mardi 23 juillet 2013

Congo-Kinshasa : Y a-t-il un capitaine à la barre?

 
"Joseph Kabila"


" Le Congo est désespérant ! ", déclarait Filip Reyntjiens dans une interview accordée à l’hebdomadaire franco-belge "Le Vif/L’Express". 

Le professeur anversois voulait sans doute exprimer à haute voix la lassitude qui se murmure au sein de la "communauté internationale" face au "poto-poto" politico-sécuritaire qui perdure, depuis bientôt deux décennies, dans ce pays aux atouts innombrables. 

Un pays qui souffre d’un grave déficit de leadership et de sens de responsabilité au sommet de l’Etat.

Les nouvelles en provenance du Congo dit démocratique incline à se poser la question de savoir si ce pays n’a pas cessé d’être un Etat en redevenant un simple espace habité par une population livrée à elle même. 

Comme dans une jungle, les plus forts écrasent les faibles. On cherche en vain où se trouve le pouvoir politique incarné par le "magistrat suprême" qu’est le chef de l’Etat? 

Où se trouve le chef de l’Etat qui est censé être le garant de l’intérêt général? L’homme se tait pendant que le pays "brûle".

Quelles sont les nouvelles?

Au Katanga, les miliciens Bakata Katanga continuent à terroriser impunément la population. 

Des meurtres imputables à ces bandits sont rapportés par les médias d’Etat comme des faits divers. En lieu et place d’une réaction vigoureuse des pouvoirs publics, des voix s’élèvent ici et là pour "encourager" ces miliciens à déposer les armes pour intégrer l’armée nationale. Un comble! 

Et pourtant, cette province est censée être le "fief" de "Joseph Kabila". Un contingent de la garde présidentielle est positionné à Lubumbashi.

Il faut refuser de voir pour ne pas constater que ces hors-la-loi bénéficient des complicités occultes au niveau le plus élevé tant au Katanga qu’à Kinshasa. Les ministères de l’Intérieur, de la Défense nationale et de la Justice sont dirigés par des natifs de l’ex-Shaba. 

Il en est de même de la garde présidentielle, du Parquet général de la République, de l’Agence nationale de renseignements et de l’ex-Demiap (renseignements militaires). Comment pourrait-on expliquer l’incapacité de ce beau monde à rétablir l’autorité de l’Etat et la paix civile aux quatre coins de cette partie du pays?

Au Nord Kivu, la guerre a repris, dimanche 14 juillet, entre les FARDC et les rebelles du M23. Sous d’autres cieux, le président de la République, en sa qualité de "garant" de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire, se serait présenté devant la nation pour rassurer la population en expliquant les dispositions prises par les pouvoirs publics. 


"Joseph Kabila", lui, se tait.

Il s’est tu également lorsque les rebelles ougandais de l’ADF/NALU se sont emparés le jeudi 11 juillet de la localité de Kamango à une centaine de kilomètres de Beni. 


Le gouverneur du Nord Kivu, le PPRD Julien Paluku, dénonçait une semaine auparavant la présence des terroristes 

Al-Shabbaab aux côtés de ces rebelles. 

C’est à croire que ce fait suffit pour exonérer les autorités congolaises de l’obligation de résultat en matière tant de l’intégrité du territoire que de la sécurité des personnes et des biens. 

Terroristes Al-Shabbaab ou pas, les véritables questions sont ailleurs : Où est passé l’Etat en tant que pouvoir politique ? 

Où est passé l’armée pour défendre les frontières nationales?

Douze années après l’accession de "Joseph Kabila" à la tête de l’Etat, le Congo démocratique, présente la mine d’un Etat en faillite qui se trouve en pleine liquidation. 

Comment ne pas donner raison aux participants au conclave organisé récemment par l’Opposition politique lesquels ont eu à constater l’illégitimité des gouvernants en place. 

D’où la nécessité d’un vrai dialogue devant aboutir à des réformes majeures destinées à mettre fin à l’impuissance publique "à défendre l’intégrité du territoire national, à assurer l’effectivité de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du pays, à répondre aux préoccupations sociales des populations et à garantir la paix et la sécurité des personnes ainsi que des biens".

En attendant, le navire Congo-Kinshasa ressemble plus que jamais à un vaisseau sans boussole ni timonier. 

Pendant que le bateau congolais navigue à vue, "Joseph Kabila" consacre l’essentiel de son temps à la frivolité. Il se balade au volant de son véhicule. Il se construit un petit palais sur le Plateau de Batéké. 

L’homme a une conception ludique du pouvoir d’Etat. Usure?

Une question taraude tous les observateurs : Y a-t-il encore un capitaine à la barre du navire Congo-Kinshasa? 

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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