Jeudi 01 Août 2013
Toutes les guerres en RD Congo naissent dans les Kivu, à l'Est de la RD Congo.
Au-delà des conséquences socioéconomiques qu'ils entraînent, les différents conflits armés à vagues successives en RD Congo comportent trois enjeux : le pouvoir de Kinshasa, la souveraineté du pays et la déliquescence de l'Etat en tant que Puissance publique.
La fin des années 90 aura été particulièrement meurtrière pour les populations de l'Est de la RD Congo. A la base, la boulimie du pouvoir par les armes. Les effets domino de ces différentes guerres ont fait que certaines entités du Nord-est soient affectées.
Toutes proportions gardées, quelques-unes aussi de la partie Sud-est du territoire national. Plus concrètement la province cuprifère du Katanga.
Le livre blanc de toutes ces rébellions révèle que plusieurs milliers de civils ont trouvé la mort lors des affrontements entre les camps adverses.
Des milliers d'autres personnes ont abandonné leurs habitations pour tenter de se réfugier dans des aires encore calmes. Ce sont des déplacés internes, ainsi que les appellent les humanitaires. Que de femmes et mineures violées.
Sur le plan économique, d'importantes quantités de pierres précieuses illicitement exploitées ont traversé les frontières nationales congolaises. Sur le plan du biotope, des espèces animales rares des réserves protégées n'ont pas jamais été épargnées. Vive le braconnage !
Parmi toutes ces guerres, la première est celle de 1997 que certains analystes considèrent (à raison ?) comme la véritable " révolution zaïroise ".
Il s'agit de la rébellion des troupes de l'Alliance des forces démocratiques de libération (AFDL, dirigée par feu Laurent-Désiré Kabila. objectif, renverser le pouvoir du maréchal Mobutu.
Et, pendant quelque neuf mois (septembre 1996-mai 1997), les troupes de l'AFDL virent effectivement à bout des Forces armées zaïroises (FAZ).
Et ce fut la fin du règne de Mobutu, considéré comme l'un des plus grands dictateurs en Afrique. Samedi 17 mai, le régime du 24 novembre 1965 appartenait ainsi à l'histoire.
La formule AFDL ayant donné de " bons " résultats, la 2ème série de guerres nait pour tenter de renverser le jeune pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. C'est la guerre du 2 août 1998, lancée des montagnes du Kivu. Cette fois-là, avec le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).
Ce mouvement rebelle soutenu notamment par le Rwanda (le même), conquit le tiers du territoire national. Et, un peu comme une tumeur de cancer, l'effet RCD s'est métastasé au point de produire d'autres rébellions.
Parmi ces mouvements, on citerait de mémoire le RCD-Goma, le RCD-MN, le RDC-KML, le Mlc… Ce serait un "péché " originel de ne pas citer les fameux résistants Maï-Maï qui eux, sont restés à la défensive au nom de la sacro-sainte " théorie indigéniste ".
La conjugaison de toutes ces épreuves de force a finalement fait que les trois quarts du territoire national échappent au contrôle du pouvoir de Kinshasa d'alors.
LE POUVOIR, L'ETAT ET LA SOUVERAINETE NATIONALE : LES GRANDS ENJEUX
Au-delà des considérations économiques, toutes les guerres en RD Congo et qui partent d'un point commun, à savoir l'Est du pays, mettent en jeu trois choses.
Le premier enjeu est le pouvoir de Kinshasa. Non pas en termes de légitimité mais de stabilité. Autrement dit, l'aplomb du régime de Kinshasa est tributaire de la situation dans l'Est du pays. Donc la paix.
Le deuxième enjeu des guerres dans l'Est de la RD Congo est l'autorité de l'Etat. En tant que puissance publique, l'Etat devient déliquescent en temps de guerre. Il n'est plus en mesure d'instaurer son autorité sur l'ensemble du territoire national.
Moralité, on se retrouve de facto dans une situation de plusieurs petits Etats dans un Etat. Donc, la fameuse tentative de balkanisation du pays.
Enfin, la souveraineté nationale. Toutes les guerres qui déstabilisent le pouvoir de Kinshasa naissent dans l'Est du pays.
Dans l'ensemble, elles bénéficient également d'un important appui logistique des mêmes parrains traditionnels, avec en prime le Rwanda et l'Ouganda. Sans oublier les puissantes multinationales qui sont de véritables héros dans l'ombre.
Aussi étonnant, c'est que le Rwanda a toujours évoqué la même raison pour justifier la présence de ses troupes sur le territoire congolais, à savoir les fameuses Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
Selon Kigali, la présence en RD Congo depuis avril 1994, de ces miliciens Interahamwe, constitue une menace permanente à sa stabilité.
Aussi, estime le pouvoir rwandais, il faut faire la guerre à ces forces négatives même sur le territoire congolais. C'est ce qui se fait quelques années peu après la chute de Mobutu.
Sur la scène internationale, l'assertion de Kigali semble avoir toujours été validée. Alors que les faits ont une certaine histoire.
Alors, si la cause de toutes les guerres qu'il a toujours faites à la RD Congo est la présence des Interahamwe FDLR sur le sol congolais, on est en droit de se demander ce que le président rwandais Paul Kagame a déjà fait de plus concret, susceptible d'offrir un minimum de garantie à ses concitoyens FDLR.
Pourquoi la Communauté internationale n'a-t-elle jamais obligé à Kigali à aménager un couloir humanitaire et une structure d'accueil fiable pour le rapatriement de ces Interahamwe FDLR ?
A tous égards, il appartient à la classe politique congolaise de comprendre l'enjeu.
Pour sûr, elle l'a si bien compris. L'antidote est la cohésion nationale pour faire échec à toute la machination dont l'objectif est de fragiliser le pouvoir de Kinshasa. D'où, l'impératif des Concertations nationales.
Laurel KANKOLE
Toutes les guerres en RD Congo naissent dans les Kivu, à l'Est de la RD Congo.
Au-delà des conséquences socioéconomiques qu'ils entraînent, les différents conflits armés à vagues successives en RD Congo comportent trois enjeux : le pouvoir de Kinshasa, la souveraineté du pays et la déliquescence de l'Etat en tant que Puissance publique.
La fin des années 90 aura été particulièrement meurtrière pour les populations de l'Est de la RD Congo. A la base, la boulimie du pouvoir par les armes. Les effets domino de ces différentes guerres ont fait que certaines entités du Nord-est soient affectées.
Toutes proportions gardées, quelques-unes aussi de la partie Sud-est du territoire national. Plus concrètement la province cuprifère du Katanga.
Le livre blanc de toutes ces rébellions révèle que plusieurs milliers de civils ont trouvé la mort lors des affrontements entre les camps adverses.
Des milliers d'autres personnes ont abandonné leurs habitations pour tenter de se réfugier dans des aires encore calmes. Ce sont des déplacés internes, ainsi que les appellent les humanitaires. Que de femmes et mineures violées.
Sur le plan économique, d'importantes quantités de pierres précieuses illicitement exploitées ont traversé les frontières nationales congolaises. Sur le plan du biotope, des espèces animales rares des réserves protégées n'ont pas jamais été épargnées. Vive le braconnage !
Parmi toutes ces guerres, la première est celle de 1997 que certains analystes considèrent (à raison ?) comme la véritable " révolution zaïroise ".
Il s'agit de la rébellion des troupes de l'Alliance des forces démocratiques de libération (AFDL, dirigée par feu Laurent-Désiré Kabila. objectif, renverser le pouvoir du maréchal Mobutu.
Et, pendant quelque neuf mois (septembre 1996-mai 1997), les troupes de l'AFDL virent effectivement à bout des Forces armées zaïroises (FAZ).
Et ce fut la fin du règne de Mobutu, considéré comme l'un des plus grands dictateurs en Afrique. Samedi 17 mai, le régime du 24 novembre 1965 appartenait ainsi à l'histoire.
La formule AFDL ayant donné de " bons " résultats, la 2ème série de guerres nait pour tenter de renverser le jeune pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. C'est la guerre du 2 août 1998, lancée des montagnes du Kivu. Cette fois-là, avec le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).
Ce mouvement rebelle soutenu notamment par le Rwanda (le même), conquit le tiers du territoire national. Et, un peu comme une tumeur de cancer, l'effet RCD s'est métastasé au point de produire d'autres rébellions.
Parmi ces mouvements, on citerait de mémoire le RCD-Goma, le RCD-MN, le RDC-KML, le Mlc… Ce serait un "péché " originel de ne pas citer les fameux résistants Maï-Maï qui eux, sont restés à la défensive au nom de la sacro-sainte " théorie indigéniste ".
La conjugaison de toutes ces épreuves de force a finalement fait que les trois quarts du territoire national échappent au contrôle du pouvoir de Kinshasa d'alors.
LE POUVOIR, L'ETAT ET LA SOUVERAINETE NATIONALE : LES GRANDS ENJEUX
Au-delà des considérations économiques, toutes les guerres en RD Congo et qui partent d'un point commun, à savoir l'Est du pays, mettent en jeu trois choses.
Le premier enjeu est le pouvoir de Kinshasa. Non pas en termes de légitimité mais de stabilité. Autrement dit, l'aplomb du régime de Kinshasa est tributaire de la situation dans l'Est du pays. Donc la paix.
Le deuxième enjeu des guerres dans l'Est de la RD Congo est l'autorité de l'Etat. En tant que puissance publique, l'Etat devient déliquescent en temps de guerre. Il n'est plus en mesure d'instaurer son autorité sur l'ensemble du territoire national.
Moralité, on se retrouve de facto dans une situation de plusieurs petits Etats dans un Etat. Donc, la fameuse tentative de balkanisation du pays.
Enfin, la souveraineté nationale. Toutes les guerres qui déstabilisent le pouvoir de Kinshasa naissent dans l'Est du pays.
Dans l'ensemble, elles bénéficient également d'un important appui logistique des mêmes parrains traditionnels, avec en prime le Rwanda et l'Ouganda. Sans oublier les puissantes multinationales qui sont de véritables héros dans l'ombre.
Aussi étonnant, c'est que le Rwanda a toujours évoqué la même raison pour justifier la présence de ses troupes sur le territoire congolais, à savoir les fameuses Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
Selon Kigali, la présence en RD Congo depuis avril 1994, de ces miliciens Interahamwe, constitue une menace permanente à sa stabilité.
Aussi, estime le pouvoir rwandais, il faut faire la guerre à ces forces négatives même sur le territoire congolais. C'est ce qui se fait quelques années peu après la chute de Mobutu.
Sur la scène internationale, l'assertion de Kigali semble avoir toujours été validée. Alors que les faits ont une certaine histoire.
Alors, si la cause de toutes les guerres qu'il a toujours faites à la RD Congo est la présence des Interahamwe FDLR sur le sol congolais, on est en droit de se demander ce que le président rwandais Paul Kagame a déjà fait de plus concret, susceptible d'offrir un minimum de garantie à ses concitoyens FDLR.
Pourquoi la Communauté internationale n'a-t-elle jamais obligé à Kigali à aménager un couloir humanitaire et une structure d'accueil fiable pour le rapatriement de ces Interahamwe FDLR ?
A tous égards, il appartient à la classe politique congolaise de comprendre l'enjeu.
Pour sûr, elle l'a si bien compris. L'antidote est la cohésion nationale pour faire échec à toute la machination dont l'objectif est de fragiliser le pouvoir de Kinshasa. D'où, l'impératif des Concertations nationales.
Laurel KANKOLE
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