vendredi 21 juin 2013

Pomme de discorde. Statut des réfugiés. Nouveau bras de fer entre la Rdc et le Rwanda

vendredi 21 juin 2013
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
*La Rd Congo considère que l’approche de l’application mécanique de la clause de cessation est inopérante dans la mesure où elle n’apportera pas une solution durable aux multiples problèmes que connaît la région, à la suite de la présence de réfugiés rwandais, spécialement, ceux d’entre eux qui se sont constitués en force négative

*L’application de cette clause signifie qu’au 30 juin 2013, environ 127.537 ressortissants rwandais qui sont entrés en Rdc avant le 30 décembre 1998 perdront leur statut de réfugiés et ne pourront plus bénéficier de la protection internationale

*Cet ultimatum du Rwanda devra être examiné avec sagesse par le Gouvernement de la République afin d’éviter de faire une passe en or à ceux qui cherchent des raisons pour concrétiser leur théorie de la balkanisation de l’Est de la Rd Congo

C’était hier jeudi que s’est ouvert à Kigali (au Rwanda) la Tripartite tant attendue et exigée par Kinshasa sur le statut des réfugiés rwandais qui sont sur le sol congolais. 
 
En effet selon Kigali, tous les réfugiés rwandais ne seront plus reconnus comme tels d’ici le 30 juin 2013. Cette décision du gouvernement rwandais avait suscité de vives réactions de Kinshasa qui exigeait une tripartite Rwanda-Rdc-Hcr avant son application.

Les Gouverneurs du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et le vice-gouverneur du Katanga sont déjà dans la capitale rwandaise à cet effet. Julien Paluku, Marcellin Chishambo et Yav Tshibal ont précédé le ministre congolais de l’Intérieur Richard Muyej qui est venu au Rwanda afin de trouver une solution à cette question épineuse qui continue, parmi tant d’autres, à opposer Kigali à Kinshasa.

Il sied de souligner que d’ici le 30 juin 2013, les réfugiés rwandais risquent de perdre leur statut comme le veut le gouvernement de Paul Kagame. Ce dernier veut en finir avec les exilés rwandais dans le monde trouvant que son pays est maintenant sécurisé et en voie de développement. 
 
La Rdc avait refusé de signer la clause de cessation du statut des réfugiés rwandais vivant en Rdc le 18 avril 2013 dernier à Pretoria. Avant de signer cette clause, la Rdc réclamait une Tripartite avec le Rwanda et le HCR pour évaluer les précédents accords signés sur le rapatriement des réfugiés rwandais.

C’est ici qu’il sied de préciser que l’application de cette clause signifie qu’au 30 juin 2013, environ 49.181 ressortissants rwandais, selon le HCR et 127 537 selon Kinshasa, qui sont entrés en Rdc avant le 30 décembre 1998, perdront leur statut de réfugiés et ne pourront plus bénéficier de la protection internationale.

La Rdc hausse le ton

Lors de la tripartie Rwanda-Rdc-Hcr ouverte hier jeudi matin à Kigali sur le statut des réfugiés rwandais, la représentante du HCR au Rwanda a révélé que plus de 3 millions et demi de Rwandais, venant principalement de la Rdc sont retournés chez eux. Neinah Warsame, dans son discours d’ouverture de cette rencontre, a espéré qu’une vision d’ensemble soit prise afin que ce problème de clause de cessation du statut des réfugiés rwandais soit élucidé.

A travers Richard Muyej, ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Sécurité, le gouvernement de la Rdc mesure pleinement l’importance de la rencontre de Kigali, dont la convocation fait suite à l’intention de la République du Rwanda d’appliquer la clause de cessation du statut de réfugiés pour ses ressortissants.

En effet, la présence de toutes ses personnes concernées par cette clause remonte à l’année 1994. La communauté internationale avait, à l’époque, demandé à la Rdc l’ouverture d’un couloir humanitaire pour l’accueil des réfugiés, des militaires et des hommes armés en provenance du Rwanda. 
 
Cette situation justifiée par une nécessité d’ordre humanitaire à l’époque a eu par la suite malheureusement des conséquences néfastes pour la Rdc, tant sur le plan sécuritaire, économique qu’environnemental.

La Rdc considère, en effet, que l’approche de l’application mécanique de la clause de cessation est inopérante dans la mesure où elle n’apportera pas une solution durable aux multiples problèmes que connaît la région, à la suite de la présence de réfugiés rwandais, spécialement, ceux d’entre eux qui se sont constitués en force négative.

Le gouvernement de la Rdc, sous l’impulsion du président de la République Joseph Kabila, réitère sa position exprimée à Genève et à Pretoria quant à la non-application sur son territoire de cette clause au 30 juin 2013.

Pour être réalisable, la Rd Congo estime que cette décision doit être soutenue par des mesures concrètes. Il s’agit de renforcer toutes les activités préalables pour passer du rapatriement facilite au rapatriement promotionnel ; organiser pour les réfugies des campagnes de sensibilisation au rapatriement, des campagnes d’information sur la cessation et ses conséquences afin que chacun puisse prendre une décision en toute connaissance de cause ; l’opération d’enregistrement ainsi que la récolte des intentions de retour ; la commission tripartite devra en outre programmer une équipe technique de travail à la fin des activités d’enregistrement en vue d’élaborer des actions détaillées de rapatriement ; la communauté internationale qui a imposé à la Rdc l’ouverture d’un couloir humanitaire en 1994 devrait être mise à contribution à travers le HCR afin d’apporter son appui habituel à l’ensemble de ces opérations attendues.

Le Rwanda pense le contraire



Pour Séraphine Mukantabara, ministre rwandaise de l’Intérieur et en charge de la gestion des catastrophes et des réfugiés, bien que les problèmes liés aux affaires des réfugiés restent accablants, le Rwanda ne reste pas les mains croisées. 
 
Aujourd’hui, dit-elle, 19 ans après la tragédie du génocide perpétré contre les tutsis, le Rwanda se félicite du pas déjà franchi dans les différents domaines tels que la reconstruction du pays (avec des moyens provenant des origines douteuses), la restauration de la sécurité et de la paix, le rétablissement de l’unité et de la réconciliation, le respect des droits de l’homme, l’assurance du bien-être économico-sociaux des rwandais, etc.

« Ces faits palpablement incontestables ont convaincu les Nations Unies ainsi que la communauté internationale à déclarer les 30 décembre 2011 la clause de cessation pour les réfugiés rwandais dont l’invocation est prévue le 30 juin 2013 », dit-elle, avant d’ajouter que le processus de la clause de cessation de réfugiés rwandais a commencé après la visite effectuée par le représentant du HCR au niveau mondial, M. Antonio Guiteres au Rwanda en 2009, visite au cours de laquelle ce responsable a pu constater que le moment était venu pour mettre fin au chapitre des réfugiés Rwandais vu que toutes les circonstances qui avaient poussé les réfugiés Rwandais à l’exode massif n’existaient plus.

Le danger

Du moins que la conclusion des travaux qui intervient aujourd’hui nous prouve le contraire, il y a réellement un danger qui court sur la Rd Congo. En effet, le Gouvernement de la Rd Congo ne devra pas perdre de vue que le Rwanda demeure le pays qui a été retenu pour concrétiser de toutes les façons la théorie de la balkanisation de la Rd Congo. 
 
A ce stade, en dépit des conditions données par la Rd Congo, le Rwanda n’est pas de nature à les observer. A ce sujet, le Gouvernement devra jeter un coup d’œil sur tous les engagements internationaux signés par le Rwanda et dire aux yeux du monde qu’est-ce qui a été réellement exécuté par ce pays.

En plus, étant donné que c’est la Rd Congo qui s’impose au rapatriement in globo des réfugiés rwandais, le danger est que plus tard, ces réfugiés ne se plaignent et n’exigent comme on l’entend déjà un territoire propre à eux. Ça sera donc une manifestation et une réalisation parfaite de la balkanisation tant décriée.

A ce jour, qu’est-ce qui est prioritaire et profitable à la Rd Congo ? Est-ce le fait de faciliter le rapatriement de ces réfugiés dans leur pays d’origine, ou bien d’assister à l’insécurisation de l’Est de la Rd Congo.
 
Peut-être qu’à l’issue des travaux d’aujourd’hui, il sera possible de parvenir à une solution conciliante. Mais en tout été de cause, en faveur de la Rdc. Kinshasa a donc intérêt à jouer et gagner sans autre forme de procès.

L’Avenir

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