13/06/2013
Ban Ki-Moon, Kabila et Jim Yong
Plusieurs sont les déclarations de hautes personnalités des institutions, de la diplomatie et de la politique à propos du drame actuel en cours dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDCongo), ce qui prouve l’intérêt de la communauté internationale pour le retour de la paix dans ce pays.
Mais leur langage très diplomatique et officiel n’est pas du tout compris, ni accepté par la population congolaise. En effet, un tel langage est, souvent, source de doutes, d’incertitude, de méfiance et de découragement.
Les ambiguïtés et les ombres d’un langage trop «diplomatique».
Lorsque le ministre belge des Affaires Étrangères déclare que, «si le Rwanda ne veut pas être considéré comme faisant partie du conflit, qu’il démontre de vouloir faire partie de la solution», ou quand le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, demande au Président rwandais, Paul Kagame, de «utiliser son charisme politique pour la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs», qu’est ce qu’ils veulent dire?
Ils essayent, peut-être, de demander au Rwanda et l’Ouganda de mettre fin à leur appui au Mouvement du 23 Mars (M23), à l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDCongo et à leur ingérence dans la vie politique congolaise.
Peut-être Avec un langage diplomatique, ils leur demandent, peut-être, de respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la RDCongo. Mais le peuple congolais ne peut pas comprendre par quelle sorte de magie, ceux qui sont à l’origine du conflit et qui sont la cause principale de sa souffrance peuvent, en même temps, être des artisans de paix.
Les Congolais ont l’impression qu’on veut, à tous prix, les convaincre du fait que leurs bourreaux peuvent aussi être leurs sauveurs et leurs libérateurs. Impossible!
Lorsque, à Kinshasa, Ban Ki-moon invite le président Kabila à reprendre les négociations avec le M23 à Kampala, il semble oublier que, comme les précédents mouvements soi-disant rebelles (AFDL, RCD, CNDP), le M23 aussi est soutenu, en hommes, armes et munitions, par des Pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda.
Le prétexte est d’assurer la sécurité de leurs frontières de la «menace» provenant de leurs respectives rébellions qui se sont réfugiées en RDCongo, les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et l’ougandaise ADF-Nalu.
Il aurait été logique que, pour résoudre le problème congolais dans son intégralité, Ban Ki-moon demande aussi au Rwanda et à l’Ouganda de commencer à négocier avec leurs rébellions respectives, mais il ne l’a pas fait.
La confusion de la population congolaise vient du fait que la communauté internationale demande à la RDCongo ce que l’on n’ose pas demander au Rwanda et à l’Ouganda. Le peuple congolais ne peut plus tolérer cette stratégie des deux poids et deux mesures.
Seul le Président tanzanien, Jakaya Kikwete, a osé proposer, jetant un pavé dans la mare, l’organisation d’un dialogue inter-rwandais et d’un dialogue inter-ougandais, qui puissent déboucher à des accords qui puissent permettre aux différents groupes armés étrangers présents dans l’est de la RDCongo, de rentrer, sans armes, dans leurs Pays respectifs. Ce serait un moyen susceptible de rétablir la paix dans l’est de la RDCongo et dans toute la région des Grands Lacs.
A Kinshasa, Ban Ki-moon, a demandé le respect et la mise en œuvre de l’accord de Addis-Abeba et a souhaité qu’un tel accord soit appliqué à l’intérieur et à l’extérieur de la RDCongo.
Cependant, à Kigali, dans une brève déclaration à la presse, il n’a jamais mentionné l’aspect régional de cet accord, ni l’épineuse question de l’appui rwandais au M23. Ban Ki-moon sait que l’objectif du régime rwandais est d’infiltrer et déstabiliser, par le biais du M23, les institutions de la RDCongo, pour obtenir le plein contrôle militaire, politique et économique sur l’est du Pays, très riche en ressources naturelles.
Mais Ban Ki-moon a voulu éviter ces sujets tabous et s’est contenté de parler, pour la énième fois, sur le récent développement économique du Rwanda et sur ses progrès sur la parité hommes / femmes. Le peuple congolais, cependant, sait que l’actuel régime rwandais saura toujours trouver les moyens pour «violer légalement" l’accord en question, se voyant soutenu et protégé par les multinationales occidentales et certaines puissances internationales, y compris les Etats-Unis, l’Angleterre et le Canada.
Le peuple congolais attendait que Ban Ki-moon annonce des sanctions précises, au cas où Kigali ne respecte pas les accords d’Addis-Abeba, mais en vain.
Lors de la dernière visite de Ban Ki-moon dans la région des Grands Lacs, la Banque Mondiale a alloué un milliard de dollars pour des projets de développement dans la région.
Il s’agit d’un geste qui peut paraître tout à fait normal, mais la population n’est pas de cet avis, comme l’a exprimé le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku: «Tout le monde sait que les pays de la région, et en particulier le Rwanda et l’Ouganda, ont saigné la RDCongo par le pillage ininterrompu de ses ressources naturelles et minières.
Il ne serait donc pas logique financer les pays qui se sont enrichis au détriment du peuple congolais, en détruisant toutes les infrastructures socio-économique locales et provoquant sa misère.
Pour ce faire, le milliard de dollars alloué par la Banque Mondiale devrait être investi principalement dans l’est de la RDCongo pour sa relance économique, afin de récupérer le retard que les guerres à répétition lui ont imposé».
Passer de la cacophonie à une symphonie.
Probablement, ce sont ces ambiguïtés et contradictions d’un langage trop diplomatique qui bloquent le processus de paix en RDCongo. Il faut donc changer de stratégie et passer à un langage plus clair, plus explicite et plus direct.
Il sera nécessaire passer de la cacophonie à une symphonie en harmonie avec la population locale. Sans aucun doute, la clarté et la transparence aideraient le peuple congolais à regagner la confiance dans les institutions internationales.
1. A CONCLUSION DE LA VISITE DE BAN KI-MOON
a. Un nouveau sommet à Addis-Abeba
Le 26 mai, les onze chefs d’Etat africains qui ont signé l’accord d’Addis-Abeba sur la paix dans l’Est de la RDC en février dernier se sont réunis ce dimanche 26 mai dans la capitale éthiopienne en marge de la célébration du cinquantenaire de l’Organisation de l’unité africaine.
Le chef de l’Etat de la RDC Joseph Kabila a discuté avec ses homologues du Rwanda et d’Ouganda, Paul Kagame et Yoweri Museveni. Aucune annonce concrète n’a été faite immédiatement après cette réunion tenue à huis clos.
Avant cette réunion, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, a déclaré qu’une paix durable dans les Grands Lacs n’est possible que « si tous les pays signataires travaillent ensemble pour sortir de l’impasse politique et créer une nouvelle dynamique en faveur de la sécurité de la population et du développement économique », ajoutant qu’il fallait passer « le test de la mise en œuvre » de l’Accord d’Addis-Abeba.
Le président tanzanien, Jakaya Kikwete, en tant que Pays fournisseur de troupes pour la nouvelle brigade de la Monusco, a profité de l’occasion pour livrer sa vision de la feuille de route à tenir en vue d’une résolution durable de la crise dans l’est de la RDCongo.
Pour lui, la brigade d’intervention des Nations unies n’aura aucun impact si le dialogue ne s’ouvre pas entre les différents protagonistes, y compris entre le Rwanda et les FDLR et entre l’Ouganda et l’ADF-NALU.
Le président tanzanien a dit trois choses. D’abord, la brigade spéciale de l’ONU est une bonne chose, mais cela ne règlera pas le problème de fonds, qui est politique. Ensuite, il a insisté sur la nécessité d’une reprise du dialogue entre le gouvernement congolais et le M23. Enfin, et surtout, pour lui, un tel dialogue ne suffira pas.
Si Kinshasa négocie avec ses ennemis du M23, il faut aussi que Kigali accepte de parler avec ses ennemis des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), et Kampala avec les rebelles ougandais de l’ADF-NALU. Pas de paix durable, sans négociation globale. A ces mots, le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, n’a pas bronché. Aucune réaction de sa part.
«S’il n’a rien dit, c’est déjà ça», souffle un participant à cette réunion. «Jusqu’à présent, pour lui, les FDLR c’était le diable». Paul Kagame n’a rien dit, mais Yoweri Museveni, lui, a réagi d’une seule phrase: «On discute avec ceux qui veulent discuter et on isole les autres».
Dans une interview accordée à RFI, la réponse de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a été cinglante: «Si le président Jikaya Kikwete pense que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations, c’est aberrant. Ceux qui pensent que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations avec les FDLR, ne savent pas de quoi ils parlent.
Les FDLR sont un groupe de génocidaires qui disposent de sympathies, ici et là. Au niveau de notre voisinage, mais aussi loin du Rwanda». Dans la même interview, Louise Mushikiwabo affirme aussi que «la nouvelle brigade d’intervention de la Monusco est un élément important d’un package à caractère politique.
Donc, ce qui est très important aujourd’hui c’est que l’on puisse très rapidement s’attaquer à cette solution politique qui n’est qu’une solution politique interne à la RDCongo. La brigade, il ne faut pas se tromper, ce n’est pas une solution au problème du Congo, c’est une petite contribution».
Le 28 mai, François Mwamba, le tout nouveau coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord-cadre de paix d’Addis-Abeba, a salué la proposition du président tanzanien, en soulignant que «ce que l’on demande à la RDC, il faudrait le demander aux autres aussi, pour que l’on aboutisse à une solution globale».
À propos du blocage des pourparlers entre le M23 et le gouvernement à Kampala, François Mwamba, a affirmé que le gouvernement attend la proposition finale de la médiation devant mettre fin aux discussions.
Au mois de mars, le gouvernement avait élaboré un texte de 12 articles qui aurait pu être signé comme document final mettant fin aux discussions.
Mais le M23 avait estimé que ce document n’était pas conforme à ses attentes et proposa, à son tour, un autre texte. La facilitation devait convoquer une plénière pour examiner les deux textes, afin de trouver un consensus et conclure les négociations entamées depuis le 9 décembre 2012. Cette plénière n’a jamais été convoquée.
En réagissant à la proposition du président de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, faite le 26 mai au sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, demandant au Rwanda et à l’Ouganda de négocier avec leurs rebelles respectifs, comme le fait le gouvernement congolais avec le M23, le président d’Ibuka, l’association qui regroupe les survivants du génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994, Jean Pierre Dusingimungu, a affirmé que, négocier avec les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), "c’est légitimer leur cause et encourager l’impunité".
Fanny Bahati, une survivante du génocide, a déclaré que "Kikwete, dont le pays abrite le siège du TPIR (Tribunal pénal international pour la Rwanda), semble ignorer l’histoire".
Godefroid Kä-Mana aussi, président de 'Pole Institute', un institut interculturel de la région des Grands Lacs, basé à Goma, au Nord-Kivu, a déclaré que "négocier avec les FDLR signifie effacer tous les crimes qu’ils ont commis" et il estime qu’on ne peut pas demander au gouvernement rwandais de négocier avec les FDLR.
Les propos de Kikwete constituent "une insulte au peuple rwandais", a affirmé Gédéon Kayinamura, président de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale du Rwanda. Ce parlement exige des excuses de la part de la Tanzanie.
Au lendemain des déclarations faites par Gédéon Kayinamura, demandant au gouvernement tanzanien de présenter des excuses, pour avoir proposé la tenue d’un dialogue politique inter-rwandais, le ministre tanzanien MEMBE a tout simplement déclaré que «pour rien au monde, la Tanzanie ne va présenter aucune excuse.
Tout d’abord, parce que le gouvernement tanzanien est animé et guidé par de bonnes intentions visant le rétablissement d’une paix durable dans la sous-région, plongée dans des guerres répétitives depuis bientôt vingt ans. Ensuite, parce que c’est depuis seize ans que Kigali défend la thèse de la guerre préventive contre les rebelles hutu rwandais réfugiés en RDC, considérée comme son champ de bataille et cela sans succès.
À quatre reprises, en effet, le gouvernement de Kigali a soutenu des mouvements soi-disant rebelles congolais, pour neutraliser les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR). Tour à tour l’AFDL, le RCD, le CNDP et récemment le M23 ont bénéficié publiquement des appuis diplomatiques, financiers, militaires du gouvernement rwandais.
Ce sont d’ailleurs des éléments recrutés dans les rangs des militaires réservistes rwandais qui ont toujours formé le gros des troupes de toutes ces rébellions soi-disant congolaises qui se sont battus aux côtés des éléments congolais entrainés, formés et équipés par les officiers supérieurs de l’armée régulière rwandaise».
Enfin, le ministre Membe est d’avis que le refus d’ouvrir des négociations avec les rebelles hutu des FDLR ne sera jamais la meilleure voie pour ramener la paix dans cette Sous-région des Grands Lacs, particulièrement en RDC, en Ouganda et au Rwanda.
Le 4 juin, à Kinshasa, ambassadeur de Tanzanie en RDCongo, Emedy Ngaza, ha affirmé, de son côté, que «s’opposer à la proposition du président tanzanien d’un dialogue entre le Rwanda et l’Ouganda et leurs rébellions respectives, c’est s’opposer à l’avènement d’une paix durable dans la région des Grands Lacs».
«La paix dans la région des Grands Lacs passe essentiellement par la démocratisation effective des institutions au Rwanda et le dialogue avec les FDLR», a déclaré Julien Paluku, Gouverneur de la Province du Nord-Kivu.
L’homme croit dur comme fer que c’est par un dialogue officiel et ouvert entre le pouvoir de Kigali et les rebelles des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) notamment, qu’une paix durable pourra s’installer dans la région.
Julien Paluku estime que tous les rwandais se trouvant à l’extérieur ne doivent pas être considérés comme des génocidaires. Puisque, soutient-il, parmi eux l’on distingue trois catégories des personnes. Il y a d’abord, les hommes les plus recherchés de la justice internationale. Des véritables criminels qui ont perpétré le génocide au Rwanda en 1994.
Ces individus devraient avoir un traitement beaucoup plus sévère de la part du gouvernement rwandais. Il y a ensuite, les réfugiés politiques rwandais qui fuient le régime monolithique et la terreur installés à Kigali, depuis 19 ans et dont on ne sent pas la moindre tendance de partage du pouvoir entre tous les fils et filles du Rwanda.
L’illustration est la condamnation d’une opposante de renommée internationale, madame Ingabire dont le seul péché aura été d’avoir osé se présenter candidate à la présidentielle 2010 à Kigali.
Elle a été condamnée à 8 ans de prison ferme, peine qui s’étendra jusqu’en 2018. Tout ceci, afin de l’empêcher de rééditer l’exploit, en tentant encore de se représenter au rendez-vous de la présidentielle 2017.
C’est ici que le Gouverneur Julien Paluku étale son exaspération et appelle le Président Paul Kagame à dialoguer avec cette catégorie des rwandais qui n’ont rien à avoir avec le génocide mais à qui l’on a toujours collé ces crimes contre leur silence.
Il y a, enfin, ces autres rwandais que le génocide a trouvé à fleur d’âge, alors mineurs (moins de 18 ans en 1994). Ceux-ci aussi sont gratuitement taxés de participation au génocide, alors qu’ils n’étaient ni de près, ni de loin mêlés aux atrocités de 1994. A cette catégorie, il convient d’associer tous ceux qui sont nés à l’extérieur du Rwanda, c’est-à-dire, pendant tout ce temps de refuge.
A ce jour, leur âge est compris entre 19 ans et près de 35 ans. A ceux-là, il ne doit pas leur être attribué l’idéologie du génocide, car ils n’étaient pas présents sur le sol rwandais en ces temps là, parce que nés en dehors du pays. Pour l’Autorité provinciale du Nord-Kivu, les propos du Président tanzanien concernent les deux dernières catégories des Rwandais qui sont totalement exclus de la gestion politique de leur pays, le Rwanda.
Évoquer cela n’est ni se faire porteur de l’idéologie du génocide, ni être porte-parole des FDLR.
Selon plusieurs observateurs, pour les dirigeants de Kigali, celui qui réclame le dialogue inter- rwandais doit être traité de complice et sympathisant des génocidaires hutu. Paul KAGAME et ses amis du FPR ne supportent pas la moindre contradiction. Ils ont fait du génocide leur fonds de commerce pour inculquer aux Pays membres de la Communauté Internationale le sentiment de culpabilité pour n’avoir pas porté assistance à un peuple massacré en 1994.
Et chaque fois qu’ils sont coincés et à court d’arguments, ils se réfugient toujours derrière ce même prétexte du génocide. Ils ne veulent pas reconnaître que tous les hutu réfugiés en RDC ne sont pas des génocidaires et que, en 1994, des centaines des milliers d’entre eux avaient été massacrés, soit par des miliciens interahamwe, soit par des militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR).
Si le régime rwandais s’obstine pour imposer sa politique d’exclusion, que pourra-t-on faire pour que les Congolais, victimes de massacres, viols massifs, déplacements forcés à l’intérieur de leur pays, pillages des ressources minérales de leur pays, puissent s’entendre un jour avec les régimes rwandais, ougandais et burundais qui sont aujourd’hui reconnus responsables d’innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis sur leur sol?
Car, la paix et l’entente ainsi que la coopération sont le fruit de la recherche de la vérité et de la Justice par le dialogue et les négociations entre les États.
Selon plusieurs observateurs, la sortie de crise de la région des Grands Lacs passe par une approche globale entre tous les pays impliqués. Tous les pays de la région sont touchés, d’une manière ou d’une autre, par des mouvements rebelles: le Rwanda par les FDLR, l’Oganda par l’ADF-Nalu. Puisque tous sont concernés, l’ONU envisage de mettre en place un mécanisme de résolution qui les implique tous.
Si cette approche paraît efficace, sa réussite est conditionnée cependant à certains préalables. C’est le cas de la bonne foi des acteurs impliqués à collaborer pour une solution mutuellement avantageuse pour tous les pays. Or, de ce point de vue, il n’est pas sûr d’affirmer que pour le cas spécifique de Grands Lacs, tous les pays regardent dans la même direction. Aujourd’hui, il est prouvé avec l’échec de tous les mécanismes mis en œuvre dans la région que la bonne foi de certains pays, tels que le Rwanda et l’Ouganda, n’est pas établie.
Nombreux sont les observateurs qui estiment que le retour de la paix en RDC va desservir ses voisins, principalement ceux de l’Est. Non seulement, ceux-ci vont perdre les dividendes tirés du pillage des ressources naturelles, mais également la réconciliation recommandée va mettre en péril leurs régimes.
En d’autres termes, le processus de rapatriement-réconciliation, particulièrement au Rwanda et en Ouganda, va ramener sur leurs territoires respectifs des rebelles qu’ils ont réussi à tenir à l’écart depuis des décennies. Au point où, faire du balai en RDC devient une gageure.
Tous le savent et personne n’ose le dire à haute voix. Il n’y a que la force de la pression pour ramener les Etats réfractaires, le Rwanda et l’Ouganda en particulier, à s’impliquer réellement dans l’option globale dégagée à Addis-Abeba par le Président Tanzanien.
Pour ce qui concerne le M23, l’implication de la communauté internationale doit se traduire par une force coercitive et non une force préventive qui ne peut dissuader personne. Preuve, la Monusco est forte de 17 mille hommes mais elle n’est jamais arrivée à mettre fin aux conflits armés à l’est du Pays. C’est dans ces conditions que l’implication voulue de tous les pays de la sous-région pourrait trouver son sens au regard de l’accord-cadre d’Addis-Abeba.
b. L’ambiguïté du rôle de la communauté internationale, du Rwanda et de l’Ouganda
À l’issue de la tournée de Ban Ki-moon en RDC, au Rwanda et en Ouganda, l’ancienne présidente irlandaise a accordé une interview exclusive à Bruno Minas, correspondant de RFI. Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies pour les Grands Lacs plaide pour une résolution de la crise par le développement et se félicite de l’engagement financier de la Banque mondiale: «On a maintenant un milliard de dollars, cela change beaucoup de choses».
RFI: Ban Ki-moon souhaite la reprise des pourparlers de Kampala entre le M23 et le gouvernement de Kinshasa. Tout le monde pensait que ce dialogue était enterré. Pensez-vous qu’il est encore possible de le reprendre et que c’est vraiment nécessaire?
Mary Robinson: Je pense que c’est nécessaire, parce qu’il est mieux que les gens discutent pour trouver un moyen de ramener la paix. Maintenant nous avons une approche plus large avec l’accord-cadre d’Addis Abeba. Il s’agit de la paix, de la sécurité et du développement. Les deux parties peuvent tirer les bénéfices de la paix. Je veux encourager les deux parties, le gouvernement et le M23, à retourner à la table des négociations, parce qu’il y a beaucoup plus de choix maintenant.
RFI: Est-ce que cela signifie qu’il faudra encore incorporer des combattants rebelles dans l’armée nationale comme par le passé?
Mary Robinson: Je sais qu’on a très peur de cette solution, surtout à Goma. Il y en a certains qu’on pourrait intégrer, mais pour les autres on a maintenant plus de choix sur ce qu’ils pourraient faire; parce qu’on peut proposer une sorte de «force économique».
Il ne faut pas d’impunité et d’intégration irréfléchie, parce que, jusqu’à maintenant, cela n’a pas marché. Mais, désormais, nous savons qu’il y aura des initiatives pour le développement avec le soutien de la Banque Mondiale. On a maintenant un milliard de dollars et cela change beaucoup de choses, ça compte !
RFI: C’est le milliard de dollars qui va ramener la paix?
Mary Robinson: Non, on ne peut pas le dire comme ça. Mais il faut que la mentalité des gens change un peu, et qu’ils puissent se dire qu’il y aura un meilleur avenir, parce que c’est une région tellement riche! Et on pourrait vraiment avancer, comme d’autres pays en Afrique. J’ai parlé avec des groupes de femmes, avec la société civile. Tout le monde veut le développement.
RFI: Cela signifie-t-il que le Congo doit partager un peu de ses richesses?
Mary Robinson: Au Congo, en ce moment, la richesse est volée. Si on pouvait exploiter tout cela de manière légale, cela pourrait aider tous les pays de la région. Parce qu’on a besoin d’investissements, de travailleurs... C’est bon pour tout le monde.
RFI: Il y a beaucoup d’accusations contre le Rwanda et l’Ouganda, qui seraient derrière le M23. Qu’est ce que vous pensez de ces accusations?
Mary Robinson: Moi, je veux aller de l’avant. J’ai des discussions privées avec des gens en tant qu’envoyée spéciale. Je crois que l’on va faire des progrès, et on en a fait déjà.
RFI: Il y a un débat en RDC sur la démocratie et les droits de l’homme. On y attend toujours une concertation promise par le président...
Mary Robinson: Quand nous étions à Kinshasa et Goma, nous avons parlé de cette concertation, de ce dialogue, et j’ai l’impression qu’il va commencer bientôt. C’est important, parce que j’ai trouvé que les groupes de femmes et la société civile sont un peu trop préoccupés par cette affaire de brigade d’intervention pour résoudre tous les problèmes.
Moi, je dis que la brigade, certes, est importante, mais ce n’est pas la solution. La solution c’est plutôt l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et le développement. Il faut que les Congolais comprennent bien que le gouvernement doit avoir une armée et une police qui marchent bien, une autorité de l’Etat partout sur le territoire. C’est du long terme, je sais.
Mais, maintenant, je crois qu’on peut vraiment bien commencer. On a le mécanisme de suivi. J’espère que la société civile, les groupes de femmes et les jeunes vont suivre ce processus, et l’opposition aussi.
RFI: La brigade d’intervention serait donc plutôt une brigade de dissuasion?
Mary Robinson: Je l’espère bien. Il faut qu’elle soit une force de prévention et que l’on fasse plutôt des progrès au niveau politique, vers la paix, et surtout le développement.
Le Rwanda et l’Ouganda jouent un rôle assez particulier. Ils sont à la fois accusés de soutenir la rébellion et, en même temps, sont considérés comme des solutions au conflit.
C’est l’ambiguïté qui règne depuis des années. Le sujet est presque tabou. A tel point, d’ailleurs, qu’il est impossible de tirer un mot de Ban Ki-moon sur ces questions-là.
L’Ouganda a un rôle doublement particulier, puisque l’Ouganda est aussi un pays médiateur entre le M23 et la RDC.
Même si cette négociation entamée depuis le début du mois de décembre 2012 s’est complètement enlisée à l’heure qu’il est. A Kigali, Ban Ki-moon a d'ailleurs déclaré qu’il avait encouragé le président Kabila, rencontré la veille, à poursuivre les négociations de Kampala.
Mais effectivement, on marche sur des œufs dans ces deux pays, où certains les accusent d’être les soutiens de la rébellion, et d’autres disent qu’au contraire, ils peuvent jouer un grand rôle pour la paix.
Déjà le 10 mai dernier, par exemple, au cours d’une réunion tenue à Bujumbura (Burundi), les ministres des Affaires étrangères du Rwanda, du Burundi et de la RDCongo avaient exprimé leur souhait de créer une cour de justice pour juger les auteurs des crimes commis dans la région des Grands Lacs.
Toutefois, les chefs des diplomaties de ces trois pays n’avaient pas encore défini les modalités de la création de cette cour, ni ses compétences. Selon certains observateurs, cette initiative pourrait masquer la tentative, de la part des gouvernements rwandais et ougandais, de soustraire à la justice internationale les auteurs de graves violations des droits de l’homme commises par des responsables rwandais et ougandais sur le territoire congolais.
2. APRES L’ATTAQUE DU M23 SUR MUTAHO (NORD KIVU)
Les habitants et la société civile du Nord-Kivu manifestent de plus en plus des gestes de solidarité en faveur des Forces armées de la RDC (FARDC) depuis les derniers combats qui les ont opposés aux rebelles du M23 à Mutaho du 20 au 22 mai.
Les femmes des partis politiques, des associations locales ainsi que de la société civile du Nord-Kivu ont remis aux responsables de l’armée à Goma une enveloppe de 1 000 dollars pour les militaires positionnés sur la ligne de front.
La rapporteuse du comité des femmes, Me Nelly Lumbulumbu, indique qu’il s’agit d’un geste pour encourager les forces armées et «leur dire que les femmes et toute la population congolaise les soutiennent».
Pendant que les combats se déroulaient à Mutaho, certains habitants de Mugunga s’étaient portés volontaires pour transporter le matériel militaire et les minutions au front. Mais le commandement militaire n’a pas accepté cette offre, expliquant qu’elle mettrait en danger la vie des civils.
D’autres habitants du Nord-Kivu ont posté sur le réseau social Facebook des messages de soutien aux FARDC. Des responsables de la société civile provinciale rappellent cependant aux militaires leur responsabilité vis-à-vis des civils, les mettant en garde contre des exactions comme celles qui ont été commises en novembre dernier à Minova lors de l’occupation de Goma par le M23.
Le 28 mai, le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, a déclaré que le M23 profite de la trêve pour renforcer ses positions en hommes et munitions en provenance du Rwanda et que cette attitude démontre qu’il a toujours l’ambition de reprendre la ville de Goma.
Le 29 mai, à Goma, à la fin d’une réunion de sensibilisation des jeunes pour qu’ils n’intègrent pas les groupes armés, les chefs coutumiers du Nord-Kivu ont demandé au gouvernement congolais d’éviter d’intégrer des étrangers, de criminels ou de rebelles au sein des Forces armées de la RDC (FARDC).
Le dialogue a été organisé par le Barza intercommunautaire et la société civile du Nord-Kivu, avec l’appui de la section de l’information publique de la Monusco.
Pour plus de deux-cents notables du Nord-Kivu, qui ont participé à ce dialogue, une des voies de sorties pour cette province, après plus de vingt ans de guerre, est la formation d’une armée capable de veiller à l’intégrité du territoire national.
Ces communautés se sont engagées à sensibiliser leurs jeunes à quitter les groupes armés et les mouvements rebelles. Elles ont aussi demandé au gouvernement d’être rigoureux dans la sélection des combattants devant intégrer l’armée.
Le 4 juin, le porte-parole militaire de la Monusco, le lieutenant-colonel Prosper Basse, a déclaré que un tiers de l’effectif de la brigade d’intervention de l’Onu, est déjà arrivé à Goma. D’autres militaires sont attendus «dans les prochains jours».
Cette brigade doit être constituée de 3 069 hommes fournis par la Tanzanie, le Malawi et l’Afrique du sud. Une partie des troupes sud-africaines sera basée à Munigi, au Nord de Goma. Une autre caserne à l’Ouest de la ville est en cours d’édification.
Le porte-parole des Nations unies, Martin Nesirky, avait annoncé le 3 juin que les éléments de la brigade déjà sur place avaient déjà commencé à patrouiller avec d’autres éléments de la Monusco. Selon le patron des opérations de maintien de la paix de l’Onu, Hervé Ladsous, cette brigade devrait être opérationnelle d’ici la mi-juillet.
Dans un communiqué publié le 24 mai dernier, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, avait souhaité un déploiement «rapide» de cette force.
Le 5 juin, le porte- parole civil de la Mission de l’Onu pour la Stabilisation du Congo (Monusco), Penangini Touré, a déclaré que, si les rebelles du M23 retournent effectivement à Kampala pour continuer les négociations, la brigade d’intervention de l’Onu n’ira pas les attaquer là où ils sont.
«La brigade est là pour neutraliser ces forces qui vont s’apprendre à la population civile», a indiqué M. Touré, ajoutant que, «s’ils restent cantonnés là où ils se trouvent et s’ils ne dérangent personne, je ne vois pas pourquoi la brigade d’intervention ou la force de la Monusco chercheraient à les déloger».
«Tôt ou tard il faudra que cette force se range du coté de la République, il y a une seule république, il y a une seule autorité d’Etat et il y a un seul gouvernement. Il faut que tout le monde s’inscrive à cette logique là.
Donc, tôt où tard, ces groupes armés devront être démantelés, si véritablement, on veut arriver à la paix», a-t-il poursuivi. «Mais entre temps, les négociations doivent se poursuivre», a conclu le porte-parole onusien.
Le 5 juin, dans un communiqué de presse, le chef politique du M23, Bertrand Bisimwa, a indiqué que «le M23, en accord avec la facilitation, confirme que sa délégation se rendra à Kampala le dimanche 9 juin, afin de poursuivre le dialogue avec le gouvernement congolais».
Le M23 justifie cette décision notamment par les propos du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et sa représentante spéciale pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson, lors d’une tournée fin mai en RDC, au Rwanda et en Ouganda. Ban Ki-Moon et Mary Robinson avaient alors préconisé une «solution politique dans la résolution des causes profondes de la crise à l’Est de la RDCongo», résume M. Bisimwa.
Ces discussions, débutées en décembre 2012, étaient au point mort depuis la scission du mouvement rebelle en février dernier. En mars, à la suite du vote de la résolution 2098 du Conseil de Sécurité créant la brigade d’intervention de la Monusco, chargée de combattre les groupes armés dans l’Est de la RDC, Kinshasa avait demandé au M23 de s’auto-dissoudre.
3. ECHAFFOUREES A BUKAVU (SUD KIVU)
Le 24 mai, depuis 4 heures du matin, des jeunes "Banyamulenges" du quartier Nguba, à l’Est de la ville de Bukavu, près de la frontière avec le Rwanda, ont barricadé la route principale qui mène vers la frontière Ruzizi Ier.
A première vue, ces jeunes "banyamulenges" ont voulu manifester leur mécontentement vis-à-vis de certains faits survenus le jour précédent. Dans la soirée du jeudi 23 mai 2013, il y aurait eu des disputes violentes entre un groupe de jeunes congolais et de banyamulenges dans le quartier derrière le marché de Nguba.
Pour la partie banyamulenge, tout serait parti des injures proférées gratuitement par les congolais les qualifiant de M23 alors qu'ils discutaient paisiblement de certaines questions privées.
Pour l'autre partie (congolaise), tout aurait commencé dans un débit de boisson lorsque quelques jeunes banyamulenges sont entrés et ont pris la bouteille de quelqu'un qu'ils ont cru déjà ivre.
Lorsque celui pose des questions, il reçoit des crachats sur la figure, ce qu'il n'a su supporter. La bagarre a commencé jusqu'au point de blesser 2 filles et 3 garçons banyamulenges qui ont été internés par la suite au Dispensaire BIOSADEC à Nguba.
Pour se venger, les jeunes banyamulenges, vivant en groupe de plus de dix personnes ça et là dans toute la ville dans ce qu'ils appellent foyers des étudiants, n'ont pas trouvé mieux que de barricader la route, empêchant à toute la population, du reste pas concernée par ce conflit privé, de vaquer paisiblement à ses activités.
Les enfants n'ont pas pu rejoindre leurs salles de classe. Tous les parents qui conduisaient à pieds, à moto ou à véhicule leurs enfants à l'école se sont vus refuser de dépasser le collège. Cela a paru injuste et inacceptable et certains motards ont voulu exiger d'ouvrir le passage.
A ce moment là, certains motards amenant des écoliers ont essuyés des jets de pierres et en ont été blessés. Cela a alors ravivé la colère de tous les autres taxis motards, qui généralement sont solidaires dans toutes les circonstances. Une rapide et forte mobilisation s'en est suivie et la violence a pris de l'ampleur. Les jets des pierres entre les deux parties avaient tellement pris d’ampleur que la situation de violence a dégénéré.
Les dégâts ont été très importants: des casses, des blessés dans les deux camps, des destructions injustifiées, des pillages et des vols d'argent et d'objets de valeur.
Dans la foulée, l'église méthodiste de Muhumba a été saccagée et brulée en partie. Il en est de même de l'église CEPAC/SHALOM de Nguba. Il faut rappeler que ces deux églises sont essentiellement banyamulenges.
Selon plusieurs observateurs, au Kivu, les situations d'insécurité perdurent désormais depuis 20 ans, et se ressemblent toujours. Tout est devenu du déjà vu, déjà entendu et du déjà vécu.
On peut dire sans risque de se tromper que rien ne se fait sans cause ni sans arrière pensée « politique » dans ce genre de manifestation. Faut-il penser à une stratégie délibérée?
Comment expliquer qu'un conflit privé entre quelques jeunes du quartier peut conduire à de tels débordements sans qu’on ne puisse penser à manipulation et instrumentalisation orchestrée?
Doit-on penser au cheval de Troie marque M23? Seule la suite pourra le confirmer ou le démentir. Mais il est quasi certain que la xénophobie et la haine ethnique seront une fois de plus commercialisées par les leaders et extrémistes tutsis/banyamulenges pour justifier toute éventuelle réaction militaire et/ou politique.
Le même 24 mai, en effet, dans un communiqué de presse, signé à Bunagana (Nord Kivu) par Amani Kabasha, Chef du Département de la Communication et Médias du M23, «la Direction du Mouvement dénonce et condamne les exactions sélectives perpétrées plus précisément dans les villes de Bukavu et de Goma, à l'endroit des certains compatriotes pour leur appartenance ethnique».
Toujours selon le communiqué, «à Bukavu des hordes de jeunes manipulées et payées par les autorités locales ont pris à partie des étudiants banyamulenge qui ont été tabassés, mutilés et ont subi des traitements dégradants, en violation des droits et de la dignité de la personne humaine. Certains y ont trouvé la mort par suite des coups, d’autres ont été brûlés dans les Eglises.
La stigmatisation d’une partie de la communauté nationale, prise pour bouc émissaire des problèmes auxquels le pays est confronté, est à la base de beaucoup de frustrations ayant conduit à des guerres récurrentes.
Certaines autorités se ménagent, quotidiennement, de larges espaces sur les medias publics et privés, pour lancer des messages d’appel à la haine ethnique, un discours populiste qui a fait de la haine tribale le ciment d’un pseudo patriotisme. Des discours de haine ethnique sont adoptés comme stratégie de mobilisation populaire.
Le M23 tient le Gouvernement de la RDCongo pour unique responsable de cette épuration ethnique. Ces actes de génocide sont la conséquence des appels à la haine, que personne n’a condamnés jusqu’à date.
Nous nous faisons donc l’obligation de prévenir la Communauté Nationale et Internationale sur le caractère préoccupant de la menace que constitue cette campagne de haine ethnique dans une Région qui a déjà connu un des génocides de l’Histoire de l’Humanité.
Nous lançons aussi un appel à toute la Communauté Humaine, aux institutions internationales, en l’occurrence la Monusco, qui a pour mission de protéger les populations civiles, à mettre un terme à la collaboration avec les instances sécuritaires (services de renseignements, services des migrations, Armée et Police) du Gouvernement congolais».
Selon certains observateurs, la rapidité avec laquelle le M23 a réagi peut laisser entrevoir son implication directe dans les incidents de Bukavu, par l’action interposée de certains de ses militants infiltrés dans la ville.
Tout d’abord, le communiqué du M23 exaspère les tons et falsifie l’information quand il parle de jeunes Banyamulenge tués suite aux coups reçus ou brûlés dans les églises. En effet, aucun décès n’a été constaté et les blessés se comptent dans les deux parties.
En outre, les thèmes évoqués sont connus depuis longtemps: l’insécurité dans laquelle vivrait la communauté congolaise rwandophone (Banyamulenge, Banyarwanda, Tutsi) marginalisée, exclue, privée de tous droits, victime de la haine ethnique, toujours sous le coup d’une menace de nettoyage ethnique et de génocide .
En réalité, le complexe de victime et du «bouc émissaire» affiché par certains politiciens et certaines autorités militaires de la communauté rwandophone, aujourd’hui membres du M23 même, fait partie de la stratégie adoptée pour cacher leur plan de déstabilisation des deux provinces du Kivu, pour s’en assurer le contrôle politique, militaire et économique.
En effet, en accusant directement le gouvernement congolais d’être le "seul responsable" de la prétendue épuration ethnique, le communiqué de presse laisse entrevoir que la guerre du M23 n’est rien d’autre qu’une guerre contre l’Etat congolais.
Il ne s’agit donc pas d’un problème de coexistence entre les différentes communautés ethniques qui composent le peuple congolais au Kivu.
Lorsque le déploiement de la nouvelle brigade d’intervention de la MONUSCO semble désormais imminent, le but du communiqué du M23, et peut-être même des évènements de Bukavu, est de pousser l’Onu, la Monusco et la Communauté Internationale à se dissocier du gouvernement congolais, en mettant un terme à toute forme de coopération avec ses services de sécurité, pour l’isoler et le combattre plus facilement.
Avec l’appui logistique et militaire des pays voisins, tels que le Rwanda et l’Ouganda, à leur tour soutenus par les multinationales occidentales des Etats-Unis et de Angleterre, le M23 révèle, ainsi, sa vraie nature de groupe terroriste en guerre contre l’Etat congolais et son Peuple.
4. UNE LETTRE DE HUMAN RIGHT WATCH AU PRESIDENT KABILA
Le 7 mai, dans une lettre adressée au Président Joseph Kabila, Human Right Watch (HRW) manifeste ses préoccupations et présente des recommandations en ce qui concerne la situation en matière de droits humains dans l'est de la RDCongo, en soulignant la nécessité de mettre fin à l'impunité pour les auteurs de graves violations de ces droits.
Selon HRW, le nouvel Accord-Cadre signé à Addis Abéba le 24 février 2013, la nomination de Mary Robinson comme Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, ainsi que le déploiement prochain de la Brigade d'Intervention – une force sous conduite africaine créée au sein de la Mission de maintien de la paix de l'ONU en RD Congo, la MONUSCO – sont autant de bonnes occasions à saisir pour faire avancer les choses.
Human Rights Watch appelle les acteurs internationaux à exercer des pressions soutenues pour assurer la cessation immédiate de tout appui militaire de la part du Rwanda ou de l'Ouganda au M23 ou à d'autres groupes armés actifs en RD Congo et commettant des exactions. Les personnes responsables d'un tel soutien devraient être amenées à rendre des comptes et soumises à des sanctions.
Le succès des engagements régionaux et internationaux inscrits dans l'Accord-Cadre ne pourra être assuré sans la pleine implication du gouvernement congolais et sans un véritable engagement et une action concrète de sa part en faveur de la mise en œuvre de réformes essentielles à l’échelle nationale.
Pendant trop longtemps, la politique consistant à intégrer des chefs de guerre auteurs d'exactions dans les rangs de l'armée et à leur accorder des grades élevés et de l'influence, n’a fait que perpétuer le phénomène de l'impunité, ce qui revenait à récompenser le recours à la violence.
La reddition récente de Bosco Ntaganda et son transfert à La Haye ont constitué des étapes importantes dans la lutte contre l'impunité pour les crimes les plus graves commis dans l'est de la RD Congo.
HRW espère que d'autres individus suspectés d’avoir commis de graves violations des droits humains – dont des dirigeants du M23 comme Baudouin Ngaruye et Innocent Zimurinda (qui sont actuellement au Rwanda), Sultani Makenga et Innocent Kayna – seront également arrêtés et traduits en justice.
Toutes ces personnes figurent sur des listes de sanctions établies par les Nations Unies et par les États-Unis et ne méritent aucune amnistie.
Cependant, pour que ces mesures aient un effet durable, le gouvernement congolais ne devrait conclure d'accord avec aucun chef de guerre ayant commis des exactions, quelle que soit son appartenance politique, ethnique ou autre. En effet, le M23 n'est pas le seul groupe de ce genre.
Pour mettre fin à l'impunité, le gouvernement devrait adopter une attitude cohérente et équitable envers tous les groupes armés responsables de graves exactions, et s'abstenir de promouvoir une justice à sens unique ou un système à deux poids, deux mesures. Un certain nombre de milices, ainsi que des membres de l'armée nationale congolaise, ont également commis des attaques atroces contre les populations civiles.
Parmi ces milices figurent le groupe armé Raia Mutomboki, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), les Nyatura, les Maï Maï Sheka, l'Alliance patriotique pour un Congo libre et souverain (APCLS), les Maï Maï Yakutumba, le Front de la résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) et les combattants Maï Maï au Katanga.
Des centaines de civils ont été tués et des dizaines de villages rasés par ces groupes. Les responsables de ces actes devraient être, non pas récompensés, mais arrêtés et traduits en justice.
Le déploiement de la Brigade d'Intervention n'est pas sans risques, mais représente aussi une occasion unique d'arrêter les chefs rebelles qui sont responsables des pires atrocités.
La brigade devrait concentrer ses efforts sur des opérations ciblées et bien préparées visant ces arrestations, et prendre toutes les précautions possibles afin de minimiser les dommages subis par la population civile, tels que ceux occasionnés par de précédentes opérations militaires qui avaient entraîné des déplacements de population et des violations des droits humains à grande échelle.
Dans les régions que la Brigade d'Intervention réussira à contrôler, il sera essentiel que le gouvernement congolais procède, en coordination avec la MONUSCO, à des préparatifs afin de pouvoir tenir et sécuriser ces zones et y rétablir des institutions et des services publics crédibles.
La protection des civils devrait être une priorité. Une politique vis-à-vis des combattants des groupes armés qui accepteraient de déposer les armes devrait être mise au point et appliquée avant même le début des opérations militaires, et devrait permettre d'éviter les échecs des précédents programmes de désarmement.
Dans le cadre du programme national de réforme du gouvernement, et pour assurer le suivi d'autres engagements contenus dans l'Accord-Cadre, il faudrait prendre les mesures suivantes:
• Relever de leurs fonctions, soumettre à des enquêtes et poursuivre en justice de manière appropriée les membres des forces de sécurité congolaises impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et d'autres violations graves des droits humains, quel que soit leur grade.
• S’assurer que le gouvernement congolais s’abstienne de fournir un appui militaire aux milices ou aux groupes armés étrangers ou congolais qui sont responsables de violations généralisées ou systématiques. Les responsables civils et les militaires qui ont apporté leur soutien à de tels groupes devraient être relevés de leurs fonctions, faire l'objet d'enquêtes et être dûment poursuivis en justice.
• Mettre en œuvre un mécanisme de «vetting», ou de contrôle des personnels de l'armée et de la police, afin d'en exclure les individus qui se sont livrés à de graves violations des droits humains.
• Créer des chambres spécialisées mixtes ou une cour spécialisée mixte au sein du système judiciaire congolais, avec la participation de procureurs, de juges et d'autres personnels internationaux, pour ouvrir des procès, en conformité avec le droit international, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en RD Congo depuis 1990.
• Avec l’appui des Nations Unies et des bailleurs de fonds, élaborer et mettre en œuvre d'urgence un nouveau programme et une stratégie de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) concernant les membres des groupes armés. Une telle stratégie devrait garantir que: les responsables de graves violations des droits humains soient non seulement exclus de l'armée, mais aussi visés par des enquêtes et dûment poursuivis en justice; les enfants soient immédiatement séparés de ces groupes et confiés à des agences de protection de l'enfance; les anciens combattants qui sont intégrés dans l'armée ou la police suivent une formation appropriée afin de pouvoir se comporter en conformité avec le droit international et les normes internationales en matière de droits humains, avant d'être affectés dans des régions du pays autres que celles où ils ont opéré en tant que miliciens; et que soient offertes aux ex-combattants des alternatives réalistes à une carrière dans l'armée, telles que des possibilités d'emploi à long terme dans le civil.
• Inclure les organisations de la société civile, en particulier les groupes de défense des droits humains et des droits des femmes, dans l'élaboration des programmes de réforme nationaux, ainsi que de leurs mécanismes de suivi.
[Rete Pace per il Congo/Reseau Paix pour le Congo]
© KongoTimes
Ban Ki-Moon, Kabila et Jim Yong
Plusieurs sont les déclarations de hautes personnalités des institutions, de la diplomatie et de la politique à propos du drame actuel en cours dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDCongo), ce qui prouve l’intérêt de la communauté internationale pour le retour de la paix dans ce pays.
Mais leur langage très diplomatique et officiel n’est pas du tout compris, ni accepté par la population congolaise. En effet, un tel langage est, souvent, source de doutes, d’incertitude, de méfiance et de découragement.
Les ambiguïtés et les ombres d’un langage trop «diplomatique».
Lorsque le ministre belge des Affaires Étrangères déclare que, «si le Rwanda ne veut pas être considéré comme faisant partie du conflit, qu’il démontre de vouloir faire partie de la solution», ou quand le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, demande au Président rwandais, Paul Kagame, de «utiliser son charisme politique pour la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs», qu’est ce qu’ils veulent dire?
Ils essayent, peut-être, de demander au Rwanda et l’Ouganda de mettre fin à leur appui au Mouvement du 23 Mars (M23), à l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDCongo et à leur ingérence dans la vie politique congolaise.
Peut-être Avec un langage diplomatique, ils leur demandent, peut-être, de respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de la RDCongo. Mais le peuple congolais ne peut pas comprendre par quelle sorte de magie, ceux qui sont à l’origine du conflit et qui sont la cause principale de sa souffrance peuvent, en même temps, être des artisans de paix.
Les Congolais ont l’impression qu’on veut, à tous prix, les convaincre du fait que leurs bourreaux peuvent aussi être leurs sauveurs et leurs libérateurs. Impossible!
Lorsque, à Kinshasa, Ban Ki-moon invite le président Kabila à reprendre les négociations avec le M23 à Kampala, il semble oublier que, comme les précédents mouvements soi-disant rebelles (AFDL, RCD, CNDP), le M23 aussi est soutenu, en hommes, armes et munitions, par des Pays voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda.
Le prétexte est d’assurer la sécurité de leurs frontières de la «menace» provenant de leurs respectives rébellions qui se sont réfugiées en RDCongo, les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et l’ougandaise ADF-Nalu.
Il aurait été logique que, pour résoudre le problème congolais dans son intégralité, Ban Ki-moon demande aussi au Rwanda et à l’Ouganda de commencer à négocier avec leurs rébellions respectives, mais il ne l’a pas fait.
La confusion de la population congolaise vient du fait que la communauté internationale demande à la RDCongo ce que l’on n’ose pas demander au Rwanda et à l’Ouganda. Le peuple congolais ne peut plus tolérer cette stratégie des deux poids et deux mesures.
Seul le Président tanzanien, Jakaya Kikwete, a osé proposer, jetant un pavé dans la mare, l’organisation d’un dialogue inter-rwandais et d’un dialogue inter-ougandais, qui puissent déboucher à des accords qui puissent permettre aux différents groupes armés étrangers présents dans l’est de la RDCongo, de rentrer, sans armes, dans leurs Pays respectifs. Ce serait un moyen susceptible de rétablir la paix dans l’est de la RDCongo et dans toute la région des Grands Lacs.
A Kinshasa, Ban Ki-moon, a demandé le respect et la mise en œuvre de l’accord de Addis-Abeba et a souhaité qu’un tel accord soit appliqué à l’intérieur et à l’extérieur de la RDCongo.
Cependant, à Kigali, dans une brève déclaration à la presse, il n’a jamais mentionné l’aspect régional de cet accord, ni l’épineuse question de l’appui rwandais au M23. Ban Ki-moon sait que l’objectif du régime rwandais est d’infiltrer et déstabiliser, par le biais du M23, les institutions de la RDCongo, pour obtenir le plein contrôle militaire, politique et économique sur l’est du Pays, très riche en ressources naturelles.
Mais Ban Ki-moon a voulu éviter ces sujets tabous et s’est contenté de parler, pour la énième fois, sur le récent développement économique du Rwanda et sur ses progrès sur la parité hommes / femmes. Le peuple congolais, cependant, sait que l’actuel régime rwandais saura toujours trouver les moyens pour «violer légalement" l’accord en question, se voyant soutenu et protégé par les multinationales occidentales et certaines puissances internationales, y compris les Etats-Unis, l’Angleterre et le Canada.
Le peuple congolais attendait que Ban Ki-moon annonce des sanctions précises, au cas où Kigali ne respecte pas les accords d’Addis-Abeba, mais en vain.
Lors de la dernière visite de Ban Ki-moon dans la région des Grands Lacs, la Banque Mondiale a alloué un milliard de dollars pour des projets de développement dans la région.
Il s’agit d’un geste qui peut paraître tout à fait normal, mais la population n’est pas de cet avis, comme l’a exprimé le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku: «Tout le monde sait que les pays de la région, et en particulier le Rwanda et l’Ouganda, ont saigné la RDCongo par le pillage ininterrompu de ses ressources naturelles et minières.
Il ne serait donc pas logique financer les pays qui se sont enrichis au détriment du peuple congolais, en détruisant toutes les infrastructures socio-économique locales et provoquant sa misère.
Pour ce faire, le milliard de dollars alloué par la Banque Mondiale devrait être investi principalement dans l’est de la RDCongo pour sa relance économique, afin de récupérer le retard que les guerres à répétition lui ont imposé».
Passer de la cacophonie à une symphonie.
Probablement, ce sont ces ambiguïtés et contradictions d’un langage trop diplomatique qui bloquent le processus de paix en RDCongo. Il faut donc changer de stratégie et passer à un langage plus clair, plus explicite et plus direct.
Il sera nécessaire passer de la cacophonie à une symphonie en harmonie avec la population locale. Sans aucun doute, la clarté et la transparence aideraient le peuple congolais à regagner la confiance dans les institutions internationales.
1. A CONCLUSION DE LA VISITE DE BAN KI-MOON
a. Un nouveau sommet à Addis-Abeba
Le 26 mai, les onze chefs d’Etat africains qui ont signé l’accord d’Addis-Abeba sur la paix dans l’Est de la RDC en février dernier se sont réunis ce dimanche 26 mai dans la capitale éthiopienne en marge de la célébration du cinquantenaire de l’Organisation de l’unité africaine.
Le chef de l’Etat de la RDC Joseph Kabila a discuté avec ses homologues du Rwanda et d’Ouganda, Paul Kagame et Yoweri Museveni. Aucune annonce concrète n’a été faite immédiatement après cette réunion tenue à huis clos.
Avant cette réunion, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, a déclaré qu’une paix durable dans les Grands Lacs n’est possible que « si tous les pays signataires travaillent ensemble pour sortir de l’impasse politique et créer une nouvelle dynamique en faveur de la sécurité de la population et du développement économique », ajoutant qu’il fallait passer « le test de la mise en œuvre » de l’Accord d’Addis-Abeba.
Le président tanzanien, Jakaya Kikwete, en tant que Pays fournisseur de troupes pour la nouvelle brigade de la Monusco, a profité de l’occasion pour livrer sa vision de la feuille de route à tenir en vue d’une résolution durable de la crise dans l’est de la RDCongo.
Pour lui, la brigade d’intervention des Nations unies n’aura aucun impact si le dialogue ne s’ouvre pas entre les différents protagonistes, y compris entre le Rwanda et les FDLR et entre l’Ouganda et l’ADF-NALU.
Le président tanzanien a dit trois choses. D’abord, la brigade spéciale de l’ONU est une bonne chose, mais cela ne règlera pas le problème de fonds, qui est politique. Ensuite, il a insisté sur la nécessité d’une reprise du dialogue entre le gouvernement congolais et le M23. Enfin, et surtout, pour lui, un tel dialogue ne suffira pas.
Si Kinshasa négocie avec ses ennemis du M23, il faut aussi que Kigali accepte de parler avec ses ennemis des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), et Kampala avec les rebelles ougandais de l’ADF-NALU. Pas de paix durable, sans négociation globale. A ces mots, le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, n’a pas bronché. Aucune réaction de sa part.
«S’il n’a rien dit, c’est déjà ça», souffle un participant à cette réunion. «Jusqu’à présent, pour lui, les FDLR c’était le diable». Paul Kagame n’a rien dit, mais Yoweri Museveni, lui, a réagi d’une seule phrase: «On discute avec ceux qui veulent discuter et on isole les autres».
Dans une interview accordée à RFI, la réponse de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a été cinglante: «Si le président Jikaya Kikwete pense que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations, c’est aberrant. Ceux qui pensent que le Rwanda devrait s’asseoir à la table des négociations avec les FDLR, ne savent pas de quoi ils parlent.
Les FDLR sont un groupe de génocidaires qui disposent de sympathies, ici et là. Au niveau de notre voisinage, mais aussi loin du Rwanda». Dans la même interview, Louise Mushikiwabo affirme aussi que «la nouvelle brigade d’intervention de la Monusco est un élément important d’un package à caractère politique.
Donc, ce qui est très important aujourd’hui c’est que l’on puisse très rapidement s’attaquer à cette solution politique qui n’est qu’une solution politique interne à la RDCongo. La brigade, il ne faut pas se tromper, ce n’est pas une solution au problème du Congo, c’est une petite contribution».
Le 28 mai, François Mwamba, le tout nouveau coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord-cadre de paix d’Addis-Abeba, a salué la proposition du président tanzanien, en soulignant que «ce que l’on demande à la RDC, il faudrait le demander aux autres aussi, pour que l’on aboutisse à une solution globale».
À propos du blocage des pourparlers entre le M23 et le gouvernement à Kampala, François Mwamba, a affirmé que le gouvernement attend la proposition finale de la médiation devant mettre fin aux discussions.
Au mois de mars, le gouvernement avait élaboré un texte de 12 articles qui aurait pu être signé comme document final mettant fin aux discussions.
Mais le M23 avait estimé que ce document n’était pas conforme à ses attentes et proposa, à son tour, un autre texte. La facilitation devait convoquer une plénière pour examiner les deux textes, afin de trouver un consensus et conclure les négociations entamées depuis le 9 décembre 2012. Cette plénière n’a jamais été convoquée.
En réagissant à la proposition du président de la Tanzanie, Jakaya Kikwete, faite le 26 mai au sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, demandant au Rwanda et à l’Ouganda de négocier avec leurs rebelles respectifs, comme le fait le gouvernement congolais avec le M23, le président d’Ibuka, l’association qui regroupe les survivants du génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994, Jean Pierre Dusingimungu, a affirmé que, négocier avec les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), "c’est légitimer leur cause et encourager l’impunité".
Fanny Bahati, une survivante du génocide, a déclaré que "Kikwete, dont le pays abrite le siège du TPIR (Tribunal pénal international pour la Rwanda), semble ignorer l’histoire".
Godefroid Kä-Mana aussi, président de 'Pole Institute', un institut interculturel de la région des Grands Lacs, basé à Goma, au Nord-Kivu, a déclaré que "négocier avec les FDLR signifie effacer tous les crimes qu’ils ont commis" et il estime qu’on ne peut pas demander au gouvernement rwandais de négocier avec les FDLR.
Les propos de Kikwete constituent "une insulte au peuple rwandais", a affirmé Gédéon Kayinamura, président de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale du Rwanda. Ce parlement exige des excuses de la part de la Tanzanie.
Au lendemain des déclarations faites par Gédéon Kayinamura, demandant au gouvernement tanzanien de présenter des excuses, pour avoir proposé la tenue d’un dialogue politique inter-rwandais, le ministre tanzanien MEMBE a tout simplement déclaré que «pour rien au monde, la Tanzanie ne va présenter aucune excuse.
Tout d’abord, parce que le gouvernement tanzanien est animé et guidé par de bonnes intentions visant le rétablissement d’une paix durable dans la sous-région, plongée dans des guerres répétitives depuis bientôt vingt ans. Ensuite, parce que c’est depuis seize ans que Kigali défend la thèse de la guerre préventive contre les rebelles hutu rwandais réfugiés en RDC, considérée comme son champ de bataille et cela sans succès.
À quatre reprises, en effet, le gouvernement de Kigali a soutenu des mouvements soi-disant rebelles congolais, pour neutraliser les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR). Tour à tour l’AFDL, le RCD, le CNDP et récemment le M23 ont bénéficié publiquement des appuis diplomatiques, financiers, militaires du gouvernement rwandais.
Ce sont d’ailleurs des éléments recrutés dans les rangs des militaires réservistes rwandais qui ont toujours formé le gros des troupes de toutes ces rébellions soi-disant congolaises qui se sont battus aux côtés des éléments congolais entrainés, formés et équipés par les officiers supérieurs de l’armée régulière rwandaise».
Enfin, le ministre Membe est d’avis que le refus d’ouvrir des négociations avec les rebelles hutu des FDLR ne sera jamais la meilleure voie pour ramener la paix dans cette Sous-région des Grands Lacs, particulièrement en RDC, en Ouganda et au Rwanda.
Le 4 juin, à Kinshasa, ambassadeur de Tanzanie en RDCongo, Emedy Ngaza, ha affirmé, de son côté, que «s’opposer à la proposition du président tanzanien d’un dialogue entre le Rwanda et l’Ouganda et leurs rébellions respectives, c’est s’opposer à l’avènement d’une paix durable dans la région des Grands Lacs».
«La paix dans la région des Grands Lacs passe essentiellement par la démocratisation effective des institutions au Rwanda et le dialogue avec les FDLR», a déclaré Julien Paluku, Gouverneur de la Province du Nord-Kivu.
L’homme croit dur comme fer que c’est par un dialogue officiel et ouvert entre le pouvoir de Kigali et les rebelles des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) notamment, qu’une paix durable pourra s’installer dans la région.
Julien Paluku estime que tous les rwandais se trouvant à l’extérieur ne doivent pas être considérés comme des génocidaires. Puisque, soutient-il, parmi eux l’on distingue trois catégories des personnes. Il y a d’abord, les hommes les plus recherchés de la justice internationale. Des véritables criminels qui ont perpétré le génocide au Rwanda en 1994.
Ces individus devraient avoir un traitement beaucoup plus sévère de la part du gouvernement rwandais. Il y a ensuite, les réfugiés politiques rwandais qui fuient le régime monolithique et la terreur installés à Kigali, depuis 19 ans et dont on ne sent pas la moindre tendance de partage du pouvoir entre tous les fils et filles du Rwanda.
L’illustration est la condamnation d’une opposante de renommée internationale, madame Ingabire dont le seul péché aura été d’avoir osé se présenter candidate à la présidentielle 2010 à Kigali.
Elle a été condamnée à 8 ans de prison ferme, peine qui s’étendra jusqu’en 2018. Tout ceci, afin de l’empêcher de rééditer l’exploit, en tentant encore de se représenter au rendez-vous de la présidentielle 2017.
C’est ici que le Gouverneur Julien Paluku étale son exaspération et appelle le Président Paul Kagame à dialoguer avec cette catégorie des rwandais qui n’ont rien à avoir avec le génocide mais à qui l’on a toujours collé ces crimes contre leur silence.
Il y a, enfin, ces autres rwandais que le génocide a trouvé à fleur d’âge, alors mineurs (moins de 18 ans en 1994). Ceux-ci aussi sont gratuitement taxés de participation au génocide, alors qu’ils n’étaient ni de près, ni de loin mêlés aux atrocités de 1994. A cette catégorie, il convient d’associer tous ceux qui sont nés à l’extérieur du Rwanda, c’est-à-dire, pendant tout ce temps de refuge.
A ce jour, leur âge est compris entre 19 ans et près de 35 ans. A ceux-là, il ne doit pas leur être attribué l’idéologie du génocide, car ils n’étaient pas présents sur le sol rwandais en ces temps là, parce que nés en dehors du pays. Pour l’Autorité provinciale du Nord-Kivu, les propos du Président tanzanien concernent les deux dernières catégories des Rwandais qui sont totalement exclus de la gestion politique de leur pays, le Rwanda.
Évoquer cela n’est ni se faire porteur de l’idéologie du génocide, ni être porte-parole des FDLR.
Selon plusieurs observateurs, pour les dirigeants de Kigali, celui qui réclame le dialogue inter- rwandais doit être traité de complice et sympathisant des génocidaires hutu. Paul KAGAME et ses amis du FPR ne supportent pas la moindre contradiction. Ils ont fait du génocide leur fonds de commerce pour inculquer aux Pays membres de la Communauté Internationale le sentiment de culpabilité pour n’avoir pas porté assistance à un peuple massacré en 1994.
Et chaque fois qu’ils sont coincés et à court d’arguments, ils se réfugient toujours derrière ce même prétexte du génocide. Ils ne veulent pas reconnaître que tous les hutu réfugiés en RDC ne sont pas des génocidaires et que, en 1994, des centaines des milliers d’entre eux avaient été massacrés, soit par des miliciens interahamwe, soit par des militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR).
Si le régime rwandais s’obstine pour imposer sa politique d’exclusion, que pourra-t-on faire pour que les Congolais, victimes de massacres, viols massifs, déplacements forcés à l’intérieur de leur pays, pillages des ressources minérales de leur pays, puissent s’entendre un jour avec les régimes rwandais, ougandais et burundais qui sont aujourd’hui reconnus responsables d’innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis sur leur sol?
Car, la paix et l’entente ainsi que la coopération sont le fruit de la recherche de la vérité et de la Justice par le dialogue et les négociations entre les États.
Selon plusieurs observateurs, la sortie de crise de la région des Grands Lacs passe par une approche globale entre tous les pays impliqués. Tous les pays de la région sont touchés, d’une manière ou d’une autre, par des mouvements rebelles: le Rwanda par les FDLR, l’Oganda par l’ADF-Nalu. Puisque tous sont concernés, l’ONU envisage de mettre en place un mécanisme de résolution qui les implique tous.
Si cette approche paraît efficace, sa réussite est conditionnée cependant à certains préalables. C’est le cas de la bonne foi des acteurs impliqués à collaborer pour une solution mutuellement avantageuse pour tous les pays. Or, de ce point de vue, il n’est pas sûr d’affirmer que pour le cas spécifique de Grands Lacs, tous les pays regardent dans la même direction. Aujourd’hui, il est prouvé avec l’échec de tous les mécanismes mis en œuvre dans la région que la bonne foi de certains pays, tels que le Rwanda et l’Ouganda, n’est pas établie.
Nombreux sont les observateurs qui estiment que le retour de la paix en RDC va desservir ses voisins, principalement ceux de l’Est. Non seulement, ceux-ci vont perdre les dividendes tirés du pillage des ressources naturelles, mais également la réconciliation recommandée va mettre en péril leurs régimes.
En d’autres termes, le processus de rapatriement-réconciliation, particulièrement au Rwanda et en Ouganda, va ramener sur leurs territoires respectifs des rebelles qu’ils ont réussi à tenir à l’écart depuis des décennies. Au point où, faire du balai en RDC devient une gageure.
Tous le savent et personne n’ose le dire à haute voix. Il n’y a que la force de la pression pour ramener les Etats réfractaires, le Rwanda et l’Ouganda en particulier, à s’impliquer réellement dans l’option globale dégagée à Addis-Abeba par le Président Tanzanien.
Pour ce qui concerne le M23, l’implication de la communauté internationale doit se traduire par une force coercitive et non une force préventive qui ne peut dissuader personne. Preuve, la Monusco est forte de 17 mille hommes mais elle n’est jamais arrivée à mettre fin aux conflits armés à l’est du Pays. C’est dans ces conditions que l’implication voulue de tous les pays de la sous-région pourrait trouver son sens au regard de l’accord-cadre d’Addis-Abeba.
b. L’ambiguïté du rôle de la communauté internationale, du Rwanda et de l’Ouganda
À l’issue de la tournée de Ban Ki-moon en RDC, au Rwanda et en Ouganda, l’ancienne présidente irlandaise a accordé une interview exclusive à Bruno Minas, correspondant de RFI. Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies pour les Grands Lacs plaide pour une résolution de la crise par le développement et se félicite de l’engagement financier de la Banque mondiale: «On a maintenant un milliard de dollars, cela change beaucoup de choses».
RFI: Ban Ki-moon souhaite la reprise des pourparlers de Kampala entre le M23 et le gouvernement de Kinshasa. Tout le monde pensait que ce dialogue était enterré. Pensez-vous qu’il est encore possible de le reprendre et que c’est vraiment nécessaire?
Mary Robinson: Je pense que c’est nécessaire, parce qu’il est mieux que les gens discutent pour trouver un moyen de ramener la paix. Maintenant nous avons une approche plus large avec l’accord-cadre d’Addis Abeba. Il s’agit de la paix, de la sécurité et du développement. Les deux parties peuvent tirer les bénéfices de la paix. Je veux encourager les deux parties, le gouvernement et le M23, à retourner à la table des négociations, parce qu’il y a beaucoup plus de choix maintenant.
RFI: Est-ce que cela signifie qu’il faudra encore incorporer des combattants rebelles dans l’armée nationale comme par le passé?
Mary Robinson: Je sais qu’on a très peur de cette solution, surtout à Goma. Il y en a certains qu’on pourrait intégrer, mais pour les autres on a maintenant plus de choix sur ce qu’ils pourraient faire; parce qu’on peut proposer une sorte de «force économique».
Il ne faut pas d’impunité et d’intégration irréfléchie, parce que, jusqu’à maintenant, cela n’a pas marché. Mais, désormais, nous savons qu’il y aura des initiatives pour le développement avec le soutien de la Banque Mondiale. On a maintenant un milliard de dollars et cela change beaucoup de choses, ça compte !
RFI: C’est le milliard de dollars qui va ramener la paix?
Mary Robinson: Non, on ne peut pas le dire comme ça. Mais il faut que la mentalité des gens change un peu, et qu’ils puissent se dire qu’il y aura un meilleur avenir, parce que c’est une région tellement riche! Et on pourrait vraiment avancer, comme d’autres pays en Afrique. J’ai parlé avec des groupes de femmes, avec la société civile. Tout le monde veut le développement.
RFI: Cela signifie-t-il que le Congo doit partager un peu de ses richesses?
Mary Robinson: Au Congo, en ce moment, la richesse est volée. Si on pouvait exploiter tout cela de manière légale, cela pourrait aider tous les pays de la région. Parce qu’on a besoin d’investissements, de travailleurs... C’est bon pour tout le monde.
RFI: Il y a beaucoup d’accusations contre le Rwanda et l’Ouganda, qui seraient derrière le M23. Qu’est ce que vous pensez de ces accusations?
Mary Robinson: Moi, je veux aller de l’avant. J’ai des discussions privées avec des gens en tant qu’envoyée spéciale. Je crois que l’on va faire des progrès, et on en a fait déjà.
RFI: Il y a un débat en RDC sur la démocratie et les droits de l’homme. On y attend toujours une concertation promise par le président...
Mary Robinson: Quand nous étions à Kinshasa et Goma, nous avons parlé de cette concertation, de ce dialogue, et j’ai l’impression qu’il va commencer bientôt. C’est important, parce que j’ai trouvé que les groupes de femmes et la société civile sont un peu trop préoccupés par cette affaire de brigade d’intervention pour résoudre tous les problèmes.
Moi, je dis que la brigade, certes, est importante, mais ce n’est pas la solution. La solution c’est plutôt l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et le développement. Il faut que les Congolais comprennent bien que le gouvernement doit avoir une armée et une police qui marchent bien, une autorité de l’Etat partout sur le territoire. C’est du long terme, je sais.
Mais, maintenant, je crois qu’on peut vraiment bien commencer. On a le mécanisme de suivi. J’espère que la société civile, les groupes de femmes et les jeunes vont suivre ce processus, et l’opposition aussi.
RFI: La brigade d’intervention serait donc plutôt une brigade de dissuasion?
Mary Robinson: Je l’espère bien. Il faut qu’elle soit une force de prévention et que l’on fasse plutôt des progrès au niveau politique, vers la paix, et surtout le développement.
Le Rwanda et l’Ouganda jouent un rôle assez particulier. Ils sont à la fois accusés de soutenir la rébellion et, en même temps, sont considérés comme des solutions au conflit.
C’est l’ambiguïté qui règne depuis des années. Le sujet est presque tabou. A tel point, d’ailleurs, qu’il est impossible de tirer un mot de Ban Ki-moon sur ces questions-là.
L’Ouganda a un rôle doublement particulier, puisque l’Ouganda est aussi un pays médiateur entre le M23 et la RDC.
Même si cette négociation entamée depuis le début du mois de décembre 2012 s’est complètement enlisée à l’heure qu’il est. A Kigali, Ban Ki-moon a d'ailleurs déclaré qu’il avait encouragé le président Kabila, rencontré la veille, à poursuivre les négociations de Kampala.
Mais effectivement, on marche sur des œufs dans ces deux pays, où certains les accusent d’être les soutiens de la rébellion, et d’autres disent qu’au contraire, ils peuvent jouer un grand rôle pour la paix.
Déjà le 10 mai dernier, par exemple, au cours d’une réunion tenue à Bujumbura (Burundi), les ministres des Affaires étrangères du Rwanda, du Burundi et de la RDCongo avaient exprimé leur souhait de créer une cour de justice pour juger les auteurs des crimes commis dans la région des Grands Lacs.
Toutefois, les chefs des diplomaties de ces trois pays n’avaient pas encore défini les modalités de la création de cette cour, ni ses compétences. Selon certains observateurs, cette initiative pourrait masquer la tentative, de la part des gouvernements rwandais et ougandais, de soustraire à la justice internationale les auteurs de graves violations des droits de l’homme commises par des responsables rwandais et ougandais sur le territoire congolais.
2. APRES L’ATTAQUE DU M23 SUR MUTAHO (NORD KIVU)
Les habitants et la société civile du Nord-Kivu manifestent de plus en plus des gestes de solidarité en faveur des Forces armées de la RDC (FARDC) depuis les derniers combats qui les ont opposés aux rebelles du M23 à Mutaho du 20 au 22 mai.
Les femmes des partis politiques, des associations locales ainsi que de la société civile du Nord-Kivu ont remis aux responsables de l’armée à Goma une enveloppe de 1 000 dollars pour les militaires positionnés sur la ligne de front.
La rapporteuse du comité des femmes, Me Nelly Lumbulumbu, indique qu’il s’agit d’un geste pour encourager les forces armées et «leur dire que les femmes et toute la population congolaise les soutiennent».
Pendant que les combats se déroulaient à Mutaho, certains habitants de Mugunga s’étaient portés volontaires pour transporter le matériel militaire et les minutions au front. Mais le commandement militaire n’a pas accepté cette offre, expliquant qu’elle mettrait en danger la vie des civils.
D’autres habitants du Nord-Kivu ont posté sur le réseau social Facebook des messages de soutien aux FARDC. Des responsables de la société civile provinciale rappellent cependant aux militaires leur responsabilité vis-à-vis des civils, les mettant en garde contre des exactions comme celles qui ont été commises en novembre dernier à Minova lors de l’occupation de Goma par le M23.
Le 28 mai, le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, a déclaré que le M23 profite de la trêve pour renforcer ses positions en hommes et munitions en provenance du Rwanda et que cette attitude démontre qu’il a toujours l’ambition de reprendre la ville de Goma.
Le 29 mai, à Goma, à la fin d’une réunion de sensibilisation des jeunes pour qu’ils n’intègrent pas les groupes armés, les chefs coutumiers du Nord-Kivu ont demandé au gouvernement congolais d’éviter d’intégrer des étrangers, de criminels ou de rebelles au sein des Forces armées de la RDC (FARDC).
Le dialogue a été organisé par le Barza intercommunautaire et la société civile du Nord-Kivu, avec l’appui de la section de l’information publique de la Monusco.
Pour plus de deux-cents notables du Nord-Kivu, qui ont participé à ce dialogue, une des voies de sorties pour cette province, après plus de vingt ans de guerre, est la formation d’une armée capable de veiller à l’intégrité du territoire national.
Ces communautés se sont engagées à sensibiliser leurs jeunes à quitter les groupes armés et les mouvements rebelles. Elles ont aussi demandé au gouvernement d’être rigoureux dans la sélection des combattants devant intégrer l’armée.
Le 4 juin, le porte-parole militaire de la Monusco, le lieutenant-colonel Prosper Basse, a déclaré que un tiers de l’effectif de la brigade d’intervention de l’Onu, est déjà arrivé à Goma. D’autres militaires sont attendus «dans les prochains jours».
Cette brigade doit être constituée de 3 069 hommes fournis par la Tanzanie, le Malawi et l’Afrique du sud. Une partie des troupes sud-africaines sera basée à Munigi, au Nord de Goma. Une autre caserne à l’Ouest de la ville est en cours d’édification.
Le porte-parole des Nations unies, Martin Nesirky, avait annoncé le 3 juin que les éléments de la brigade déjà sur place avaient déjà commencé à patrouiller avec d’autres éléments de la Monusco. Selon le patron des opérations de maintien de la paix de l’Onu, Hervé Ladsous, cette brigade devrait être opérationnelle d’ici la mi-juillet.
Dans un communiqué publié le 24 mai dernier, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, avait souhaité un déploiement «rapide» de cette force.
Le 5 juin, le porte- parole civil de la Mission de l’Onu pour la Stabilisation du Congo (Monusco), Penangini Touré, a déclaré que, si les rebelles du M23 retournent effectivement à Kampala pour continuer les négociations, la brigade d’intervention de l’Onu n’ira pas les attaquer là où ils sont.
«La brigade est là pour neutraliser ces forces qui vont s’apprendre à la population civile», a indiqué M. Touré, ajoutant que, «s’ils restent cantonnés là où ils se trouvent et s’ils ne dérangent personne, je ne vois pas pourquoi la brigade d’intervention ou la force de la Monusco chercheraient à les déloger».
«Tôt ou tard il faudra que cette force se range du coté de la République, il y a une seule république, il y a une seule autorité d’Etat et il y a un seul gouvernement. Il faut que tout le monde s’inscrive à cette logique là.
Donc, tôt où tard, ces groupes armés devront être démantelés, si véritablement, on veut arriver à la paix», a-t-il poursuivi. «Mais entre temps, les négociations doivent se poursuivre», a conclu le porte-parole onusien.
Le 5 juin, dans un communiqué de presse, le chef politique du M23, Bertrand Bisimwa, a indiqué que «le M23, en accord avec la facilitation, confirme que sa délégation se rendra à Kampala le dimanche 9 juin, afin de poursuivre le dialogue avec le gouvernement congolais».
Le M23 justifie cette décision notamment par les propos du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et sa représentante spéciale pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson, lors d’une tournée fin mai en RDC, au Rwanda et en Ouganda. Ban Ki-Moon et Mary Robinson avaient alors préconisé une «solution politique dans la résolution des causes profondes de la crise à l’Est de la RDCongo», résume M. Bisimwa.
Ces discussions, débutées en décembre 2012, étaient au point mort depuis la scission du mouvement rebelle en février dernier. En mars, à la suite du vote de la résolution 2098 du Conseil de Sécurité créant la brigade d’intervention de la Monusco, chargée de combattre les groupes armés dans l’Est de la RDC, Kinshasa avait demandé au M23 de s’auto-dissoudre.
3. ECHAFFOUREES A BUKAVU (SUD KIVU)
Le 24 mai, depuis 4 heures du matin, des jeunes "Banyamulenges" du quartier Nguba, à l’Est de la ville de Bukavu, près de la frontière avec le Rwanda, ont barricadé la route principale qui mène vers la frontière Ruzizi Ier.
A première vue, ces jeunes "banyamulenges" ont voulu manifester leur mécontentement vis-à-vis de certains faits survenus le jour précédent. Dans la soirée du jeudi 23 mai 2013, il y aurait eu des disputes violentes entre un groupe de jeunes congolais et de banyamulenges dans le quartier derrière le marché de Nguba.
Pour la partie banyamulenge, tout serait parti des injures proférées gratuitement par les congolais les qualifiant de M23 alors qu'ils discutaient paisiblement de certaines questions privées.
Pour l'autre partie (congolaise), tout aurait commencé dans un débit de boisson lorsque quelques jeunes banyamulenges sont entrés et ont pris la bouteille de quelqu'un qu'ils ont cru déjà ivre.
Lorsque celui pose des questions, il reçoit des crachats sur la figure, ce qu'il n'a su supporter. La bagarre a commencé jusqu'au point de blesser 2 filles et 3 garçons banyamulenges qui ont été internés par la suite au Dispensaire BIOSADEC à Nguba.
Pour se venger, les jeunes banyamulenges, vivant en groupe de plus de dix personnes ça et là dans toute la ville dans ce qu'ils appellent foyers des étudiants, n'ont pas trouvé mieux que de barricader la route, empêchant à toute la population, du reste pas concernée par ce conflit privé, de vaquer paisiblement à ses activités.
Les enfants n'ont pas pu rejoindre leurs salles de classe. Tous les parents qui conduisaient à pieds, à moto ou à véhicule leurs enfants à l'école se sont vus refuser de dépasser le collège. Cela a paru injuste et inacceptable et certains motards ont voulu exiger d'ouvrir le passage.
A ce moment là, certains motards amenant des écoliers ont essuyés des jets de pierres et en ont été blessés. Cela a alors ravivé la colère de tous les autres taxis motards, qui généralement sont solidaires dans toutes les circonstances. Une rapide et forte mobilisation s'en est suivie et la violence a pris de l'ampleur. Les jets des pierres entre les deux parties avaient tellement pris d’ampleur que la situation de violence a dégénéré.
Les dégâts ont été très importants: des casses, des blessés dans les deux camps, des destructions injustifiées, des pillages et des vols d'argent et d'objets de valeur.
Dans la foulée, l'église méthodiste de Muhumba a été saccagée et brulée en partie. Il en est de même de l'église CEPAC/SHALOM de Nguba. Il faut rappeler que ces deux églises sont essentiellement banyamulenges.
Selon plusieurs observateurs, au Kivu, les situations d'insécurité perdurent désormais depuis 20 ans, et se ressemblent toujours. Tout est devenu du déjà vu, déjà entendu et du déjà vécu.
On peut dire sans risque de se tromper que rien ne se fait sans cause ni sans arrière pensée « politique » dans ce genre de manifestation. Faut-il penser à une stratégie délibérée?
Comment expliquer qu'un conflit privé entre quelques jeunes du quartier peut conduire à de tels débordements sans qu’on ne puisse penser à manipulation et instrumentalisation orchestrée?
Doit-on penser au cheval de Troie marque M23? Seule la suite pourra le confirmer ou le démentir. Mais il est quasi certain que la xénophobie et la haine ethnique seront une fois de plus commercialisées par les leaders et extrémistes tutsis/banyamulenges pour justifier toute éventuelle réaction militaire et/ou politique.
Le même 24 mai, en effet, dans un communiqué de presse, signé à Bunagana (Nord Kivu) par Amani Kabasha, Chef du Département de la Communication et Médias du M23, «la Direction du Mouvement dénonce et condamne les exactions sélectives perpétrées plus précisément dans les villes de Bukavu et de Goma, à l'endroit des certains compatriotes pour leur appartenance ethnique».
Toujours selon le communiqué, «à Bukavu des hordes de jeunes manipulées et payées par les autorités locales ont pris à partie des étudiants banyamulenge qui ont été tabassés, mutilés et ont subi des traitements dégradants, en violation des droits et de la dignité de la personne humaine. Certains y ont trouvé la mort par suite des coups, d’autres ont été brûlés dans les Eglises.
La stigmatisation d’une partie de la communauté nationale, prise pour bouc émissaire des problèmes auxquels le pays est confronté, est à la base de beaucoup de frustrations ayant conduit à des guerres récurrentes.
Certaines autorités se ménagent, quotidiennement, de larges espaces sur les medias publics et privés, pour lancer des messages d’appel à la haine ethnique, un discours populiste qui a fait de la haine tribale le ciment d’un pseudo patriotisme. Des discours de haine ethnique sont adoptés comme stratégie de mobilisation populaire.
Le M23 tient le Gouvernement de la RDCongo pour unique responsable de cette épuration ethnique. Ces actes de génocide sont la conséquence des appels à la haine, que personne n’a condamnés jusqu’à date.
Nous nous faisons donc l’obligation de prévenir la Communauté Nationale et Internationale sur le caractère préoccupant de la menace que constitue cette campagne de haine ethnique dans une Région qui a déjà connu un des génocides de l’Histoire de l’Humanité.
Nous lançons aussi un appel à toute la Communauté Humaine, aux institutions internationales, en l’occurrence la Monusco, qui a pour mission de protéger les populations civiles, à mettre un terme à la collaboration avec les instances sécuritaires (services de renseignements, services des migrations, Armée et Police) du Gouvernement congolais».
Selon certains observateurs, la rapidité avec laquelle le M23 a réagi peut laisser entrevoir son implication directe dans les incidents de Bukavu, par l’action interposée de certains de ses militants infiltrés dans la ville.
Tout d’abord, le communiqué du M23 exaspère les tons et falsifie l’information quand il parle de jeunes Banyamulenge tués suite aux coups reçus ou brûlés dans les églises. En effet, aucun décès n’a été constaté et les blessés se comptent dans les deux parties.
En outre, les thèmes évoqués sont connus depuis longtemps: l’insécurité dans laquelle vivrait la communauté congolaise rwandophone (Banyamulenge, Banyarwanda, Tutsi) marginalisée, exclue, privée de tous droits, victime de la haine ethnique, toujours sous le coup d’une menace de nettoyage ethnique et de génocide .
En réalité, le complexe de victime et du «bouc émissaire» affiché par certains politiciens et certaines autorités militaires de la communauté rwandophone, aujourd’hui membres du M23 même, fait partie de la stratégie adoptée pour cacher leur plan de déstabilisation des deux provinces du Kivu, pour s’en assurer le contrôle politique, militaire et économique.
En effet, en accusant directement le gouvernement congolais d’être le "seul responsable" de la prétendue épuration ethnique, le communiqué de presse laisse entrevoir que la guerre du M23 n’est rien d’autre qu’une guerre contre l’Etat congolais.
Il ne s’agit donc pas d’un problème de coexistence entre les différentes communautés ethniques qui composent le peuple congolais au Kivu.
Lorsque le déploiement de la nouvelle brigade d’intervention de la MONUSCO semble désormais imminent, le but du communiqué du M23, et peut-être même des évènements de Bukavu, est de pousser l’Onu, la Monusco et la Communauté Internationale à se dissocier du gouvernement congolais, en mettant un terme à toute forme de coopération avec ses services de sécurité, pour l’isoler et le combattre plus facilement.
Avec l’appui logistique et militaire des pays voisins, tels que le Rwanda et l’Ouganda, à leur tour soutenus par les multinationales occidentales des Etats-Unis et de Angleterre, le M23 révèle, ainsi, sa vraie nature de groupe terroriste en guerre contre l’Etat congolais et son Peuple.
4. UNE LETTRE DE HUMAN RIGHT WATCH AU PRESIDENT KABILA
Le 7 mai, dans une lettre adressée au Président Joseph Kabila, Human Right Watch (HRW) manifeste ses préoccupations et présente des recommandations en ce qui concerne la situation en matière de droits humains dans l'est de la RDCongo, en soulignant la nécessité de mettre fin à l'impunité pour les auteurs de graves violations de ces droits.
Selon HRW, le nouvel Accord-Cadre signé à Addis Abéba le 24 février 2013, la nomination de Mary Robinson comme Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs, ainsi que le déploiement prochain de la Brigade d'Intervention – une force sous conduite africaine créée au sein de la Mission de maintien de la paix de l'ONU en RD Congo, la MONUSCO – sont autant de bonnes occasions à saisir pour faire avancer les choses.
Human Rights Watch appelle les acteurs internationaux à exercer des pressions soutenues pour assurer la cessation immédiate de tout appui militaire de la part du Rwanda ou de l'Ouganda au M23 ou à d'autres groupes armés actifs en RD Congo et commettant des exactions. Les personnes responsables d'un tel soutien devraient être amenées à rendre des comptes et soumises à des sanctions.
Le succès des engagements régionaux et internationaux inscrits dans l'Accord-Cadre ne pourra être assuré sans la pleine implication du gouvernement congolais et sans un véritable engagement et une action concrète de sa part en faveur de la mise en œuvre de réformes essentielles à l’échelle nationale.
Pendant trop longtemps, la politique consistant à intégrer des chefs de guerre auteurs d'exactions dans les rangs de l'armée et à leur accorder des grades élevés et de l'influence, n’a fait que perpétuer le phénomène de l'impunité, ce qui revenait à récompenser le recours à la violence.
La reddition récente de Bosco Ntaganda et son transfert à La Haye ont constitué des étapes importantes dans la lutte contre l'impunité pour les crimes les plus graves commis dans l'est de la RD Congo.
HRW espère que d'autres individus suspectés d’avoir commis de graves violations des droits humains – dont des dirigeants du M23 comme Baudouin Ngaruye et Innocent Zimurinda (qui sont actuellement au Rwanda), Sultani Makenga et Innocent Kayna – seront également arrêtés et traduits en justice.
Toutes ces personnes figurent sur des listes de sanctions établies par les Nations Unies et par les États-Unis et ne méritent aucune amnistie.
Cependant, pour que ces mesures aient un effet durable, le gouvernement congolais ne devrait conclure d'accord avec aucun chef de guerre ayant commis des exactions, quelle que soit son appartenance politique, ethnique ou autre. En effet, le M23 n'est pas le seul groupe de ce genre.
Pour mettre fin à l'impunité, le gouvernement devrait adopter une attitude cohérente et équitable envers tous les groupes armés responsables de graves exactions, et s'abstenir de promouvoir une justice à sens unique ou un système à deux poids, deux mesures. Un certain nombre de milices, ainsi que des membres de l'armée nationale congolaise, ont également commis des attaques atroces contre les populations civiles.
Parmi ces milices figurent le groupe armé Raia Mutomboki, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), les Nyatura, les Maï Maï Sheka, l'Alliance patriotique pour un Congo libre et souverain (APCLS), les Maï Maï Yakutumba, le Front de la résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) et les combattants Maï Maï au Katanga.
Des centaines de civils ont été tués et des dizaines de villages rasés par ces groupes. Les responsables de ces actes devraient être, non pas récompensés, mais arrêtés et traduits en justice.
Le déploiement de la Brigade d'Intervention n'est pas sans risques, mais représente aussi une occasion unique d'arrêter les chefs rebelles qui sont responsables des pires atrocités.
La brigade devrait concentrer ses efforts sur des opérations ciblées et bien préparées visant ces arrestations, et prendre toutes les précautions possibles afin de minimiser les dommages subis par la population civile, tels que ceux occasionnés par de précédentes opérations militaires qui avaient entraîné des déplacements de population et des violations des droits humains à grande échelle.
Dans les régions que la Brigade d'Intervention réussira à contrôler, il sera essentiel que le gouvernement congolais procède, en coordination avec la MONUSCO, à des préparatifs afin de pouvoir tenir et sécuriser ces zones et y rétablir des institutions et des services publics crédibles.
La protection des civils devrait être une priorité. Une politique vis-à-vis des combattants des groupes armés qui accepteraient de déposer les armes devrait être mise au point et appliquée avant même le début des opérations militaires, et devrait permettre d'éviter les échecs des précédents programmes de désarmement.
Dans le cadre du programme national de réforme du gouvernement, et pour assurer le suivi d'autres engagements contenus dans l'Accord-Cadre, il faudrait prendre les mesures suivantes:
• Relever de leurs fonctions, soumettre à des enquêtes et poursuivre en justice de manière appropriée les membres des forces de sécurité congolaises impliqués dans des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et d'autres violations graves des droits humains, quel que soit leur grade.
• S’assurer que le gouvernement congolais s’abstienne de fournir un appui militaire aux milices ou aux groupes armés étrangers ou congolais qui sont responsables de violations généralisées ou systématiques. Les responsables civils et les militaires qui ont apporté leur soutien à de tels groupes devraient être relevés de leurs fonctions, faire l'objet d'enquêtes et être dûment poursuivis en justice.
• Mettre en œuvre un mécanisme de «vetting», ou de contrôle des personnels de l'armée et de la police, afin d'en exclure les individus qui se sont livrés à de graves violations des droits humains.
• Créer des chambres spécialisées mixtes ou une cour spécialisée mixte au sein du système judiciaire congolais, avec la participation de procureurs, de juges et d'autres personnels internationaux, pour ouvrir des procès, en conformité avec le droit international, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en RD Congo depuis 1990.
• Avec l’appui des Nations Unies et des bailleurs de fonds, élaborer et mettre en œuvre d'urgence un nouveau programme et une stratégie de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) concernant les membres des groupes armés. Une telle stratégie devrait garantir que: les responsables de graves violations des droits humains soient non seulement exclus de l'armée, mais aussi visés par des enquêtes et dûment poursuivis en justice; les enfants soient immédiatement séparés de ces groupes et confiés à des agences de protection de l'enfance; les anciens combattants qui sont intégrés dans l'armée ou la police suivent une formation appropriée afin de pouvoir se comporter en conformité avec le droit international et les normes internationales en matière de droits humains, avant d'être affectés dans des régions du pays autres que celles où ils ont opéré en tant que miliciens; et que soient offertes aux ex-combattants des alternatives réalistes à une carrière dans l'armée, telles que des possibilités d'emploi à long terme dans le civil.
• Inclure les organisations de la société civile, en particulier les groupes de défense des droits humains et des droits des femmes, dans l'élaboration des programmes de réforme nationaux, ainsi que de leurs mécanismes de suivi.
[Rete Pace per il Congo/Reseau Paix pour le Congo]
© KongoTimes
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