Les événements se précipitent. La guerre des phalanges du M23 qui a conduit à la capitulation de Bosco Ntaganda et son transfèrement sans coup férir à La Haye. Jeudi dernier à l’Onu à New York, il y a eu un tournant décisif dans la guerre du M23 au Nord-Kivu.
Il s’agit de la création de la Brigade spéciale d’intervention de la Monusco forte de 3000 hommes, 4 bataillons d’infanterie basés à Goma, avec l’unique mandat de traquer les forces négatives qui écument le Nord-Kivu en tenant les populations civiles sous leur coupe réglée.
Ce n’est pas de la théorie car le Conseil de sécurité a fixé le délai d’entrée en action de cette nouvelle force dans les 30 jours à compter de la date de sa création sur papier qui est le jeudi 28 mars dernier. D’ici fin avril, la Brigade sera opérationnelle et passera déjà à l’offensive, ce qui est sa raison d’être.
Premier dans son viseur: le M23 de Sultani Makenga qui a mis en déroute l’aile de Ntaganda et Jean-Marie Runiga et qui se préparait à regagner Kampala pour les mêmes discussions avec le Gouvernement.
Il n’en est pas question dès lors que ce sont les exactions commises par le M23 dans la population des parties occupées et des crimes qu’ils y ont perpétrés qui ont poussé le Conseil de sécurité à avaliser l’usage de la force pour imposer la paix dans les Kivu et même dans tout l’Est de la RDC d’une manière générale.
Là dessus il n’y a pas de doute possible que la première offensive de la Brigade spéciale serait contre les lignes du M23 à Rutshuru, à près de 40 Km de Goma, sa base-arrière avant d’aller plus loin à Bunangana, à la frontière de l’Ouganda.
Le M23 sera donc déchiqueté. Ou plus explicitement le mouvement de Sultani Makenga sera mis en déroute. Au fait il n’a aucune ressource pour résister, ni sur le plan humain ni de la logistique. Conséquence: le M23 est en liquidation. Et pour cause. Il n’a qu’une seule possibilité qui est de déposer les armes.
Le contexte international actuel ne permet pas à son parrain principal le Rwanda qui a toujours fait la guerre à sa place d’intervenir militairement pour modifier le cours des événements en sa faveur.
Le Rwanda, qui est l’un des signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et qui s’est engagé à ne pas s’immiscer dans les affaires de la RDC, sait qu’il est surveillé à la loupe par le Conseil de sécurité par l’entremise de Mary Robinson, Envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu chargée du suivi de l’Accord.
Paul Kagame, qui continue à nier jusqu’à ce jour ce qui est évident c’est-à-dire son soutien au M23, ne prendra jamais le risque d’envoyer ses bidasses à la rescousse des rebelles congolais non face aux Fardc comme d’habitude mais contre la Brigade spéciale qui n’a rien avoir avec la passivité habituelle des Casques bleus de l’Onu au Nord-Kivu.
Kigali ne se permettra jamais une telle confrontation armée sur le territoire congolais au risque d’être démasqué et mis au banc des accusés de la Communauté internationale.
Pour cette raison, s’il y a une guerre à mener contre la Brigade spéciale de la Monusco, le M23 sera seul, sans l’appui habituel du Rwanda, sans Ntaganda et ses hommes qui étaient les premiers à commencer le mouvement. La liquidation du M23 est donc confirmée.
Autre motif du désengagement du Rwanda par rapport au M23 est que le pays de Paul Kagame est membre du Conseil de sécurité de l’ONU dont il assume la présidence tournante à partir de ce lundi 2 avril.
Cette position a des exigences dont la principale est que le président du Conseil de sécurité, donc le Rwanda fera tout pour ne pas être ridiculement pris la main dans le sac au soutien au M23 contre la Brigade spéciale. Cette position l’oblige à poser des actes les plus catholiques possibles, c’est-à-dire en conformité avec la réglementation infranationale. Exit le M23.
Le Gouvernement doit tirer profit de cette nouvelle donne militaire dans les Grands Lacs avec la création de la Brigade spéciale qui est en sa faveur par rapport à la recherche de la paix au Nord-Kivu.
Kinshasa doit, par conséquent, mettre définitivement une croix sur Kampala et passer désormais à la réalisation de ses propres engagements pris dans l’Accord-cadre qui sont, entre autres, la réforme de l’Etat qui lui permettra d’assurer son autorité sur la partie orientale où l’Onu lui reproche fermement la faiblesse de l’Etat.
Ce faisant, Kinshasa ne va pas prêter le flanc à ceux qui l’ont toujours agressé par procuration à savoir le Rwanda et l’Ouganda qui n’ont de cesse de déclarer en coulisses dans les méandres de l’Onu à New York que l’Etat à l’Est de la RDC est une fiction.
MESSAGE AUX VIOLEURS DE L’ITURI
Selon des sources du Conseil de sécurité de l’Onu, le mandat de la Brigade spéciale ne concerne pas seulement le Nord-Kivu. Mais il s’agit de la pacification de tout l’Est de la RDC y compris l’Ituri en Province Orientale.
Où l’Onu vient de publier un rapport accablant sur les viols systématiques commis par tous les groupes armés de cette partie du pays. La femme y vit l’enfer sur terre. La force sera donc utilisée contre ces seigneurs de guerre de l’Ituri qui se croient intouchables. Aucune force n’étant en mesure de les décapiter comme l’avait fait l’opération française du non de code de « Artémis » en 2003.
Cependant, 3.000 hommes seulement pour venir à bout du M23 au Nord-Kivu, des FDLR au Nord tout comme au Sud-Kivu, des Maï-Maï qui pullulent dans toutes les provinces de l’Est et des milliers de miliciens qui opèrent en Ituri, c’est trop peu. Le champ de la mission est très vaste. Même si la Brigade s’appuiera sur les 17.000 Casques bleus déjà présents en RDC.
Or c’est seulement la Brigade de 3.000 hommes qui a un mandat offensif et non les autres unités de la Monusco qui restent bien sous le mandat actuel de maintien de la paix. Beaucoup de pays, qui composent l’ossature de la Monusco sous l’ancien mandat, n’ont rien voulu entendre de la modification de ce mandat pour les unités composées par leurs ressortissants.
Raison pour laquelle les pays contributeurs de la Brigade spéciale ne se bousculent pas au portillon. Chacun veut préserver ses soldats des opérations offensives dont on ne peut connaître à l’avance l’issue. Au Conseil de sécurité de l’ONU de voir comment contourner cette difficulté des pays contributeurs pour constituer plusieurs bataillons à même de couvrir tout l’Est de la RDC.
KANDOLO M.
Direct!cd
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