Le mouvement rebelle connu sous le nom de M23 fait encore parler de lui. Et en quels termes !
Franchement, on croyait désormais ne plus parler du M23 qu’au passé. C’est vrai que ce mouvement a beaucoup dérangé le pays dans sa marche. C’est vrai qu’il a efficacement contribué au pillage des ressources naturelles de la RDC.
C’est vrai que son action a brisé les précieuses vies des millions d’innocents Congolais, s’il faut considérer ce mouvement depuis ses origines remontant au CNDP. C’est vrai que de millions d’autres Congolais, bien qu’étant encore en vie, ont vu leur avenir hypothéqué pour avoir perdu tout soutien.
C’est vrai que des centaines des Congolaises, tous âges confondus, victimes de viol, resteront elles également traumatisées à jamais pour avoir été touchées dans ce qu’elles avaient de plus intimes. La plupart d’entre elles en ont hérité, sciemment du Vih/sida.
C’est vrai que plusieurs centaines de parents sont restés traumatisés à vie pour avoir été brutalement séparés de leurs enfants à bas-âge par le fait de la guerre, au moment où tous s’enfuyaient devant l’avancée du M23.
C’est vrai que les regards des Congolais étaient tournés vers Kampala où le gouvernement s’entretenait entre-temps avec les dirigeants du M23. Il n’y parvenait pas de grands signaux d’espoir, mais il fallait bien marcher sur les œufs pour tirer le pays du pétrin.
Mais avec la prise en charge de cette ténébreuse situation par la communauté internationale à travers la création de la brigade d’intervention qui doit incessamment être déployée sur le terrain, le M23, et avec lui tous les autres groupes rebelles, devraient ranger leur orgueil au placard et adopter un profil bas.
Mais au lieu de cela, qu’entend-t-on ?
Le M23 gagne plutôt en outrecuidance à travers des déclarations belliqueuses du genre » avec cette brigade, c’est la fin de la guerre. Ou Kabila gagne, ou le M23 gagne » ou encore » tout le monde chante cette brigade. On dirait que c’est le retour de Jésus « .
D’abord, le M23 ne mène pas une guerre contre le Président Kabila, mais bien contre tout le peuple congolais. Ensuite, les données en présence ont tellement changé que le M23 est aujourd’hui, politiquement et militairement, en position de faiblesse.
Politiquement, il a clairement été désigné comme une force négative.
Militairement, il ne saura pas, malgré ses élucubrations (menaces à l’endroit des pays fournisseurs des troupes), tenir tête à cette brigade. Il est donc mal placé pour exiger ou imposer quoi que ce soit.
Ce que ce mouvement considère comme exigences n’est qu’une façon de narguer la République et de défier l’ONU. Or on ne défie pas un plus fort que soi, à moins d’être insensé.
Lorsqu’on a fauté, on doit s’humilier et non se bomber le torse. On doit baisser le regard et non regarder avec ostentation son interlocuteur droit dans les yeux.
Le M23 exige au gouvernement congolais d’hériter du passif né de ce conflit. Si le gouvernement sait ce qu’il doit faire dans le sens du respect du sacrosaint principe de la continuité de l’Etat, cette organisation rebelle est très mal placée pour formuler une telle exigence.
En le faisant, elle heurte les bonnes consciences. Car le gouvernement avait de loin mieux à faire que de panser des plaies que des inconscients, assoiffés de pouvoir, perturbateurs impénitents de l’ordre établi, s’amusent à lui creuser, en y retournant cyniquement le couteau.
Racisme ? Est-ce qu’on peut parler de racisme dans ce pays ?
Que visent-ils en réalité ?
La protection d’un ou de certains groupes ethniques non-congolais ?
Nous poussent-ils ainsi à suivre leur regard ? Font-ils allusion à la récente déclaration de la Ministre rwandaise des Affaires Etrangères qui, réagissant à l’envoi de la fameuse brigade d’intervention, » ne pense pas qu’une action militaire soit la solution aux problèmes dans l’Est de la RDC » ?
Enfin, en demandant au gouvernement » de décréter la partie Est de la RDC (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Haut-Uele, Maniema et Tanganyika) comme étant une » Zone Sinistrée « , le M23 n’aurait pas mieux trouvé pour avouer le véritable mobile l’ayant poussé à se lever contre le pouvoir établi à Kinshasa. Voici l’occasion pour ceux qui se voulaient encore sceptiques d’en avoir le cœur net.
Protection contre le racisme, création d’une zone sinistrée, le tableau est complet, et l’objectif vers lequel se dirige le regard du M23 est enfin dévoilé, aisément visible, même pour des binoclards.
Les gars du M23 sont des fils égarés. Ils ne doivent qu’humblement revenir au bercail -en rentrant dans les rails et en se soumettant aux lois qui régissent le pays- et attendre résolument que le gouvernement décide de ce qu’il veut bien faire d’eux dans un réfléchi processus de réinsertion.
Jean-Claude Ntuala
Direct!cd
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