’acronyme «Mopap» (Mobilisation, propagande et animation politique) devenait «Mobutu, peuple alembi piodi ». Traduction : le peuple en a assez du poisson chinchard.
Le comédien Mangombo, lui, parlait de «plat Mobutu» en lieu et place du «Plan Mobutu» introduit auprès des institutions de Bretton Wood. Ces "blagues" faisaient rire les cadres du MPR. Erreur.
Plébiscité en décembre 1984, Mobutu Sese Seko mettra quatre années pour comprendre que «tout doit changer!». Lorsque le chef d’Etat zaïrois décide (enfin) de se mettre à l’écoute des véritables attentes de la population par l’organisation des consultations nationales, c’était trop tard.
Ce qui devait être un dialogue constructif s’est mué en une remise en question du système. Les frustrations et les injustices accumulées ont fait sauter le couvercle.
Après le discours présidentiel du 24 avril 1990 annonçant le retour au pluralisme politique et la réplique, dès le lendemain, d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba - demandant à Mobutu Sese Seko de démissionner parce qu’il ne jouissait plus de légitimité du fait que le président du Mouvement populaire de la Révolution, l’ex-parti Etat, n’était plus de droit président de la République -, le Zaïre ressemblait à un train fou.
L’allocution présidentielle du 3 mai, de la même année, dite de «rectification» suivie au mois de mai par l’affaire dite du «massacre des étudiants de l’université de Lubumbashi» donnera au pays le coup de grâce.
Le pouvoir était dans la rue.
De mai 1990 à avril 1997, pas moins de dix Premier ministres vont se succéder à la tête du gouvernement. Durant sept années, le pays sera balloté entre d’une part les interférences de la «communauté internationale» incarnée par «la Troïka Belgique, Etats-Unis, France» et de l’autre l’appétit des politicailleurs pour le partage des postes.
"Personne n’a gagné les élections", entendait-on dire. La Conférence nationale souveraine (CNS), forum de tous les espoirs du renouveau, s’est transformée en un grand cirque où les applaudissements stupides étaient suivis par des clameurs de la même veine.
En octobre 1996, une «rébellion zaïroise» montée de toutes pièces par les dirigeants rwandais et ougandais - assistés par certaines nations occidentales -, surprend tout ce beau monde. C’est la naissance de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre).
Au lieu de faire preuve de cohérence avec eux-mêmes en réaffirmant l’option démocratique levée à la CNS et en résistant à toute tentative de prise du pouvoir par la force par «tout individu ou groupe d’individu» (voir article 7 du projet de Constitution élaboré en novembre 1992 par la CNS), certains «conférenciers», promus conseillers de la République, se sont empressés d’aller au secours de la victoire de l’AFDL, une organisation politico-militaire «dirigée» par un fils du pays : Laurent-Désiré Kabila. Du moins, on le croyait.
La vérité est déjà connue. Elle est plus cruelle. Lorsque LD Kabila rejoint l’AFDL, il n’était plus qu’un général sans troupes. C’est le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni qui l’a placé à la tête de l’AFDL avec l’accord du Rwandais Paul Kagamé.
L’homme fort de Kigali aura «l’honnêteté» de dire ces mots : « Notre objectif était double : en finir avec la menace immédiate des génocidaires et réaliser une sorte d’investissement à long terme en favorisant l’installation à Kinshasa d’un pouvoir qui ne porte pas atteinte à la sécurité du Rwanda. (…). » (Voir J.A n°2179 du 14-24.10.2002).
Bien qu’il ait tenté de s’affranchir de la tutelle de ses ex-mentors rwandais et ougandais, LD Kabila tirait sa «légitimité» de ceux qui l’avaient fait roi. Sorti du même moule de l’AFDL, le très mystérieux et taiseux «Joseph Kabila» n’échappe pas à cette règle.
Il est temps pour les Congolais, petits ou grands, de rompre avec la duplicité ambiante. Une duplicité qui consiste à sataniser les rebelles du M23 et les potentats rwandais et ougandais tout en épargnant «Joseph Kabila».
Un «Joseph Kabila» qui a, pourtant, foulé le sol congolais dans les bagages du «commandant James» qui n’est autre que l’actuel ministre rwandais de la Défense, le général James Kabarebe.
Toute embellie sécuritaire à l’Est du Congo-Kinshasa ou ailleurs sera illusoire aussi longtemps que les politiciens tapis au sein de la fameuse «Majorité présidentielle» autant que dans l’association Buluba-I-Bukata vont se complaire dans la duplicité en claironnant un pseudo-nationalisme alors que l’homme qui leur sert d’"autorité morale" ou chef de file est, en réalité, une marionnette installée au pouvoir par les dirigeants rwandais et ougandais.
L’homme consacre son énergie à la préservation de la sécurité nationale des pays de ses mentors. Rien pour le Congo-Kinshasa. C’est ça l’épicentre du mal dont souffre le Congo-Kinshasa. Le M23 et autres Maï Maï Ba Kata "machin" ou "truc" ne sont que des effets...
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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