mardi 30 avril 2013

Vie des partis : Étienne Tshisekedi-Vital Kamerhe, le désamour

Mardi, 30 Avril 2013


Étienne Tshisekedi


Vital Kamerhe

Le dernier mémorandum du président de l'Union pour la nation (UNC) adressé au président sud-africain, Jacob Zuma, en serait l'une des causes.

Entre Vital Kamerhe et Étienne Tshisekedi, deux leaders politiques de l'opposition congolaise, ce n'est plus le parfait amour. Les deux personnalités, qui, hier encore, étaient proches lorsqu'il é tait question de concocter des stratégies préélectorales en vue d'ériger un front commun de l'opposition face à la majorité incarnée par Joseph Kabila, semblent être aujourd'hui éloignées l'une de l'autre à cause des contradictions qui caractérisent leur approche actuelle de résolution de la crise politique récurrente en RDC.

Pendant qu'Étienne Tshisekedi continue de faire une fixation sur son fauteuil présidentiel estimant avoir été usurpé au terme des scrutins de novembre 2011, Vital Kamerhe, lui, paraît avoir évolué dans sa réflexion. Le leader de l'union pour la nation (UNC), qui, il y a peu, semblait faire de l'impérium du « lider maximo » une question essentielle en s'impliquant activement pour le rétablissement de la vérité des urnes, aura mis un bémol à ce qui paraît, à ses yeux, comme excessif.

Le nouveau crédo de Vital Kamerhe consiste à faire comprendre au vieil opposant l'inutilité de son combat pour la vérité des urnes eu égard à la réalité politique du moment qui voit Joseph Kabila trôner à la tête du pays.

L'on peut ne pas l'aimer, l'évidence est que c'est lui le président de fait jouissant de l'effectivité du pouvoir. Telle est d'ailleurs la quintessence du mémo que le leader de l'UNC a envoyé récemment au président sud-africain, Jacob Zuma, de sorte que ce dernier s'implique dans la résolution de l'imbroglio congolais.

L'on retiendra de ce document choc la proposition d'une nouvelle architecture institutionnelle 1+1+1, c'est-à-dire un président de la République, un vice-président chargé de la bonne gouvernance, des droits de l'Homme et des actions humanitaires et un Premier ministre.

Dans l'entendement du président de l'UNC qui se verrait bien dans la peau du Premier ministre, la justesse recommande à ce que Joseph Kabila soit maintenu en poste jusqu'à la fin de son mandat et qu'Étienne Tshisekedi renonce à son combat politique pour s'impliquer dans ce nouveau schéma en qualité de vice-président.

À l'UDPS, ces propositions ont fait l'effet d'une bombe et démontré à suffisance que celui qu'on croyait être un proche n'était en réalité qu'un roublard. En fait, les proches d'Étienne Tshisekedi ont fini par le convaincre de la supercherie de l'ex-speaker de la chambre basse soupçonné d'entretenir des accointances avec son ancienne famille politique.

Son obsession pour la primature au mépris de la Constitution qui astreint le chef de l'État à puiser dans sa majorité pour nommer un Premier ministre trahirait, d'après les Tshisekedistes, une nostalgie dont il est difficile de se départir.

Dans les milieux de l'UDPS, la personne de Vital Kamerhe n'est pas vraiment appréciée. L'intéressé, pense-t-on, chercherait sournoisement à supplanter politiquement Étienne Tshisekedi en prévision des prochaines joutes électorales où il attend jouer sa carte à fond.

C'est non sans raison que l'opposant irréductible à Joseph Kabila a refusé de le recevoir à son domicile de Limete le 24 avril. Un geste fort de symbolique qui atteste, si besoin en était encore, du malaise qui existe entre les deux personnalités que rien ne semble plus rapprocher.

Une situation qui ne fait que le lit d'une défaite électorale programmée de l'opposition en 2016 face à une majorité toujours unie et organisée. Qui dit mieux ?

Alain Diasso

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