mardi 18 juin 2013

« Le Rwanda vous appartient » Faustin Twagiramungu


18. juin 2013

Ce dimanche 16 juin 2013, les partis politiques PDP, de Déogratias Mushayidi et RDI, de Faustin Twagiramungu, organisaient une conférence-débat à destination des membres de la communauté rwandaise à la veille du départ au Rwanda des deux partis formés en exil.



Annoncé de longue date, le projet de retour au Rwanda se concrétise et les deux leaders de ces partis d’opposition devraient prendre l’avion au départ de Bruxelles ce jeudi 21 juin 2013.

A un parterre de quelques 150 personnes venues poser leurs ultimes questions et écouter les raisons de ce retour, l’ancien Premier ministre a lancé à plusieurs reprises une phrase résumant la philosophie qui en est derrière, « Le Rwanda vous appartient ! ».

« Le Rwanda appartient à tous les Rwandais, vous avez consenti énormément de sacrifices, ce n’est pas pour qu’une personne et son entourage s’approprient le pays, le Rwanda n’appartient à personne mais à vous tous » ; estimant que retourner au Rwanda ne pouvait être vu comme quelque chose de négatif mais plutôt comme le droit de chacun.

Répondant à ceux qui voient ce retour d’un mauvais œil, l’ancien Premier ministre a lancé fermement «Ceux qui essayent de nous décourager devraient se taire et se fixer leurs propres objectifs(…) notre pays rencontre des problèmes et la solution ne tombera pas du ciel » estimant qu’aller au Rwanda était« une obligation et une nécessité pour quiconque pense que par son action il peut aider le pays à atteindre le changement».

« On doit avoir ce courage et le transmettre à nos enfants ». « Il faut cesser d’avoir peur, il faut en finir avec la terreur, c’est la seule façon d’atteindre le changement auquel on aspire».

Complétant son acolyte, Gérard Karagnwa Semushi a estimé qu’à partir du moment où l’on fait de la politique et qu’on est des Rwandais, il est normal que notre terrain d’action soit le Rwanda, « on va demander un espace politique pour qu’on puisse faire parvenir aux Rwandais notre projet de société ».

Sur le terme « demander », le Vice-Président du PDP s’est aussitôt expliqué« ce pays n’est pas une forêt, il y a des dirigeants, c’est notre droit d’y exercer la politique mais nous devrons demander l’autorisation, c’est la première étape que nous accomplirons » ; estimant qu’il s’agissait de la première étape d’un processus devant conduire au changement.

« On n’est pas les premiers à rentrer, il y a les FDU, il y a Ntaganda qui était déjà au pays, ça nous donne de l’énergie et du courage de voir qu’il y en a d’autres », a-t-il complété.

Le dialogue comme pilier

Lors des échanges avec le public qui ont suivi une présentation assez brève, les deux partis ont eu l’opportunité de se prononcer sur différents sujets notamment la question du dialogue et des garanties qu’ils avaient qu’ils ne subiront pas le même sort que les autres opposants politiques, qui ont été tués ou emprisonnés.

Pour Faustin Twagiramungu, quel qu’en soit la forme, le dialogue doit avoir lieu car il est nécessaire « qu’il prenne la forme de dialogue inter rwandais hautement inclusif, de « Rukokoma », ou une autre forme peu importe, le plus important est que les Rwandais se réunissent »

Gérard Karagnwa a pour sa part rappelé que le dialogue était un pilier dans le projet de société du PDP

« on ne va pas au Rwanda pour négocier, mais pour trouver un terrain devant permettre au dialogue d’aboutir ».

Il estime que le dialogue est un préalable à la réconciliation,« lorsqu’on parle de Réconciliation, elle doit avoir lieu entre qui et qui et pourquoi ? Il faut d’abord dialoguer, la réconciliation vient après».

Ancien combattant du FPR, le Vice-président du PDP est revenu sur son parcours. « Ce qui m’attriste, ce n’est pas le fait que j’ai été membre du FPR, ce qui m’attriste est que ce que j’ai été chercher en m’y engageant, la paix, la démocratie n’aie jamais été atteint c’est la raison pour laquelle j’ai repris le combat ».

Sur les garanties dont les deux leaders politiques disposeraient pour ne pas à leur tour être emprisonnés ou tués, Gérard Karangwa a lancé avec conviction « on n’a pas de garanties, notre garantie c’est notre conviction, notre garantie, ce sont les Rwandais qu’on rejoint, qui arrivent à un moment où ils sont prêts à lutter pour leur pays, notre garantie ce sont ces Rwandais qui n’aiment pas l’injustice ».

« Etre emprisonnés ? Être tués ? Nous ne serions pas les premiers.

Si je meurs n’ayez pas pitié pour moi, si je suis emprisonné, ne me pleurez pas, mais si je suis récupéré par le FPR, plaignez-moi car je serai à plaindre » a-t-il ensuite conclu comme une réponse à ceux qui croiraient à des connivences avec le régime actuel.

Ruhumuza Mbonyumutwa
Jambonews.net

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