samedi 29 juin 2013

Etienne Yakanou, l’assassiné de trop du pouvoir togolais ?

vendredi 28 juin 2013



En sanglots, Jean Kissi du CAR a salué la mémoire d’Etienne Yakanou. (Ph © : Ganyra/AfriSCOOP).

Etienne Yakanou (membre actif du parti ANC) repose depuis le 15 juin dernier à Assahoun (sud-Togo), après avoir injustement perdu la vie en détention, le 10 mai 2013, pour une inculpation dans « l’affaire de marchés incendiés au Togo en début d’année ».

L’Opposition s’est engagée à ce que sa mémoire soit honorée ; sa mort étant perçue comme « celle de trop » depuis le début du processus démocratique togolais dans les années 90.

Il y avait de l’émotion et de la colère dans la foule d’irréductibles de l’Opposition qui ont tenu à rendre un ultime hommage à Etienne Yakanou (42 ans, interpellé le 23 janvier dernier) les 14 et 15 juin derniers à Lomé.

D’une part lors de la veillée funèbre et d’autre part pendant la messe d’enterrement du regretté Yakanou, ex-responsable fédéral de l’ANC dans la préfecture du Golfe (sud-Togo).

L’émotion était plus intense ce 15 juin durant la messe d’enterrement à la paroisse catholique Hanoukopé de Lomé.

Les participants à cette célébration eucharistique étaient essentiellement vêtus de couleurs orange, rouge (représentant les couleurs fétiches de l’ANC et du Collectif de l’Opposition « Arc-en-ciel ») et noir qui est signe de deuil.

« 42 ans, c’est encore l’âge de vivre et d’être productif », a lancé le Père Lare (l’un des célébrants de cette action de grâce) aux participants à cette messe, à son entame, pour tenter d’apaiser la colère des uns et des autres.

« Toute vie humaine est un don de Dieu ; on a un sentiment d’injustice quand on assiste à la mort d’un jeune. Pour les chrétiens, les difficultés et la tristesse n’auront pas le dernier mot. Etienne nous a quittés comme un navigateur qui nous précède dans le Royaume des cieux », a renforcé le Père Laré en commentant « l’Evangile des Béatitudes » et le « Livre de la Sagesse ».

La parole de Dieu nous enseigne que Dieu « récompense chacun selon ses actes, et encore plus les justes », a complété le célébrant. Avant de tenir à cette phrase : « Il faudra honorer la mémoire d’E. Yakanou en promouvant les vertus du dialogue et de la paix ».

Tous pour que triomphe la vraie Justice

Aîné d’une famille de 14 enfants, feu Yakanou était électricien en bâtiment de formation avant de devenir agent immobilier. Il s’est lancé dans le monde politique dans les années 90 et est devenu ces dernières années responsable fédéral à l’ANC.

C’est ce qu’a rappelé un membre de la famille du défunt, « avant d’exiger que la lumière soit faite sur ce décès ». Au nom de Me Apevon (avocat du décédé), Jean Kissi du parti CAR a exprimé, entre deux sanglots, son indignation pour une « mort injuste » !!



Pedro Amouzou et le CST promettent à Yakanou de poursuivre et terminer la lutte entamée ensemble.(Ph © : Ganyra/AfriSCOOP).

Poursuivant sur la même dynamique d’indignation, Mme Johnson-Adjamagbo a laissé monter la même colère, en l’élargissant aux mille et unes injustices qui survivent en terre togolaise.

« Vive le Togo bientôt libéré », a crié Mme Adjamagbo en fin d’hommages. S’exprimant au nom du CST (Collectif Sauvons le Togo), Francis Pedro Amouzou a laissé éclater son exaspération relative aux « conditions de décès de Yakanou et aux nombreuses injustices liées à la détention de tous ceux qui sont inculpés dans l’affaire d’incendie de marchés ».

« Les auteurs de ces sinistres sont à chercher ailleurs et non parmi la trentaine de militants et sympathisants de l’Opposition arrêtés. Etienne a payé les incuries d’UNIR. On verse le sang des Togolais par pur plaisir. Debout Togolais, sors de ton manque de courage, sors de ta torpeur ; soyons tous artisans de notre avenir », a indirectement harangué cet opposant-journaliste.

Imitant tous ses prédécesseurs à la tribune de l’église de Hanoukopé, le président de l’ANC, Jean-Pierre Fabre, « a également appelé à la fin de toutes les injustices au Togo sur le plan politique ». « Etienne était un militant sérieux et loyal », a tenu à dire le numéro un de l’ANC.


Jacques GANYRA

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire