Ils ont servi dans la Force publique en 14-18 et en 40-45. Vaillants "soldats indigènes" embarqués dans une guerre qui n'était pas la leur. Spoliés sous Mobutu (150,5 millions de FB) et laissés-pour-compte de notre histoire coloniale. Une enquête de Bruxelles à Kinshasa.
Les soldats congolais de la Force publique (1885-1960)
Ils nous ont abandonné comme des chiens », dénonce Martin Kapuya, 96 ans, ex-vétéran du Moyen-Orient. Comme ses ultimes « frères d’armes » toujours en vie en RDC, il a combattu le nazisme et le fascisme aux côtés des Alliés.
Des campagnes héroïques menées aux quatre coins du monde (Abyssinie, Birmanie, Cameroun...) pour que « flotte le drapeau de la victoire ». Entre interminables traversées, épidémies, blessures et milliers de morts par balles.
Et pourtant, ces « ex-sujets belges », enrôlés de force dans l’armée coloniale, sont les victimes expiatoires d’un interminable contentieux belgo-congolais qui dure depuis plus de 60 ans. Entre spoliations, corruption et coopération humanitaire bancale.
Avec à la clé, un détournement avéré de leurs primes de guerre (150,5 millions de FB à l’époque) perpétré sous la présidence de Mobutu Sese Seko.
Ce même « Roi du Zaïre » qui, en son temps, prétendait défendre ses « anciens serviteurs » et avait choisi comme devise pour son parti, le MPR, « le devoir d’un soldat est de servir, pas de se servir »….
Par la suite, les malversations se sont poursuivies (parcelles spoliées, comptes de l’association des anciens détournés, aide humanitaire non acheminée …). Au grand désespoir de ces vétérans et de leurs familles plongés pour la plupart dans une grande misère.
Avec, comme ultime gifle , un projet d’appui médical et technique initié dès 2005 sous le ministre Flahaut (PS, Défense) et que la Belgique a tout simplement abandonné depuis 2011.
« Personne ne se souvient de nous », enchaîne l’un. « Tant de souffrances et de sang perdu », soupire l’autre. A la Maison du Combattant, dans le quartier populaire de Gambela, à Kinshasa, le cri de désespoir de ces grands oubliés de l’histoire sonne sur les murs décrépis de « Kin-la-belle », entre chaos social, mal gouvernance et survie au quotidien.
L’intégralité de notre enquête dans « Le Soir » de ce mercredi.
LeSoir.be
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