9. mai 2013
En 1990 le Front Patriotique Rwandais (FPR), une organisation politico-militaire, lançait une offensive contre le gouvernement rwandais, dirigé à l’époque par le Général Habyarimana.
massacres de Kibeho
En 1991, une nouvelle constitution, garantissant le multipartisme et les libertés publiques, est adoptée. Se créent alors des partis d’oppositions, dont trois démarrent avec un franc succès, notamment le Mouvement Démocratique Républicain(MDR), le Parti Libéral (PL) et le Parti Social Démocrate (PSD).
En 1993, des accords de paix sont signés entre le FPR, le gouvernement rwandais et les autres partis d’opposition. La guerre cesse mais les tensions entre partis politiques s’aggravent de plus en plus.
Le 6 avril 1994 le Président Habyarimana est assassiné dans l’attentat contre son avion et la guerre reprend. Elle est plus intense à Kigali où les accords ont permis au FPR d’installer officiellement un bataillon composé de 600 hommes.
Les massacres d’extermination contre les Hutu
Au même moment les massacres d’extermination sont perpétrés sur la quasi totalité du territoire Rwandais. Le FPR s’en prend aux Hutu tandis que les milices anti-FPR s’en prennent aux Tutsi et aux Hutu accusés de collaboration avec le FPR. C’est le Génocide Rwandais, devenu Génocide des Tutsi, excluant ainsi lesvictimes hutues.
Dès sa prise de pouvoir en juillet 94, le FPR continue ses massacres contre les Hutu et les poursuit jusqu’au Congo voisin.
Mais la chasse aux Hutu ne débute pas en 1994. En effet elle commence juste après l’attaque du FPR, fin 1990. Dès cette date, les Hutus des zones contrôlées par ce dernier font l’objet de massacres, de tortures et d’exploitation.
Les survivants s’entassent dans des camps de déplacés qui parfois sont visés par des attaques de cette rébellion. En 1993 le nombre de déplacés entassés dans des camps, dans des conditions de misères est environ de 1 million, près de la Capitale Kigali notamment.
Les plus importants de ces massacres d’avant 1994 sont : celui de Ruhengeri en Janvier 1991, où plus de 500 personnes sont exécutées, femmes et enfants inclus ; celui de Butaro en mai 1992 avec 150 victimes et, surtout, celui de février 1993 où près de 40 000 personnes sont massacrés par le FPR dans les préfectures de Byumba et Ruhengeri (James K. Gasana, Rwanda: du parti-État a l’État garnison, 2002).
En avril 1994, le FPR conquiert de vastes zones en un temps record. Les Hutu trouvés sur place sont massacrés et leurs corps brûlés, jetés dans les rivières ou dans certains cas entassés à des fins de manipulation des journalistes étrangers et de la communauté internationale en général.
The killing Fields – Part1- Meilleur résolusion par xiao_wuu
Après sa prise de pouvoir en Juillet 1994, le FPR massacre les Hutu sur l’ensemble du territoire. Le cas le plus documenté est le massacre des déplacés Hutu de Kibeho, dans l’ancienne préfecture de Gikongoro, en avril 1995, où les déplacés sont encerclés et interdits de sortir du camp pendant plusieurs jours avant d’être massacrés par coups de fusil, coups de canon et baïonnettes.
Tout se passe devant les militaires de l’ONU qui observent l’opération, prennent des photos mais ne secourent personne. A la fin de la journée plus de 8000 personnes avaient été massacrées, sur les 100 000 qu’abritait le camp.
Selon un témoin direct, les corps furent entassés dans des camions transportés dans les forêts avoisinantes, où ils furent brulés ou enterrés dans des fosses communes.
Les Massacres de Kibeho 2 par BICUKI
Dans d’autres régions du pays, le FPR convoquait des réunions de villages sur la sécurité ou de distribution de nourritures. Dès que suffisamment de monde s’était réuni, il les massacrait soit avec les armes blanches ou par balles, grenades et bombes selon le nombre des cibles ou encore les brulait vifs.
Selon une enquête de l’ONU, conduite en 1994, connue sous l’appellation de « Gersony Report » ces massacres étaient systématiques, réguliers, visaient la population hutue et ce indistinctement, les hommes les femmes, les enfants, les personnes âgées ainsi que les malades.
Ce rapport estimait qu’entre 25 000 et 45 000 personnes avaient été massacrées entre avril et août 1994 rien que dans les préfectures dans lesquelles les enquêtes avaient été menées.
Les zones des massacres étaient interdites d’accès jusqu’à ce que les victimes soient dégagées et brulées. Ce fut le cas par exemple pour plusieurs endroits de l’ancienne préfecture de Butare, au sud du pays.
En octobre 1996, le FPR attaque le Congo où étaient refugiés plus de deux millions de Hutu rwandais.
D’octobre 1996 à juillet 1997, ces refugiés furent traqués, torturés, violés, délibérément affamés, privés de toute assistance, massacrés à l’arme blanche, par balles, bombes, noyades ou brulés vifs. Entre 250 000 (morts recensés) et 600 000 (manquant à l’appel) refugiés furent massacrés.
L’ONU a fait une enquête dont les résultats, « Le Mapping report» d’octobre 2010 ne laissent aucun doute quant à l’intention d’exterminer ce groupe. En voici quelques extraits [1] :
[Massacrés à l’arme blanche, piégés, violées avant d’être tuées: l’exemple de Walikale]
Dans cette région, les massacres ont été organisés selon un schéma quasi identique [à celui des autres régions, NDLR], de façon à tuer un maximum de victimes.
À chaque fois qu’ils repéraient une grande concentration de réfugiés, les militaires de l’AFDL/APR tiraient sur eux de manière indiscriminée à l’arme lourde et à l’arme légère. Ils promettaient ensuite aux rescapés de les aider à rentrer au Rwanda.
Après les avoir rassemblés sous différents prétextes, ils les tuaient le plus souvent à coups de marteau ou de houe. Ceux qui tentaient de fuir étaient tués par balles. Plusieurs témoins ont affirmé qu’en 1999 [deuxième guerre après celle de 1996, NDLR], des militaires de l’APR se seraient rendus spécialement sur les sites de plusieurs massacres afin de déterrer les corps et de brûler les cadavres.
À partir du 9 décembre 1996, des militaires de l’AFDL/APR ont tué par balles plusieurs centaines de réfugiés, parmi lesquels un grand nombre de femmes et d’enfants au niveau du pont de Hombo.
Au cours des jours suivants, ils ont brûlé vifs un nombre indéterminé de réfugiés au bord de la route au niveau de la localité de Kampala, située à quelques kilomètres de Hombo.
Avant d’être tuées, de nombreuses femmes ont été violées par les militaires. Avant de les tuer, les militaires avaient demandé aux victimes de se regrouper en vue de leur rapatriement au Rwanda
[Affamés: Le long d’Ubundu–Kisangani]
Au cours d’avril 1997, alors qu’entre 60 et 120 réfugiés mourraient chaque jour de maladie ou d’épuisement, les militaires de l’AFDL/APR ont, à plusieurs reprises, interdit l’accès des camps aux organismes et ONG à vocation humanitaire et entravé le rapatriement des réfugiés vers le Rwanda.
[Brûlés vifs, massacrés jusqu’aux bébés: Vers Mbandaka)]
Vers la fin d’avril 1997, des éléments de l’AFDL/APR ont brûlé vifs des réfugiés au niveau du village de Lolengi, à 48 kilomètres de Boende. Les militaires ont recouvert les corps des victimes de bâches en plastique qu’ils ont ensuite incendiées
Le 13 mai 1997, des éléments de l’AFDL/APR, à leur arrivée dans le village de Wendji, avaient déclaré: « Zaïrois, n’aie pas peur, nous sommes ici pour les réfugiés ». Ils se sont ensuite dirigés vers le camp et ont ouvert le feu sur les réfugiés.
Le même jour, les militaires sont entrés dans le bureau de la Croix-Rouge locale et ont tué des enfants non accompagnés qui attendaient leur rapatriement vers le Rwanda.
Le même jour, la population de Wendji a enterré 116 corps. Un bébé de trois mois environ qui était encore vivant au moment de l’enterrement a été tué par un militaire de l’AFDL/APR qui supervisait les travaux d’inhumation. Le 14 mai, 17 autres corps ont été enterrés.
L’ONU conclut que d’après les résultats de son enquête, la qualification de Génocide peut être retenue pour les crimes commis contre les Hutus, refugiés et congolais:
Les attaques apparemment systématiques et généralisées décrites dans le présent rapport, ayant ciblé de très nombreux réfugiés hutu rwandais ainsi que des membres de la population civile hutu [congolaise, NDLR] et causé leur mort, révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide.
En considérant les périodes des massacres, le fait que même les bébés n’étaient pas épargnés et que même les Hutu congolais ont été visés par les massacres il n’y a aucun doute quant à l’identité des victimes ni au mobile de leurs bourreaux : Les Hutu étaient visés et ce, parce qu’ils sont nés Hutu.
L’épisode congolais ne marque pas la fin de leur calvaire. L’extermination continue au Rwanda. Pour exemple, en décembre 1997, on estime à 8000 victimes hutues qui ont étés brulées vifs dans les grottes du Nord du pays.
Pourtant, une ethnie interdite de commémoration…
Comme mentionné plus haut, le fait que le régime du FPR a requalifié le Génocide Rwandais en Génocide des Tutsi, a exclu les victimes hutues. La seule commémoration officielle autorisée au Rwanda étant celle du Génocide des Tutsi, les victimes hutues se retrouvent sans cadre de commémoration officiellement admis.
Au-delà de cette interdiction de fait, quiconque ose parler de ces victimes hutues est accusé pêle-mêle de négationnisme, divisionnisme, révisionnisme ou de minimisation du génocide des Tutsi du Rwanda, à l’instar de Victoire Ingabire, actuellement emprisonnée à Kigali.
En Belgique, il est traité de négationniste, génocidaire ou de membre des familles de génocidaire (la libre.be du 7 avril 2013) ou pire comparé à Nazi.
Citons le cas du député Alain Destexhe qui, sur son compte twitter le 7 avril 2013, a comparé aux « Nazi » les commémorants qui entendaient honorer la mémoire de toutes les victimes de la tragédie rwandaise.
La faute de ces derniers est d’avoir osé aller se souvenir au mémorial du Génocide rwandais à Bruxelles, le 6 avril plutôt que le 7, date de la commémoration organisée par l’ambassade rwandaise et l’association des victimes tutsies, Ibuka et d’avoir voulu commémorer toutes les victimes indépendamment de leur appartenance ethnique.
Mais aussi une ethnie, privée de Justice
Depuis 1990, soit plus de 22 ans actuellement, aucune juridiction n’a rendu justice aux survivants hutus de ces massacres.
Le Rwanda a interdit à toute personne de réclamer Justice pour les Hutu et ce, par des menaces et des actes de violence. Pendant que les juridictions Gacaca ont été instituées pour rendre justice à toutes les victimes, les Hutu n’ont jamais eu une juridiction vers laquelle se tourner.
Exception faite de la Justice espagnole où, profitant des victimes espagnoles tuées par le FPR, des associations de droits de l’Homme ont inclu des victimes hutues.
Néanmoins, cette justice s’est arrêtée à lancer des mandats d’arrêts qui aujourd’hui sont restés lettre morte.
Le cas le plus aberrant est certainement celui du Tribunal Pénal International pour le Rwanda dont la mission était de juger les crimes commis au Rwanda de janvier à décembre 1994. Malgré les instructions détaillées de certains dossiers incriminant des officiers du FPR, le tribunal a toujours fermé les yeux.
Pire encore, le tribunal a à plusieurs reprises obéi aux ordres du régime du FPR ou, au moins, cédé à ses menaces. Un des exemples est celui de Mr Barayagwiza Jean-Bosco. En novembre 1999 la Chambre d’appel a constaté que ses droits de défense avaient été violés au point que ni son arrestation ni son acte d’accusation n’étaient légaux.
Elle a alors ordonné sa mise en liberté et la nullité de son acte d’accusation.
Dès lors le régime rwandais menaça d’arrêter toute collaboration avec le Tribunal. La Chambre d’appel a dû revenir sur sa décision.. Par la suite, le tribunal le condamna à 32 ans de prison et il y mourra en 2010.
Un autre exemple est la tentative du procureur du TPIR Carla Del Ponte d’enquêter sur les crimes du FPR. Après l’annonce de cette volontée « des fonctionnaires rwandais ont empêché des témoins de se rendre au Tribunal, entraînant la suspension de plusieurs procès pendant des mois ».
Par la suite, Carla Del Ponte a été limogé son de son poste et remplacé par Hasan Jallow et c’est la fin de l’espoir de voir le TPIR juger des membres du FPR.
Dans d’autres cas, des témoins d’accusations sont revenus sur leurs dires et ont affirmé avoir été menacés par les services de renseignement du FPR mais également ont été entraînés pour donner de faux témoignages[2].
Malgré que ce phénomène qui semble s’être généralisé dans toutes les juridictions, au Rwanda, en Belgique et au TPIR, celui-ci les a toujours ignorés. Ce fut le cas, par exemple, dans les procès de Karemera (Témoin surnommé BTH pour sa sécurité), Bicamumpaka (Témoin GFA) et en Belgique dans le procès des religieuses.
En Belgique, seuls des Hutu ont été jugés. Plusieurs officiels affirment que la seule raison qui explique cette discrimination est qu’il n’existe aucune plainte visant les membres du FPR.
Cependant, des témoins ont vu des personnes visées par les mandats d’arrêts espagnols aller et venir en Belgique sans être inquiétés. C’est le cas, entre autres, du Général James Kabarebe aujourd’hui ministre de la Défense au Rwanda.
Une ethnie diabolisée
Depuis le génocide de 1994, les Hutu ont été collectivement et systématiquement traités de génocidaires, et ce avec succès.
L’objectif de ces manœuvres semble être, d’une part, d’assimiler les victimes hutues aux bourreaux des Tutsi, et les bourreaux des Hutu, c’est-à-dire le FPR, aux victimes tutsies.
Ainsi le FPR se retrouve victime comme les réelles victimes tutsies tandis que ce sont les victimes hutues qui se retrouvent considérées comme bourreaux, aux côtés des miliciens Interahamwe.
Plusieurs éléments ont concouru à cette manœuvre cynique. En effet, l’organisation de la justice a permis au FPR d’accuser qui il veut d’être génocidaire, négationniste ou divisionniste.
C’est le cas de différents prisonniers politiques, d’opposants et des humanitaires tels que Monsieur Paul Rusesabagina, le héros du film « Hotel Rwanda », connu pour avoir sauvé plus d’un millier de Tutsi pendant le Génocide.
Le fait de voir des jugements, au Rwanda comme à l’étranger, qui ne respectent pas le principe d’impartialité a fait régner une peur constante chez les Hutu.
Cette partialité se retrouve par exemple dans la justice canadienne qui a condamné une personne parce qu’elle n’avait pas été tuée pendant le génocide. Selon cette justice les Hutu modérés ont été tués pendant le génocide. Ce qui fait de tout Hutu survivant un non-modéré donc extrémiste, ainsi présumé génocidaire.
En plus de cette partialité, comme dit plus haut, le FPR a utilisé de manière généralisée des faux témoins qu’il a entrainé à mentir avant de les envoyer témoigner. On retrouve des aveux de certains des faux témoins qui ont témoigné au TPIR, au Rwanda et en Belgique.
A cela il faut ajouter le rôle des médias et des agences de communication payés pour réaliser cette double mission de diabolisation de la population hutue et de blanchiment du FPR.
Toutes ces injustices ont fait que beaucoup de Hutu se cachent, taisent leur horrifiant calvaire. Etant victimes des juridictions censées les protéger, ils n’osent pas y avoir recours et de toute façon ils n’en ont pas les moyens. En tout cas pas à la hauteur de leur bourreau, le FPR à la tête de l’Etat rwandais, qui les guette et surveille leurs faits et gestes.
Le principal et prioritaire souci des Hutu est encore, de survivre à cette machine à tuer et à diaboliser.
Force est de constater que tant que la double mission sera poursuivie, les tensions entre les Hutu et les Tutsi continueront à s’intensifier et ce à tord, car ils sont tous victimes d’organisations criminelles. Leur opposition renforcera les criminels qui ne feront que les opprimer et les exploiter encore plus.
La question est: il y a-t- il un espoir de solution?
La reconnaissance du calvaire des Hutu ainsi que sa qualification semblent constituer une étape obligée; sans laquelle c’est leur diabolisation orchestrée par leur bourreau qui continuera à autoriser, cautionner, encourager et couvrir leur extermination qui se poursuit notamment au Congo.
L’autre condition nécessaire est celle de disposer de leaders engagés à la construction d’un avenir commun pour l’ensemble de la population rwandaise qui est en majorité rescapée.
Jean François Singiza
Jambonews.net
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[1]Le terme APR veut dire Armée Patriotique Rwandaise, bras armé du FPR et devenu armée rwandaise en 1994 avec sa victoire militaire. Le cigle AFDL désigne quant à lui l’Aliance des Forces Democratique de Liberation, un groupe rebelle congolais formé par le FPR pour couvrir son attaque et qui mena Laurent Kabila au pouvoir après la chute de Mobutu.
[2]http://www.canvas.be/programmas/terzake/server1-4fb24d04:13d7c2bafba:-79f9 (minute 32 :50)
En 1990 le Front Patriotique Rwandais (FPR), une organisation politico-militaire, lançait une offensive contre le gouvernement rwandais, dirigé à l’époque par le Général Habyarimana.
massacres de Kibeho
En 1991, une nouvelle constitution, garantissant le multipartisme et les libertés publiques, est adoptée. Se créent alors des partis d’oppositions, dont trois démarrent avec un franc succès, notamment le Mouvement Démocratique Républicain(MDR), le Parti Libéral (PL) et le Parti Social Démocrate (PSD).
En 1993, des accords de paix sont signés entre le FPR, le gouvernement rwandais et les autres partis d’opposition. La guerre cesse mais les tensions entre partis politiques s’aggravent de plus en plus.
Le 6 avril 1994 le Président Habyarimana est assassiné dans l’attentat contre son avion et la guerre reprend. Elle est plus intense à Kigali où les accords ont permis au FPR d’installer officiellement un bataillon composé de 600 hommes.
Les massacres d’extermination contre les Hutu
Au même moment les massacres d’extermination sont perpétrés sur la quasi totalité du territoire Rwandais. Le FPR s’en prend aux Hutu tandis que les milices anti-FPR s’en prennent aux Tutsi et aux Hutu accusés de collaboration avec le FPR. C’est le Génocide Rwandais, devenu Génocide des Tutsi, excluant ainsi lesvictimes hutues.
Dès sa prise de pouvoir en juillet 94, le FPR continue ses massacres contre les Hutu et les poursuit jusqu’au Congo voisin.
Mais la chasse aux Hutu ne débute pas en 1994. En effet elle commence juste après l’attaque du FPR, fin 1990. Dès cette date, les Hutus des zones contrôlées par ce dernier font l’objet de massacres, de tortures et d’exploitation.
Les survivants s’entassent dans des camps de déplacés qui parfois sont visés par des attaques de cette rébellion. En 1993 le nombre de déplacés entassés dans des camps, dans des conditions de misères est environ de 1 million, près de la Capitale Kigali notamment.
Les plus importants de ces massacres d’avant 1994 sont : celui de Ruhengeri en Janvier 1991, où plus de 500 personnes sont exécutées, femmes et enfants inclus ; celui de Butaro en mai 1992 avec 150 victimes et, surtout, celui de février 1993 où près de 40 000 personnes sont massacrés par le FPR dans les préfectures de Byumba et Ruhengeri (James K. Gasana, Rwanda: du parti-État a l’État garnison, 2002).
En avril 1994, le FPR conquiert de vastes zones en un temps record. Les Hutu trouvés sur place sont massacrés et leurs corps brûlés, jetés dans les rivières ou dans certains cas entassés à des fins de manipulation des journalistes étrangers et de la communauté internationale en général.
The killing Fields – Part1- Meilleur résolusion par xiao_wuu
Après sa prise de pouvoir en Juillet 1994, le FPR massacre les Hutu sur l’ensemble du territoire. Le cas le plus documenté est le massacre des déplacés Hutu de Kibeho, dans l’ancienne préfecture de Gikongoro, en avril 1995, où les déplacés sont encerclés et interdits de sortir du camp pendant plusieurs jours avant d’être massacrés par coups de fusil, coups de canon et baïonnettes.
Tout se passe devant les militaires de l’ONU qui observent l’opération, prennent des photos mais ne secourent personne. A la fin de la journée plus de 8000 personnes avaient été massacrées, sur les 100 000 qu’abritait le camp.
Selon un témoin direct, les corps furent entassés dans des camions transportés dans les forêts avoisinantes, où ils furent brulés ou enterrés dans des fosses communes.
Les Massacres de Kibeho 2 par BICUKI
Dans d’autres régions du pays, le FPR convoquait des réunions de villages sur la sécurité ou de distribution de nourritures. Dès que suffisamment de monde s’était réuni, il les massacrait soit avec les armes blanches ou par balles, grenades et bombes selon le nombre des cibles ou encore les brulait vifs.
Selon une enquête de l’ONU, conduite en 1994, connue sous l’appellation de « Gersony Report » ces massacres étaient systématiques, réguliers, visaient la population hutue et ce indistinctement, les hommes les femmes, les enfants, les personnes âgées ainsi que les malades.
Ce rapport estimait qu’entre 25 000 et 45 000 personnes avaient été massacrées entre avril et août 1994 rien que dans les préfectures dans lesquelles les enquêtes avaient été menées.
Les zones des massacres étaient interdites d’accès jusqu’à ce que les victimes soient dégagées et brulées. Ce fut le cas par exemple pour plusieurs endroits de l’ancienne préfecture de Butare, au sud du pays.
En octobre 1996, le FPR attaque le Congo où étaient refugiés plus de deux millions de Hutu rwandais.
D’octobre 1996 à juillet 1997, ces refugiés furent traqués, torturés, violés, délibérément affamés, privés de toute assistance, massacrés à l’arme blanche, par balles, bombes, noyades ou brulés vifs. Entre 250 000 (morts recensés) et 600 000 (manquant à l’appel) refugiés furent massacrés.
L’ONU a fait une enquête dont les résultats, « Le Mapping report» d’octobre 2010 ne laissent aucun doute quant à l’intention d’exterminer ce groupe. En voici quelques extraits [1] :
[Massacrés à l’arme blanche, piégés, violées avant d’être tuées: l’exemple de Walikale]
Dans cette région, les massacres ont été organisés selon un schéma quasi identique [à celui des autres régions, NDLR], de façon à tuer un maximum de victimes.
À chaque fois qu’ils repéraient une grande concentration de réfugiés, les militaires de l’AFDL/APR tiraient sur eux de manière indiscriminée à l’arme lourde et à l’arme légère. Ils promettaient ensuite aux rescapés de les aider à rentrer au Rwanda.
Après les avoir rassemblés sous différents prétextes, ils les tuaient le plus souvent à coups de marteau ou de houe. Ceux qui tentaient de fuir étaient tués par balles. Plusieurs témoins ont affirmé qu’en 1999 [deuxième guerre après celle de 1996, NDLR], des militaires de l’APR se seraient rendus spécialement sur les sites de plusieurs massacres afin de déterrer les corps et de brûler les cadavres.
À partir du 9 décembre 1996, des militaires de l’AFDL/APR ont tué par balles plusieurs centaines de réfugiés, parmi lesquels un grand nombre de femmes et d’enfants au niveau du pont de Hombo.
Au cours des jours suivants, ils ont brûlé vifs un nombre indéterminé de réfugiés au bord de la route au niveau de la localité de Kampala, située à quelques kilomètres de Hombo.
Avant d’être tuées, de nombreuses femmes ont été violées par les militaires. Avant de les tuer, les militaires avaient demandé aux victimes de se regrouper en vue de leur rapatriement au Rwanda
[Affamés: Le long d’Ubundu–Kisangani]
Au cours d’avril 1997, alors qu’entre 60 et 120 réfugiés mourraient chaque jour de maladie ou d’épuisement, les militaires de l’AFDL/APR ont, à plusieurs reprises, interdit l’accès des camps aux organismes et ONG à vocation humanitaire et entravé le rapatriement des réfugiés vers le Rwanda.
[Brûlés vifs, massacrés jusqu’aux bébés: Vers Mbandaka)]
Vers la fin d’avril 1997, des éléments de l’AFDL/APR ont brûlé vifs des réfugiés au niveau du village de Lolengi, à 48 kilomètres de Boende. Les militaires ont recouvert les corps des victimes de bâches en plastique qu’ils ont ensuite incendiées
Le 13 mai 1997, des éléments de l’AFDL/APR, à leur arrivée dans le village de Wendji, avaient déclaré: « Zaïrois, n’aie pas peur, nous sommes ici pour les réfugiés ». Ils se sont ensuite dirigés vers le camp et ont ouvert le feu sur les réfugiés.
Le même jour, les militaires sont entrés dans le bureau de la Croix-Rouge locale et ont tué des enfants non accompagnés qui attendaient leur rapatriement vers le Rwanda.
Le même jour, la population de Wendji a enterré 116 corps. Un bébé de trois mois environ qui était encore vivant au moment de l’enterrement a été tué par un militaire de l’AFDL/APR qui supervisait les travaux d’inhumation. Le 14 mai, 17 autres corps ont été enterrés.
L’ONU conclut que d’après les résultats de son enquête, la qualification de Génocide peut être retenue pour les crimes commis contre les Hutus, refugiés et congolais:
Les attaques apparemment systématiques et généralisées décrites dans le présent rapport, ayant ciblé de très nombreux réfugiés hutu rwandais ainsi que des membres de la population civile hutu [congolaise, NDLR] et causé leur mort, révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide.
En considérant les périodes des massacres, le fait que même les bébés n’étaient pas épargnés et que même les Hutu congolais ont été visés par les massacres il n’y a aucun doute quant à l’identité des victimes ni au mobile de leurs bourreaux : Les Hutu étaient visés et ce, parce qu’ils sont nés Hutu.
L’épisode congolais ne marque pas la fin de leur calvaire. L’extermination continue au Rwanda. Pour exemple, en décembre 1997, on estime à 8000 victimes hutues qui ont étés brulées vifs dans les grottes du Nord du pays.
Pourtant, une ethnie interdite de commémoration…
Comme mentionné plus haut, le fait que le régime du FPR a requalifié le Génocide Rwandais en Génocide des Tutsi, a exclu les victimes hutues. La seule commémoration officielle autorisée au Rwanda étant celle du Génocide des Tutsi, les victimes hutues se retrouvent sans cadre de commémoration officiellement admis.
Au-delà de cette interdiction de fait, quiconque ose parler de ces victimes hutues est accusé pêle-mêle de négationnisme, divisionnisme, révisionnisme ou de minimisation du génocide des Tutsi du Rwanda, à l’instar de Victoire Ingabire, actuellement emprisonnée à Kigali.
En Belgique, il est traité de négationniste, génocidaire ou de membre des familles de génocidaire (la libre.be du 7 avril 2013) ou pire comparé à Nazi.
Citons le cas du député Alain Destexhe qui, sur son compte twitter le 7 avril 2013, a comparé aux « Nazi » les commémorants qui entendaient honorer la mémoire de toutes les victimes de la tragédie rwandaise.
La faute de ces derniers est d’avoir osé aller se souvenir au mémorial du Génocide rwandais à Bruxelles, le 6 avril plutôt que le 7, date de la commémoration organisée par l’ambassade rwandaise et l’association des victimes tutsies, Ibuka et d’avoir voulu commémorer toutes les victimes indépendamment de leur appartenance ethnique.
Mais aussi une ethnie, privée de Justice
Depuis 1990, soit plus de 22 ans actuellement, aucune juridiction n’a rendu justice aux survivants hutus de ces massacres.
Le Rwanda a interdit à toute personne de réclamer Justice pour les Hutu et ce, par des menaces et des actes de violence. Pendant que les juridictions Gacaca ont été instituées pour rendre justice à toutes les victimes, les Hutu n’ont jamais eu une juridiction vers laquelle se tourner.
Exception faite de la Justice espagnole où, profitant des victimes espagnoles tuées par le FPR, des associations de droits de l’Homme ont inclu des victimes hutues.
Néanmoins, cette justice s’est arrêtée à lancer des mandats d’arrêts qui aujourd’hui sont restés lettre morte.
Le cas le plus aberrant est certainement celui du Tribunal Pénal International pour le Rwanda dont la mission était de juger les crimes commis au Rwanda de janvier à décembre 1994. Malgré les instructions détaillées de certains dossiers incriminant des officiers du FPR, le tribunal a toujours fermé les yeux.
Pire encore, le tribunal a à plusieurs reprises obéi aux ordres du régime du FPR ou, au moins, cédé à ses menaces. Un des exemples est celui de Mr Barayagwiza Jean-Bosco. En novembre 1999 la Chambre d’appel a constaté que ses droits de défense avaient été violés au point que ni son arrestation ni son acte d’accusation n’étaient légaux.
Elle a alors ordonné sa mise en liberté et la nullité de son acte d’accusation.
Dès lors le régime rwandais menaça d’arrêter toute collaboration avec le Tribunal. La Chambre d’appel a dû revenir sur sa décision.. Par la suite, le tribunal le condamna à 32 ans de prison et il y mourra en 2010.
Un autre exemple est la tentative du procureur du TPIR Carla Del Ponte d’enquêter sur les crimes du FPR. Après l’annonce de cette volontée « des fonctionnaires rwandais ont empêché des témoins de se rendre au Tribunal, entraînant la suspension de plusieurs procès pendant des mois ».
Par la suite, Carla Del Ponte a été limogé son de son poste et remplacé par Hasan Jallow et c’est la fin de l’espoir de voir le TPIR juger des membres du FPR.
Dans d’autres cas, des témoins d’accusations sont revenus sur leurs dires et ont affirmé avoir été menacés par les services de renseignement du FPR mais également ont été entraînés pour donner de faux témoignages[2].
Malgré que ce phénomène qui semble s’être généralisé dans toutes les juridictions, au Rwanda, en Belgique et au TPIR, celui-ci les a toujours ignorés. Ce fut le cas, par exemple, dans les procès de Karemera (Témoin surnommé BTH pour sa sécurité), Bicamumpaka (Témoin GFA) et en Belgique dans le procès des religieuses.
En Belgique, seuls des Hutu ont été jugés. Plusieurs officiels affirment que la seule raison qui explique cette discrimination est qu’il n’existe aucune plainte visant les membres du FPR.
Cependant, des témoins ont vu des personnes visées par les mandats d’arrêts espagnols aller et venir en Belgique sans être inquiétés. C’est le cas, entre autres, du Général James Kabarebe aujourd’hui ministre de la Défense au Rwanda.
Une ethnie diabolisée
Depuis le génocide de 1994, les Hutu ont été collectivement et systématiquement traités de génocidaires, et ce avec succès.
L’objectif de ces manœuvres semble être, d’une part, d’assimiler les victimes hutues aux bourreaux des Tutsi, et les bourreaux des Hutu, c’est-à-dire le FPR, aux victimes tutsies.
Ainsi le FPR se retrouve victime comme les réelles victimes tutsies tandis que ce sont les victimes hutues qui se retrouvent considérées comme bourreaux, aux côtés des miliciens Interahamwe.
Plusieurs éléments ont concouru à cette manœuvre cynique. En effet, l’organisation de la justice a permis au FPR d’accuser qui il veut d’être génocidaire, négationniste ou divisionniste.
C’est le cas de différents prisonniers politiques, d’opposants et des humanitaires tels que Monsieur Paul Rusesabagina, le héros du film « Hotel Rwanda », connu pour avoir sauvé plus d’un millier de Tutsi pendant le Génocide.
Le fait de voir des jugements, au Rwanda comme à l’étranger, qui ne respectent pas le principe d’impartialité a fait régner une peur constante chez les Hutu.
Cette partialité se retrouve par exemple dans la justice canadienne qui a condamné une personne parce qu’elle n’avait pas été tuée pendant le génocide. Selon cette justice les Hutu modérés ont été tués pendant le génocide. Ce qui fait de tout Hutu survivant un non-modéré donc extrémiste, ainsi présumé génocidaire.
En plus de cette partialité, comme dit plus haut, le FPR a utilisé de manière généralisée des faux témoins qu’il a entrainé à mentir avant de les envoyer témoigner. On retrouve des aveux de certains des faux témoins qui ont témoigné au TPIR, au Rwanda et en Belgique.
A cela il faut ajouter le rôle des médias et des agences de communication payés pour réaliser cette double mission de diabolisation de la population hutue et de blanchiment du FPR.
Toutes ces injustices ont fait que beaucoup de Hutu se cachent, taisent leur horrifiant calvaire. Etant victimes des juridictions censées les protéger, ils n’osent pas y avoir recours et de toute façon ils n’en ont pas les moyens. En tout cas pas à la hauteur de leur bourreau, le FPR à la tête de l’Etat rwandais, qui les guette et surveille leurs faits et gestes.
Le principal et prioritaire souci des Hutu est encore, de survivre à cette machine à tuer et à diaboliser.
Force est de constater que tant que la double mission sera poursuivie, les tensions entre les Hutu et les Tutsi continueront à s’intensifier et ce à tord, car ils sont tous victimes d’organisations criminelles. Leur opposition renforcera les criminels qui ne feront que les opprimer et les exploiter encore plus.
La question est: il y a-t- il un espoir de solution?
La reconnaissance du calvaire des Hutu ainsi que sa qualification semblent constituer une étape obligée; sans laquelle c’est leur diabolisation orchestrée par leur bourreau qui continuera à autoriser, cautionner, encourager et couvrir leur extermination qui se poursuit notamment au Congo.
L’autre condition nécessaire est celle de disposer de leaders engagés à la construction d’un avenir commun pour l’ensemble de la population rwandaise qui est en majorité rescapée.
Jean François Singiza
Jambonews.net
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[1]Le terme APR veut dire Armée Patriotique Rwandaise, bras armé du FPR et devenu armée rwandaise en 1994 avec sa victoire militaire. Le cigle AFDL désigne quant à lui l’Aliance des Forces Democratique de Liberation, un groupe rebelle congolais formé par le FPR pour couvrir son attaque et qui mena Laurent Kabila au pouvoir après la chute de Mobutu.
[2]http://www.canvas.be/programmas/terzake/server1-4fb24d04:13d7c2bafba:-79f9 (minute 32 :50)
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