le mardi 18 juin 2013
Les adeptes de « Bundu dia Kongo » ont tenté de se soulever dans le Bas-Congo, l’Etat a dû s’imposer pour finalement rétablir l’ordre dans la province. Les Enyele dans l’Equateur ont à leur tour défié la puissance publique.
L’Etat, jouissant de tous les attributs du pouvoir, a fini par triompher. Mais, dans la province du Katanga, un groupe d’insurgés, présentés sous la dénomination de « Bakata-Katanga », défie impunément l’Etat depuis des mois. La mollesse de la réaction étonne.
Il y a certainement des intérêts obscurs qui agissent dans l’ombre. Un dessous de cartes qui échappe à l’entendement du grand public.
Leur première apparition remonte au mois de mars 2013, lorsqu’ils ont traversé la ville de Lubumbashi, sous la barbe des autorités politico-militaires de la province.
C’est finalement par voie de négociation que les autorités provinciales, appuyées par la Monusco, ont obtenu la reddition de plus de 200 éléments. Présentement, ils sont à la disposition de la justice… mais à Kinshasa, loin du théâtre des infractions par eux commises.
L’on croyait que l’affaire était totalement classée. Et la menace éloignée en même temps. Personne, dans les rangs du gouvernement n’a plus osé évoquer publiquement le sujet.
Même le Parlement, censé représenter les aspirations les plus profondes de la population, s’est abstenu d’aborder le sujet. Pendant ce temps, au Katanga profond, les « BaKata-Katanga » s’organisaient. Ils redoublent d’ardeur pour faire entendre leur voix.
Pire, en avril dernier, l’Assemblée nationale a diligenté une commission d’enquête dans le Katanga pour s’acquérir des tenants et des aboutissants de cette aventure aux allures d’une chronique à plusieurs épisodes.
La commission a ramené des preuves d’une situation explosive qui pouvait à tout moment faire embraser toute la province. Mais, la Chambre basse du Parlement a préféré se taire. Pour quelle raison ? Nul ne le sait pour l’instant.
Le mystère du Katanga
Loin des zones troublées de l’Est, les « Bakata-Katanga » sèment pour le moment la terreur dans le Katanga – sans que quelqu’un ne s’en émeuve. Au contraire, l’affaire paraît tout à fait anodine.
Au point que le Parlement, particulièrement l’Assemblée nationale, n’a trouvé mieux que de reléguer aux calendes grecques l’audition du rapport final de sa commission d’enquête.
Pourtant, le rapport prédisait le danger, indiquant dans des termes clairs que l’affaire « Bakata-Katanga » augurait d’une situation qui pouvait embraser toute la province.
Tous, malheureusement, ont minimisé la situation. Ceux qui ont obtenu des fuites d’informations sur ce rapport ont été publiquement traités de tous les noms d’oiseaux.
Mais, dans la province du Katanga, les indépendantistes « Bakata-Katanga » ne se sont pas priés pour faire entendre à nouveau leur voix.
La milice « Bakata-Katanga » s’est donc signalée dans de nouvelles exactions, en brûlant il y a quelques jours 15 femmes après les avoir enfermées dans une maison en paille dans la localité de Lwelakalunga, en territoire de Manono (Katanga), rapportait radio Okapi, citant l’ONG Voix des minorités indigènes.
Selon la source, huit de ces quinze femmes tuées étaient enceintes. « Plusieurs autres habitants de cette localité étaient blessés les uns par balles et les autres par des flèches et ils ont actuellement trouvé refuge dans la brousse », a confié cette structure à radiookapi.net.
D’après le rapport hebdomadaire des Nations unies, dont l’AFP a obtenu une copie, un groupe d’auto-défense local, appelé Simba-Moto, a repoussé l’attaque des Maï-Maï, tuant sept assaillants, précisait la même source.
A en croire la radio onusienne, l’ONG Voix des minorités indigènes a appelé les autorités compétentes à prendre leurs responsabilités. Le président de cette organisation citoyenne, Georges Mbuyu, contacté par radio Okapi, craint que cette attaque de Bakata-Katanga ne se généralise entre les communautés de la contrée.
Déjà, les pygmées de cette contrée, indiquent des sources provinciales, se mobilisent et ont pris des flèches. « Même les pygmées de Kalemie commencent à aller vers Manono. Il faudrait qu’on arrête cette hémorragie et que le pire ne puisse pas arriver », a-t-il fait remarquer.
Pendant que le Katanga s’embrase, à Kinshasa, on croise les bras. En mars, lors de la première incursion à Lubumbashi de cette milice, un collectif l’ONG locales avait dressé un rapport, retraçant ces événements et ses dessous.
Comme toujours, à Kinshasa, la publication de ce rapport est parue comme un non événement. Pire, les auteurs ont eu droit à faire face à des invectives et des attaques en règles sur leur moralité et crédibilité.
Comme pour rappeler leur activisme dans la province du Katanga, les « Bakata-Katanga » ont encore récidivé. Des affrontements ont opposé le week-end dans la matinée aux portes de Lubumbashi des militaires des Forces armées de la RDC et des miliciens « Bakata-Katanga » au village Shindaika à près de 20 km de Lubumbashi.
Des sources locales font état d’un militaire tué. Plusieurs miliciens ainsi que des civils auraient été blessés. Le bourgmestre de la commune de la Rwashi, voisine du village de Shindaika, a confirmé ces informations, indiquent plusieurs sources.
Le calme est cependant revenu à Shindaika, apprend-on, en début d’après-midi en fin de week-end.
Par ailleurs, d’autres sources interrogées par radio Okapi ont rapporté que la même milice et les FARDC se sont affrontées le samedi 15 juin sur la route Kasenga à plus de 80 kilomètres de Lubumbashi.
Face à la grave menace que représente cette milice, à Kinshasa, l’on brille par une indifférence innommable. Si bien que la situation qui prévaut actuellement dans le Katanga passe véritablement pour un mystère, un sujet tabou que personne n’ose soulever ou affronter publiquement de peur de se voir exclu de la cour.
Pourtant, des noms – et pas de moindre – ont été cités dans cette affaire.
Ne serait-ce que pour des raisons d’enquête, l’on aurait souhaité qu’une action soit amorcée au niveau de Kinshasa pour établir les responsabilités et, éventuellement, étouffer cette révolte qui tend à s’amplifier. Mais, tous ont préféré curieusement se taire.
Comme les animaux malades de la peste
Comme les animaux atteints de la peste, les « Bakata-Katanga » passent pour « Un mal qui répand la terreur, mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre.
La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), capable d'enrichir en un jour l'Achéron, faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».
Voilà, grande nature, la situation qui prévaut au Katanga. Ils sont tous frappés de la peste. Mais, personne n’a le courage de dénoncer le mal. Si bien que tous assistent passivement à son évolution – en attendant, comme un cancer, qu’il n’atteigne l’étape irréversible de métastase.
Dans certains couloirs, l’on rapporte que l’affaire « Bakata-Katanga » serait juste une guerre de palais, dont le seul but est le positionnement dans la sphère du pouvoir. L’idée, soutient-on, est de faire plier le président Kabila en vue de le contraindre à céder au chantage.
L’affaire « Bakata-Katanga » ne serait qu’une façade qui cache les gros enjeux qui se jouent autour du pouvoir au sein de puissants lobbies Katangais. Eventuellement, l’idée est de récupérer tous les pouvoirs pour le confier aux seuls fils du Katanga. La Primature serait dans le viseur.
Mais, il y a également la succession de Kabila, qui ne pourrait pas se représenter en 2016, que l’on négocie déjà à l’avance dans les grands cercles politiques du Katanga.
Selon certains observateurs de la mouvance politique du Katanga, le contrôle de la Primature et l’éventuelle succession à Kabila en 2016 sont, entre autres, les deux faits – du reste gardés au plus grand secret – qui se cachent derrière l’action de « Bakata-Katanga ».
Serait-ce là le dessous des cartes de ces épisodes macabres à répétition ? Dans ce cas, cette course ne vaut pas qu’une seule goûte de sang des Congolais ne coule rien que pour le contrôle du pouvoir après le cycle électoral enclenché par Joseph Kabila.
Le Potentiel
Les adeptes de « Bundu dia Kongo » ont tenté de se soulever dans le Bas-Congo, l’Etat a dû s’imposer pour finalement rétablir l’ordre dans la province. Les Enyele dans l’Equateur ont à leur tour défié la puissance publique.
L’Etat, jouissant de tous les attributs du pouvoir, a fini par triompher. Mais, dans la province du Katanga, un groupe d’insurgés, présentés sous la dénomination de « Bakata-Katanga », défie impunément l’Etat depuis des mois. La mollesse de la réaction étonne.
Il y a certainement des intérêts obscurs qui agissent dans l’ombre. Un dessous de cartes qui échappe à l’entendement du grand public.
Leur première apparition remonte au mois de mars 2013, lorsqu’ils ont traversé la ville de Lubumbashi, sous la barbe des autorités politico-militaires de la province.
C’est finalement par voie de négociation que les autorités provinciales, appuyées par la Monusco, ont obtenu la reddition de plus de 200 éléments. Présentement, ils sont à la disposition de la justice… mais à Kinshasa, loin du théâtre des infractions par eux commises.
L’on croyait que l’affaire était totalement classée. Et la menace éloignée en même temps. Personne, dans les rangs du gouvernement n’a plus osé évoquer publiquement le sujet.
Même le Parlement, censé représenter les aspirations les plus profondes de la population, s’est abstenu d’aborder le sujet. Pendant ce temps, au Katanga profond, les « BaKata-Katanga » s’organisaient. Ils redoublent d’ardeur pour faire entendre leur voix.
Pire, en avril dernier, l’Assemblée nationale a diligenté une commission d’enquête dans le Katanga pour s’acquérir des tenants et des aboutissants de cette aventure aux allures d’une chronique à plusieurs épisodes.
La commission a ramené des preuves d’une situation explosive qui pouvait à tout moment faire embraser toute la province. Mais, la Chambre basse du Parlement a préféré se taire. Pour quelle raison ? Nul ne le sait pour l’instant.
Le mystère du Katanga
Loin des zones troublées de l’Est, les « Bakata-Katanga » sèment pour le moment la terreur dans le Katanga – sans que quelqu’un ne s’en émeuve. Au contraire, l’affaire paraît tout à fait anodine.
Au point que le Parlement, particulièrement l’Assemblée nationale, n’a trouvé mieux que de reléguer aux calendes grecques l’audition du rapport final de sa commission d’enquête.
Pourtant, le rapport prédisait le danger, indiquant dans des termes clairs que l’affaire « Bakata-Katanga » augurait d’une situation qui pouvait embraser toute la province.
Tous, malheureusement, ont minimisé la situation. Ceux qui ont obtenu des fuites d’informations sur ce rapport ont été publiquement traités de tous les noms d’oiseaux.
Mais, dans la province du Katanga, les indépendantistes « Bakata-Katanga » ne se sont pas priés pour faire entendre à nouveau leur voix.
La milice « Bakata-Katanga » s’est donc signalée dans de nouvelles exactions, en brûlant il y a quelques jours 15 femmes après les avoir enfermées dans une maison en paille dans la localité de Lwelakalunga, en territoire de Manono (Katanga), rapportait radio Okapi, citant l’ONG Voix des minorités indigènes.
Selon la source, huit de ces quinze femmes tuées étaient enceintes. « Plusieurs autres habitants de cette localité étaient blessés les uns par balles et les autres par des flèches et ils ont actuellement trouvé refuge dans la brousse », a confié cette structure à radiookapi.net.
D’après le rapport hebdomadaire des Nations unies, dont l’AFP a obtenu une copie, un groupe d’auto-défense local, appelé Simba-Moto, a repoussé l’attaque des Maï-Maï, tuant sept assaillants, précisait la même source.
A en croire la radio onusienne, l’ONG Voix des minorités indigènes a appelé les autorités compétentes à prendre leurs responsabilités. Le président de cette organisation citoyenne, Georges Mbuyu, contacté par radio Okapi, craint que cette attaque de Bakata-Katanga ne se généralise entre les communautés de la contrée.
Déjà, les pygmées de cette contrée, indiquent des sources provinciales, se mobilisent et ont pris des flèches. « Même les pygmées de Kalemie commencent à aller vers Manono. Il faudrait qu’on arrête cette hémorragie et que le pire ne puisse pas arriver », a-t-il fait remarquer.
Pendant que le Katanga s’embrase, à Kinshasa, on croise les bras. En mars, lors de la première incursion à Lubumbashi de cette milice, un collectif l’ONG locales avait dressé un rapport, retraçant ces événements et ses dessous.
Comme toujours, à Kinshasa, la publication de ce rapport est parue comme un non événement. Pire, les auteurs ont eu droit à faire face à des invectives et des attaques en règles sur leur moralité et crédibilité.
Comme pour rappeler leur activisme dans la province du Katanga, les « Bakata-Katanga » ont encore récidivé. Des affrontements ont opposé le week-end dans la matinée aux portes de Lubumbashi des militaires des Forces armées de la RDC et des miliciens « Bakata-Katanga » au village Shindaika à près de 20 km de Lubumbashi.
Des sources locales font état d’un militaire tué. Plusieurs miliciens ainsi que des civils auraient été blessés. Le bourgmestre de la commune de la Rwashi, voisine du village de Shindaika, a confirmé ces informations, indiquent plusieurs sources.
Le calme est cependant revenu à Shindaika, apprend-on, en début d’après-midi en fin de week-end.
Par ailleurs, d’autres sources interrogées par radio Okapi ont rapporté que la même milice et les FARDC se sont affrontées le samedi 15 juin sur la route Kasenga à plus de 80 kilomètres de Lubumbashi.
Face à la grave menace que représente cette milice, à Kinshasa, l’on brille par une indifférence innommable. Si bien que la situation qui prévaut actuellement dans le Katanga passe véritablement pour un mystère, un sujet tabou que personne n’ose soulever ou affronter publiquement de peur de se voir exclu de la cour.
Pourtant, des noms – et pas de moindre – ont été cités dans cette affaire.
Ne serait-ce que pour des raisons d’enquête, l’on aurait souhaité qu’une action soit amorcée au niveau de Kinshasa pour établir les responsabilités et, éventuellement, étouffer cette révolte qui tend à s’amplifier. Mais, tous ont préféré curieusement se taire.
Comme les animaux malades de la peste
Comme les animaux atteints de la peste, les « Bakata-Katanga » passent pour « Un mal qui répand la terreur, mal que le ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre.
La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), capable d'enrichir en un jour l'Achéron, faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».
Voilà, grande nature, la situation qui prévaut au Katanga. Ils sont tous frappés de la peste. Mais, personne n’a le courage de dénoncer le mal. Si bien que tous assistent passivement à son évolution – en attendant, comme un cancer, qu’il n’atteigne l’étape irréversible de métastase.
Dans certains couloirs, l’on rapporte que l’affaire « Bakata-Katanga » serait juste une guerre de palais, dont le seul but est le positionnement dans la sphère du pouvoir. L’idée, soutient-on, est de faire plier le président Kabila en vue de le contraindre à céder au chantage.
L’affaire « Bakata-Katanga » ne serait qu’une façade qui cache les gros enjeux qui se jouent autour du pouvoir au sein de puissants lobbies Katangais. Eventuellement, l’idée est de récupérer tous les pouvoirs pour le confier aux seuls fils du Katanga. La Primature serait dans le viseur.
Mais, il y a également la succession de Kabila, qui ne pourrait pas se représenter en 2016, que l’on négocie déjà à l’avance dans les grands cercles politiques du Katanga.
Selon certains observateurs de la mouvance politique du Katanga, le contrôle de la Primature et l’éventuelle succession à Kabila en 2016 sont, entre autres, les deux faits – du reste gardés au plus grand secret – qui se cachent derrière l’action de « Bakata-Katanga ».
Serait-ce là le dessous des cartes de ces épisodes macabres à répétition ? Dans ce cas, cette course ne vaut pas qu’une seule goûte de sang des Congolais ne coule rien que pour le contrôle du pouvoir après le cycle électoral enclenché par Joseph Kabila.
Le Potentiel
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